17/09/2009
''Résister au libéralisme : les penseurs de la communauté'' – Un livre de François Huguenin, à paraître le 8 octobre (éditions du CNRS) :
« Comment concevoir une critique non marxiste du libéralisme ? À l’heure de la crise financière et de l’essoufflement du modèle capitaliste, cette interrogation cruciale nous concerne tous :
...Elle mobilise, outre-Atlantique, une galaxie foisonnante de philosophes, d’historiens, de théologiens : les "penseurs de la communauté", engagés dans un débat qui bouscule nos certitudes françaises... Voici la première grande synthèse sur ce courant d’idées. De l’éthique des vertus proposée par MacIntyre au républicanisme de Skinner, en passant par le mouvement Radical Orthodoxy et la nouvelle théologie de Cavanaugh, cette redécouverte de la communauté propose une conception alternative à la vision libérale de la modernité. Justice sociale, bien commun, place de l’homme dans la Cité, formes innovantes de sociabilité : ces penseurs renouvellent en profondeur notre conception du vivre-ensemble. Et nous invitent à retrouver le sens d’une communauté revivifiée aux sources de l’éthique. Un ouvrage essentiel pour penser l’après-crise. Un grand traité de philosophie politique. »
Table des matières
PREMIÈRE PARTIE : Le libéralisme impossible
Chapitre premier : La pensée de John Rawls
Une pensée ardue / Un libéralisme politique rejetant l’utilitarisme / Les idées fondamentales de la conception rawlsienne / Une logique abstraite / Portée et limites du consensus rawlsien
Chapitre 2 : Le juste et le bien
Les principes de la justice chez Rawls / Libéralisme politique / La priorité du juste sur le bien / Une interprétation ambiguë / La critique libertarienne de Robert Nozick / La critique de la position originelle / La critique de la priorité du juste sur le bien
DEUXIÈME PARTIE : Redécouvrir la communauté
Chapitre 3 : La communauté : une réponse au libéralisme
Michael Sandel, une critique de Rawls au plus près / Le « je » et le « nous » : MacIntyre, Taylor / Walzer : Le libéralisme comme « art de la séparation » / Antimoderne ? / La prise en compte de la critique communautarienne par le libéralisme : Ronald Dworkin / ... Et Will Kymlicka
Chapitre 4 : Quelle communauté ?
Walzer ou la communauté libérale / MacIntyre, Hauerwas, Cavanaugh : la polis ou l’Église comme communautés inscrites dans une tradition / Pour ou contre l’État-Nation ? / Républicanisme
TROISIÈME PARTIE : Revisiter l’histoire
Chapitre 5 : Une autre lecture de l’histoire des idées politiques
Pocock et l’historiographie républicaine de l’humanisme civique / Le Bas Moyen Âge entre continuité aristotélicienne et annonce de la modernité ? Le débat autour de la pensée de Marsile de Padoue / Les ambiguïtés de Guichardin / Au coeur de Machiavel
Chapitre 6 : Comprendre la modernité ?
L’alternative républicaine en question / L’échec des Lumières selon MacIntyre et les épiphanies de la modernité de Charles Taylor / La modernité comme hérésie de la sécularisation : la nouvelle théologie de John Milbank et de William Cavanaugh
QUATRIÈME PARTIE : Relire la théologie
Chapitre 7 : Relativisme, universalisme et loi naturelle
La notion de traditions parallèles / Le concept d’éthique qualifiée / Le morcellement des traditions et le relativisme des valeurs éthiques / Hauerwas et la critique de la loi naturelle / Le christianisme philosophique de Joseph Ratzinger / La loi naturelle chez saint Thomas d’Aquin / Quelle nature humaine ?
Chapitre VIII : Contre la sécularisation : l’héritage de Lubac
Lubac et le surnaturel / La position de Thomas d’Aquin / Les écueils de la séparation entre nature et surnaturel / Les critiques de Lubac / Distinguer sans séparer
Chapitre 9 : Penser la communauté chrétienne
De MacIntyre au communautarisme chrétien / Cavanaugh et le rejet de la théorie maritainienne du pouvoir indirect / Retour à Augustin / Liturgie et eucharistie
CINQUIÈME PARTIE : Repenser le politique
Chapitre 10 : La question de la liberté
La critique de la théorie libérale de la liberté négative / Walzer ou la tentative d’apporter un correctif au libéralisme / Récuser le libéralisme / La tentative de synthèse de Philip Pettit / Les impasses du républicanisme / Une critique républicaine du républicanisme de Skinner / Ambiguïtés de la notion de liberté
Chapitre 11 : La question du multiculturalisme
Les positions communautariennes face au multiculturalisme / L’alternative multiculturaliste libérale : Will Kymlicka / Le communautarisme ambigu de Michael Walzer / Les limites de la discrimination positive / Multiculturalisme et débats éthiques
Chapitre 12 : Retrouver le bien commun
Retour au bien commun / Une éthique des vertus / Le chiasme entre paganisme et christianisme / Milbank face à MacIntyre / Les vertus chrétiennes à l’assaut des vertus païennes / Quel lieu pour faire vivre le bien commun ?
