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23/12/2009

Polémique Pie XII : la communauté juive va-t-elle réussir à calmer les médias européens ?

Interventions de l'ambassadeur Levi, du Pr Israël et du grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni :


 

L'ambassadeur d'Israël près le Saint-Siège, Mordechaï Levi, souligne que la première visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome aura lieu le 17 janvier, jour où la conférence des évêques italiens traite des rapports avec le judaïsme : « Ce sera un événement historique, j'espère qu'elle aura lieu », dit l'ambassadeur (« optimiste »). [Qu'est-ce qui pourrait l'empêcher ? La clameur des médias contre Benoît XVI ?] En ce qui concerne Pie XII, l'ambassadeur souligne  : « Sa béatification est un fait interne à l'Eglise ».  Enfin, hier, l'historienne Anna Foa, invitait à maintenir la distinction entre « béatification » et « jugement historique ». 

Pour sa part, le Pr Giorgio Israël demande dans la presse que la rumeur contre Pie XII ne serve pas à opposer juifs et chrétiens : « Tenons-nous en aux faits. Quoiqu'on veuille dire contre l'évidence, Ratzinger, en tant que cardinal et ‘théoricien' du pontificat de Jean-Paul II, et ensuite en tant que pape, est un acteur du progrès des rapports judéo-chrétiens - et je souligne le mot ‘rapport' au lieu de ‘dialogue'. Qui veut continuer dans cette direction ne doit pas laisser de place à qui travaille à une dramatique marche arrière … On doit mettre en œuvre toutes les discussions utiles pour créer un contexte dans lequel la question de Pie XII ne devienne pas le thème de la visite du pape à la synagogue, mais tout doit être fait pour ne pas faire sauter cette visite : ce serait le plus beau cadeau de qui préfère cultiver la graine de la discorde. Juifs et chrétiens ont trop de choses en commun et d'initiatives à mener à bien : à commencer par celle de la liberté religieuse dans toutes les régions du monde. »

Le vicariat hébréophone des catholiques en Israël a invité hier à  tenir compte du cri de douleur exprimé dans le « on n'en a pas assez fait » adressé non seulement au pape mais au monde de l'époque de la Shoah.  Cependant des recherches historiques récentes (Pierre Blet et Philippe Chenaux notamment) ont dissipé les accusations forgées dans les années 60 contre Pie XII. On comprend ainsi à nouveau pourquoi la communauté juive internationale à prononcé tant d'éloges de ce pape lors de sa mort, en 1958. 

De son côté, le cardinal Walter Kasper, président de la Commission pontificale pour les rapports religieux avec le judaïsme,  s'étonne de l'indifférence du public envers les archives d'Eugenio Pacelli déjà accessibles  jusqu'en 1939 et « très intéressantes ».  Eugenio Pacelli, substitut de la secrétairerie d'Etat sous Pie XI, fut le principal artisan de l'encyclique de 1937  qui condamna le nazisme. Les archives, qui contiennent les notes quotidiennes de Pacelli après ses rencontres avec Pie XI, sont maintenant ouvertes aux chercheurs : mais personne ne vient les étudier. Cette indifférence - signe de mauvaise foi ? - pourrait continuer envers la tranche 1940-1945 des archives, quand elle sera disponible dans deux ans à la consultation.

Sources : Il Foglio, Zenit.

  

Commentaires

LES MEDIAS EN FONT TROP

> Deux personnalités juives appelant au calme, tandis que les journalistes goy hystérisent. C'est typique. Une des manifestations de l'hystérie est le franchouillard-de-souche Plantureux (alias Plantu) relativisant et banalisant la Shoah sans même s'en rendre compte.

Écrit par : selah, | 23/12/2009

SAINT SIÈGE - Note concernant le décret sur les vertus héroïques de Pie XII

23 décembre - Du directeur de la salle de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi sj:

