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04/08/2009

Honneur au caporal Anthony Bodin, tombé à 22 ans... Mais que fait l'armée française en Afghanistan ?

thumbnail[1].jpgQuand le bien-fondé d'un combat

est discuté,

la seule chose indiscutable

est l'honneur du combattant :


 

-

Prions pour ce jeune mort et pour sa famille. Mais le deuil oblige à poser des questions graves.

Il y a deux façons de traiter la guerre d'Afghanistan :

- ou bien on détourne le regard, par atlantisme ou sous prétexte que nos soldats sont là-bas (à ce compte, jamais on ne pourra s'interroger sur cette guerre) ;

- ou bien on regarde les choses en face, comme le fait l'enquête du Point :

http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-08-03/apres-la-mort-du-29e-soldat-francais-faut-il-rester-en-afghanistan/1648/0/366386

Tout le monde – sauf les aveugles volontaires – peut ainsi voir que l'Afghanistan est une guerre perdue.

Huit ans après l'invasion américaine transformée en opération de l'Otan (ce qui en dit long sur l'Otan), les taliban ont reconquis une grande partie de la population... et du territoire afghan que l'on était censé leur interdire.

D'autre part, le véritable problème n'est pas en Afghanistan mais au Pakistan. Ceci détruit l'argument atlantiste, selon lequel nous devons envoyer nos soldats au casse-pipe dans les montagnes afghanes où s'étaient déjà éreintés, en vain, les Anglais et les Soviétiques.

Les atlantistes eux-mêmes savent que la guerre d'Afghanistan est ingagnable ; il leur faut du cynisme pour y envoyer des jeunes. Ainsi Anthony Bodin, 22 ans, né à Dinan (Côtes-d'Armor), caporal au 3e RIMa de Vannes (Morbihan), tué après vingt-huit autres jeunes soldats français. Pour quoi sont-ils tombés ? Non pour gagner une guerre ingagnable, mais pour rapprocher – encore un peu plus – Paris de Washington ? Saluons ces morts. Mais questionnons la présence de soldats français aux ordres, directs ou indirects, du Pentagone.

Quant au régime de Hamid Karzaï installé par Washington, et auquel nos médias tressaient encore des couronnes voilà deux ans [1], sa faiblesse et sa corruption l'ajoutent à la liste de ce qu'on appelait naguère les « gouvernements fantoches ». La guerre d'Afghanistan ressemble à celle du Vietnam [2]: défendre des régimes (factices) de féodaux et de trafiquants soutenus de l'étranger mais rejetés des populations, c'est la mission infligée au soldat occidental depuis les années 1950. De Gaulle nous en avait libérés. On nous y ramène. Pourquoi ? Après l'Afghanistan, dans combien de guerres américaines allons-nous faire tuer nos Anthony Bodin ? Sachant que les guerres otaniennes de l'avenir frapperont des peuples pauvres pour leur prendre leurs ressources énergétiques, comment des chrétiens pourraient-ils y consentir ?

Poser ces questions n'est pas nuire au deuil de la famille du jeune caporal. Au contraire : c'est rendre hommage à ce mort, dans la vérité. Quand le bien-fondé politique d'un combat est discuté, la seule chose indiscutable est l'honneur personnel du combattant.

 

__________

[1]  Nos magazines allaient jusqu'à célébrer « l'élégance vestimentaire » de Karzaï. C'était juste avant que son gouvernement ne durcisse l'application de la charia.

[2]  D'où le souci causé à l'opinion par la Chevauchée des Walkyries des hélicoptères du 14 juillet, clin d'oeil (ambigu) au film Apocalypse now.

 

Commentaires

ULTIMA RATIO

> Vous avez raison de poser ces questions, que d'ailleurs tout le public se pose. Pourquoi n'aurait-on pas le droit de se les poser ? Nous ne sommes pas des militaires. Nous sommes des civils et des citoyens. L'armée est l' "ultima ratio regum". Elle n'est pas un monde à part, elle fait partie de la cité, et la cité a le droit se s'interroger sur la politique qu'on lui fait suivre.

