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19/06/2009

Procès Courjault : un verdict libéral – Phrase effrayante d'un des avocats - D'où vient l'idéologie de l'époque

Les portes de la barbarie froide sont ouvertes :


 

 

Meurtrière de ses trois bébés, Véronique Courjault vient d'être condamnée à la modique peine de huit ans d'emprison-nement : verdict qui la rend libérable à brève échéance. Le jury a choisi un moyen terme entre le réquisitoire de l'avocat général [cf. notre note précédente] et la plaidoirie de Me Henri Leclerc.

Mais la phrase symptomatique a été prononcée par un autre avocat. Des millions de téléspectateurs l'ont entendu déclarer : « Puisque Véronique Courjault n'était pas enceinte dans sa tête, elle ne l'était pas dans son corps ». Cette phrase ouvre la porte de la barbarie froide.

Charles Péguy disait qu'il y a deux barbaries dans l'Histoire : celle d'avant, qui permet tous les progrès ; et celle d'après, qui ne laisse pas d'avenir.

Dans l'Antiquité païenne, le nouveau-né n'obtenait droit à la vie que lorsque le père l'avait officiellement reconnu en le plaçant sur son genou devant le clan réuni. Si le père le rejetait (au nom du clan), le bébé était jeté aux chiens. C'était la barbarie d'avant.

Dans la société ultralibérale, où nous serons enfermés quelque temps encore, la mère aura le droit de supprimer le nouveau-né si elle le rejette au nom de ce qui se passe dans sa tête à elle. L'enfant n'aura pas d'existence objective. Ce sera la barbarie d'après.

Entre l'avant et l'après, il y a eu la lente émergence du droit de la personne : les historiens savent (et les journalistes ignorent) que ce fut une invention chrétienne. Ce droit a commencé à disparaître au XXe siècle, le jour où le psy-business a imposé l'idée que l'enfant à naître n'existait que s'il était validé (dans l'esprit de ses géniteurs) par un « projet parental » ; mais qu'en l'absence de ce « projet », le foetus perdait son existence objective. Cette théorie légitimait tout. On sait à quoi elle a servi. Maintenant elle se développe : outrepassant la frontière du prénatal, elle conquiert le postnatal. Des avocats, des psy, des journalistes, des jurés, bientôt la société entière (ou presque) admettront l'infanticide. C'est le résultat du subjectivisme illimité, qui justifia la théorie du « projet parental », et qui justifie maintenant celle du « déni de grossesse » avec déni d'infanticide.

Mais on ne peut pas s'en tenir à constater ce processus. Il faut en identifier les causes. Le subjectivisme en bioéthique n'est qu'une des variantes du subjectivisme global (« je ne veux connaître que mes pulsions »), qui est l'idéologie de la société consumériste.

Sa cause est donc économique et commerciale, dans une société où l'économique s'est substitué à tout et notamment à l'éthique.

Aucun échappatoire, aucune esquive ne peut contourner cette évidence. Le combat contre les moeurs nouvelles – la « barbarie d'après » – n'est honnête que s'il identifie l'ennemi à combattre (sinon ce n'est que tartufferie moraliste). Quel est cet ennemi ? Le monstre économique, qui a envahi la société des humains et qui leur ronge l'âme après leur avoir mangé le cerveau. A ceux que les nouvelles moeurs révoltent, conseillons la lucidité. L'inéluctable est en train de s'installer autour de nous, mais cette installation sera éphémère : elle torturera la nature humaine et l'humanité se révoltera, tôt ou tard. Elle cherchera une autre vision de la vie. Ce sera l'heure des chrétiens. Leur devoir est de s'y préparer dès maintenant.

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00:06 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : bioéthique

Commentaires

MEURTRES

> c'est tout a fait dégueulasse, moi qui ai des enfants et qui me protege pour ne pas en avoir d'autre, c'est inconcevable de telles choses. c'est des meurtres de trois petits enfants. la sentence n'est pas assez sévere car n'importe qui a présent va pouvoir se le permettre !

