09/12/2009
Sarkozy parle de l'identité nationale : une tribune intéressante, mais qui contourne le vrai problème
...c'est-à-dire la destruction des nations (et de toute société) par le néolibéralisme :
Le « débat sur l'identité nationale » n'est pas sérieux parce qu'il contourne le vrai problème, dont parlait François Huguenin hier à Radio Notre-Dame : l'idéologie libérale, qui vidange les contenus (moraux, spirituels, culturels) et ne laisse subsister qu'un individualisme de consommateur, réduit à la seule liberté d'errer entre les rayons (vidés) d'un introuvable « vivre ensemble ». Cette errance est ce que les médias, la pub et les politiques nomment « tolérance » et « métissage » ; double abus de vocabulaire, la « tolérance » ne pouvant exister qu'entre des convictions (or elles sont vidangées), et le « métissage » consistant à fusionner (non à laisser l'individu à lui-même).
Dans ce mauvais climat créé par le libéralisme, le pseudo-débat sur l'identité nationale est aussi vide que le reste.
Toute identité nationale se ramène à la formule de Simone Weil : « L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. »
Pour comprendre cette définition, il faut admettre : a) que l'être humain a une « âme », pas seulement des pulsions égocentriques ; b) que la collectivité existe et ne se réduit pas à une juxtaposition d'atomes individuels ; c) et que la participation à la collectivité doit être « réelle » (non les faux-semblants de la postdémocratie), « active » (non le show médiatique) et « naturelle » (non la récitation d'un prêt-à-penser). Ces trois points sont étrangers à la société de consommation, produit de la philosophie libérale.
Que penser de la tribune libre de Nicolas Sarkozy, dans Le Monde daté d'aujourd'hui ? Gérard Leclerc l'approuvait ce matin de reconnaître (contrairement à Chirac) la « trace profonde » que la civilisation chrétienne « a laissé » en France. Même conjuguée ainsi au passé, une civilisation est un contenu culturel, moral et spirituel. Le reconnaître n'est pas une attitude libérale. Le texte du chef de l'Etat constate que plus la mondialisation malaxe l'humanité, « plus on a besoin d'ancrage et de repères, plus on a besoin de sentir qu'on n'est pas seul au monde. Ce besoin d'appartenance, on peut y répondre par la tribu ou par la nation, par le communautarisme ou par la République. » Ensuite il affirme : « L'identité nationale, c'est l'antidote au tribalisme et au communautarisme ».
Il a raison, si la nation reste une collectivité capitalisant une mémoire pour avancer dans l'avenir.
Mais si la nation perd cette faculté d'habiter le temps (et de l'habiter ensemble), si elle se dissout en foule de consommateurs et de salariés-chômeurs affolés par la minute présente, oublieux d'hier et d'après-demain ?
Alors la nation est de moins en moins « nation », et le débat sur son identité n'a plus de sens.
Le débat est donc nul s'il ne s'accompagne de la mise en cause de ce Moloch : le néolibéralisme économique et financier, qui détruit moralement et socialement les communautés humaines.
09:47 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (24)
Commentaires
UN DRÔLE DE TRUC
> Sarko donne peut-être un coup de chapeau au passé chrétien, mais pour le présent il dit un drôle de truc : "chrétien, juif ou musulman, homme de foi, quelle que soit sa foi, croyant, quelle que soit sa croyance, chacun doit savoir se garder de toute ostentation et de toute provocation... chacun doit pratiquer son culte avec l'humble discrétion qui témoigne (...) du respect fraternel qu'il éprouve vis-à-vis de celui qui ne pense pas comme lui..."
Va pour l'absence de provocation. Mais interdire "l'ostentation", exiger "l'humble discrétion" ? Va-t-on interdire les grandes processions du 15 août dans Paris, parce que pas "discrètes" ? Et la fête mariale de Lyon ? Etc ? tout ça parce qu'on a peur de l'islam ? Va-t-on faire taire les cloches pour ne pas autoriser le muezzin ?
