03/10/2009
L'action d'Obama en divers domaines : ce que Benoît XVI a dit au nouvel ambassadeur US près le Saint-Siège
Recevant Miguel Diaz, le pape lui a parlé de deux sujets (inséparables sans tronquer sa pensée) : 1. le respect de la vie, 2. un changement urgent des structures financières, économiques et politiques :
Benoît XVI a reçu, le 2 octobre à Castel Gandolfo, M. Díaz venu lui présenter ses lettres de créance. A ce diplomate qui est aussi professeur de théologie catholique, le pape a notamment déclaré :
« La crise de nos démocraties modernes demande un engagement renouvelé pour un dialogue raisonnable, dans le discernement de politiques justes et sages, respectueuses de la dignité et de la nature humaine […] Je pense surtout à la nécessité d'un discernement clair sur les questions qui touchent la protection de la dignité humaine et le respect inaliénable du droit à la vie, du moment de la conception à la mort naturelle, et la protection du droit à l'objection de conscience de la part des médecins et, de fait, de tous les citoyens ».
« La crise économique internationale persistante demande clairement une révision des structures financières, économiques et politiques actuelles, à la lumière de l'impératif éthique d'assurer le développement intégral de tous […] Le multilatéralisme ne devrait pas être circonscrit à des questions purement économiques et politiques, mais devraient s'exprimer dans la décision d'affronter toute la gamme de questions liées à l'avenir de l'humanité et à la promotion de la dignité humaine, y compris l'accès à la nourriture et à l'eau, l'assistance sanitaire de base [...], l'élimination de la plaie des armes nucléaires. A ce sujet, je désire exprimer ma satisfaction pour la récente rencontre du conseil de sécurité des Nations Unies, présidée par le président Obama, qui a approuvé à l'unanimité la résolution sur le désarmement atomique et proposé à la communauté internationale l'objectif d'un monde exempt d'armes nucléaires . C'est un signal prometteur à la veille de la conférence de révision du traité sur la non prolifération des armes nucléaires.»
Parlant du rôle de la foi aujourd'hui, le pape a ajouté : « La vision et l'imagination religieuse ne limitent pas, mais enrichissent le débat politique et éthique et les religions, et justement parce qu'elles s'occupent du destin ultime de chaque homme et de chaque femme, sont appelées à être une force prophétique pour la libération et pour le développement humain dans le monde, en particulier dans des régions déchirées par les hostilités et les conflits. »
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11:36 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christianisme
Commentaires
EQUILIBRE
> Radicalité et charité, et surtout ne pas séparer ce qui doit marcher ensemble et du même pas, aucun sujet ne devant éclipser les autres ! c'est l'équilibre de la pensée ratzingérienne.
Écrit par : Laetitia | 03/10/2009
Le commentaire d'Andrea Tornielli dans 'Il Giornale' (29 mai dernier):
> " La nomination la plus attendue et la plus secrète est arrivée, celle sur laquelle Barack Obama a travaillé durant les dernières semaines pour chercher à partir d'un bon pied dans les rapports avec le Vatican: le théologien d'origine cubaine Miguel Diaz sera le nouvel ambassadeur américain prés du Saint Siège. Diaz a déjà obtenu l'agrément du Vatican et maintenant sa nomination attend la ratification du Sénat.
Professeur de théologie à la St. John's University et au College of Saint Benedict, dans le Minnesota, le nouveau représentant américain a quatre enfants et c'est le premier théologien à recouvrir la charge : sa spécialité académique lui offrira quelque opportunité de plus pour dialoguer avec le Pape théologien.
Fils d'un serveur et d'une standardiste, il parle, outre l'anglais, l'espagnol et l'italien, et il est né à la Havanne il y a 45 ans. Il a obtenu une maîtrise en Théologie à l'université Notre Dame, la même qui les derniers jours avait invité Obama à participer à la cérémonie de remise des diplômes.
Le nouvel ambassadeur a été parmi les conseillers d'Obama durant la campagne pour les présidentielles et a souscrit à l'appel des 26 personnalités catholiques en faveur de la nomination comme secrétaire d'état à la santé de Kathleen Sebelius, critiquée par une partie du monde chrétien pour sa position « pro choice » sur l'avortement.
« Je veux être un pont avec le Saint siège », a déclaré Diaz, promettant la « continuité » dans les rapports avec le Vatican, sans cependant se compromettre sur ses positions personnelles en ce qui concerne les questions plus controversées, c'est-à-dire les thèmes éthiques comme l'avortement et la recherche sur les cellules-souche embryonnaires, objets de polémiques qui ont divisé la Maison Blanche et la conférence épiscopale.
