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14/05/2009

Benoît XVI, Israël et les Palestiniens – Peut-on dire que le pape a "déçu" les uns et "réconforté" les autres ?

Essayons de voir au delà des apparences :


 

Le son de cloche des agences de presse :

<< Benoît XVI a évoqué jeudi le processus de paix au Proche-Orient dans un (très bref) entretien avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Nazareth en Galilée. "La rencontre a duré une dizaine de minutes et a porté sur le processus de paix au Proche-Orient et les moyens de le faire progresser", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi. Des images de la télévision israélienne ont montré le Premier ministre et le chef de l'Eglise catholique devisant en tête-à-tête avec le sourire.

Depuis son arrivée lundi en Israël, dans le cadre de son pèlerinage en Terre sainte commencé vendredi, le pape a fait plusieurs déclarations politiques en faveur de la création d'un Etat palestinien. Il a par ailleurs affirmé mercredi à Bethléem que les murs "peuvent être abattus", après avoir vu lors d'une visite à Bethléem la barrière de séparation érigée par Israël en Cisjordanie. Il a promis de "continuer à utiliser toutes les occasions d'encourager ceux qui sont engagés dans les négociations de paix à travailler, ensemble, pour une solution juste qui respecte les aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens".

"C'était une excellente visite au cours de laquelle le pape a apporté un soutien politique à la cause palestinienne et à un règlement basé sur deux Etats permettant la création d'un Etat palestinien indépendant", a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas.

Dans le même temps, deux délégations du Vatican et d'Israël ont examiné les thèmes de la commission bilatérale et de l'accord fondamental de 1993 qui a permis l'établissement, l'année suivante, de liens diplomatiques entre les deux Etats. Les négociateurs des deux bords, dont le numéro 2 du Vatican, Tarcisio Bertone, se sont notamment penchés sur le problème des visas multi-entrées qu'Israël refuse d'octroyer à quelque 500 prêtres de pays arabes. Cette décision a été prise par le ministre israélien de l'Intérieur, Eli Yishai, selon un haut responsable israélien qui a requis l'anonymat.

La libre circulation des chrétiens "est clairement un des points de la longue discussion que le Vatican et Israël mènent dans la commission bilatérale", a déclaré devant la presse à Nazareth le P. Lombardi.

D'autre part, le Saint-Siège et l'Etat hébreu ne sont toujours pas parvenus à signer le volet économique de l'accord fondamental qui doit fixer le statut juridique et fiscal des institutions de l'Eglise catholique en Terre sainte. >>



Un son de cloche du Monde :

<< Selon le correspondant du Monde à Jérusalem, cette rencontre a certainement été "un dialogue de sourd" entre Israël et le Vatican. La veille, le pape avait plaidé à Bethléem pour la création d'un Etat palestinien souverain, affirmant après sa visite au camp de réfugiés d'Aïda que les murs "peuvent être abattus". Dans leur ensemble, les Israéliens ont assisté de façon "distancée" à ces déclarations, raconte Michel Bôle-Richard, car ils estiment que le pape "se mêle de ce qui ne le regarde pas". Sur la question de la Shoah, les Israéliens estiment que "le pape aurait dû s'excuser de façon beaucoup plus ferme", raconte Michel Bôle-Richard. "Le pape n'en a pas assez fait", disent-ils. >>



Faut-il s'étonner que les dirigeants israéliens se disent « déçus » et les  palestiniens « réconfortés » (comme l'annonce la une du Monde) ? Le gouvernement Nétanyahou (le plus dur qu'aient jamais subi les Israéliens) ne pouvait évidemment pas approuver la « ligne de crête » tenue par Benoît XVI : la même ligne que tous ses prédécesseurs y compris Jean-Paul II, le pape de l'accord fondamental Israël-Vatican. Naguère acceptée sincèrement par d'autres dirigeants israéliens, la simple évocation d'un Etat palestinien est rejetée pour l'instant par la coalition israélienne au pouvoir (droite, extrême droite, ultra-orthodoxes, travaillistes): une équipe-puzzle, dépourvue des habiletés calculatrices que lui prêtent (à Paris) nos propres commentateurs de droite. Notons aussi que le correspondant du Monde zappe plusieurs personnalités israéliennes qui ont évalué de façon positive la visite papale – comme le rabbin Rosen dans Libération, ou l'un des rescapés de la Shoah avec qui Benoît XVI s'est entretenu à Yad vaChem et qui a salué ensuite « son courage ». Dire que « les Israéliens », en totalité, pensent que le pape aurait dû présenter à nouveau une repentance comme l'avait déjà fait solennellement Jean-Paul II, c'est généraliser un peu vite et disposer un peu facilement de l'opinion d'autrui.

Quant aux Palestiniens qui se sentent abandonnés du reste du monde, la visite du chef de la planète catholique ne pouvait que les réconforter. Ses paroles en faveur d'un véritable Etat palestinien, leur ont apporté une bouffée d'oxygène. Obligés de constater la chaleur humaine qui a environné Benoît XVI mercredi et jeudi, les journalistes parisiens ne se sentent pas à l'aise : l'idée que ce pape puisse être applaudi par des foules leur paraît incongrue. Ils sont endurcis dans cette attitude. Pourquoi ? Toute la question est là.

 

18:42 Publié dans Terre Sainte | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : christianisme

Commentaires

GANDHI ?

> Je me demande une chose: si les Palestiniens écoutaient le pape et suivaient la voie de la non-violence, n'auraient-ils pas leur état bien vite? Israel qui se proclame la seule démocratie de cette région ne pourrait pas tenir longtemps devant un telle stratégie de lutte.
vf

[ De PP à VF - Ce n'est pas "Israël" : c'est une certaine politique, produit de certains partis et validée par Washington. Que ces paramètres changent et l'on verrait des évolutions surprenantes... ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : vf | 14/05/2009

IL DERANGE

> "Pourquoi ?" Oui, très bonne question. Parce que sa parole va toujours au plus vrai, peut-être ? Ce qui dérange l'ordre mondain du monde, et les accommodements avec la vérité et la justice dont il se nourrit ?

Écrit par : A.R. | 14/05/2009

DE RCF A CE BLOG

> Je retrouve là la qualité des commentaires qui a valu des appels enthousiastes d'auditeurs. Merci de votre disponibilité.
M. Picard, RCF.

Écrit par : Picard | 14/05/2009

SHIMON PERES

> Une info que les radiotélés bobos ne donneront pas, mais que Philippine de Saint Pierre a donnée sur KTO : Shimon Pérès se dit "en phase" avec Benoît XVI. Cet homme de bien comprend le pape. Ce n'est pas étonnant. Mais combien de temps Pérès pourra-t-il cohabiter avcec Bibi Nétanyahu et l'effrayant Avigdor L. ?

Écrit par : haver | 15/05/2009

LES MURS

> Le journal La Croix rapporte également des propos de Shimon Peres, qui vont très loin : "Il faut arrêter les murs. Personne en définitive ne veut des murs, qui ont pour tous un coût très élevé". Les alliances politiques en Israël sont assez étonnantes.

Écrit par : Blaise | 15/05/2009

Les commentaires sont fermés.