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18/06/2009

Véronique Courjault, "sainte ou diablesse" ? étrange vocabulaire pour parler de l'infanticide

...mais l'avocat général Varin a tenté de ralentir le dérapage de notre société :


 

 

Sur http://www.slate.fr/story/6797/proces-courjault-requisition-dix-ans-veronique Jean-Yves Nau (ex-spécialiste de bioéthique au Monde) commente le réquisitoire de Philippe Varin au procès Courjault. L'avocat général a voulu dissiper le brouillard mental émis par les psy : « Certes nous avons bien compris, elle ne voulait pas revivre ce que vécut à sa mère ; sa mère qui fut la mère de sept enfants mais qui, surtout, fut fille-mère à une époque où l'on ne  pardonnait guère. Et alors ? Faudrait-il pour cela fermer les yeux ? » Varin a tenu bon sur le terrain du réel, du « premier degré », écrit Nau : et « le premier degré fait terriblement mal quand on entend un avocat général parler de ces trois morts ''données volontairement avec préméditation'' comme des ''avortements de la 25ème heure'' » [*] ...  « Toujours au premier degré, que penser de cette femme qui vient de nous dire que si on ne l'avait pas, en 2003 et à Séoul, privée de son utérus et de ses ovaires elle aurait sans soute continué à pratiquer des gestes d'infanticides ? »

Ce qui me frappe aussi est l'introduction-conclusion de l'article de Nau.

Au début, il écrit : « En cette orageuse soirée tourangelle du mercredi 17 juin, cette donnée assez troublante: dans une enceinte judiciaire française ayant à traiter de sexualité, de vie et de mort, d'inconscient, de maternité et  d'infanticide, un procureur général ne peut, dans son réquisitoire, faire l'économie du religieux. Dieu serait donc bel et bien là, aux côtés de la balance et du voile devant les yeux. A l'adresse des jurés de la cour d'assises d'Indre-et-Loire l'avocat général a expliqué qu'il ne fallait voir en Véronique Courjault qu'une femme. Une simple femme que les hasards ou la fatalité - Dieu seul le sait peut-être - ont conduit à tuer trois de ses enfants quelques minutes après qu'ils aient commencé à respirer. Une simple femme. Il ne faut surtout pas ''diaboliser'' Véronique Courjault  Et, encore moins faire de Véronique Courjault une ''icône'', une sainte prêchant pour la reconnaissance d'un nouveau droit féminin, celui du déni de grossesse... »

A la fin de l'article, Nau écrit : « Dix ans requis, donc. Dix ans au nom du droit et pour des faits ''d'une exceptionnelle gravité''. Dix ans pour ne pas commencer à tolérer l'intolérable. Dix ans après lesquels celle qui n'est certes ni sainte ni diablesse pourra retrouver les deux enfants qui lui restent. »

Pourquoi le journaliste a-t-il mentionné « Dieu » ?

Pour pouvoir utiliser deux mots du vocabulaire religieux : « diaboliser » et « icône ».

D'après Varin il ne fallait pas « diaboliser » Véronique Courjault ; on ne voit pas ce que ce verbe veut dire, puisqu'aucune diabolisation n'était en scène (la cour cherchait juste à évaluer des crimes).

Il ne fallait pas non plus « en faire une icône ». Là, on voit quel sens le mot « icône » a pris aujourd'hui : une « icône » 2009, c'est « une sainte prêchant pour la reconnaissance d'un nouveau droit ».

La « sainteté » se confond donc avec le rôle de star d'une revendication sociétale selon l'air du temps, ce qui n'a vraiment rien à voir avec Dieu ; d'autant que la revendication en question porterait sur le « déni de grossesse » conçu comme un « droit », en escamotant la dimension criminelle.

Bien entendu, l'avocat général Varin dénonce ladite revendication comme inadmissible : merci à lui ! Car ce genre de « droits » est dans la logique de développement de la société ultralibérale, et l'on n'a pas fini d'en entendre parler.

Mais Varin, employant le vocabulaire de l'époque, aquiesce au détournement des notions de « saint » et d' « icône », deve-nues synonymes de « star pipole ». Véronique Courjault, star pipole ? Eh oui... La société matérialiste mercantile est au delà (ou en deçà) du bien et du mal.

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[*]  On mesure ici l'impact moral de la banalisation de l'avortement.