Écrit par : isabelle therrien | 19/06/2009

ABOUTISSEMENT

> C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne comprends pas pourquoi cette femme a été condamnée pour ces infanticides. Je ne trouve pas cohérente la démarche de la "Justice". Dans cette logique de projet parental elle n'a réalisé qu'un avortement tardif et, que je sache, le "droit" à l'avortement est reconnu par cette même justice. D'un côté vous avez le droit de vie ou de mort sur ces bébés, d'un autre vous êtes condamné parce que vous l'avez tué à la naissance alors que personne ne s'est porté partie civile. Bien sûr, je respecte totalement la vie de ces bébés à venir et ce n'est pas un droit à tuer que je développe ici mais je montre que la Justice (ou dite telle) ne présente pas une démarche cohérente avec ses propres ressorts législatifs (le "projet parental" par exemple). Et cela me choque de voir ces "bonnes âmes" (juges, avocats et medias) vouloir nous faire paraître monstrueux ce qui n'est somme toute que l'aboutissement naturel de leur démarche !

Écrit par : madelauney | 19/06/2009

EFFROYABLE !
Je découvre le verdict ce matin, en lisant vos lignes à vous ! je suis estomaqué, effaré, abattu, j'ai l'impression d'être dans un autre monde!!!
quel est ce nouveau monde, dans lequel cette société de consommation nous envoie????....c'est inimaginable!
c'est criminel, c'est horrible, pauvres enfants!...
et dire que ce système termine ce que le système communiste n'avait pas réussi à mettre en place par la dictature, par la force immédiate..., le système capitaliste, par arrangement des idées et de la pensée coupées de Dieu et de la révélation, tend désormais à mettre en place cette société où la famille serait bien abolie, la nation aussi, sans la dictature du prolétariat, avec cependant une manipulation grotesque des masses, moyennnant les médias pervertis....
j'en viens presque à me demander, là aujourd'hui, si même l'encyclique ancienne de Pie IX, qui accusait les principes démocratique, donc la démocratie (justement coupée de la révélation, suffisante en elle-même) ne finirait pas par être vraiment pertinente dans notre XXIème siècle !
c'est une mauvaise journée qui commence.

Écrit par : jean christian | 19/06/2009

OEILLERES
> Condamner l'infanticide, c'est condamner l'avortement. Voilà pourquoi certains sont gênés aux entournures pour prendre position. Si elle les avait supprimés quelques mois plus tôt, ce n'était pas un meurtre, du moins sur le plan légal, alors...
L'enfant n'est un enfant que si ses parents en ont décidé ainsi. Comment une telle énormité peut-elle être proférée sans une levée de boucliers ? Allez, imaginons, je suis chef d'Etat et je décide que cette bombe atomique est un bouquet de fleurs. Je l'envoie au dirigeant d'un pays avec lequel j'ai eu quelque différend. Le pays en question ne peut évidemment pas riposter sous peine de sanctions de la part des autres nations, puisque je ne lui ai pas envoyé de bombe atomique. Soyons sérieux. Un chef d'Etat qui aurait ce comportement se verrait immédiatement interner. A juste titre. Une personne qui ne reconnait pas la nature humaine à un nouveau-né est soit une menteuse, soit une personne démente, et d'une démence dangereuse puisqu'elle peut être homicide.
Je souhaite comme vous que l'humanité quitte ses oeillères, mais je crois que ce sera extrêmement difficile, et impossible sans une action puissante de l'Esprit Saint.

Écrit par : Barbara | 19/06/2009

DEPUIS LE XVIIIe ?
> Les totalitarismes manifestaient également une décomposition du droit de la personne. Mais peut-on dire qu'à l'époque, le subjectivisme mercantile était aussi présent qu'aujourd'hui? Il s'agissait plutôt pour les Nazis et les Soviétiques de dépasser le bien et le mal, au nom d'une rationalité supérieure (ce qui est un point commun avec le libéralisme).
Il me semble que le détricotage de la notion même de personne humaine (et de la dignité qui lui est intrinsèque) a commencé bien avant que notre société consumériste ne se mette en place. Peut-être faut-il remonter aux Lumières, ou aux moralistes du XVIIe siècle...
Blaise

[De PP à B. - C'est tout le débat philosophique, sachant que nos "libéraux-libertaires" se réclament des Lumières pour justifier la dissociété actuelle. Certains plaident pour les Lumières comme "ayant libéré l'individu du poids des communautés" ; ça se discute en effet (le poids des communautés était abusif), mais on ne peut masquer la parenté entre cet individualisme "dé-lié" de tout et le consumérisme d'aujourd'hui, qui joue sur les "droits du moi" pour pousser l'homme hors de la condition humaine. C'est un débat complexe et ardu, mais essentiel. ]

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Écrit par : Blaise | 19/06/2009

PRISONS

> Modique 8ans avez vous visité une prison et vous êtes vous imaginé incarcéré ?