Écrit par : chtonk, | 09/12/2009
METISSAGE
> Vous ne prenez pas le mot "métissage" en mauvaise part, contrairement à d'autres blogs qui se revendiquent chrétiens. Je vous approuve. Refuser l'idée de métissage est contraire au christianisme.
Écrit par : Isabelle Autan, | 09/12/2009
Observations sur la conjugaisons du verbe "ENRACINER" par M. Sarkozy.
> PP, vous constatez avec justesse cette manie de conjuguer au passé ce qui relève d'une identité concrète et à l'inverse d'employer le futur pour décrire l'idéologie du MEDEF et de l'Institut Montaigne. Les allusions électoralistes aux "racines chrétiennes de la France" et autre "blanc manteau de cathédrales", c'est un peu comme tirer son chapeau au passage d'un cercueil.
Le débat est volontairement mal posé. Il repose sur la confusion, en vue d'une substitution, de la nation à la patrie, termes qui ne sont pas interchangeables.
1- parce que l'identité nationale n'existe pas. La nation est la communauté politique de personnes, que relie une philia, organisée selon un droit.
2- parce que seule existe l'identité française qui est l'identité d'une patrie determinée.
Etre français ce n'est pas "payer ses impôts en France et ne pas jeter ses papiers par terre" ou "faire rayonner les droits de l'homme et respecter les lois". Etre français c'est manifester un certain nombre de vertus, avoir une sensibilité spécifique. Exemples: la courtoisie, la galanterie, le panache (Cyrano), la piété etc. etc. Autant d'obstacles on s'en doute à la mise en place du Gestellt (dispositif) utilitaire libéral.
D'où l'apologie que fait M. Sarkozy de l'identité dissolue, de l'entropie culturelle. "Les digues contenant la consommation doivent céder, parlons- en au passé avec un zeste de respect."
Écrit par : Mauritanien, | 09/12/2009
CONTRADICTION
> J'ai toujours été frappé de voir que peu de commentateurs ont relevé la contradiction qui existait entre l'apologie de la diversité et l'éloge du métissage: la diversité (ethnique en tout cas, et c'est de celle-ci que l'on parle en général) est un état de fait à un moment donné; le métissage est un processus qui se déroule dans le temps et dont l'aboutissement logique, s'il se généralisait, serait tout simplement...la fin de la diversité! Nous avions eu le même type d'incohérence sémantique dans la fameuse formule européiste d'une "concurrence libre et non faussée": une concurrence qui n'est pas encadrée par des règles qui la "faussent" aboutit à la disparition de ceux qui ne peuvent y résister, aux monopoles, et donc à la fin de la libre concurrence.
Écrit par : grzyb, | 09/12/2009
A Mauritanien :
> je ne comprends pas votre distinction-oppostion. dire qu'il n' y a pas d'identité nationale mais une identité française, c'est une aporie. Une communauté a une identité collective, que l'on peut discerner et mettre en lumière. La vieille distinction des cathos de droite entre patrie et nation n'a plus aucun sens aujourd'hui et n'est d'aucune efficace.
Il n'y a pas non plus d'opposition entre les vertus que vous prônez (que, d'une part, vous êtes obligé de choisir parmi d'autres, parce que vous ne pouvez en faire une liste complète ; et qui, d'autre part, ne sont nullement l'apanage du Français : elles s'appliquent aussi bien à l'Espagnol, à l'Anglais ou à l'italien) et la destinée rationnelle que la France s'est donnée depuis des siècles : faire rayonner les droits de l'homme. On peut bien entendu discuter sur le fond des droits de l'homme, il n'empêche que c'est une composante essentielle de la France. De l'identité nationale française.