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07:04 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : courjault

Commentaires

EPHEMERE

> L'icône est un saint qui fait face au fidèle et qui est peint à contre-jour, avec dans son dos la lumière d'or de l'éternité. Sa sainteté vient de cette lumière.
En ce sens, la star pipole est la caricature du saint : elle aussi nous fait face, et elle est dans la lumière cathodique. Or celle-ci est le contraire de la lumière éternelle : elle est le scintillement de l'éphémère.

Écrit par : Vitaly | 18/06/2009

PATHOLOGIE

> Le déni de grossesse n'est pas un droit, c'est une réalité relevant du médical, qui a existé bien avant que notre époque mette des mots dessus, et c'est bien parce qu'elle relève du médical que des experts sont venus à la barre pour savoir s'il y avait ou non déni de grossesse. Beaucoup de souffrances et de maladies existent de toute éternité, et ont existé avant que les progrès de la médecine et de la psychiatrie ne mettent des mots dessus. Et, pour tout dire, je ne comprends pas ce que serait un "droit au déni de grossesse". La souffrance des femmes qui ont connu le déni de grossesse est suffisamment forte, surtout dans les cas où l'enfant décède à la naissance sans avoir été victime d'un homicide, pour qu'on ne vienne pas en rajouter là-dessus. Je ne comprends pas du tout où l'avocat général a voulu en venir là. Si il entend par "droit au déni de grossesse" le fait de s'abriter derrière cette réalité qui commence à être reconnue en tant que telle pour ne pas assumer ses actes, alors il porte un tort immense à toutes les femmes qui l'ont connu et qui se battent encore pour qu'il soit reconnu. Je pense notamment aux femmes dont le bébé est mort à la naissance parce qu'elles ne se savaient pas enceinte jusqu'au moment d'accoucher, et qui ont été incarcérées pour homicide alors que le bébé est mort naturellement, parce que la justice refusait de croire que le déni de grossesse existe.
Laissons aux experts le soin de déterminer si Mme Courjault a connu trois dénis de grossesse, mais ne profitons pas de ce procès pour remettre en question l'existence de cette pathologie. Ce serait tomber, pour le coup, dans un travers qui existe chez l'être humain depuis toute éternité: nier l'existence de ce qu'il ne comprend pas et de ce qui échappe à sa logique.
Mahaut


[ De PP à M. - D'autant que (selon les psychiatres qui l'ont rencontrée) Mme Courjault n'était pas dans le "déni de grossesse" - ayant eu conscience d'être enceinte, ainsi qu'elle le reconnaissait elle-même. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Mahaut | 18/06/2009

LA MENACE D'UN "DROIT"

> Distinguons deux choses.
1/ Le cas d’espèce. Si l’on reconnaît le cas de Mme Courjault comme un cas psychiatrique – il en a toutes les apparences –, la responsabilité pénale de celle-ci peut être considérablement atténuée.
2/ La menace d’un « droit » au déni de grossesse, infanticide compris. Cette menace brandie par le procureur n’est peut-être pas aussi infondée qu’on pourrait le croire. Il semble que l’avortement soit ancré dans l’imaginaire de certaines femmes comme un élément quasi ontologique de leur condition féminine. C’est en ce sens que je comprends ce bref dialogue entendu, il y a quelques jours, dans un train de banlieue… La femme (relevant le nez de son « gratuit ») : « Je ne comprends pas tout ce pataquès. Ce qu’il faut voir, c’est qu’elle ne voulait pas de ces enfants… »
L’homme (pas si lâche) : « Grave question ! » (silence de plomb… puis la conversation rebondit sur la météo du lendemain).
Prions pour les mères tentées par l’infanticide.

Écrit par : Denis | 18/06/2009

EN NOIR

> Cette femme s'est mariée toute de noir vêtue.

Écrit par : Alina Reyes | 18/06/2009

PAS DE DIFFERENCE DE FOND

> Prions aussi pour les mères, les femmes tentées par l'avortement ! Entre l'infanticide et l'avortement une différence de forme, pas de fond : l'un est "légal" l'autre ne l'est pas ! L'un et l'autre est passible du jugement de Dieu car l'un et l'autre portent atteinte à la vie donnée par le Créateur !

Écrit par : Antoine | 18/06/2009

Les commentaires sont fermés.