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28/11/2009

Sur la société actuelle : une colère chrétienne de Rodolphe Clauteaux

...dans le dernier numéro (23 novembre) de L'Itinérant, "hebdomadaire de lutte contre la misère et la précarité" :


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<< La campagne présidentielle dernière, en gros, ce fut la promesse de “réformes” : L’Etat dépense trop faut réduire son “train”… Faut garder les riches qui fuient la France parce qu’ils paient trop d’impôts… Faudra se lever plus tôt pour travailler plus pour gagner plus… etc. Sans oublier les hauts cris sur la “racaille des banlieues”… Les discours sur l’insécurité routière ou urbaine, et donc les décisions d’installer plus de radars ainsi que de la vidéosurveillance dans nos rues…

Quant à des flics en plus et mieux payés ?… Rien. Quant à des lycées, de banlieue ou pas, mieux garnis de profs mieux payés ?… Rien. Quant aux “assoces de quartier”, reconnues et mieux financées ?… Rien.

Deux ans et une crise ont passé et on se lève plus tard et on gagne moins parce qu’on a perdu son boulot. Les morts des routes, radars ou pas, meurent au même rythme. La criminalité, urbaine ou pas, malgré 20000 caméras, bientôt 60000, est en hausse, selon la même courbe que la pauvreté. Quant aux riches, ceux qui en ont envie s’en vont pareil, brandissant bien haut leur bouclier fiscal. Et pour ce qu’il en est du “train de l’Etat”, il est réduit d’autant de fonctionnaires que l’on sait, et donc le Service Public tombe d’inanition. Cela dit, le palace volant présidentiel sera livré l’année prochaine, Air Sarko One, comme ont l’impudence de le nommer des gens de mauvaise volonté, n’aura coûté que la bagatelle de 185 millions et 20000 minuscules euros l’heure de vol, c’est rien !

Une crise et deux ans plus tard, donc, les députés vont bien. Et s’ils vont moins bien, ils ont une retraite confortable. Car chez eux, pour 1 (un) euro cotisé, c’est six (6) qu’ils toucheront une fois rangés des voitures. Un régime de retraite parfaitement géré, puisque leurs cotisations sont couvertes à 88% par l’impôt, c’est-à-dire par nos poches. Mais ces élus ne sont pas chiens, en décembre 2007,  ils ont augmenté le salaire présidentiel de 140 %, passant, que le président soit ou non dans son avion, de 7700 à 19000 euros, ce qui rend donc, honni soit qui mal y pense comme on dit en anglais, tout à fait normal les Rolex présidentielles !

« Bling bling », osent prétendre certains… Quelle mauvaise foi ! C’est « fouit fouit », qu’il faut dire, c’est ce bruit soyeux, doux et délicieux, que produit l’exquis frottement d’un billet de banque que l’on installe au portefeuille.

Voilà donc ce qu’est devenue notre République. Un Etat de peur et d’avidité. De peur proclamée comme citoyenne, et d’avidité encouragée, montrée en exemple, nerf de la guerre économique à laquelle tous sont appelés et de laquelle peu reviennent sur leurs deux jambes.

Une République berlusconienne, car c’est en Italie que l’on nous a montré l’exemple à suivre. Les Italiens, entre nous soit dit, ont toujours été des précurseurs. Les jeux du cirque, ce n’est pas la FIFA qui les a inventés, mais les Romains ! Romains qui d’ailleurs, avaient également inventé le RMI… mais c’est une autre histoire… Notons d’ailleurs que le mot “fascisme” ne possède pas une racine allemande comme le croient certains, mais bien péninsulaire. Mussolini, mentor du petit caporal moustachu, n’était ni autrichien ni bavarois.