Par ailleurs, M. Sarkozy, malgré la faiblesse de sa pensée, manifeste depuis une année un instinct de bête politique (au meilleur sens du terme) assez sûr, qui lui fait condamner, lui l'ancien maire de Neuilly, le néo-libéralisme, el rouleau-compresseur de la mondialisation, les délocalisations, l'égoïsme de la finance, etc.
Même si on aimerait une révolution complète des comportements, je trouve ça pas mal pour un homme de droite.
Écrit par : JG, | 09/12/2009
Isabelle,
> Pouvez-vous m'expliquer en quoi être chrétien c'est être favorable au métissage? François Huguenin explique clairement que le christianisme n'est pas un dissolvant, un broyeur Moulinex (R), mais un correctif apporté aux identités, une barrière pour éviter les excès et la violence faite à l'innocent. A l'inverse de l'idéologie Benetton, le christianisme catholique accomplit au lieu d'abolir.
Écrit par : Mauritanien, | 09/12/2009
> au Mauritanien (?). Vous déplacez le problème. Ce qui n'est pas chrétien, c'est de réagir avec irritation à la simple idée d'un métissage. Prouvez-moi le contraire. En tant que métisse, je vous attends de pied ferme.
Écrit par : Isabelle Autan, | 09/12/2009
@ Isabelle
Nous sommes donc d'accord.
1- le métissage, la fusion, n'est pas un impératif chrétien.
2- ne pas accepter les métis n'est pas chrétien.
3- le dialogue entre les cultures en tous cas demeure une exigence chrétienne.
Écrit par : Mauritanien, | 09/12/2009
@ JG
> IL faut que nous soyions précis sans tomber dans les querelles byzantines.
1- Si, au contraire, il y a une différence de nature entre une nation et une patrie. On ne peut pas faire l'économie d'un examen des termes.
La première est politique.
La seconde est culturelle.
Regardez l'intitulé même du site: debatidentitenationale.fr
C'est le signe d'une confusion lamentable.
2- Ensuite, le gouvernement ne parle JAMAIS de "patrie" autrement qu'au passé mais TOUJOURS de "patrie des droits de l'homme" (qualification politique et juridique, projet idéologique au sens strict) ou de "nation".
" Toute histoire de l’idée de patrie est vaine, si les deux sens du mot ne sont pas distingués.
Le premier est le sens traditionnel conforme à l’étymologie. Le mot « patria » dans le latin médiéval, et le mot « patrie » adopté par la langue française au seizième siècle, désignaient la terre des pères, le pays de la naissance et de l’éducation. L’amour de la patrie – le mot patriotisme n’existait pas encore – rendait à la France les devoirs de la piété avec les honneurs du respect et de la fidélité. La patrie était la France. La France était un être moral doté de vertus. Les Français évoquaient souvent ces vertus de la France et voulaient s’en montrer dignes. En cas de guerre certains d’entre eux acceptaient de donner leurs vies. Mais aucune obligation n’était faite au commun des citoyens de mourir pour la patrie sur simple réquisition du prince.
Le deuxième sens peut être qualifié de révolutionnaire. Il se précise peu à peu au cours des dix-septième et dix-huitième siècles. La nouvelle patrie est d’abord celle des libertins, tout pays où l’on est bien. Elle devient ensuite celle des philosophes des Lumières : tout pays où l’on est bien par la vertu des « droits du genre humain ». Enfin elle se réalise pleinement dans la patrie de la Révolution, c’est-à-dire dans les droits de l’homme. Cette patrie n’est pas la France, et la France ne représente pour elle qu’un SUPPORT et un INSTRUMENT. Le patriotisme qui lui correspond, la divinise, l’adore, la place au-dessus de tout, déclare à ses ennemis une haine mortelle et réquisitionne à son service les vies de tous les citoyens. On voit que ce deuxième sens n’a rien à voir avec le premier.
