Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/01/2010

Obama ''peacemaker'' : et maintenant le Yémen ?

obawar.jpgAvec ce Nobel, la paix fait rage :


 

 

Si l'objectif d'al-Qaeda (ou ce qu'on nomme ainsi) était de renverser les régimes arabes existants pour instaurer un « califat », c'est raté. En revanche, si al-Qaeda voulait enliser le colosse US dans des guerres-bourbiers perdues d'avance, c'est réussi. L'Afghanistan est ce que chacun peut voir. Va-t-il y avoir le Yémen ? John Brennan, le conseiller antiterroriste du président, a déclaré dimanche que les États-Unis allaient «anéantir» al-Qaeda, tout en affirmant ne pas vouloir déployer des troupes «pour le moment» au Yémen ; ce « pour le moment » est significatif. Le 2 janvier, M. Obama a consacré l'essentiel de son intervention radio à la branche yéménite d'al-Qaeda, la citant pour la première fois publiquement et confirmant ainsi les revendications de celle-ci.

Tout cela pour un attentat manqué : celui du 24 décembre dans un avion assurant la liaison Amsterdam-Detroit. S'il suffit de  ça pour amener les Occidentaux dans une fournaise yéménite, alors qu'il avait fallu l'épouvante de septembre 2001 pour les amener dans le piège afghan, le gain de productivité pour Al-Qaeda est remarquable ; on voit qu'Ousâma ben Laden – héritier d'un empire économique – a fait de solides études de gestion.

Mais le 17 décembre, une semaine avant l'attentat manqué, les avions sans pilote de l'US Air Force avaient bombardé des cibles au Yémen. Ils en re-bombardaient le 24 décembre, peu avant l'attentat manqué. L'intention guerrière américaine précédait donc cet attentat. Le 2 janvier, à l'heure où M. Obama (prix Nobel de la Paix) disait à la radio « les USA sont toujours en guerre», le général Petraeus (commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan) faisait une visite surprise au président yéménite, Ali Saleh.

Pourquoi M. Obama se laisse-t-il pentagoniser ? Par peur de l'hystérie de la droite républicaine, qui le traite de vermine musulmane bradant la sécurité du peuple américain. Cela vexe et inquiète M. Obama. Il est donc faible face aux généraux. S'il leur donne carte blanche jusqu'à envahir le Yémen, il transformera en nouvel abcès ce qui est pour l'instant (selon les experts) un problème très mineur : moins de cinq cents al-qaedistes sur place, la frange islamiste la plus minuscule du pays... Mais que l'Amérique attaque et l'islamisme fera bloc, attirant à lui les deux tiers de l'oligarchie yéménite et enflammant le monde musulman. On devine la suite : un nouvel exploit du leadership de Washington.

La France libérale ne laissera pas son suzerain seul dans cette épreuve. Sac au dos, Hervé Morin ! 

 -

-

Commentaires

DE QUEL DROIT

> Je suis un peu atterré par l'absence de débat en France sur les opérations en Afghanistan. Je sais bien que nos militaires là-bas sont des professionnels, ça ne fait pas le même effet que le contingent en Algérie. Mais cette guerre a les mêmes aspects sinistres que toutes les guerres coloniales du passé. Sortons de l'idée que les guerres coloniales à la française seraient plus sympa et proches des gens ! il y a de quoi rire tristement quand on sait ce qui s'est vraiment passé en Algérie. Encore la présence française outre Méditerranée avait pour elle l'ancienneté et des liens réels avec une partie de la population autochtone. Mais en Afghanistan, mon Dieu non ! rien de ce genre. Alors de quel droit prétend-on apprendre aux Afghans à vivre ?

Écrit par : maksoud, | 06/01/2010

DENI DE DEMOCRATIE EN FRANCE

> Un des problèmes de notre pays est la tiédeur devant l'organisation de débats démocratiques. Beaucoup de sujets importants, voire vitaux, ne font pas l'objet de grands débats nationaux et quand on en organise un (l'identité nationale) il est remis en question car on a peur des dérapages.
C'est très grave car c'est un déni de démocratie.
Pourquoi il n'y aurait pas un débat sur le positionnement de la France dans la mondialisation ? Pourquoi on ne mettrait pas en question le suivisme par rapport aux USA ? Les relations avec la Russie ? Notre rôle en Afghanistan ? En Afrique ?
Bref, pourquoi ne pas redonner la parole au peuple ? Ou au moins à ses représentants ?

Écrit par : Damien Etienne Thiriet, | 06/01/2010

INTOUCHABLE ?

> Autre problème : Obama intouchable en Europe, au dessus de tout soupçon non à cause de ce qu'il fait mais de ce qu'il est censé être. Du coup on se refuse le droit d'évaluer sa politique qui ressemble de plus en plus à celle de ses prédécesseurs envers le ROW (Rest Of The World). On s'apercevra dans deux ans qu'on a fait Nobel de la paix un bombardeur aussi bombardeur que les autres. Parce que c'est le système américain qui veut ça, peu importent ses incarnations.

Écrit par : Churubusco, | 06/01/2010

A Churubusco,

> Bien d'accord, les médias européens, et surtout français, ont un regard sur les USA complétement irrationnel : on va avilir un Bush et porter aux nues un Obama tout simplement parce que le second est noir et démocrate...Alors qu'ils sont aussi bombardeur l'un que l'autre. Absurde.
Meilleur voeux M de Plunkett ! A très bientôt !

Écrit par : Damien Etienne Thiriet, | 07/01/2010

> Je viens de découvrir votre blog, avec le plus grand intérêt. Enfin !

Écrit par : Agnès Raynaud de Prigny | 09/01/2010

Les commentaires sont fermés.