"La signature par le pape Benoît XVI du décret sur les vertus héroïques de Pie XII a suscité diverses réactions dans le monde juif, probablement car il s'agit d'une signature dont le sens est clair pour l'Eglise catholique et les experts en la matière, mais qui mérite quelque explication pour un public plus large, en particulier les juifs, très sensibles, de façon compréhensible, à cette période historique de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste.
Lorsqu'un Pape signe un décret sur les vertus héroïques d'un Serviteur de Dieu, il confirme l'évaluation positive que la Congrégation pour les causes des saints a déjà votée. Naturellement, dans cette évaluation, les circonstances dans lesquelles la personne a vécu sont prises en compte. Un examen attentif d'un point de vue historique est ensuite nécessaire, mais l'évaluation se réfère essentiellement au témoignage de vie chrétienne donnée par cette personne (sa relation intense avec Dieu et sa recherche perpétuelle de la perfection évangélique) et non à l'évaluation de la portée historique de toutes ses décisions.
Lors de la béatification de Jean XXIII et de Pie IX, Jean-Paul II disait: "La sainteté vit dans l'histoire et chaque saint n'est pas exempt des limites et des conditionnements propres de notre humanité. En béatifiant un de ses fils, l'Eglise ne célèbre pas les choix historiques particuliers qu'il a fait, mais le désigne plutôt en imitation et vénération de ses vertus louant la grâce divine qui resplendit en elles."
Ainsi, elle n'entend pas limiter au minimum la discussion autour des choix concrets faits par Pie XII dans la situation dans laquelle il se trouvait. Pour sa part, l'Eglise affirme qu'ils ont été faits dans la seule intention d'accomplir au mieux le service de très haute et importante responsabilité du pape. Ainsi, l'attention et la préoccupation de Pie XII pour le sort des juifs, qui ont certainement été prises en compte pour l'évaluation de ses vertus, ont été largement témoignées et reconnues même par de nombreux juifs.
C'est pourquoi, la recherche et l'évaluation des historiens dans leur domaine spécifique, reste ouverte. Et dans le cas présent, on comprend la demande d'ouverture de toutes les possibilités de recherches sur les documents. Pour l'ouverture complète des archives, comme il a été dit plusieurs fois déjà, il faut d'abord procéder à la mise en ordre et au classement d'une masse énorme de documents qui demande techniquement un délai de quelques années encore.

Le fait que les décrets sur les vertus héroïques des papes Jean-Paul II et de Pie XII, ont été promulgués le même jour, ne signifie pas un alignement des deux causes à partir d'aujourd'hui. Elles sont complètement indépendantes et suivront chacune leur propre chemin. Il n'y a donc pas lieu d'envisager une éventuelle béatification simultanée.

Il est donc clair que la récente signature du décret ne doit en aucune façon être vue comme un acte hostile envers le peuple juif, et nous espérons qu'elle ne soit pas considérée comme un obstacle au dialogue entre le judaïsme et l'Eglise catholique. Il est bien sûr souhaité que la prochaine visite du Pape à la Synagogue de Rome soit l'occasion de réaffirmer et de renforcer en toute cordialité ces liens d'amitié et d'estime.

Écrit par : LA NOTE DU SAINT-SIÈGE, | 23/12/2009

Mon regret, tout de même, c'est la réaction du Grand Rabbin de France. Il a bien dit que Pie XII n'a pas fait preuve, pendant la guerre, d'une tenue morale suffisante pour justifier sa béatification. Il reste poli, certes, il ne s'en prend à personne en particulier, mais l'accusation demeure, patente. De là part d'un homme tel que lui, ouvert à l'échange entre juifs et chrétiens, une telle réaction m'attriste.
Blaise

[ De PP à B. - N'oublions pas la part du politique (contemporain) dans certaines de ces prises de position, en France. Les choses ont parfois un deuxième sens. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Blaise, | 23/12/2009

à Josnin

Merci. Joyeux Noël à vous et aux vôtres.

Écrit par : De PP à Josnin / | 24/12/2009

PAS DE POSTURES

> Si Pie XII avait adopté une "posture" en faisant des déclarations fracassantes, il serait encensé aujourd'hui par des médias dont le seul souci est d'adopter une "posture" bienséante...
L'humble action, discrète mais efficace, est moins spectaculaire, moins "glorieuse", mais plus conforme à l'Evangile.
La sainteté ne se décrète pas au box-office, mais elle est la marque de celui qui suit le Christ.
A cet égard, Benoît XVI, qui trace le chemin sans se préoccuper de son image, suit ce même chemin derrière le Christ.
"Si le monde vous haït à cause de moi..."

