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03/02/2010

Mgr Romero, "l'évêque des pauvres" assassiné par les escadrons de la mort : les évêques du Salvador demandent sa béatification

La conférence épiscopale du Salvador demande au pape Benoît XVI la "conclusion rapide" du procès en béatification de l'archevêque Óscar Arnulfo Romero, trente ans après son assassinat qui sera commémoré le 24 mars prochain.  Mgr Romero, archevêque de San Salvador, a été assassiné le 24 mars 1980 tandis qu'il célébrait une messe à l'hôpital de la Divine Providence :


L'évêque auxiliaire de San Salvador, Mgr Gregorio Rosa Chávez, fait savoir :  « Nous avons pris une décision importante qui est celle d'écrire une lettre au Saint-Père pour exprimer l'intérêt de nos pasteurs en vue de la conclusion rapide du procès de canonisation de Mgr Romero. »

Dimanche dernier, l'archevêque de San Salvador, Mgr José Luis Escobar, a annoncé que l'Eglise ouvrirait les célébrations commémoratives de la mort de Mgr Romero par des journées de réflexion. Au cours d'une conférence de presse, il a reconnu que la cause « est dans un phase avancée », mais a dit ne pas savoir « combien de temps il manque » avant que Mgr Romero ne soit déclaré bienheureux. « Nous aurions aimé qu'à une date comme celle-ci on nous annonce la nouvelle que tout le monde attend, à savoir que Mgr Romero sera déclaré bienheureux, mais nous n'avons aucune nouvelle », a-t-il affirmé. Dans ce contexte, il a invité les fidèles « à s'en remettre à Dieu par l'intercession de Mgr Romero », et de témoigner des grâces, faveurs et miracles reçus. 

La Commission pour la Vérité, qui a enquêté sur les crimes commis durant la guerre civile au Salvador (1980-1992), a établi dans un rapport paru en mars 1993, que l'assassinat de Mgr Romero a probablement été ordonné par le leader d'extrême droite Roberto d'Aubuisson, fondateur de l'Alianza Republicana Nacionalista (Arena), parti au pouvoir pendant vingt ans et jusqu'en mars 2009.  L'archevêque dénonçait de sa chaire (et au micro de sa radio diocésaine) les injustices contre la population et les meurtres perpétrés par les paramilitaires ; il avait écrit au président américain Carter pour lui demander de suspendre son appui à l'armée de l'oligarchie salvadorienne, force de répression dirigée contre le peuple. La guerre civile menée par cette armée contre les pauvres du Salvador fit plus de 75 000 morts, dont de nombreux prêtres. [*]

Source : Zenit.

Romero.jpg

 

[*]  Cette terrible histoire est racontée dans mon livre L'Opus Dei - enquête sur le "monstre" (Presses de la Renaissance, 2006).

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Commentaires

ACCELERER LA PROCEDURE

> Quand l'Eglise a un martyr de cette envergure, qu'attend-elle pour le canoniser ? Ce n'est pas si souvent qu'un archevêque est tué d'un coup de feu pendant qu'il célèbre la messe ! Que le tueur ait été un officier d'aviation membre de la milice politique du parti Arena du fasciste d'Aubuisson, et que ce parti ait tué l'archevêque pour faire cesser sa lutte contre le massacre des pauvres, devrait même accélérer la procédure. A mon avis.
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Écrit par : Arturo / | 04/02/2010

UN MARTYR INCONFORTABLE

http://www.alterinfos.org/spip.php?article829

" 25 ans après son martyre, le procès de béatification de Mgr Romero est achevé. La procédure avait été plus rapide pour certains, comme J. Balaguer, fondateur de l’Opus Dei, institution particulièrement choyée par Jean-Paul II, ou pour Mère Teresa dont la charité, admirable, ne posait aucune question politique sur l’organisation de notre monde. A l’occasion de la sortie d’un livre regroupant des paroles de Mgr Romero, Mgr Gregorio Rosa Chávez, évêque auxiliaire de San Salvador, a tenu quelques propos qui méritent d’être entendus. Nous publions ci-dessous deux textes parus simultanément dans 'Cáritas Panamá', 17 décembre 2005 :