Écrit par : Kevin Jaurès | 04/08/2009

RIEN A Y FAIRE

> "De Gaulle nous en avait libéré ". Pardonnez-moi, mais j'ai beau chercher, je ne comprends pas à quoi vous faites allusion. Sans doute pas aux accords d'Evian avec un FLN terroriste, ni au régime post-colonial mis en place après 1960 dans la "Françafrique". Est-ce alors une référence à la sortie du commandement intégré de l'OTAN en 1966 ? Cela n'a pas empêché le soutien, parfois militaire, à des potentats africains indéfendables, jusqu'à Bongo qui tutoyait Chirac !
Pour le surplus, je partage votre analyse. Nous n'avons rien à faire en Afghanistan sous les ordres des américains qui, par ailleurs, n'ont jamais rien compris à l'Islam, et jouent avec le feu. Mais ni les sarrazins, ni les ottomans n'ont jamais franchi l'Atlantique !

Écrit par : Edouard | 04/08/2009

CA VA DURER LONGTEMPS

> Vos questions ne sont pas illégitimes. Voilà pour ma part ce que j'ai compris en discutant avec des officiers de retour de Kaboul. Il n'est pas question de "gagner" une guerre mais il s'agit de poursuivre d'autres buts :
1 - il faut éviter que l'Afghanistan redevienne un nid de vipères talibanes
2 - il faut faire comprendre au Tiers Monde (ex : la Somalie ou le Pakistan) que l'Occident ne tolère pas la création de zones de "non-droit" où l'on peut préparer impunément des attentats massifs
3 - la France veut prouver aux USA qu'elle est désormais un membre de l'OTAN "comme les autres" sans vision spécifique et sans esprit critique - on peut contester cette stratégie mais on doit admettre qu'en envoyant des renforts à Kaboul le Président est cohérent avec ses choix diplomatiques atlantistes
4 - l'armée française est professionnelle à 100% : on y envoie des jeunes qui ont choisi cette carrière et non des appelés - en outre le Parlement a autorisé cette intervention - enfin il n'est sans doute pas inutile qu'une armée professionnelle se frotte à de vrais ennemis au lieu de s'exercer dans des camps d'entrainement ...
Conclusion : tout cela va durer longtemps, il ne faut pas le cacher...
philippe

[ De PP à P :
Vous vous rendez compte du caractère terriblement discutable de cette rhétorique à l'usage des militaires, puisqu'en réalité :
1. Les taliban prospèrent depuis l'invasion américaine (l'argument du combat anti-islamiste est donc inopérant en l'occurrence) ;
2. Penser "le tiers-monde" comme un bloc hostile est une monstruosité sur le plan chrétien, humain, culturel, économique et social ;
3. La banalisation géopolitique de la France (devenant une sorte de Hollande ou de Danemark) a de quoi faire rugir les lecteurs de Péguy et de Bernanos ;
4. Le niveau d'entraînement de l'armée française est certes un sujet passionnant, mais il faudrait savoir à quoi l'on compte employer cette armée. Avoir des troupes françaises entraînées est totalement sans intérêt s'il s'agit de les mettre à la disposition des ordinateurs du Pentagone et des crânes d'oeuf de la Maison Blanche.
Mais je suis d'accord avec vous : on en a pour longtemps. Relever un pays que l'on a couché n'est ni facile, ni rapide... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : philippe | 04/08/2009

RIEN À Y FAIRE

> L'armée française n'a strictement rien à faire en Afghanistan.
Qu'on l'en retire avant qu'elle ne finisse de se révolter (car c'est déjà commencé, et on n'a rien à gagner quand les troupes commencent à murmurer).
Qu'on cesse d'envoyer nos jeunes se faire tuer (voire égorger) en Afghanistan. C'est comme vous le dites, du cynisme, c'est une faute politique grave. Car c'est une guerre perdue d'avance, et on le sait. Lire le livre de Jean-Dominique Merchet "Mourir pour l'Afghanistan".