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11:29 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : la crise
Commentaires
CLARIFIER LE CONCEPT DE BIEN COMMUN
> Je ne connais pas ces théories mais la thématique me semble interessante et nécessaire.
Je voudrais souligner un point massif à mes yeux : la centralité et la clarification du concept de bien commun.
Car trop souvent les intérêts particuliers (depuis les banquiers spéculateurs en faillite par leur imprudence jusqu'aux dockers CGT de Marseille) se camouflent sous des arguments d'intérêt général pour que le contribuable finance leurs privilèges.
Bref le bien commun c'est le bien de tous - pas le bien de quelques-uns financé par tous !
Écrit par : Philippe C | 17/09/2009
AIR FRAIS
> Merci pour l'info ! c'est un livre à lire de toute urgence. Une grande bouffée d'air frais.
Écrit par : Blaise | 17/09/2009
CAVANAUGH ET MARITAIN
> Les thèses de Cavanaugh sont très intéressantes mais j'avoue avoir du mal à comprendre en quoi il doit être systématiquement opposé à Maritain (cf. analyse très dure de Denis Sureau s'agissant de Maritain). Sa distinction de l'action "en tant que chrétien" et "en chrétien" ne coincide pas forcément avec une séparation spirituel/temporel comme il le lui est reproché. Car agir "en chrétien", n'est-ce pas au final oeuvrer pour le bien commun (notion chère à Maritain) en gardant la main tendue vers tous ceux qui, engagés dans un combat destiné à atteindre le même but sans être pour autant inspirés par l'Esprit Saint (du moins, pas consciemment...), de manière à éviter que la force des communautarismes ne soit dévoyée pour faire le jeu des séparatismes ? Cela ne nous dispense d'ailleurs pas d'agir également "en tant que chrétiens", comme Maritain le rappelait lui-même.
Bref, à l'heure où les superbes idées de Maritain ou celles inspirées des théologies de la libération n'ont certes pas encore été suffisamment exploitées pour revivifier le monde (occidental), il me semble un peu étonnant de se livrer à un exercice de style qui, quelque brillant soit-il, a pour but de les réduire à néant.
Cavanaugh gagne vraiment à être connu, mais il me semble réellement s'inscrire dans une parfaite continuité avec toutes ces grands courants de pensée encore malheureusement si peu connus (en prépa. littéraire à Henri IV, Fénelon ou même à Normale Sup., on nous sert encore du Rousseau à la louche, mais point de Maritain... ça n'étonnera bien sûr personne ici...)
Au final, comme le dit Philippe, se concentrer sur la notion de Bien commun (qui doit détrôner l'idole "volonté générale") ainsi que travailler à la restauration d'un Politique émancipé des pouvoirs économiques (ce que notre hôte, Patrice de Plunkett appelle de ses voeux également) tout en favorisant parallèlement les initiatives locales destinées à mettre en oeuvre le programme de 'Caritas in veritate' (coopératives, associations etc...), voilà bien sûr ce sur quoi tout le monde peut s'accorder et à quoi nous devons donc nous consacrer sans jamais céder aux démons de la division.
Écrit par : blanche | 17/09/2009
LA CREATION MONETAIRE
> Au coeur de la problématique actuelle du "bien commun" se trouve, à mon sens la question (tabou, il est vrai)de la création monétaire, qui est elle-même indissociable de celle de la croissance. Peut-on parler de critique du libéralisme sans aborder ces thèmes?
Écrit par : Farupex | 17/09/2009
à BLANCHE
> "...Se concentrer sur la notion de Bien commun (qui doit détrôner l'idole 'volonté générale') ainsi que travailler à la restauration d'un Politique émancipé des pouvoirs économiques... voilà bien sûr ce sur quoi tout le monde peut s'accorder..."
