Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/05/2009

Vers le marché des ventres et l’embryon-objet : casuistique du Conseil d’Etat

Conseil_d_Etat1.jpgDes arguties juridiques ne pouvant que jouer

en faveur du matérialisme mercantile

et ouvrir la porte au Meilleur des Mondes :

 

 


 

Médias :

<<  Le Conseil d'Etat s'est prononcé mercredi contre la légalisation de la pratique des mères porteuses et en faveur d'un régime permanent d'autorisation des recherches sur l'embryon et les cellules souches embryonnaires, assorti de conditions strictes.

 "La prise en considération de l'intérêt de l'enfant et de la mère porteuse, principes fondamentaux qui sous tendent l'interdiction actuelle, conduisent à recommander de ne pas légaliser la gestation pour autrui", indique le Conseil d'Etat dans un rapport présenté mercredi à la presse. Ce rapport avait été demandé par le Premier ministre dans le cadre du réexamen de la loi de bioéthique de 2004, désormais prévue en 2010. Le Conseil d'État propose néanmoins "des solutions ponctuelles" pour pallier les difficultés pratiques des familles voulant faire reconnaître des enfants nés d'une gestation pour autrui illégale. "On pourrait ainsi permettre la transcription de la seule filiation paternelle", suggère le Conseil d'Etat. "A défaut de permettre la reconnaissance de la filiation maternelle, la mère d'intention pourrait bénéficier, à la demande du père, d'un jugement de délégation avec partage de l'autorité parentale".

Concernant la recherche sur l'embryon et les cellules souches embryon-naires, il préconise de créer "un régime permanent d'autorisation", "enserré dans des conditions strictes, précisant que la possibilité d'autoriser serait une simple faculté et ne créerait donc pas un droit à autorisation", précise-t-il. La loi de bioéthique du 6 août 2004 a posé le principe de l'interdiction des recherches sur l'embryon humain, tout en ouvrant une période de cinq ans pendant laquelle de telles recherches pourraient être autorisées sous conditions. >>

 

 -

Le Conseil d’Etat applique la méthode française (une casuistique oblique) pour introduire à reculons ce que le reste de l’hypermarché occidental pratique sans fard. On rendra pratiquable le marché des grossesses, mais on ne le « légalisera pas ». On donnera « faculté » de traiter l’embryon humain comme du matériel de laboratoire, mais ce ne sera pas « un droit à autorisation ». Comment des juristes peuvent-ils soutenir une argumentation pareille sans rougir, sur le seul plan intellectuel ?  Peut-être que la seule chose dont ils rougiraient, en 2009, serait de « faire prendre à la recherche biotechnologique française un retard concurrentiel par rapport aux autres pays occidentaux »... Ce grand mobile a déjà été invoqué en faveur des OGM. Il est tout autant applicable à la biologie humaine. C’est ainsi que s’installe le Meilleur des Mondes.

 -

Comment peut-on ne pas discerner « ce qui se prépare réellement à l’ombre de la médecine compassionnelle et de la bioéthique bavarde », comme dit le biologiste Jacques Testart [1] ?  La marchandisation de l’être humain, sa réduction au rang de matériel utilitaire, facilitent l’expansion de « la volonté de maîtrise du vivant et de performance  à tout crin ». Aujourd’hui le droit-à-l’enfant, le commerce des ventres et le tri sélectif  sous couvert de diagnostic pré-implantatoire ; demain l’« amélioration » de l’humain, la « trans-humanité ».  L’industrie biotech l’exige. La classe médiatique applaudit, puisque financièrement « c’est du lourd ». La classe juridique s’incline, puisque le big business et les médias ont parlé. Que va faire la classe politique ? et plus spécifiquement Nicolas Sarkozy, l’homme qui fait de vastes promesses aux papes ?

 -

Et puisqu’on parle de papes, notons que Jacques Testart, homme de la « gauche de gauche », brandit le respect de la condition humaine avec autant de vigueur que Benoît XVI.  Mme Agacinski aussi. Et d’autres…  Tirons-en deux leçons :

1. on ne peut pas dire que la droite soit « plus proche que la gauche » de la vision chrétienne de l’homme (cette idée est une baudruche) ;

2.  à moins de zapper des gens aussi importants que Testart, on ne peut pas non plus dire – comme le retors journaliste italien Marco Politi (auteur du livre L’Eglise du non, éd. Mondadori) – que  « l’Eglise seule » croit en un ordre naturel.  Ce serait affirmer que la société séculière est alignée en bloc sur les slogans du matérialisme mercantile, ennemi de toute anthropologie respectant l’homme.  Hélas c’est ce que fait Politi ; il se comporte en « chien de garde du système », comme disait Serge Halimi à propos des journalistes ultralibéraux.