Écrit par : Martine | 04/08/2009

LE LIVRE DE JD MERCHET

> "Mourir pour l'Afghanistan", le livre écrit par JD Merchet après l'embuscade d'Uzbin, est paru aux éditions Jacob-Duvernet. L'auteur précise :
" J'ai essayé d'y expliquer pourquoi nos soldats tombent là-bas.
L'ouvrage se compose de trois parties : un récit du déroulement de l'embuscade, basé sur des sources militaires (ainsi que le même événement vu par les talibans). "Comprendre l'Afghanistan" - une description géographique et historique du pays. Enfin, "la guerre des Français" et les interrogations sur la stratégie de la coalition occidentale.
Voici pourquoi j'ai écrit ce livre, comme je l'explique dans la préface: "Né en 1959, j'appartiens à une génération que l'Afghanistan aura accompagné toute sa vie d'adulte. Une vie de journaliste, passsionné par la chose militaire et les affaires inernationales. J'avais vingt ans quand l'armée soviétique est entrée à Kaboul. J'en avais trente lorsqu'elle a quitté, défaite, le pays. J'en avais un peu plus de quarante lorsque, au lendemain du 11 septembre, les Etats-Unis ont attaqué le régime des Talibans. Alors que j'en aurai bientôt cinquante, je vois des soldats français, qui ont l'âge d'être mes fils, y mourir dans une guerre dont le sens échappe à beaucoup d'entre nous."

Jean-Dominique Merchet, "Mourir pour l'Afghanistan", Editions Jacob-Duvernet. 189 pages. 19,90 euros
On peut le trouver en librairie et sur les sites de vente par correspondance comme Alapage, Amazon ou Fnac.com.

Écrit par : Le livre de JD Merchet / | 04/08/2009

COHERENTE, EH OUI

> Que cette rhétorique soit discutable est une évidence. Mais il ne faut pas nier que cette vision existe et quoique discutable a le mérite d'être cohérente puisque fondée sur des principes étroitement liés entre eux et qui fondent depuis 2007 notre diplomatie et notre politique de défense : solidarité avec les USA, méfiance à l'égard du Tiers-Monde (et en particulier des zones en voie de marginalisation politique ou économique), armée de métier... on peut contester la pertinence de la vision mais non sa cohérence ni son existence.
Mais il est clair qu'il ne s'agit pas de "gagner" une guerre - d'ailleurs nos soldats qui ne s'éloignent pas à plus d'un km de leurs blindés et restent en général dans les vallées sans chercher les talibans dans leurs grottes n'ont absolument pas la posture offensive des "commandos de chasse" d'Algérie.
On est clairement là-bas pour longtemps sauf victoire miracle inattendue de la part de l'US Army renforcée par B Obama.
philippe

[ De PP à P. - Loin de nous l'idée de nier que cette vision existe. C'est même tout le problème. ]

Écrit par : philippe | 04/08/2009

RASMUSSEN

> Le Danois Rasmussen, nouveau gérant de l'Otan, annonce qu'il refusera tout débat sur le bien-fondé de la guerre occidentale en Afghanistan, et que cette guerre "durera aussi longtemps qu'il le faudra". C'est ce que disait le Kremlin dans les années 1980. Je suppose que les guerriers pachtouns sont terrorisés par le Danemark.

Écrit par : Jeffeke | 04/08/2009

GALERES

> Si l'objectif n'est pas de gagner, alors quel est cet objectif ? La guerre sans fin, voilà un bel objectif ... Mais qu'allons-nous faire dans ces galères ? Quel est le "retour sur investissement" ?
@ Philippe : "il faut faire comprendre au Tiers Monde (ex : la Somalie ou le Pakistan) que l'Occident ne tolère pas la création de zones de "non-droit" où l'on peut préparer impunément des attentats massifs"
Comment peut-on lire ça sans rire (jaune) ? Dans ce cas il aurait été plus logique et efficace de déclarer la guerre pour éliminer Khadafi et pour éliminer les pirates somaliens. Pourquoi est-ce que ça n'a pas été fait ?