Écrit par : Michel de Guibert, | 26/12/2009

KECHICHIAN

> Avez-vous lu l’article de Patrick Kéchichian dans Le Monde, intitulé « Le long mensonge par omission du Pape Pie XII » ? (http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/12/29/le-long-peche-par-omission-de-pie-xii-par-patrick-kechichian_1285753_3232.html).
Ce point de vue est argumenté, il vient d’un journaliste et écrivain catholique respectueux de l’Eglise. Il recoupe, au fond, des interrogations que de nombreux chrétiens portent dans leur cœur.
Pensant donc à ce silence des années 1942 et 1943 vis-à-vis de l’extermination alors programmée et commencée du peuple juif, silence relatif mais que Pie XII aurait lui-même justifié par la prudence*, deux scènes me viennent à l’esprit. Je ne peux que…
1/ regarder le Christ défiguré par les coups et l’écouter lorsqu’il dit au soldat romain qui le frappe devant le grand prêtre : « Si j’ai mal parlé, témoigne de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18:23)
2/ constater que le serviteur souffrant décrit par le prophète Isaïe s’est laissé « mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette » (Is 53:7) ; car, de fait, il était mené à l’abattoir.
Et tenter de concilier les deux : le sacrifice muet d’un homme abandonné de tous et la parole claire et droite, dénonçant le mal, que prononce ce même homme qui est aussi le Fils de Dieu.
A y regarder de plus près, il paraît évident que ce consentement à son propre sacrifice et cette ferme parole d’interrogation sont précisément ce que les foules attendent du pape de Rome. Il est d’ailleurs fascinant de voir comment la terrible déesse « Opinion », se faisant l’interprète des cris de vengeance des populations, en vient à faire de Pie XII l’unique porte-parole de Dieu dans ce monde en feu de 39-45 puisqu’elle ne cesse de le désigner, par ricochets depuis plus de soixante ans, comme un bouc émissaire des monstruosités nazies, prétendant qu’il aurait pu, tel un super-héros ou un demi-dieu, par la force de sa parole inspirée, les faire cesser.
Souvenons-nous encore de ces paroles prophétiques : « il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison. Tous comme des moutons, nous étions errants, chacun suivant son propre chemin, et Yahvé a fait retomber sur lui nos fautes à tous » (Is 53:5-6).
Les foules veulent un bouc émissaire pour le pardon de leurs fautes. Ceux qui condamnent Pie XII ne disent-ils pas, finalement, leur frustration que Pie XII n’ait pas subi le sort réservé par Hitler au peuple juif, et à la place de celui-ci ? telle une brebis muette menée à l’abattoir ? En tant que catholique, croyant à Dieu qui se fait homme pour nous sauver, je peux le comprendre – et rappeler que le sacrifice accompli dans la personne de Jésus, le Fils unique de Dieu, pour le salut de tous, l’a été une fois pour toutes, et donc que les bouc-émissarisations d’aujourd’hui, comme celles d’hier, à commencer par celle du peuple juif dans l’Allemagne du IIIe Reich, sont autant de contrefaçons diaboliques de la Passion du Christ.
Oui, ceux qui condamnent Pie XII ne reconnaissent-ils pas implicitement qu’il est investi, en tant que chef de l’Eglise catholique, d’une mission divine, celle précisément de nous montrer le chemin du salut et de prendre le premier sa croix pour nous conduire à la sanctification et à la divinisation par Jésus-Christ ? Mais ils le reconnaissent, hélas, à leur manière idolâtre. En regardant le pape comme ce « dieu » à leur portée qui aurait « dû » éviter les déchaînements démoniaques du nazisme. Voilà pourquoi j’estime que les cris de condamnation stigmatisant Pie XII pour sa « responsabilité », et en demandant raison à l’Eglise du XXIe siècle, en particulier ceux qui émanent des incroyants, résonnent, au fond des choses, comme une reconnaissance de la sainteté de cette même Eglise. Mais désordonnée et tumultueuse, comme chaque fois que le démon s’en mêle.
Aussi puis-je dire à Patrick Kechichian, notre frère en Christ, qui vit dans le monde de l’immédiateté globalisée des opinions, non dans celui de 1939-1945, mais ne veut retenir de cette époque que le « silence coupable » de Pie XII : faut-il vraiment, à plus de soixante années de distance, que nous traînions en effigie ce pape à la une des journaux et aux portes de nos villes, pour le lapider ou le crucifier ? Et, faisant cela, contribuons-nous à la gloire de Dieu et au salut du monde ?

* Devant le collège des cardinaux, en juin 1943, selon la citation rapportée par Patrick Kéchichian, Pie XII déclarait : « Toute parole de notre part, toute allusion publique devrait être sérieusement pesée et mesurée, dans l'intérêt même de ceux qui souffrent, pour ne pas rendre leur situation encore plus grave et insupportable. »

Écrit par : Denis, | 30/12/2009

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