Écrit par : thierry | 19/06/2009

TOUT LE PROBLEME

> Je suis à la fois horrifié par le verdict et les commentaires qui ont suivis et à la fois impressionné par la finesse de votre analyse. C'est tout le problème de l'avortement. Le fœtus n'est-il pas devenu un simple produit de consommation, qu'on peut avoir "si je veux" et "quand je veux", en attendant "comment je veux" ?

Écrit par : Jovanovic | 19/06/2009

DEBAT

> Concrètement, à quoi aurait servi un verdict ultra-sévère?
À prévenir une récidive? Véronique Courjault a subi une hystérectomie et est désormais totalement stérile.
À dissuader d'autres mères de passer à l'acte? Si les psychiatres ne sont pas d'accord sur l'existence ou non d'un déni de grossesse, tous ont reconnu des problèmes psychiatriques. On n'aurait pas soigné les femmes présentant les mêmes troubles avec une peine plus sévère?
À marquer le coup? Une peine de prison de plus de vingt ans aurait été la négation des problèmes psychiatriques de Mme Courjault, sur lesquels les experts n'ont, certes, pas réussi à se mettre d'accord, mais dont personne n'a nié l'existence.
On sait qu'elle ne récidivera pas, on sait qu'elle est suivie et qu'elle le sera encore une fois sortie de prison, on sait également qu'elle s'en est pris à ses propres enfants mais que les motivations de ses gestes font qu'elle ne s'en prendra pas aux enfants d'autrui.
Les débats ont montré qu'il ne fallait sans doute pas en faire une icône du déni de grossesse. N'en faisons pas non plus le symbole ou le signe précurseur d'une société qui s'arrogerait à n'importe quel moment le droit de vie ou de mort sur ses enfants. De toutes façons, sa famille et elle en ont pris pour perpétuité, car elle sera pour toujours aux yeux d'une grande partie de l'opinion un monstre qui aurait mérité perpétuité voire la peine de mort, comme je l'ai lu ailleurs. Une fois sortie de prison, sa vie n'en sera pas plus facile pour autant, sans compter celles de ses proches, notamment ceux qui portent le même nom qu'elles, et qui vont traîner cette parenté, même s'ils l'ont soutenue, avec tout ce qu'elle va impliquer dans l'opinion publique.
Par ailleurs, la phrase de son avocat qui vous a choqué ne me choque pas tant que ça: une femme qui ne sait pas enceinte (déni de grossesse) ou qui refuse de l'être dans sa tête prend généralement très peu de poids, voire pas du tout, et ne présente aucun signe extérieur et physique de grossesse. En revanche, si une femme qui fait un déni de grossesse apprend avant la fin de sa grossesse qu'elle est enceinte et qu'elle en est réellement consciente, les signes immanquables de la grossesse, notamment la taille du ventre, peuvent apparaître très rapidement, en quelques heures ou quelques jours.
Cette affaire me laisse l'impression d'un cas compliqué, presque énigmatique pour la médecine, dont chacun se sert pour conforter son opinion.