Écrit par : BCM | 04/08/2009

A Philippe

> J'ajouterais une 5ème raison. Cet engagement permet au Rafale d'être maintenant "combat proven", une des deux conditions (la première étant d'équiper les forces du pays d'origine) que doit remplir tout matériel de guerre pour être un succès à l'export...

Écrit par : Feld | 04/08/2009

"ALORS M..."

> L'armée doit-elle rester la "grande muette" ? C'était bon à l'époque de la République tricolore, quand la Défense nationale était l'esprit de l'Etat. Aujourd'hui où l'Etat s'est sabordé au profit du fric, et où la conscience de l'intérêt national se dissout au profit de "réseaux" transnationaux à but financier, je ne voudrais pas être officier. Servir la France, ce serait beau, mais si c'est désormais pour servir les intérêts de la succursale française du jet-set, alors m... !

Écrit par : Rossel | 05/08/2009

INUTILE GUERRE

> On mesurera toute l'inutilité de cette guerre le jour où les américains penseront à corrompre les Talibans pour faire passer leurs pipe-line.

Écrit par : Annie | 05/08/2009

CONTROVERSE

De BENIOUIOUI à PP :

> Autant je vous suis avec joie sur nombre de vos analyses, autant je trouve celle-ci assez légère, succincte et donc dangereuse.
Il est toujours bon de se poser la question de la légitimité d'une guerre. Le catéchisme de l'église catholique nous offre ainsi de très beaux articles sur les notions de paix et de guerre que chacun devrait lire.
Mais s'il est bon de s'interroger, s'il est même parfois louable de critiquer, il n'en faut pas moins développer et analyser.
Vous parlez souvent d'atlantisme avec un nœud dans la gorge mais jamais d'anti-américanisme :-) Les deux rendent pourtant aveugles.
On l'a compris, les arguments contre cette guerre sont nombreux, notamment le fait qu'elle semble perdue d'avance. Mais en est-on certain? Une guérilla est-elle vraiment ingagnable?
Vous évoquez les tristes morts de soldats. Quelqu'un vous a répondu que c'était leur métier. C'est dur, mais c'est vrai. Un état convaincu de la justesse d'une guerre n'est pas "cynique" quand il envoie ses soldats. Vous savez que cet hiver les hôpitaux seront sans doute désertés par une partie du personnel soignant qui aura peur d'attraper la grippe. Chaque hôpital est en alerte sur ce point. Est-ce normal qu'un soignant fuit une maladie?
Vous abordez enfin le point de la corruption qui semble à l'œuvre. C'est un vrai point. Pour qui faisons-nous la guerre? Nous savons contre qui mais nous ne sommes pas certains de nos alliés. Contexte donc difficile.
Mais au-delà de cette vision sombre, n'y aurait-il aucune justification? Le Pakistan n'est pas loin et les frontières tribales ne respectent pas celles des pays; les camps d'entrainement existent ailleurs mais sont nombreux dans les montagnes afghanes; le positionnement stratégique dans une zone plus que turbulente n'est pas forcément absurde; combattre le terrorisme en créant une zone de regroupement est un jeu d'échec dangereux mais pourquoi pas; etc.
Je ne suis pas un spécialiste de la stratégie de défense de l'OTAN mais j'aurais aimé que quelqu'un sorte de sa logique émotive et subjective pour analyser à froid ce qui est une lutte majeure.
beniouioui