Pourtant les Français, tout en conservant le premier, ont aussi adopté le second. ils ont même fini par les confondre. Au point de voir la France dans la patrie révolutionnaire, et de vouer à leur pays natal la passion exclusive et frénétique exigée par la patrie jacobine, ils se sont mis à aimer la France comme la patrie révolutionnaire veut l’être, c’est-à-dire à l’égal de Dieu. Les richesses et les énergies du patriotisme naturel ont été détournées de leur objet et mobilisées au service d’une patrie qui n’était pas la France, qui n’était qu’une utopie. En somme la patrie révolutionnaire a été substituée à la France, mais à l’insu des Français.
Ce fut le résultat d’une longue manipulation. Habiles serviteurs de l’idéologie des droits de l’homme, les politiciens des régimes successifs depuis l’Empire jusqu’à la Cinquième République, parlant sans cesse de la chère France immortelle, ont effectué le plus gros du travail de brouillage des esprits. Mais d’autres leur ont bien facilité la tâche. Des historiens ont présenté le patriotisme révolutionnaire ou bien comme le premier patriotisme français digne de ce nom, ou bien comme le plein accomplissement du patriotisme traditionnel. Des militaires, des ecclésiastiques et de grands écrivains nationaux ont exalté la France guerrière et la grandeur de la mort pour la patrie. Sans eux la patrie révolutionnaire n’aurait jamais convaincu les Français. Sans eux elle n’aurait jamais réussi à faire croire qu’elle était la vraie patrie, qu’elle était la France. Cette patrie n’était qu’un mythe, mais des personnes respectables, des généraux, des évêques et des académiciens l’ont présentée comme une réalité, la réalité de la France. Il n’y avait plus qu’à mourir." (préface du Professeur Jean de Viguerie à l'un de ses essais)
Écrit par : Mauritanien, | 09/12/2009
aux commentaires
> Il y a un point qui me pose question, que ce soit au sujet du métissage ou de la natalité,c'est cette utilisation du mariage et de la procréation à des fins politiques:faire des enfants comme arme démographique (je me souviens quand nous nous disions entre nous que nous serions numériquement majoritaires d'ici quelques générations parce que les français moyens ne font plus d'enfants), mélanger les races et les cultures pour faire advenir la paix... cet utilitarisme nous ramène aux mariages arrangés, voire aux mariages forcés contre lesquels l'Eglise n'a cessé de se battre, comme aux planifications des systèmes totalitaires. Il me semble que ce qui ressort de l'amour est de l'ordre de la gratuité, et que si politique familiale il doit y avoir(et il doit y avoir!), ce n'est pas dans un but utilitaire mais justement pour protéger cette économie de la gratuité de toutes les tentatives de récupération, mercantiles, guerrières, idéologiques.
Écrit par : Josnin, | 09/12/2009
> Et si le débat sur l'identité nationale était une occasion pour relire "Mémoire et identité" de Jean Paul II ?
Écrit par : Damien Etienne Thiriet, | 09/12/2009
RIEN A VOIR AVEC L'EVANGILE
> Non, Mauritanien, nous ne sommes pas d'accord. Vous dites : "accepter les métis". J'ai dit : "accepter l'idée du métissage". Ce n'est pas la même chose. On peut "accepter les métis" à contre-coeur tout en souhaitant tacitement éviter le métissage ; la droite coloniale catholique raisonnait ainsi chez nous. Les békés non catholiques étaient plus francs : ils refusaient ouvertement l'idée du métissage. Mais ils acceptaient par force la présence de métis, tout en les reléguant aux marges de la société. Tout ça est la logique du sang et de la race et n'a rien à voir avec l'évangile.
Écrit par : Isabelle Autan, | 09/12/2009
@ Isabelle
> Nous sommes du même avis. L'Eglise condamne la haine d'autrui, Elle oeuvre pour la reconnaissance de la dignité de chaque personne. Mais elle n'a pas fait du métissage un impératif catégorique (à l'inverse du président actuel lors d'un discours à l'Ecole polytechnique en 2007 nous promettant "des mesures plus contraignantes encore" sic).