Mahaut


[ De PP à M.
- Ou bien Mme Courjault était psychiquement irresponsable : alors il fallait le dire, et la résolution de ce drame n'aurait pas eu valeur d'exemple.
- Ou bien elle ne l'était pas, et il fallait que le TRIPLE MEURTRE soit considéré comme un triple meurtre.
Au lieu de ça, on a mélangé (comme c'est de plus en plus souvent le cas) cour d'assises et séance de psychothérapie, pour aboutir à un verdict en porte-à-faux qui permettra la libération de la meurtrière d'ici un an, ce qui a été interprété dans l'opinion comme une sorte d'acquittement. Verdict émotionnellement conçu, mais avec ces conséquences objectives :
- l'infanticide (crime) est désormais confondu avec le "déni de grossesse" (pathologie), ce qui est catastrophique à tous points de vue ;
- la dénégation d'existence humaine, jusqu'ici réservée au foetus, devient applicable au nouveau-né ;
- la fonction de la loi (poser une limite aux comportements individuels dans l'intérêt de tous) se dissout de plus en plus dans une sorte de marketing des émotions.
C'est la porte ouverte au pire.
Je veux bien tenir compte de toutes les considérations humaines dans tous les cas particuliers que l'on voudra ; mais elles n'infirment pas les trois points en question, qui sont d'une gravité sociale extrême.
Par ailleurs, ne me dites pas que vous ne ressentez pas un malaise en écoutant M. Courjault. Tous les aspects de ce drame n'ont pas été élucidés. ]

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Écrit par : Mahaut | 19/06/2009

ULCEREE

> Je suis comme vous ulcérée et je pense comme Barbara que condamner l'infanticide c'est condamner l'avortement : voilà pourquoi VC n'a pas été vraiment condamnée. Voilà pourquoi les médias et la machine judiciaire ont toute la semaine martelé qu'il fallait être plein de mansuétude.
On a même entendu un avocat dire qu'accoucher seule c'est à tous les coups accoucher d'un enfant mort, comme si autrefois beaucoup de femmes n'accouchaient pas toutes seules sans aucun dommage, et comme si aujourd'hui on ne trouvait jamais de bébé jeté vivant dans une poubelle, preuve que sa mère avait sans dommage accouché seule...
Le déni de grossesse n'existe pas en droit pénal, mais entre autres mensonges on a assisté à une tentative de créer cette infraction, moins grave que les autres...
Une chose qu'on n'a pas dite, c'est que les bébés avaient le visage écrasé...pas de volonté de tuer a--on dit ?...
Comme le dit Eva Joly, magistrat, la justice est un bateau ivre, sans capitaine.
Maintenant on va ériger la congélation en moyen de contraception et tout sera dit...
Je me demande comment les fils, dont l'un a tout juste réchappé à la congélation, vont vivre avec leur mère...
Où sont les Lumières là dedans ? Je n'y vois que des ténèbres.

Écrit par : Martine | 19/06/2009

D'UNE AVOCATE

> En tant qu'avocate je me permets deux observations.
Primo, 8 ans c'est une mauvaise décision : soit Mme Courjault est folle et elle est irresponsable - soit elle est saine d'esprit et elle mérite la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 18 ans ! Choisir la voie moyenne c'est choisir l'"injuste milieu"...autant tirer au sort les jugements !
Secundo, je voudrais dire que 8 ans ce fut la peine infligée à Cantat pour le meurtre de M Trintignant - 8 ans c'est aussi la peine infligée à Cécile Brossard pour le meurtre de Stern. Quels sont ces juges pour lesquels le prix de la vie d'un innocent adulte (ou de trois innocents bébés) c'est 8 ans ???

Écrit par : cathy | 20/06/2009

DANS TOUTE L'EUROPE

> Juste deux questions. Je n'ai pas trop suivi le procès étant assez occupé. Mme Courjault était jugée aux assises, il me semble? Donc ce ne sont pas des juges seulement qu'il faut critiquer mais aussi les jurés qui sont de simples citoyens.
Ensuite, Bernard Cantat ne fut-il pas jugé en Lituanie? Cécile Brossard ne le fut-elle pas en suisse? Etonnant cette unanimité de peine à travers l'Europe.
Peut-on en déduire que la conscience des européens est conditionnée par le matérialisme-mercantile qui nous sert de civilisation de nos jours? Donc, s'en prendre à telle ou telle institution est inutile voir idiot. Ce qui compte est de libérer les âmes et les esprit de cette chape de plomb qu'est le matérialisme-mercantile et là, l'Eglise a un rôle vital à jouer.