[ De PP à B. :
- Pourquoi donc appelez-vous "émotif" et "subjectif" le fait de vouloir une politique française (et européenne) indépendante de celle des Etats-Unis ? Cette politique aurait pour elle la raison, le bon sens et la conscience de nos intérêts : rien de subjectif là-dedans. Gardez-vous donc des raccourcis injurieux.
- L'Afghanistan n'est pas une "lutte majeure". C'est une vengeance américaine, mal ciblée, visiblement condamnée à l'échec en raison de son erreur initiale. Discutez-en avec des géopolitologues et des spécialistes du problème islamiste. Etudiez aussi la question pakistanaise... Quand une action de guerre a été mal pensée, elle ne doit pas être prolongée. Quand un conflit armé ne concerne pas les intérêts de la France, on ne voit pas pourquoi la France devrait y participer. Est-il "émotif et subjectif" de raisonner ainsi ?
- Enfin, et je me répète : les chrétiens doivent élever une objection de conscience à l'encontre de la guerre planétaire du riche contre le pauvre, telle que Washington la met sur pied depuis le rapport Cheney de janvier 2001. Cette objection est spirituelle. Mais le spirituel n'est pas l'émotif. ]


DE MARTINE A BENIOUIOUI

> Patrice de Plunkett a parfaitement raison sur cette question et je partage totalement son avis.
Vous me semblez soit inconscient soit ignorant de dire : "le fait qu'elle soit perdue d'avance... en est-on certain" ?
Oui on en est certains : l'Angleterre et la Russie se sont longuement et dans un passé encore proche, cassé les dents dans ce pays qui pour trente six raisons et surtout sa géographie mouvementée, est imprenable. Cessons de nous croire meilleurs que les Anglais ou les Russes !...
Mais surtout un de vos arguments me fait bouillir : celui de dire que les militaires sont faits pour être tués. Ce genre de langage doit cesser. Car non, ce n'est pas leur métier de se faire tuer. Ils sont certes faits pour défendre leur pays, mais tout gouvernement qui se respecte doit être économe en vie humaine et respectueux des vies de ses militaires, sous peine de défaite majeure, et de perdre son armée.
Voyez en 1914 ce qui s'est passé quand nos militaires étaient vêtus de rouge. Tant que vous y êtes, revenons à ces tenues qui ont été responsables d'un nombre important de pertes !
J'ai des officiers supérieurs dans ma famille, et l'un d'entre eux, qui est allé au Liban sous les balles, et en Bosnie, me dit à l'instant au vu de votre commentaire que dire à un militaire qu'il est fait pour se faire tuer comme du bétail, c'est l'insulter. Un pompier, un policier, n'est pas fait non plus pour se faire tuer.
Vous mériteriez d'avoir un fils, un mari, un frère militaire en Afghanistan : vous ne tiendriez plus le même langage. Je connais plusieurs militaires actuellement en Afghanistan et rien qu'en pensant à eux vos propos m'indignent. Pensez une seconde aux parents du jeune Anthony Bodin. Un militaire, un pompier, c'est avant tout un être humain né pour vivre, comme vous et moi.
Ce n'est le métier de personne de mourir.

Écrit par : Controverse : Beniouioui, PP, Martine, | 05/08/2009

@ beniouioui

> OK c'est notre métier de nous faire tuer ! Tu pourrais nous le dire direct en américain, ça serait plus franc. Et toi, tes états de service ? HEC et la coopération à New York ?

Écrit par : Simon Chalumot | 05/08/2009

UN SOLDAT SAIT

> Un soldat, ce n'est certainement pas de la chair à canon. Surtout un soldat professionnel, spécialement entraîné pour survivre le plus longtemps possible, dans des conditions extrêmes...
Mais c'est quelqu'un qui sait qu'il peut mourir, en service, même sans être sous le feu.
Ainsi, un pilote, même expérimenté, peut se tuer à l'entrainement...

Écrit par : Feld | 05/08/2009

POURQUOI ?