Écrit par : Mauritanien, | 09/12/2009
DIFFERENCE
> Il y a une différence entre "accepter" (?) le métis et le métissage, comme une personne, comme fruit de l'amour de deux personnes, et en faire l'apologie à des fins idéologiques ; on tombe vite en effet dans le mariage arrangé, forcé.
Écrit par : PMalo, | 09/12/2009
CONTROVERSE
> Cet article de l'avocat Jean-Pierre Mignard circule en ce moment sur la Toile :
"Décidément, Nicolas Sarkozy tient aux références chrétiennes de la France et à son enracinement. Y tenir jusqu'à en faire une obsession tout à fait datée et assez incompréhensible pour de nombreux chrétiens eux-mêmes. Ce qui me surprend dans ce discours, c'est bien sûr la distance que manifeste le président avec la culture chrétienne et la foi chrétienne dans sa réalité et sa pratique aujourd'hui.
Assurément, il ne suit pas les débats d'Eglise, il ne se rend pas dans les paroisses. Il n'y voit pas le nombre de prêtres, grandissant, venant d'Afrique ou d'Asie. Ou de fidèles africains dans les paroisses du nord de Paris ou de la banlieue. Il ne connaît rien des travaux d'organismes caritatifs et engagés contre la misère et le déracinement (précisément) comme le Secours catholique e et le Comité contre la Faim ou la Cimade d'origine protestante. On s'y moque bien de l'identité quand il faut secourir.
Je n'ai aucune réserve à l'égard des catholiques de Saint Honoré d'Eylau ou de La Madeleine, je partage avec eux une fraternité de foi mais identifier les racines chrétiennes de la France à la sortie des fidèles des paroisses blanches, car cela revient à cela, révèle une myopie singulière. Les racines chrétiennes de l'Eglise sont blanches en effet. Encore y a-t-il beaucoup d'Européens catholiques non français dans ces paroisses. Et j'y ai même vu, horresco referrens, des officiants africains ou au teint mat. A la Madeleine, les textes sont en plusieurs langues. A Vézelay, ce dimanche passé, les évangiles étaient lus en français, en allemand et en anglais.
Bref, Nicolas Sarkozy évoque une chrétienté qui est celle de la France médiévale et que l'on ne trouve même plus à Neuilly. Il la décline en termes d'identité, dont la logique ultime est ethnique, ce qui est une définition profane qui emprunte à Maurras et à Barrès mais, hélas pour lui et la justesse de son propos, qui n'est pas ou plus celui de l'Eglise.
Cette conception obsolète est étrangère travaux du Concile Vatican II. Elle résonnerait peut être aux oreilles du dernier carré de Saint-Nicolas-du-Chardonnet mais ailleurs j'en doute. Ce qu'apparemment il ne sait pas, ou ignore à escient, c'est que l'Eglise est universelle, ce qui est le sens exact du mot catholicon en grec.
Le 28 octobre 1965, la déclaration Nostra aetate a mis un terme à ce genre d'ambiguïtés. Les catholiques reconnaissent le Dieu des juifs, premiers dans l'Alliance, et des musulmans comme le leur, celui d'Abraham. Les protestants partagent cette vision. Un chrétien peut et doit reconnaître SON dieu dans une moquée, et une synagogue comme dans ses Eglises ou ses temples. La réciprocité s'intitule le dialogue des religions. L'Andalousie d'avant la reconquête –au nom de l'identité ne l'oublions jamais, au nom du limpieza sangre, le sang pur– n'était pas loin de cela.
