Le ''Climategate'' ? Un show très pétrolier... et qui n'ébranle pas les travaux scientifiques

Devant l'offensive négationniste de ces derniers jours, on ressent comme une impression de bêtise. Elle ne vient pas de ceux qui mènent l'offensive (ces pétroliers agissent dans leur intérêt et non sans astuce manipulatrice) :

 

...non, l'impression de bêtise  vient d'Américains et de Français qui applaudissent cette offensive  pétrolière  en la prenant pour une croisade. Ils acclament M. Mohammed al-Sabban, chef de la délégation saoudienne à Copenhague [photo], parce qu'il a déclaré le 7 décembre, à l'encontre des climatologues du GIEC : « le niveau de confiance est affecté. »  On sait que le « niveau de confiance » du royaume pétrolier envers la climatologie est nul depuis toujours ; prendre au sérieux la déclaration de M. al-Sabban prête donc à rire. D'autant que, pour applaudir l'Arabie saoudite, une partie de nos écolophobes oublient qu'ils sont ordinairement aussi des islamophobes (les deux phobies sont jumelles dans ces milieux) ! contorsion amusante de leur part.

L'hilarité s'aggrave quand on voit sur quoi repose l'esclandre du Saoudien : les courriels volés à l'université d'East Anglia... C'est cette affaire qui est censée « affecter le niveau de confiance » ! M. al-Sabban et les princes pétroliers ont affiché une douloureuse surprise devant ces courriels – qui, disent-ils, ruinent leur amour de la science. Mais, ensuite, la conférence a appris que les courriels volés avaient été répandus à partir d'une adresse IP saoudienne ! (adresse pointant vers un serveur localisé en Sibérie occidentale : Arabie, Russie, deux pays dont le pétrole est la principale ressource). Voilà en effet de quoi « affecter un niveau de confiance » : celui que l'on peut accorder à la campagne du Climategate, déclenchée pour l'ouverture de la conférence de Copenhague dont plusieurs grandes puissances veulent l'échec.

D'autant que la lecture desdits courriels ne fait, selon les enquêteurs, pas d'ombre aux conclusions climatologiques du GIEC. Sauf à sortir de son contexte le mot trick (qui fait partie de l'argot scientifique – et un seul mot c'est peu), cette lecture n'aurait « rien de scientifiquement troublant ». On a d'ailleurs appris que l'officine pirate, qui sélectionna en 48 heures ce millier de mails parmi vingt ans d'archives volées (tri trop rapide pour de simples hackers), en a supprimé un certain nombre dans sa deuxième vague : elle s'était rendu compte qu'ils prouvaient seulement la nullité de « travaux » négationnistes.

La responsabilité humaine dans le réchauffement en cours est attestée par une masse de travaux pluridisciplinaires, que le show  des courriels volés ne saurait ébranler. Mais les Saoudiens savaient qu'un scandale médiatique à l'ouverture de la conférence pouvait handicaper celle-ci un peu plus ; ils n'avaient pas d'autre objectif.

Quant à ceux qui ont assuré bénévolement la claque du show, n'épiloguons pas à leur sujet. Réécoutons plutôt l'émission de ce matin à Radio Notre-Dame sur le libéralisme : étudier les causes vaut mieux que de parler des effets.

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