> A BCM qui écrit :Si l'objectif n'est pas de gagner, alors quel est cet objectif ? La guerre sans fin, voilà un bel objectif ... Mais qu'allons-nous faire dans ces galères ? Quel est le "retour sur investissement" ?
@ Philippe : "il faut faire comprendre au Tiers Monde (ex : la Somalie ou le Pakistan) que l'Occident ne tolère pas la création de zones de "non-droit" où l'on peut préparer impunément des attentats massifs"
Comment peut-on lire ça sans rire (jaune) ? Dans ce cas il aurait été plus logique et efficace de déclarer la guerre pour éliminer Khadafi et pour éliminer les pirates somaliens. Pourquoi est-ce que ça n'a pas été fait ?
Je n'en sais rien. je ne suis pas Bush ni Obama. Quelques hypothèses :
- la guerre sans fin : ce fut le choix britannique à la frontière indo-afghane :cette zone jamais pacifiée servait de camp d'entrainement réaliste aux jeunes officiers de l'armée des Indes (des soldats mouraient ... mais "so what" ?)
- pourquoi ne pas attaquer Kadhafi ? peut-être justement parce qu'il a compris qu'il ne fallait pas franchir certaines limites...il vaut mieux sans doute un "kadhafi" tempéré que l'irak (les USA ont au moins compris cela - après 4500 morts US en Irak - le nombre de morts irakiens n'intéresse guère le NY Times ...ni TF1).
- et la Somalie : le souhaitez vous vraiment ? approuverez vous Obama s'il envoie les "marines" à Mogadiscio ?
Pour ma part je suis frappé par un point : l'Afghanistan est un pays musulman... et les autres Etats musulmans ne se bousculent pas au portillon pour y rétablir la paix - laissant cela à l'OTAN, curieux non ? idem pour la Somalie : comment interpreter cette absence totale de solidarité intra-islamique : réalisme ? refus de stratégies néo-coloniales ? égoisme ?
Pour revenir à mes interlocuteurs de retour de Kaboul, ils étaient convaincus que non seulement nous ne pouvions gagner cette guerre - mais aussi que nous ne le voulions pas réellement. Notre attitude là-bas semble défensive : il faut empêcher les talibans de prendre les villes et les routes, c'est à peu près tout...
Un officier a ajouté : si nous voulions gagner, la solution serait plutôt de soutenir (en clair payer) certains factions afghanes (soi-disant "modérées") contre les talibans - et non de nous battre à leur place.

Écrit par : Philippe | 06/08/2009

CONTROVERSE (SUITE)

De BENIOUIOUI :

@ Martine : vous ne connaissez pas ma vie. Mais oui, mourir inutilement n'est le devoir de personne. Mourir utilement est un courage. Et je suis heureux, parfois, qu'il y ait des personnes plus courageuses que moi qui viennent me sauver. L'histoire regorge d'images inoubliables. Encore faut-il qu'une guerre soit justifiée, ce qui est effectivement particulièrement rare.

@ Simon : mourir utilement est un courage que je n'ai jamais prétendu avoir. Mais ceux qui l'ont doivent être loués. C'est également difficile de dire à tous ceux qui vont se faire tuer ainsi qu'à leur famille qu'ils vont mourir inutilement. Votre message est méprisant mais peu importe... Je ne comprends pas cette haine non seulement des américains mais également de tous ceux qui participent à cette guerre. Nombreux d'ailleurs avaient refusé l'intervention en Irak; ils ne sont donc pas idéologiquement aveugles.