Voilà qui rend un peu plus contestables les déclarations bizarres, politiciennes et mal renseignées, littéralement régressives, c'est-à-dire réactionnaires, du président de la République dont on attend qu'il ne nous parle pas des racines mais de notre avenir et qu'il soit, non pas l'évocateur nostalgique d'une France ethnico-religieuse fantasmée mais le défenseur sourcilleux d'une laïcité moderne et inventive, d'une France pluriconfessionnelle, ou la racine monothéiste juive, chrétienne, musulmane est dominante, donc irrécupérable.
Je voudrais préciser aux lecteurs que cet article n'a pas pour objet de révéler un aspect de ma personnalité, c'est-à-dire ma foi, mais simplement de rétablir une vérité historique, et modestement de contribuer à pacifier la narration des réalités de la France présente en écartant les confusions. Les incursions malencontreuses et réductrices du chef de l'Etat dans le christianisme sont pénibles pour les autres confessions, pour les agnostiques ou les athées, j'en ai bien conscience et j'en ressens un malaise, mais c'est le cas aussi pour beaucoup de chrétiens annexés de force dans cette croisade idéologique.
Plutôt que de vaticiner sur l'identité originelle de la France, Nicolas Sarkozy devrait méditer plus utilement sur les premières lignes de la genèse et de l'injonction faite par Dieu à Cain, meurtrier de son frère Abel : Qu'as-tu fait de ton frère ? Tu es la gardien de ton frère ! Ce serait assurément plus profitable."
Écrit par : Luça, | 09/12/2009
@ Luça
> Il faudra m'expliquer ce que ce Jean-Pierre Mignard que vous citez complaisamment entend par "les racines chrétiennes de l'Eglise" !!!
Par ailleurs écrire, en se référant à "Nostra aetate" : "Les catholiques reconnaissent le Dieu des juifs, premiers dans l'Alliance, et des musulmans comme le leur, celui d'Abraham" révèle une grande confusion chez l'auteur... Nulle part, il n'est dit cela dans la déclaration conciliaire.
Écrit par : Michel de Guibert, | 09/12/2009
LECTURES
> You're right Michel! Conseillons donc quelques auteurs à cet avocat pénaliste à qui le temps semble manquer pour approfondir le sujet de ses pamphlets:
-Braudel (L'Identité de la France)
-Jacques Ellul (sur l'islam)
-Rémi Brague (sur le Dieu des chrétiens)
-Sylvain Gougenheim
-Alain Besançon
Écrit par : Mauritanien, | 09/12/2009
ANTHOLOGIE
> Sarkozy ? Toujours les mêmes fondamentaux ! Le plus extraordinaire avec ce personnage c'est qu'il arrive en permanence à relancer la polémique sur des thématiques dont il a pourtant déjà tout dit depuis longtemps. A chaque fois en exploitant tel ou tel évènement, mais toujours avec les mêmes fondamentaux, ceux qui lui ont permis de siphonner l'électorat du FN.
Sur ce thème des 'valeurs', je recommande vivement de voir, surtout d'écouter, une excellente anthologie des mots et des idées qui construisent sa prise du pouvoir et ses deux premières années à l'Elysée: http://www.youtube.com/watch?v=Fm-TdlB8QNI
Quatre autres vidéos de la même série sont aussi sur YouTube, mots clés: Sarkozy Midterm
Pour qui veut voir la version 'intégrale' de la série (les 5 volets à la suite, dans leur ordre chronologique), c'est sur MySpace : http://tinyurl.com/yguhsyv
Un petit bijou pédagogique, si l'on a 30 minutes devant soi, deux cachets d'aspirine de secours !