Écrit par : vf | 20/06/2009

À PP:

> nous ne serons sans doute jamais d'accord sur le sujet, mais s'il y avait vraiment eu dénégation de l'existence humaine de ces enfants, alors c'était l'acquittement.
N'existe-t-il pas un milieu possible entre l'irresponsabilité pénale et la perpétuité automatique pour un meurtre? Il est dommage que le droit français ne prévoit pas que les verdicts d'assises soient motivés (ça éviterait peut-être un certain nombre d'erreurs judiciaires, ceci dit).
S'il s'était agi d'une femme chez qui aucun problème psychiatrique n'avait été relevé, j'aurais sans doute souscrit à votre analyse. Mais il me semble que ce sont justement ces problèmes psychiatriques qui ont motivé un réquisitoire et un verdict qui peuvent paraître cléments.
Non, je ne me suis pas spécialement sentie mal à l'aise en écoutant (ou plutôt en lisant) les déclarations de M. Courjault. Je me suis aussi posée des questions au moment où l'affaire est sortie dans les médias, mais j'ai surtout retenu l'image d'un mari qui continue à être aux côtés de sa femme, alors qu'elle est lynchée de partout sur Internet, et qui ne la réduit pas aux crimes qu'elle a commis (oui, j'appelle ça également des crimes, car j'ai parfaitement conscience que ce sont des faits très graves). S'il n'a pas eu envie de déballer devant les médias, et même devant la cour d'assises, tous les sentiments et les réflexions qui lui sont passé par la tête, sachant que le moindre de ses mots serait ensuite analysé et amplifié par la presse qui suivait abondamment ce procès, je peux le comprendre. Il n'avait pas à le faire, il n'était pas sur le banc des accusés.
Oui, peut-être a-t-on confondu cour d'assises et séance de psychanalyse, mais il fallait sans doute cela pour essayer de comprendre (et comprendre n'est pas excuser) comment une femme qui était décrite comme une très bonne mère a pu arriver à refouler trois de ses grossesses dans sa tête pour ensuite tuer à la naissance les enfants qu'elle a portés. Et il aurait été intéressant de pousser cette logique "psychanalytique" jusqu'au bout et que des psychiatres puissent expliquer les mécanismes qui conduisent à la répétition d'un tel drame, sans que son mari se rende compte de rien, puisque cela s'est produit trois fois, mais qu'ils le fassent en se détachant de tout l'aspect émotionnel qui a entouré ce procès, dans un sens ou dans l'autre. Or cela n'a pas été fait, puisque tous les experts ne sont pas d'accord dessus. Je n'ose imaginer la tâche qui a été celle des jurés, qui ne sont pas experts en psychiatrie, pour trancher là-dessus, sachant que le verdict serait abondamment commenté et interprété.
Je ne sais pas si l'infanticide se confond désormais avec le déni de grossesse, mais, personnellement, l'influence de l'émotion dans le domaine judiciaire, je la perçois plutôt dans les commentaires (et je tiens à préciser que je n'inclus nullement ce blog dedans) de tous ceux qui se permettent d'appeler à des châtiments exemplaires sur Internet dès qu'un meurtre vient les toucher personnellement dans leurs tripes, sans rien connaître du droit ou de la médecine dès que la personne présentée comme suspecte n'est pas parfaitement saine d'esprit. Et quand je le lis le sort que certains auraient aimé fait subir à cette dame, je me dis que certains attendent de la justice une sorte de catharsis collective, qui leur livrerait de temps à autre des boucs émissaires.
Pour finir, je suis entièrement d'accord avec vous sur la fonction de la loi, mais peut-on poser des limites claires à partir de cas particuliers et tellement complexes que les experts n'arrivent même pas à s'accorder dessus, et surtout à partir de cas qui relèvent, au moins en partie, et dans des proportions qui sont difficiles à déterminer, de la psychiatrie? S'il s'était agi d'un triple infanticide commis par une personne qui ne présente aucun trouble psychiatrique, ça aurait été plus facile. C'est pour ça que je suis toujours gênée quand j'entends parler du "prix d'une vie humaine": un crime n'entraîne pas une peine automatique, et heureusement.
Tout ça pour dire que, après ce verdict, cette affaire me pose plus de questions qu'elle ne m'apporte de certitudes sur l'évolution de notre société, au contraire d'autres sujets ou d'autres événements médiatiques.