@ PP : tous les pays interventionnistes ne sont pas forcément idéologiquement aveugles. Vous pensez que je justifie quelque chose alors que je cherche juste à comprendre et me permettais de considérer l'explication de votre opposition rapide. Cela ne signifie pas que je "l'injurie" ou la trouve absurde. Vous évoquez à la fin de votre réponse une objection spirituelle. Eh bien, notre spiritualité comprend la liberté, l'écoute, la compréhension. Je trouve dangereux de ne pas "s'expliquer" sur ses choix et ses convictions. Certains commentaires d'ailleurs le démontrent. Je vous lis suffisamment pour savoir que vous avez souvent une "argumentation". Ce n'est pas injurieux mais laudatif :)
Deux questions me semblent importantes :
1- cette guerre est-elle justifiée? Quel est l'objectif moyen-terme? Cela peut-il faire évoluer un monde qui va mal? Protège-t-elle une humanité d'un danger quelconque? je pense que la réponse n'est pas simple. Et c'est là où une objection de conscience spirituelle peut intervenir.
2- Cette guerre nous concerne-t-elle en tant que français? Et là est notre véritable désaccord. Quel est le problème avec les américains? Si cette guerre est justifiée pour une quelconque humanité (à démontrer), elle nous concerne que l'on soit français, américains ou sénégalais.
beniouioui


[ De PP à B. :
- Pardon de me re-répéter : "je" n'ai pas un "problème" avec "les Américains".
Je suis un Français et un Européen, pays et continent dont les intérêts géopolitiques ne sont pas ceux des Etats-Unis. Est-ce si difficile à admettre pour vous ? C'est pourtant rationnel. Ou alors démontrez-moi le contraire...
- Quant à la guerre d'Afghanistan, ce qui saute aux yeux est qu'elle ne concerne pas "l'humanité". Sauf dans l'idée que les USA (pardon) se font de l'humanité : un Disneyland pleins de petites créatures folkloriques dont le destin serait de danser autour de l'Oncle Sam... Beaucoup de tragédies ont été déclenchées dans le monde par cette vision fausse depuis soixante ans.
- J'ai la faiblesse de croire que l'humanité est diverse, que l'universel consiste à en tenir compte de façon multipolaire, et que la "gouvernance de la mondialisation", comme dit le pape, ne peut reposer que sur la "subsidiarité".]

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Écrit par : beniouioui | 06/08/2009

DISSERTER

> Anthony Bodin en devenant soldat, ne s'était certainement pas engagé pour être tué.
Ni encore moins choisi de faire telle ou telle guerre.Son devoir servir la France,un point c'est tout.
Si tous nos soldats commençaient à disserter sur telle ou telle situation, l'armée française n'existerait plus !!!

Écrit par : MilleEtUnAnges | 06/08/2009

à MilleEtUnAnges

> Je suppose que vous êtes militaire pour tenir ce langage, sinon ça ne s'explique pas, ou alors vous ne voulez pas être citoyen. Un citoyen se pose des questions sur l'usage qui est fait de l'armée qu'il entretient de ses deniers. Jusqu'à nouvel ordre (garde à vous !) on n'est pas une dictature bananière. Il n'y aurait plus d'armée si on se mettait à penser ? Et alors ? Une armée pour faire n'importe quoi, je ne suis pas d'accord. Ce genre de sales guerres, mieux vaut les faire faire par des agences de mercenaires privées, c'est plus cohérent que de traîner le drapeau de Valmy dans les camps de la CIA.

Écrit par : Sec Hannibal | 06/08/2009

à MilleetUnAnge :

> "Si tous nos soldats commençaient à disserter sur telle ou telle situation, l'armée française n'existerait plus !!!"
pas OK du tout.
J'ai fait des études de droit, on m'a appris en droit pénal la théorie des "baïonnettes intelligentes", théorie qui permet et même ordonne à quelqu'un, à un soldat, de désobéir à l'autorité légitime si celle-ci donne un ordre stupide.
On ne peut pas à la fois demander aux soldats de réfléchir et de ne pas réfléchir : il faut être cohérent.
Un soldat est un être pensant, selon la pensée bien connue de Pascal, et on n'y peut rien, heureusement...

