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03/09/2009

Pour un essayiste new-yorkais, pas de différence entre éducation religieuse et kidnapping-séquestration-viol

Un brouillard mental traverse l'océan :


 

 

Sur Slate.fr (3 septembre), voilà un article de l'essayiste et universitaire new-yorkais David Berreby, intitulé : Pourquoi Jaycee Lee Dugard ne s'est pas enfuie de chez ses ravisseurs. L'article analyse le cas de la fillette enlevée à l'âge de 11 ans par un couple de psychopathes, puis séquestrée par eux et devenant mère de deux enfants du ravisseur, avant d'être retrouvée par hasard à l'âge de 24 ans. Pendant ces treize années, la jeune fille (qui avait fini par travailler dans l'entreprise d'imprimerie du kidnappeur) n'avait pas essayé de s'enfuir... Sombre mystère, que les psychologues parviendront peut-être à démêler.

En tout cas le mystère n'en est pas un aux yeux de David Berreby. Lui, il sait. La séquestration de Jaycee Lee est comparable, dit-il, à... n'importe quelle éducation religieuse : « ...Des voisins ont raconté que Garrido (le ravisseur) avait appris aux filles (Jaycee Lee et ses deux enfants) à ne pas parler aux étrangers, et à dire qu'on leur faisait '' la classe à la maison ''. Voilà qui doit paraître familier à toute personne qui a survécu à une éducation religieuse coupée du monde. En fait, la détermination de Garrido d'isoler les enfants du monde extérieur n'apparaît pas très différente des comportements des parents religieux de toutes dénominations. Un ancien témoin de Jéhovah se souvient ne pas avoir eu le droit d'être ami avec un autre enfant... »

Pour David Berreby, toute éducation religieuse est « coupée du monde ». C'est son avis personnel.

Il pense aussi que toute secte est une religion (pardon : une « dénomination ») comme les autres. Penser cela est simplement américain.

Aux Etats-Unis, tout fonctionne comme si le contenu de la foi était secondaire. La seule chose qui compte est la libre concurrence des « dénominations » : le créneau religieux (comme tous les autres) est sous un régime de libre entreprise totalement dérégulé. Le seul arbitre est le marché. Cette situation a divers effets [1], dont celui-ci : il serait unamerican, contraire au free trade, de faire le tri entre les « dénominations »: les allumés dangereux ont autant de droits que les gens pondérés.

Et puisqu'on ne doit pas faire le tri, cela permet aux David Berreby d'écrire que « toutes les dénominations » poussent les « parents religieux » à éduquer leurs enfants dans la psychose et l'enfermement. Affirmation inexacte ? OK, mais pour le démontrer il faudrait comparer : donc faire un tri, donc jeter le soupçon sur telle ou telle forme religieuse ; ce qui mettrait en circulation des idées contraires au 1er amendement de la Constitution des Etats-Unis (15 décembre 1791), qui garantit le « libre exercice » de toute espèce de religion.

Résultat : le même esprit qui vise à garantir toutes les communautés religieuses permet de les diffamer toutes ; l'important est de ne pas faire de discriminations entre elles. M. Berreby peut donc vous déclarer que la séquestration avec abus sexuel sur une adolescente kidnappée est l'équivalent d'une éducation chrétienne chez papa et maman.

David Berreby étant traduit en français par un e-média de référence, son affirmation, quoique absurde et odieuse, sera prise au sérieux, ici, par quelques milliers de bobos trentenaires. On en verra les symptômes à la prochaine levée de boucliers organisée, mettons, contre le pape de Rome...

Qu'on ne nous accuse pas d'américanophobie : aucune phobie n'est chrétienne. Mais l'Europe latine ferait bien de garder l'esprit clair ; ce qui suppose (entre autres) de se méfier des brouillards mentaux, qui traversent l'océan à la vitesse de l'électronique.

 

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[1] Notamment une influence mutuelle (parfois fâcheuse) de « dénominations » concurrentes. Certains fourvoiements politico-religieux de catholiques US, par exemple, viennent de leur fascination envers des protestants extrémistes... malgré les mises en garde d'autres protestants. D'où ce paradoxe : dans certaines controverses politico-sociales aux USA, on voit, dans un camp, des catholiques aux côtés de protestants furieusement antipapistes ; et dans le camp d'en face, des protestants « sociaux » capables de signer le manifeste évangélique de soutien à Caritas in veritate. [Cf note de ce blog, 27/08/09].

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18:00 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme

Commentaires

IDEOLOGUE

> De toute façon, David Berreby n'argumente pas : il se contente d'en appeler au sentiment de familiarité. C'est très vague. Il ne fournit aucun critère précis.L'adjectif "religieux" est un mot tellement bateau (surtout dans son contexte américain), que le reprendre sans le moindre esprit critique relève de la farce.
Un universitaire qui prétend établir un rapprochement entre deux réalités distinctes ne peut se contenter de s'exclamer : "Voilà qui doit paraître familier..."
Ce qu'il nous livre, c'est de la sociologie-spectacle. Les passions remplacent les arguments.
Un peu de bon sens ne serait pas de trop : Ne serait-ce qu'en se restreignant aux seules familles chrétiennes, il n'existe pas d'homogénéité, mais une grande diversité des types d'éducation. Dans certaines évidemment, l'expérience d'enfermement peut être une réalité; pour d'autres au contraire, l'enfant aura l'occasion de s'épanouir. Berreby est donc un idéologue, pour oser nier la pluralité de toutes ces situations familiales.

Écrit par : Blaise, | 03/09/2009

NEANDERTHAL

> "Garrido (le ravisseur) avait appris aux filles (Jaycee Lee et ses deux enfants) à ne pas parler aux étrangers, et à dire qu'on leur faisait '' la classe à la maison ''." Voilà qui est étrange : à qui auraient-elles pu le dire si elles ne parlaient à personne ?
Par ailleurs, on ne voit pas en quoi ce type d'éducation aurait à voir avec quoi que ce soit de religieux. Je suis presque certain que chez Neanderthal, on expliquait déjà aux enfants de faire attention à ce qui, non identifié, venait de l'extérieur.

Écrit par : JG, | 04/09/2009

Les commentaires sont fermés.