Écrit par : Orange, | 09/12/2009
ASSEZ
> J'en ai assez du petit clin d'oeil électoraliste vers les catholiques ("les racines chrétiennes") quand à côté on leur demande de la "discrétion" (ils sont tout de même un peu fatigants ces chrétiens sur le statut du beau-parent) et qu'on foule au pied la racine chrétienne par excellence qu'est le dimanche chômé. Déjà Léon XIII dans "Rerum novarum" luttait contre les puissances économiques qui forçaient les femmes et les enfants à travailler le dimanche, empêchant ainsi toute vie de famille! Ce qui me "tue", ce n'est pas l'hypocrisie de notre président : c'est que je crains que beaucoup de mes chers frères paroissiens profiteront de ces gentilles "racines chrétiennes" pour continuer allègrement de soutenir aux prochaines élections la destruction systématique et programmée de toutes ces racines. (oui, je suis un peu pessimiste en ce moment)
Écrit par : L'oeil et l'esprit, | 10/12/2009
Pour info
> Les belges ont eux aussi des troubles d'identité!
La mosquée Fatih de Beringen a demandé l’autorisation aux autorités locales de lancer l’appel à la prière avec des haut-parleurs fixés sur les minarets. Cette requête a déjà été acceptée par la ville de Genk, où cette pratique existe depuis plusieurs années.
source: 7sur7
QCM facile:
Qui veut assimiler qui? Qui peut assimiler qui? Qui dans les faits assimile qui?
Écrit par : BarthesRoland, | 15/12/2009
LE JERUSALEM POST CITE NOTRE BLOG :
http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1260877313035&pagename=JFrench%2FJPArticle%2FShowFull
" Grand déballage français autour de l'identité nationale
Par THÉRÈSE COUSTENOBLE
15.12.09
Décidément, le référendum helvétique n'a pas fini de faire parler de lui. L'Europe entière s'interroge sur la portée du vote qui a mené à l'interdiction de toute construction de minarets en Suisse. La France la première, avec Nicolas Sarkozy qui a profité de l'occasion pour remettre la laïcité au centre du débat public.
Dans une tribune publiée à la une du Monde du mardi 8 décembre, sous le titre "Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent", le président met en garde contre des "réactions excessives, parfois caricaturales, à l'égard du peuple suisse, dont la démocratie, plus ancienne que la nôtre, a ses règles et ses traditions". Et de rappeler l'importance du référendum dans l'histoire politique helvétique. Un président français assassin, par contre, envers les intellectuels : "Derrière la violence de ces prises de position se cache en réalité une méfiance viscérale pour tout ce qui vient du peuple." L'occasion pour Sarkozy de demander aux Français de profiter de la polémique récente pour s'interroger sur leur vision de la laïcité. Car au vu des récents sondages, ces derniers se montrent tout aussi hostiles à l'islam, sinon plus, que leurs voisins suisses.
Quant aux principaux représentants du culte musulman en France, ils ne sont pas avares de compliments pour qualifier la tribune présidentielle : "Bon texte", "Parole sage", "enthousiasme", "islam du juste milieu"... Dalil Boubakeur félicite la contribution de Nicolas Sarkozy au débat sur l'identité nationale. La tribune est "d'une élévation, d'une générosité, dignes de la France historiquement terre d'accueil, melting-pot des différentes cultures et origines", insiste le recteur de la Grande Mosquée de Paris.
Dans les médias aussi, l'intervention du chef de l'Elysée a fait couler beaucoup d'encre, parfois très amère. Libération a déniché cinq personnalités musulmanes, religieuses et universitaires qui, toutes, déplorent l'amalgame présidentiel entre islam et immigration. L'anthropologue Dounia Bouzar fustige : "Sarkozy parle comme s'il y avait un monde bipolaire avec d'un côté l'Occident [...] et de l'autre des étrangers [...] Cela me fait penser au discours des islamistes qui veulent faire croire que toutes les valeurs sont intrinsèques à l'islam."
Patrice de Plunkett, ancien directeur de la rédaction du Figaro magazine, auteur d'un blog très visité sur l'actualité religieuse, accuse le président d'utiliser l'identité nationale pour ne pas aborder "le vrai problème : l'idéologie libérale, qui vidange les contenus (moraux, spirituels, culturels) et ne laisse subsister qu'un individualisme de consommateur".