« Romero est un martyr inconfortable, qui a été assassiné par les chrétiens eux-mêmes, mais c’est aussi le martyr le plus connu et le plus aimé de tout le XXe siècle », a affirmé cette semaine l’évêque auxiliaire de San Salvador, Gregorio Rosa Chávez [1]. Le procès [2], au niveau technique, est terminé, et tout paraît indiquer que la béatification de l’archevêque de San Salvador est sur le point de se faire, bien que Mgr Rosa Chávez ait averti que la « politisation » de la figure de ce martyr pourrait conduire à retarder sa montée sur les autels, ou à « faire main basse sur sa figure et sa vie pour en faire autre chose que ce qu’il fut ».
« Romero a été un homme libre, sans crainte pour donner la vie et s’engager avec les pauvres, dont l’exemple nous interpelle. Je me sentirais très mal à l’aise si on béatifiait un Romero édulcoré », a indiqué le prélat, qui s’est montré convaincu que «dans une société comme celle d’aujourd’hui, dans laquelle l’être humain tend toujours à chercher la sécurité et son bien personnel, Mgr Romero nous met au défi de vivre l’Evangile dans l’espérance. Nous avons besoin de prophètes qui annoncent un monde nouveau et solidaire, et Romero est, encore aujourd’hui, la voix de ceux qui sont sans voix. »
« Oscar Romero est aujourd’hui saint Romero du monde. Romero est à tous, non à une partie de l’Église, comme nous l’a dit, il y a des mois, le cardinal Ratzinger lui-même », a indiqué l’évêque auxiliaire de San Salvador, qui a critiqué que, un quart de siècle après, « au Salvador, personne n’a demandé pardon » pour son assassinat.
À son avis, « l’exemple de Romero est très nécessaire aujourd’hui, alors que la tentation de la répression se fait latente dans le monde après le 11-S et le 11-M [3]. La voie à suivre ne passe pas par les armes, ni par la guerre préventive, mais par une véritable solidarité ».
Une solidarité qui, comme le disait déjà Romero, est vitale pour les nations développées. «S’il n’y a pas de solidarité avec le Tiers monde, le Premier monde n’est pas viable, il se noiera dans sa richesse et son ennui », a constaté Gregorio Rosa Chávez.
L’évêque auxiliaire de San Salvador a reconnu aujourd’hui [4] que beaucoup de personnes craignent qu’avec la canonisation par le Saint Siège de l’archevêque Romero, assassiné il y a 25 ans, sa figure de « martyr inconfortable » ne soit édulcorée ainsi que sa pastorale prophétique dans la dénonciation de l’injustice.
Le prélat, qui se trouve à Madrid pour présenter demain le livre 'Día a día con monseñor Romero', a fait ces déclarations pendant une rencontre avec les médias au siège de Cáritas, coéditeur de l’œuvre avec PPC. Gregorio Rosa a fait référence aux difficultés rencontrées au cours du procès de canonisation d’Oscar Arnulfo Romero, en raison des accusations d’hétérodoxie par rapport à la doctrine officielle de l’Église catholique et de la «politisation » de sa figure. Il a expliqué que ces difficultés étaient déjà résolues et qu’il ne manque plus que l’annonce de la conclusion du procès par le Saint Siège.
Le prélat, qui est aussi président de Cáritas en Amérique latine et dans les Caraïbes, a dévoilé que Jean Paul II, en novembre 2001, pendant une audition privée accordée à l’actuel archevêque de San Salvador, Fernando Sáenz Lacalle et à lui-même, avait affirmé en italien que le meurtre de Mgr Romero « est un martyre ».
A 25 ans de son décès cette année (le 24 mars 1980 tandis qu’il célébrait l’eucharistie, il a été assassiné par le tir d’un sniper), la Congrégation pour la doctrine de la foi a annoncé qu’on avait examiné tous les écrits et prédications de Romero, et qu’on en avait conclu qu’ils étaient fidèles à la doctrine de l’Église, a rappelé Gregorio Rosa.
En réponse à une question, le prélat a reconnu qu’avec la prochaine canonisation, beaucoup de partisans de la pastorale de Romero ont peur que l’on puisse ainsi « édulcorer sa figure ». « Cette crainte, a-t-il souligné, existe parmi nous et un Romero édulcoré nous paraîtrait une très mauvaise chose », parce que dans « une société dans laquelle l’être humain tend toujours à chercher la sécurité, Mgr Romero dit que Dieu nous désinstalle toujours ». « C’est un martyr inconfortable, et il est clair, a dit Gregorio Rosa, que ce n’est pas la Mère Teresa » et que « en lisant ses écrits on se sent mis au défi », parce qu’il fut « un témoin cohérent », « un martyr libérateur » qui a toujours cru en la mission prophétique de l’Église.
Au Salvador, a dit le prélat, on essaye d’effacer de la mémoire le passé et on dit qu’il faut aller de l’avant, mais Jean Paul II lui-même a dit que « nous ne devons pas oublier mais purifier la mémoire ». Cela signifie, a ajouté Gregorio Rosa, « ne pas être attaché au passé, mais en prendre conscience pour essayer qu’il ne se répète pas ». Les assassins de Romero, a-t-il ajouté, sont amnistiés et il n’y a pas de possibilité légale pour les juger, mais en El Salvador, contrairement à d’autres pays comme le Chili, « ni on a demandé pardon, ni on a réparé les dommages aux familles des victimes qui ont souffert l’injustice et la répression ».
Le livre 'Día a día con monseñor Romero : meditaciones para todo el año' ('Jour après jour avec Mgr Romero : méditations pour toute l’année'), dont Gregorio Rosa Chávez a écrit l’introduction, reprend, par ordre chronologique, des extraits des principales homélies qu’a prononcées Mgr Romero après avoir été nommé archevêque de San Salvador, jusqu’à sa mort.
Parmi elles, certaines sont très connues comme celle qui inspira à un paysan ces paroles : «la loi est comme la couleuvre, elle pique seulement ceux qui ne portent pas de chaussures.»