 

 

____________

[1]  Le Sarkophage, mars-mai 2009.

 

10:34 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : mères porteuses

Commentaires

CLIVAGE

> Ceux qui disent que "l'Eglise seule" en tient pour le respect de l'homme, sont de facto au service des requins de l'industrie biotechnologique. Qu'ils soient à droite ou à gauche.
On retrouve là le clivage séparant aussi les adversaires du productivisme industriel et ses chiens de garde : ceux qui disent que "seuls les écologistes" en tiennent pour un changement d'art de vivre, sont des partisans du système.
Moralité : les cathos vraiment chrétiens et les écologistes vraiment écologistes ont vocation à se rencontrer; Quant aux anti-écologistes, ils ont vocation à... je ne dirai pas quoi, sinon je me ferais encore engueuler par ceux qui ne veulent pas qu'on dise les choses.

Écrit par : Amicie T. | 06/05/2009

PERVERS

> Quand on admet que "l'exception confirme la règle" dans le seul but de pouvoir dire ensuite (après un lourd travail de torsion/essorage des consciences) que l'exception est devenue la règle, par une sorte de fatalisme divinisé derrière lequel il faut courir, appelé le saint Progrès.
Tout cela pour quoi ? Pour, grâce au saint Marché, retrouver la sainte Croissance pardi !
C'est totalement pervers.

Y a-t-il un plan, une volonté derrière tout cela ?
Dans ce cas, c'est terrible : quelques grands esprits ont supprimé (ou cantonné à la "sphère privée") la morale et la religion au nom de la rationnalité, ont imposé ces divinités (la religion libérale et sa sainte trinité Progrès-Marché-Croissance) totalement irrationnelles pour la remplacer, toujours au nom de la rationnalité, tant et si bien que toutes les personnes auto-proclamées "rationnelles" les suivent aveuglément. La raison raisonnante prise à son propre piège et devenue irrationnelle.
Tout simplement effrayant.

Écrit par : PMalo | 06/05/2009

NOS GOUVERNANTS

> La marchandisation de l’être humain n’inquiète guère plus, semble-t-il, nos gouvernants et parlementaires qu’ils ne se sont inquiétés du brevetage de la Création mis en oeuvre par de grands semenciers. De la même façon que ces firmes brevètent petit à petit le vivant arrangé par leurs soins et le refourguent en ponctionnant au passage des milliers d’agriculteurs (voire en les ruinant), nos docteurs Folamour du vivant ont sans doute pour ambition de créer l’humain parfaitement bio et beau (la beauté s’entendant ici d’une garantie contre certaines maladies et malformations). Au rythme des concessions qui leur sont faites par les politiques, je pense que les biologistes mettront dans quelques années sur le marché des embryons humains 100% « bobios ». Toujours ce rêve d’une humanité « pure ». Le même objectif que les tristement célèbres « Lebensborn » ?

Écrit par : Denis | 06/05/2009

PMA

> Même si je suis d'accord avec une grande partie de votre analyse, je regrette que vous n'ayez pas mentionné le passage sur la PMA.
"Maintenir les conditions de l'assistance médicale à la procréation (AMP). Sur cette question, le Conseil d'Etat a placé sa réflexion au regard de "l'intérêt de l'enfant" et non pas seulement du projet parental qui guide la demande d'AMP. C'est au nom de ce principe qu'il rejette l'idée d'ouvrir l'AMP aux femmes célibataires ou aux homosexuelles, car il "s'agirait de créer délibérément un enfant sans père, ce qui ne peut être considéré comme l'intérêt de l'enfant à naître".
De manière générale, le Conseil a estimé qu'il convient de maintenir en l'état la vocation de l'AMP, qui est de remédier à l'infertilité d'un couple formé par un homme et une femme."
Trouvé sur le site du Monde: http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/06/lois-bioethiques-le-pragmatisme-du-conseil-d-etat_1189418_3224.html#xtor=AL-32280184

Écrit par : Mahaut | 06/05/2009

Les commentaires sont fermés.