Or donc, Berlusconi, grandiose successeur de Reagan et de Thatcher, a ouvert la porte à un nouveau système de gouvernement. On fait du spectacle, comme de Gaulle faisait de la politique. On fait de l’argent, comme de Gaulle faisait de l’avenir. On a peur, on institue la délation comme “acte citoyen”, et on est au chômage, mais les maisons de crédit, bienveillantes, vous envoient tout de même leurs propositions. La nation est endettée au-delà de toute mesure, et on lance le “grand emprunt”. Aggravant une dette qui fera de cette crise économique mondiale, dans quelques années, une maladie économique, une de ces maladies chroniques de laquelle on ne se relève pas.

Entre la peur de l’autre et l’avidité du riche, devenues vertus républicaines, on est mal !

On est mal parce que la France, lorsqu’elle oublie ce pourquoi elle est née, ce pourquoi elle a été humiliée, ce pourquoi elle s’est relevée, perd pour commencer son rôle d’exemple parmi les nations, et pour finir celui de foyer pour les hommes de bonne volonté.

Ce pourquoi elle est née ?… Etre un moyen choisi par la Providence pour faire entendre collectivement le message d’un humble charpentier juif.

Ce pourquoi elle a été humiliée ?… Avoir oublié que l’on ne doit jamais s’incliner devant la force brute et devenir alors complice de la folie du vainqueur.

Ce pourquoi elle s’est relevée ?… Du sang des suppliciés de la Résistance, et de la doctrine sociale du Comité national de la Résistance, qui, entre autres, ordonnait… « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques ».

Blingfouitblingfouit, balivernes !
Balivernes ?
« Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur nos plaines ? »


Rodolphe Clauteaux  >>
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blog de L'Itinérant :
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10:40 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

LEUR INDECENCE

> Très juste. Et j'avais envie de casser le poste de radio (ce qui n'aurait pas servi à grand-chose) lorsque j'ai entendu sur France-Info hier, que (je cite le Monde) "Le nombre de conseillers des cabinets ministériels a crû de 17,2 % entre 2008 et 2009 et la rémunération moyenne mensuelle des personnels contractuels de ces cabinets a augmenté de 12,8 %, pour atteindre 7 157 euros brut, relève jeudi 26 novembre le député apparenté PS René Dosière."
On ne sait plus quoi dire devant une telle indécence.
En un an,17 % de conseillers en plus, rémunérés à 12,8 % en plus : de qui se moque t'on?

Écrit par : olivier le Pivain, | 28/11/2009

CLAUTEAUX

> Le cher Rodolphe Clauteaux fait un beau travail social et d'évangélisation à travers les journalistes, les vendeurs et les lecteurs de l'Itinérant.

Écrit par : Michel de Guibert, | 29/11/2009

BERNANOSIEN

> J'aime beaucoup cette continuité toute bernanosienne que Clauteaux trace du baptême de Clovis à de Gaulle et la Résistance, y compris le programme social du CNR. Dieu écrit droit avec des lignes courbes, l'important est le sens global. L'erreur est de ne pas le discerner et de s'attacher à de petites séquences de l'histoire. L'arbre cache alors la forêt.

Écrit par : Barney, | 29/11/2009

GAGS

> Le gag, c'est que les "chiens de garde" des années 1990 (comme disait Halimi), si on leur avait montré le texte du Comité national de la Résistance sans leur dire ce que c'était, auraient hurlé : "on reconnaît bien là l'idéologie anti-économique des réactionnaires."
Souvenons-nous aussi du nombre de grands commis de Vichy qui se reconvertirent en un clin d'oeil dans l'atlantisme libéral en 1944. Une des choses qui écoeurèrent justement Bernanos et le firent re-quitter le pays.

Écrit par : rézo, | 29/11/2009

VERROUILLAGE

> Bernanosien, oui ! Une prose que l'on a peu l'habitude de lire, c'est sûr. Si, peut-être, sous la plume de ce grand monsieur qu'est Yves Meaudre, le fondateur d'Enfants du Mékong.
Une sainte colère, OK, mais pour quel résultat ? Le système est verrouillé pour (très) longtemps. Les gens sont résignés (je me souviens d'un dossier publié par Marianne sur ce sujet, il y a quelques mois). Il n' y aura pas de révolution...

Écrit par : Feld | 29/11/2009

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