Dial – Diffusion d’information sur l’Amérique latine – D 2854. Traduction Dial. Source (espagnol) : Cáritas Panamá, 17 décembre 2005.


Notes
[1] En visite en Espagne pour présenter le livre 'Día a día con monseñor Romero' ('Jour après jour avec Mgr Romero') publié par Cáritas et PPC, qui rassemble les principales pensées de l’évêque salvadorien assassiné le 24 mars 1980.

[2] De béatification.

[3] Attentats des 11 septembre 2001 à New York et 11 mars 2004 à Madrid.

[4] 14 décembre.
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Écrit par : Altra / | 04/02/2010

VISION FAUSSEE

> L'un des problèmes est la récupération politique de Mgr Romero par l'extrême gauche qui fausse la vision qu'on peut avoir de lui. L'un des enjeux est de bien faire comprendre que Mgr Romero n'était pas membre de la théologie de la Libération comme veulent le faire croire bcp, que sa canonisation n'est pas une approbation de la politique nicaraguayenne de l'époque vis à vis du Salvador ( eh oui c'est compliqué !)
s'il est béatifié, canonisé c'est pour ses vertus, sa vie parfaitement inscrite dans l'Eglise romaine elle-même sainte, catholique et apostolique, une vie sainte dans son époque mais indépendamment de la vie politique de l'époque.
zorglub


[ De PP à Z. - Oui, mais ce que vous dites ne s'applique qu'aux cercles "progressistes" européens : pas au tribunal romain de la cause des saints, ni au pape, qui savent précisément qui était Mgr Romero, et qui sont indifférents à la vision fausse qu'entretiennent ces cercles (déconnectés de l'opinion publique depuis des années, qui plus est).
Et si la mauvaise réputation faite par ces cercles à Josémaria Escriva n'a pas pu empêcher sa canonisation, pourquoi la bonne réputation faite par eux à Oscar Romero empêcherait-elle sa béatification ?
Le vrai problème était le veto du gouvernement de droite salvadorien ; mais maintenant que l'Arena a perdu le pouvoir là-bas, ce problème n'existe plus. A moins qu'au Vatican quelques prélats archaïsants - il en existe hélas - ne vibrionnent pour continuer à bloquer les choses, malgré la demande instante de la conférence épiscopale du Salvador ? Prions pour qu'il n'en soit rien. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : zorglub / | 08/02/2010

LE FILM D'OLIVER STONE

> voir à ce sujet le film éprouvant et sans concession d'Oliver Stone "Salvador", qui retrace l'histoire authentique du photographe de guerre Richard Boyle, témoin, entre autres horreurs, de l'assassinat de Mgr Romero.
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Écrit par : Frédéric Ripoll / | 08/02/2010

UN TEXTE QUI SUE LA BÊTISE ET LA HAINE

> Par Google-alerte, je suis tombé sur un texte odieux (d'autant pire que publié sur un site "papiste") d'un prêtre néofranquiste présentant Mgr Romero comme un faible d'esprit manipulé par les communistes... et son assassinat comme perpétré par les communistes aussi (bonjour l'incohérence) ! alors que l'enquête internationale a établi de façon irréfutable l'identité du tireur (un officier d'aviation membre des escadrons de la mort). Ce texte farci de mensonges factuels et d'erreurs grossières (sur les conditions mêmes du tir), et allant jusqu'à nier le contenu pourtant évident des déclarations des évêques salvadoriens, sue la bêtise et la haine, ainsi que le commentaire du site. Voilà un curé de salon - et ses ouailles - incapables de comprendre que les intérêts des puissants ne se confondent pas avec la religion catholique. Ils continuent dans l'esprit de la guerre froide avec vingt ans de retard.
Ils diffament post mortem un évêque tué à l'autel par... un agent de leur propre camp !
C'est à vomir. Et il y aurait de bons bourgeois pour lire ces conneries sectaires en croyant
que c'est de l'information ?
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Écrit par : Carmelo / | 15/02/2010

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