10/05/2009
Benoît XVI appelle à libérer toute religion des manipulations idéologiques et politiques
Double appel – aux musulmans... et aux chrétiens :
<< Ce n'est pas la religion en soi qui est source de divisions dans le monde mais la « manipulation idéologique de la religion, parfois à des fins politiques », a affirmé le pape Benoît XVI, ce samedi, dans son discours aux responsables musulmans, au corps diplomatique et aux recteurs des universités jordaniennes.
Le pape a prononcé son discours le 9 mai, à l'extérieur de la mosquée Al-Hussein Ben Talal, à Amman, dans laquelle il avait été accueilli par le prince Ghazi Ben Mohammed Ben Talal, un des signataires du message adressé au pape et aux responsables chrétiens en octobre 2007 par 138 intellectuels musulmans pour promouvoir la paix dans le monde.
Certains soutiennent « que la religion est nécessairement une cause de division dans notre monde », a affirmé le pape. « Certainement et malheureusement, l'existence de tensions et de divisions entre les membres des différentes traditions religieuses, ne peut être niée. Cependant, ne convient-il pas de reconnaître aussi que c'est souvent la manipulation idéologique de la religion, parfois à des fins politiques, qui est le véritable catalyseur des tensions et des divisions et, parfois même, des violences dans la société ? » a-t-il ajouté.
Pour faire face à cette situation, le pape est convaincu que « musulmans et chrétiens, précisément à cause du poids de leur histoire commune si souvent marquée par les incompréhensions, doivent aujourd'hui s'efforcer d'être connus et reconnus comme des adorateurs de Dieu fidèles à la prière, fermement décidés à observer et à vivre les commandements du Très Haut, miséricordieux et compatissant, cohérents dans le témoignage qu'ils rendent à tout ce qui est vrai et bon, et toujours conscients de l'origine commune et de la dignité de toute personne humaine, qui se trouve au sommet du dessein créateur de Dieu à l'égard du monde et de l'histoire ».
Benoît XVI a dit son « admiration sincère » pour le travail réalisé par la Jordanie pour montrer la « contribution positive » que la religion peut apporter dans la société, et il a cité deux exemples concrets.
« Hier, j'ai été le témoin du travail renommé en matière d'éducation et de réhabilitation du Centre Notre Dame de la Paix, où chrétiens et musulmans transforment la vie de familles entières, en les assistant pour que leurs enfants handicapés puissent prendre leur juste place dans la société », a-t-il déclaré.
Puis il a cité l'exemple de l'université de Madaba, dont il a béni la première pierre ce matin, « où de jeunes adultes chrétiens et musulmans bénéficieront côte à côte d'un enseignement universitaire, les rendant aptes à contribuer de façon appropriée au développement économique et social de leur nation ».
Le pape a ensuite évoqué une « tâche » que selon lui, les chrétiens et les musulmans « peuvent prendre en charge » : « le défi de développer... le vaste potentiel de la raison humaine ». « En tant que croyants au Dieu unique, nous savons que la raison humaine est elle-même un don de Dieu et qu'elle s'élève sur les cimes les plus hautes quand elle est éclairée par la lumière de la vérité divine », a-t-il expliqué. Benoît XVI a encouragé une « manière de concevoir la raison, qui pousse continuellement l'esprit humain au-delà de lui-même dans la quête de l'Absolu ». « Chrétiens et musulmans sont poussés, ensemble, à rechercher tout ce qui est juste et vrai », a-t-il ajouté. >>
Source : Zenit.
Commentaire – Benoît XVI poursuit son oeuvre d'explication et de mise au clair. Après ce discours, il n'est plus possible – du point de vue catholique – de voir l'avenir comme un champ de bataille entre la « chrétienté » (?) et l'islam : même si l'islamisme tient le langage de la guerre sainte, le catholicisme ne peut lui répondre sur le même ton. Ceux qui persisteraient dans cette voie le feraient contre les directives du pape ; ils ne pourraient donc se réclamer du catholicisme. Et ils fourniraient (hélas) un exemple supplémentaire de « la manipulation idéologique de la religion, parfois à des fins politiques ». Manipulation par qui ? Sur ce point, relire la note de ce blog datée d'hier... Mais le chrétien catholique en 2009 n'a pas vocation à se laisser manipuler. Il est appelé à bien autre chose, disait le cardinal Ratzinger dans son livre Marie, première Eglise (Médiaspaul 1998) :
« Plus un chrétien se met au service de la construction du monde, plus Dieu, l'Eglise et ses semblables peuvent compter sur lui ; plus il ouvre son coeur à la misère des autres, plus lui importe la volonté salvifique universelle du Christ et non uniquement son propre salut ou son bonheur ; plus sa prière à Dieu inclut tous les hommes en particulier les plus rejetés, plus il s'offre à Dieu lui-même et se rend disponible à la volonté salvifique de Dieu dans sa vie et si nécessaire dans sa mort... Plus l'arbre qu'il est donnera du fruit à Dieu, à l'Eglise, à chaque homme, plus vaste et plus accessible à tous sera son existence. Il peut alors s'élargir en quelque sorte aux dimensions de l'Eglise, en s'identifiant à ses intentions. »
Est-ce que nous nous « identifions aux intentions de l'Eglise » ? Ou essayons-nous de réduire la référence catholique à nos petites intentions à nous : celles de notre milieu, de notre clan, de nos préjugés ?
12:56 Publié dans Terre Sainte | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme
Commentaires
NOS INTERETS
> Nos petites intentions ou nos intérêts financiers car, finalement, il s'agit de cela. Il faut préserver notre mode vie consuméristes qui nécessite de plus en plus de ressources et quoi de plus confortable que de déclarer infidèles et ennemis de la foi ceux qui possèdent dans leur sous-sol les ressources qui nous manquent? combien de guerre saintes et déclarée justes ont eu pour but de s'accaparer les richesses d'autrui?
Écrit par : vf | 10/05/2009
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