Écrit par : Mahaut | 20/06/2009

SEVERE

> Je viens de terminer un livre très intéressant sur le sujet : Je ne suis pas enceinte- Enquête sur le déni de grossesse de Gaëlle Guernalec-Levy (Stock 2007). Les cas qui y sont analysés sont effectivement très troublants. Paradoxalement, le néonaticide était jusqu'à il y a peu considéré avec clémence par les cours d'assises. Circonstances atténuantes jouant à plein, aboutissant à des peines avec sursis, voire à des acquittements. Ce n'est qu'avec la généralisation de la contraception et de l'IVG que le juge a commencé à considérer que la femme infanticide après un accouchement "inattendu" devait être considérée irréfragablement responsable de son acte, sans aucune circonstance atténuante. Comme si elle avait délibérément refusé les "facilités" accordées en la matière par la société...
En fait, quand on considère le traitement pénal du néonaticide depuis le XIXème siècle, 8 ans, c'est extrêmement sévère. Et il ne faut pas oublier que l'infanticide est considérée avec le même mépris que le "pointeur" au sein de la société carcérale. 8 ans dans ces conditions, c'est long...
Feld

[ De PP à F. - Mme C. sera libérée d'ici à un an, annoncent ses avocats; ]

Écrit par : Feld | 22/06/2009

SANS LE CHRISTIANISME

> Dostoïevsky, carnets des "Possédés" :
La science dit : tu n'es pas responsable que la nature ait arrangé ainsi. L'instinct de conservation est au premier plan, en conséquence brûler les nouveau-nés, voilà la morale de la science.
Brûler les nouveau-nés deviendra une habitude, car tous les principes moraux en l'homme abandonnés à ses propres forces sont conventionnels.
Et maintenant voyez :
si vous croyez que le christianisme est une nécessité et un don gracieux de Dieu à l'humanité ;
si vous croyez que l'homme dès le berceau a été en communication directe avec Dieu, d'abord par la révélation, puis par le miracle de l'apparition du Christ;
si vous croyez enfin que l'homme seul, livré à ses propres forces, aurait péri et que par conséquent il faut croire que Dieu est en rapport direct avec l'homme – en ce cas, s'étant donné au christianisme, vous n'accepterez jamais que l'on brûle les nouveau-nés
Sans le christianisme l'humanité se dissoudra et périra.

Écrit par : Olivius | 22/06/2009

UN ELEMENT POSITIF DANS L'AFFAIRE COURJAULT

Je suis d'accord avec l'analyse d'ensemble de PP. Reste néanmoins un témoignage positif dans cette incroyable affaire : celui de la fidélité à toute épreuve du mari. Comment l'interpréter : "agapè" ou contingences psychologiques complexes ?

Écrit par : Guillaume de Prémare | 23/06/2009

SOIT...

> Ne faites surtout pas un saint de JL Courjault : il a beaucoup à se reprocher.
Soit il n'a rien vu, et on peut se poser des questions. Soit il a vu, et on peut se demander pourquoi il a été acquitté.
Le plus probable est que les deux n'ont pas tout dit...c'est pourquoi ils se soutiennent l'un l'autre.
Un mari vraiment fidèle, vraiment aimant, aurait su éviter ce drame...

Écrit par : Martine | 23/06/2009

DEUX NIVEAUX

> Certes Martine, le procès en canonisation serait prématuré...
Lui-même se reproche beaucoup dans cette affaire, même si sa responsabilité pénale n'a pas été reconnue. Il me semble qu'il a précisément dissocié les deux niveaux de responsabilité (et elles me semblent tout à fait dissociables).
Ce que je trouve intéressant, c'est de constater cette incroyable volonté humaine de reconstruire à partir d'une situation en apparence désespérée. C'est, de fait, assez rare. Comme chrétien, cela me frappe.

Écrit par : Guillaume de Prémare | 23/06/2009

QUESTIONS

> C'est vrai que l'attitude du mari soulève de nombreuses question et je rejoins Martine dans sa réflexion. Quant à la volonté de se reconstruire, je ne pense pas que le cas des Courjault relève de la résilience mais plutôt de la complicité dans une vie commune qui m'apparaît plutôt sombre ou au moins remplie de zones d'ombre.

Écrit par : vf | 23/06/2009

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