Dieu vous entende ! mais je suis moins sûr que "tout le monde" veuille "s'accorder" sur ce programme de travail. Tout un pan de la droite catholique (pas entière heureusement) est inféodé au libéralisme, par une haine anachronique de la gauche, haine remontant à 1981 dans le meilleur des cas et à 1940 dans le pîre, ce qui ne nous rajeunit pas. Ces esprits étroits ne voient pas que le libéralisme n'a rien à voir avec la liberté, et que la gauche ne menace nullement.
Écrit par : Glum | 17/09/2009
@ Blanche
> Cette notion de "bien commun" doit détrôner non seulement cette sinistre idole qu'est la "volonté générale", mais aussi cette notion trop vague et incertaine que l'on invoque mollement : "l'intérêt général".
Écrit par : Michel de Guibert | 17/09/2009
EN ARRIÈRE TOUTE
> cher Glum, vous pouvez même pousser jusqu'à 1789 pour certains. et en plus, ils prennent le libéralisme comme opposé à la révolution alors qu'il est le fruit des "lumières" lui aussi (loi Le Chapelier par exemple).
Écrit par : vf | 17/09/2009
@ vf
> Il n'est donc pas aberrant, mon cher vf, de remonter à 1789 et aux "Lumières" dont découle la Révolution pour trouver la racine du poison libéral !
Le cher cardinal Lustiger ne disait pas autre chose quand il s'en prenait aux "Lumières"....
Écrit par : Michel de Guibert | 17/09/2009
@ Glum
> Les gens de gauche se revendiquent d'ailleurs assez généralement du libéralisme. Du libéralisme politique s'entend. Du coup, ça n'a pas grand sens de vouloir se réfugier dans les jupes de la droite : les antagonismes qui divisent les différents partis sont de peu de portée comparés à leur accord idéologique fondamental.
Écrit par : Blaise | 18/09/2009
> en savoir plus ici : http://www.cnrseditions.fr/ouvrage/6162.html
Écrit par : Albertine | 18/09/2009
RIEN APPRIS
> Tout à fait, cher Michel de Guibert. Par contre, j'ai du mal à comprendre cette fixation obsessionnelle de certains milieux cathos sur certains événements historiques. La racine du poison est dans l'oeuvre des philosophes des "Lumières" et pas dans l'événement historique qui découle de leurs idées (En plus, la Révolution française ne fut pas que la conséquence des "Lumières" et on oublie trop souvent l'impact de la révolution américaine). Remonter au 18e pour en faire une critique, oui. Bloquer de façon obsessionnelle sur 1789, non. Ce qui me gêne, c'est la façon de certains à raisonner sans fin sur un événement comme la cause de la décadence ou du malheur et de ne pas comprendre que l'événement est le fruit d'un contexte. Les cathos dont je parle sont ceux pour qui la révolution française incarne la gauche anti-libérale, alors que la révolution était libérale et que les révolutionnaires ont fini par guillotiner ceux qui pouvaient apparaître comme anti-libéraux (Babeuf par exemple). Ils n'ont rien oublié ni rien appris, disait Talleyrand.
Écrit par : vf | 18/09/2009
@ vf
> Les grands noms de la Révolution américaine étaient eux-aussi des hommes des lumières. Ce qu'on appelle "les Lumières" n'était pas un phénomène restreint à la seule France. De plus, nos auteurs exerçaient alors un rayonnement européen - et américain. Mais nous pouvons remonter plus loin dans le temps. Le XVIIIe siècle a peu inventé. Pour une large part il est la continuation du XVIIe. Le siècle déterminant pour la modernité, c'est le XVIIe.
Puisque nous parlons violence - mon information est introduite de façon quelque peu arbitraire - j'en profite pour vous annoncer que l'ouvrage de William Cavanaugh, "Le Mythe de la violence religieuse", vient de paraître cette semaine. Comme ce théologien est apprécié sur ce blog, je suppose que ma publicité n'est pas trop déplacée. A mon avis, le sujet traité est brûlant d'actualité. Le livre est déjà disponible sur le site internet des Editions de l'Homme Nouveau. Quant aux libraires, semble-t-il, il faudra attendre encore quelques jours.
Blaise
[ De PP à B. - J'ai reçu avant-hier le Cavanaugh, qui est passionnant, et j'en parlerai très bientôt. ]
CXette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : Blaise, | 04/10/2009
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