Écrit par : Martine | 06/08/2009

OUBLIS

> La situation afghane ne cesse d'empirer, prouvant ainsi l'absurdité de l'occupation US. Mais Le Figaro explique que le général Petraeus est un génie noble et profond qui va "construire un Etat de droit" en Afghanistan. Et le lecteur du Carnet du Jour est tout content d'apprendre ça. Le journal dit aussi que Petraeus a redécouvert les méthodes de la contre-guérilla US qui fut menée au Vietnam. Oubliant à quoi cette contre-guérilla a abouti...

Écrit par : Skeptical | 07/08/2009

à MilleetUnAnge

> "Si tous nos soldats commençaient à disserter sur telle ou telle situation, l'armée française n'existerait plus" ? "Si tous nos soldats commençaient à disserter sur telle ou telle situation, la Wehrmacht n'existerait plus" !
Je ne dis pas "armée française = Wehrmacht", évidemment. Ce que je dis, c'est qu'interdire au soldat d'avoir une conscience, ça peut mener loin et c'est indéfendable. Toute guerre n'est pas juste. Tirer des roquettes n'est pas au dessus de tout soupçon par définition. L'éthique ne s'arrête pas à l'entrée des casernes. La foi chrétienne non plus. L'objection de conscience est un droit dans certains cas.

Écrit par : Palomar | 07/08/2009

LE FIGARO (10/08) ADMET QUE LES TALIBANS ONT SURCLASSE LES AMERICAINS

" Coup dur pour l'administration Obama. Le commandant des forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, en poste depuis le mois de juin, estime que les talibans ont pris le dessus dans le pays, contraignant les Etats-Unis à revoir leur stratégie sur le terrain. «C'est un ennemi très agressif maintenant», explique le général, dans un entretien accordé au Wall Street Journal. Les Talibans, qui jusqu'ici étaient cantonnés dans certains bastions, notamment au sud, menacent désormais des régions stables situées dans le nord et l'ouest du pays, à quelques jours seulement de l'élection présidentielle. Les rebelles ont notamment infiltré la ville de Kandahar (sud) alors que les américains menaient une grande offensive dans la province du Helmand (sud) en juillet pour infiltrer , rapporte le journal américain.
Selon le général, les talibans montent des attaques meurtrières sophistiquées combinant bombes artisanales et embuscades, tendues par des petits groupes d'insurgés lourdement armés. Résultat, au mois de juillet, un record absolu des pertes humaines du côté des troupes britanniques et américaines avec 75 morts. Le mois d'août s'annonce tout aussi sanglant, avec déjà 12 soldats tués.

Pour tenter de reprendre la main, le général McChrystal compte redéployer ses troupes. Il pourra notamment compter sur l'envoi de nouveaux soldats : 36.000 GI sont attendus d'ici la fin de l'année. Selon lui, ces nouveaux effectifs et un redéploiement des forces permettront de protéger au mieux la population. Car la nouvelle stratégie américaine a pour priorité de sécuriser les civils plutôt que de neutraliser les talibans. Le but : « gagner le cœur et l'esprit » des Afghans, afin de les retourner contre les insurgés, expliquait en juin le général David Petraeus, chargé par Barack Obama de changer de stratégie en Afghanistan.
Le commandant des forces américains planifie également d'envoyer 4.000 soldats américains à Kandahar, où les forces canadiennes assuraient jusqu'ici la sécurité. « Nous allons faire tout notre possible pour sécuriser Kandahar », explique le général. « Avec l'arrivée de nouvelles forces américaines, nous allons avoir la capacité de plus combattre dans cette région ». Un développement «très important » de l'armée et de la police afghanes doit également avoir lieu prochainement. Selon le Wall Street Journal, ces deux institutions devraient doubler leurs effectifs. Enfin, le Pentagone, qui jusqu'ici n'était pas investi dans la lutte anti-drogue dans le pays, vient d'ajouter à la liste de ses cibles prioritaires les gros trafiquants de drogue. "

Extrait de presse / envoi

Écrit par : Alarose, | 11/08/2009

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