En janvier, le nouvel ambassadeur avait déclaré : « Partout nous pouvons, nous devrions faire avancer la vie à tous les niveaux ».
Une source de la Maison Blanche, rapportée par Catholicnews.com, décrit Diaz comme « clairement pro life » et explique que la décision de choisir un théologien respecté, plutôt qu'un bailleur de fonds de la campagne d'Obama ou un politicien, représente une indication « du sérieux avec lequel l'administration américaine envisage les relations avec le Vatican ».
Diaz est un connaisseur et un sympathisant de la pensée de Karl Rahner et de la théologie de la libération.
Le nonce à Washington, l'archevêque Pietro Sambi, a défini comme « excellent » le choix d'Obama.
L'annonce arrive dans un moment délicat des rapports entre USA et Saint siège. Le président américain sera en Italie au début de Juillet pour le G8, et verra le Pape. Le Vatican suit avec attention les mouvements d'Obama, avec lequel il y a syntonie sur l'approche multilatérale de la politique internationale et sur le Moyen Orient, tandis que les positions sont plus éloignées sur les thèmes éthiques. L'opposé de ce qui se passait avec Bush."
Écrit par : Il Giornale, | 03/10/2009
POINTS DE VUE
> La synthèse d'A. Tornielli sera évidemment rejetée par ceux (de gauche et de droite) qui ne veulent pas entendre la moitié de ce que dit le pape... Soit qu'ils refusent l'idée du respect de la vie, soit qu'ils refusent le combat pour la justice et la paix dans la marche vers l'unité du genre humain... Deux idées présentes pourtant dans Caritas in Veritate !
Écrit par : Glum | 03/10/2009
COMIQUE
> Ceux qui vilipendent d'avance Miguel Diaz se retrouvent à conspuer un catholique latino et à parler comme les Wasp protestants cathophobes, ce qui est d'un comique total.
Écrit par : Nati | 03/10/2009
RESPECT DE LA VIE ET DE LA DIGNITE HUMAINE
> J'aime bien votre sous-titre parce qu'il rejoint exactement ce que je m'attache à défendre comme fondement du politique : le dénominateur commun de toute politique doit être fondé sur le respect de la vie et de la dignité humaine, de sa conception à sa mort naturelle.
A partir de cette seule et même idée, on affronte les questions de bioéthique, économiques, écologiques, migratoires, de justice et de paix, d'éducation et d'organisation du travail, etc... (liste non exhaustive). En mettant ce principe à la racine de toute politique, qu'il faudrait intégrer tel quel dans toute constitution, en l'affirmant comme priorité n°1 et non négociable, on peut espérer construire une politique qui ne soit pas totalement viciée à la base.
J'ai commencé un petit développement synthétique de ce principe élémentaire, mais que j'aimerai encore remanier : je me rends compte notamment que je n'y aborde pas la question de l'armement par exemple, et que je ne fais qu'effleurer la question de l'économie, et j'oublie notamment de parler de l'économie mondiale, de la spéculation et de la finance en général. http://pneumatis.over-blog.com/article-36717322.html
Après y a rien de très original : soit je dis des bêtises (je n'espère pas), soit ce que je dis de pertinent doit déjà se trouver quelque part dans le compendium de la doctrine sociale de l'Eglise. Mais bon, cela ne fait jamais de mal de se l'approprier un peu plus.
Écrit par : Pneumatis | 03/10/2009
PRENDRE AU SERIEUX LES NUANCES EXPLICITES FORMULEES PAR LE PAPE
> Comme on le supposait ici en février dernier au vu de la docilité d'Obama envers Wall Street, ce personnage pourrait bien n'être qu'un soufflé médiatique. On ne tardera pas à s'en rendre compte définitivement. Cependant il faut prendre au sérieux les nuances explicites du discours de Benoît XVI, constamment réaffirmées par ce dernier, soit à Obama lui-même, soit à ses représentants (le dernier étant l'ambassadeur Diaz) : mises en garde sur le terrain du respect de la vie, mais encouragements sur le terrain de la politique internationale. On ne doit en aucun cas gommer l'une des deux moitiés du propos. Surtout si c'est par solidarité inavouée avec les boutefeux de l'un ou l'autre camp au Moyen-Orient...
Écrit par : Michel Janin, | 04/10/2009
> et les obamaphobes d'origine sont aussi ceux qui se refusent à formuler la moindre critique envers Wall Street. Cacher la moitié de la situation n'est jamais la bonne attitude.
Écrit par : Aspar, | 04/10/2009
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