France, désert spirituel ? - Un sondage alarmant – À Rome, le pape ouvre l'Année sacerdotale - Objectif : l'essentiel

Le sondage Sofres/La Croix met-il en lumière                     une panne de foi chez le catholique français ?

  

Benoit XVI ouvre aujourd'hui à Rome l'Année sacerdotale. Il demande à la planète catholique de penser à l'avenir de la prêtrise. Enorme question ! Non dans le reste du monde où les vocations sont nombreuses ; mais en Europe, où les sémi-naires sont peu fréquentés – voire vides en France : pays où les catholiques pratiquants n'encouragent pas leurs fils à se donner au Christ.

C'est un constat. Hier 18 juin, il a paru confirmé par un sondage Sofres / La Croix. Les catholiques français – même pratiquants – ne sont pas très chauds à l'idée qu'un de leurs fils pourrait avoir la vocation de prêtre. « Seriez-vous plutôt content ou plutôt mécontent ? », demande le sondage ; 50 % seulement des pratiquants répondent : « plutôt content ». Mais 15 % répondent : « plutôt mécontent », ce qui est considérable. Et 28 % répondent : «  indifférent », ce qui est presque aussi déconcertant : comment un fidèle de Jésus-Christ peut-il rester indifférent à l'idée que son fils veuille être prêtre, configuré à Jésus-Christ ?

Justement : la deuxième idée du sondage est qu'une partie des catholiques français n'ont pas l'air de savoir qu'être prêtre veut dire être configuré à Jésus Christ... 67 % répondent qu'ils seraient favorables à des femmes prêtres. C'est le symptôme d'une ignorance théologique. Le prêtre est configuré à Jésus-Christ par la chair autant que par l'esprit (nous sommes une religion de l'incarnation, pas une secte spiritualiste) : Jésus Christ est un homme, et sa chair – mystérieusement présente dans l'eucharistie – est celle d'un être humain doté de toutes ses caractéristiques matérielles, y compris la masculinité. Cela aurait pu être la féminité si la seconde personne de la Trinité s'était incarnée en femme, mais ce ne fut pas le cas... Ainsi, lorsque 67 % des pratiquants répondent de travers et que seuls 25 % semblent connaître la réponse exacte (JC a configuré le sacerdoce à sa personne : homme et non femme), on peut se dire qu'il y a un malaise.

Mais les sondages ne sont que des sondages. Celui-ci n'a porté que sur mille personnes, dont seulement une centaine de catholiques dits pratiquants. Où est-on allé les chercher ? sur quels critères ? La Sofres ne nous le dira pas. Mais un de mes amis, approché par une chaîne de télévision pour être « le jeune catho » dans un casting, a été écarté quand on a vu qu'il adhérait effectivement au catholicisme... On mesure ainsi à quel point le traitement du religieux par les médias (et les « instituts d'opinion ») pose un problème.

C'est ce que dit l'évêque à qui La Croix a demandé de commenter ce sondage. Il s'agit de Mgr Hippolyte Simon, que nous citons souvent dans ce blog parce que ses prises de position sont acérées et nuancées. Il demande : « Parmi ces cent pratiquants, combien sont réellement engagés dans l'Eglise ? » Il dit aussi : « Je ne connais pas de prêtre ou de religieuse qui se soit engagé pour faire plaisir à l'opinion publique. »

Pour que les vocations renaissent, il va falloir que les familles catholiques acceptent d'aller à contre-courant : non des gens de notre époque, mais des réflexes que notre époque met dans la tête des gens. Faut-il être une « contre-culture », comme plusieurs le disent ? Peut-être. Mais ce ne sera que le surcroît de l'unique nécessaire : la foi, l'espérance et l'amour.