Côté socialiste, le député Jack Lang en a "ras le bol" du débat sur l'identité nationale, un débat "destructeur", "diviseur". Il propose aux partis politiques d'élaborer ensemble une "charte nationale de l'immigration".
Le Nouvel Observateur offre, quant à lui, la parole à François Baroin (UMP), ancien ministre de l'Outre Mer et de l'Intérieur. Ce dernier estime que ce débat n'a pas lieu d'être : "Je ne comprends pas l'intérêt de ce débat car je ne distingue pas son objectif citoyen. Certains peuvent avoir des problèmes d'identité par rapport à la nation, mais la nation, elle, n'en a pas." Baroin rejoint ainsi Jean-Pierre Rafarin, ancien Premier ministre, qui affirme que ce débat est "mal maîtrisé, mal cadré intellectuellement". En bref, beaucoup reprochent à Sarkozy d'utiliser de manière arbitraire et même contradictoire les mots passe-partout de "métissage", "identité nationale" et "communautarisme".
Ces derniers temps, il semblerait que le débat sur l'identité nationale profite en premier chef au Front national. Et le référendum sur les minarets n'a fait qu'amplifier cette tendance. En s'exprimant personnellement à la une du Monde, le président espère peut-être rameuter une nouvelle fois un électorat sensible à cette thématique du côté de l'UMP. Cette recette qui, lui avait assuré l'Elysée, pourrait en effet s'avérer utile à l'approche des régionales.
Écrit par : Jerusalem Post, | 20/12/2009
SOCRATE
> Dans une époque sophistique, où le seul critère de vérité qui reste est la force de persuasion à des fins de pouvoir, c'est-à-dire la loi du plus fort version sophistiquée!,la manipulation mentale remplaçant le coup de poing, ne reste plus pour sortir du scepticisme et du relativisme que le témoignage silencieux de nouveaux Socrate qui, eux, ne jouent pas avec les mots pour faire carrière et briller devant leurs aréopages, mais paient de leur vie la fidélité à leur conscience (daïmon ou ange gardien), et à la parole divine(l'oracle de Delphes). Jésus devant Pilate est la réponse sanglante et silencieuse à la question:"Qu'est-ce-que la vérité?". Platon a trouvé la force de croire en la capacité de l'intelligence humaine à atteindre la vérité, par delà les apparences trompeuses de notre monde déchu, dans le martyre de Socrate. Les apôtres ont cru en la Vérité qu'ils ont vu livrée, crucifiée, répandue sur le monde par ce coeur transpercé, triomphant dans le silence du matin de Pâques.Oui il nous faut parler et défendre la vérité,et si nous nous taisons, les pierres, ce qu'il y a de plus fermé à tout langage dans la nature, crieront!, mais en cela nous sommes serviteurs inutiles et ce n'est pas de cette façon que nous nous distingons des Sophistes de notre époque, à commencer par ceux qui nous dirigent.Mais par le témoignage silencieux de nos vies données par amour.Plus prosaïquement, quand je verrai des hommes politiques payer de leur personne pour notre pays, je commencerai à prendre au sérieux ce qu'ils disent sur ce qu'est être français. Les Français ne s'y trompent pas, qui préfèrent le silence(de circonstance) d'un Strauss-Kahn( après celui d'un Delors), aux discours intéressés des autres.Fatigués des bavardages, nous avons soif de témoignages: en politique comme en philosophie, comme en mystique et en religion.
Écrit par : Josnin, | 21/12/2009
"2012" ?
> Je ne suis pas sur que le silence de Strauss-Kahn soit lié à la vérité. Je penche plutôt à la volonté de faire oublier ses frasques afin de pouvoir être présentable en 2012.
Écrit par : vf, | 21/12/2009
à vf
> C'est pourquoi je disais"de circonstance",même si la révélation de ses frasques était aussi très circonstanciée.
Écrit par : Josnin, | 21/12/2009
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