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25/04/2009

Trois façons inattendues de devenir hérétique et apostat

auferstandene_christus_emmaus_hi[1].jpgla nostalgie, la morosité

et l'agressivité narcissique.

Signalées a contrario par les lectures

du 3e dimanche de Pâques,

pour nous en prémunir...

 

(et à lundi : bon dimanche chômé !)


 

 

 

Le Christ ressuscité apparaît aux disciples (« lui-même était là au milieu d’eux ») : « alors il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures » (Luc 24, 45). Non que les Ecritures aient prévu à la lettre l’inimaginable événement de l’Incarnation et de la Rédemption ; mais elles en portaient l’écho par avance, et c’est ce décryptage que le Ressuscité enseigne aux siens pour qu’ils le transmettent « à toutes les nations » (Luc 24, 47). C’est la « bonne nouvelle » du plan de Dieu présent avant tous les siècles, un plan de bonté pure, infinie, impensable par les moyens mentaux de la créature, et tout entier tourné vers l’avenir. Il en résulte que plusieurs attitudes seraient incompatibles  avec  le  plan  de  Dieu,  donc  avec  la foi chrétienne : la nostalgie (passéisme),  la  morosité.  Et  l’agressivité  narcissique. En effet, dit la 1ère lettre de Jean (2,4), « celui qui dit : ‘je le connais’ et ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui ». Et le premier de tous les commandements, dit Jésus (Marc 12, 28-24), est : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

La leçon saute aux yeux :

- est apostasie tout ce qui (même sous apparence de bien) soustrait une part de l’âme, de l’esprit et de la force humaines à l’amour et à la confiance dûs à Dieu. Se mettre au clair est le but de « l’examen de conscience », comme disait le vieux langage catholique ; chaque croyant y est appelé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ce n’est pas une « culpabilisation », c’est une libération.

- est hérésie tout « combat » mené au nom du christianisme mais contre l’amour dû au prochain. Bafouer cet amour commence très vite : dès la minute où le prochain ne serait plus vu comme un but en soi mais comme un moyen, une occasion, un objet, sacrifié à une démonstration théorique – surtout si cette démonstration se réclamait de la doctrine chrétienne, prétention obscène en cette circonstance.

Parole du Christ aux disciples, lorsqu’il « est au milieu d’eux » après sa Résurrection (Luc 24,44) : « il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi », les souffrances, la dérision, la mort. C’était la voie de la rédemption pour l’humanité. Et aujourd’hui nous ne supporterions pas d’être diffamés par voie de presse ? Nous nous crisperions ? Nous chercherions des « répliques spectaculaires » ?

Quoi, tu es chrétien et tu te veux venger ? 

La voie est ailleurs. Cherchons-la ensemble.  

 

 

 

Commentaires

PINOCHET

> A Norbert Blüm, le ministre ouest-allemand du travail, qui lui demandait de ne plus torturer, Pinochet répliquait :
« … Je suis un chrétien convaincu et je prie tous les jours. Nous devons combattre le communisme. »
Une perle !
Il entrerait donc dans la catégorie des « hérétiques », de ceux qui sont persuadés que l’amour de Dieu implique la haine du prochain. Le langage de Pinochet est catégorique, et relève de l’ordre du devoir.
Le cas est extrême, mais il laisse songeur. Comment le dictateur chilien a-t-il pu sortir une telle énormité ? il fallait bien qu’un certain nombre de chrétiens soient prêts à accepter, explicitement ou non, que l’on puisse torturer ou tuer dans l’ « intérêt » de Dieu. Autrement, il se serait montré plus discret et plus complexé.
En pensant au Chili, on ne peut que se rappeler la guerre d’Espagne, durant laquelle la plupart des catholiques ont soutenu Franco contre la terreur républicaine. Mais le pieux général n’était guère plus charitable que ses ennemis, et il avait oublié en route les paroles du Christ invitant à pardonner jusqu’à « septante fois sept fois ». Malgré cela, quel amour il aura suscité ! Pourtant, ses admirateurs, hier comme aujourd’hui, sont rarement sanguinaires : ils ne sont que le tuf nécessaire au passage à l’action de leur leader. De même, un antisémite peut-être un brave homme, sauver la vie d’un juif – il a néanmoins une co-responsabilité dans les pogroms.
Blaise

[ De PP à B. - Franco, de l'amour ? Je me souviens des manifestations de masse contre l'ETA,
à Madrid dans les années 1970 : on y voyait une énorme rage populaire face au terrorisme basque, mais fort peu d'amour envers le "Caudillo d'España por la gracia de Dios" ! - D'autre part, Franco a continué à fusiller beaucoup, longtemps après sa victoire de 1939, à l'étonnement des nazis eux-mêmes qui ne comprenaient pas cet acharnement. On est ici
au delà d'un "manque de charité" : dans la cruauté pure. ]

Écrit par : Blaise | 26/04/2009

[ à Alexis - Si vous estimez que la nostalgie, la morosité et l'agressivité narcissique (voire le sacrifice du prochain à une théorie) sont le monopole d'un groupe particulier, je ne vous suivrai pas sur ce terrain ! Je suis même un peu étonné que vous fassiez cette identification. De même que je suis étonné de vous entendre dire que "la très grande majorité" des notes de ce blog sont d'une certaine espèce ! Il y a bien d'autres urgences. Vous devriez faire un pointage, vous seriez surpris. L'arbre vous cache la forêt. ]

Écrit par : De PP à Alexis, | 26/04/2009

LE GRAND INQUISITEUR

> Cette façon d'apostasier, c'est un peu celle qu'adopte Torquemada, dans la légende du grand inquisiteur, racontée par un des personnages des Frères Karamazov de Dostoïevski :
Au XVème siècle, Jésus revient sur terre, en Espagne. Torquemada Le fait arrêter. Il Lui reproche d'avoir laissé la liberté à l'homme et, ce faisant, justifie l'action de l'inquisition. Jésus écoute le grand inquisiteur ; Il ne lui répond pas, Il porte sur lui un regard de tendresse et l'embrasse.
La confiance en Dieu est difficile. Souvent, je me dis (surtout en constatant que Satan est si actif) que si on ne pallie pas les "inactions " de Dieu, dans 40 000 ans, on y sera encore... J'ai lu, dans "Peut-on croire à la providence" de P. Descouvemont, que toute action mauvaise (y compris celle des démons) entrait dans le plan de Dieu. Je me suis dit : ne sommes-nous pas en présence de la quintessence de la double pensée, au sens orwellien du terme ? Le mal, c'est le bien... Accepter cela n'amène-t-il pas à la justification de tout et du contraire de tout ? A un nihilisme chrétien ? L'auteur estimait que tout cela ne pouvait être compris que dans l'Esprit Saint. Je veux bien de Son aide.

Écrit par : Feld | 26/04/2009

NON BARABBAS

> pour bien comprendre tout le sens de votre "missive", qui appelle à l'examen perpetuel de nos actions, de nos inimitiés, de nos contradictions (veut-on vraiment faire grandir la foi en christ, où se faire mousser), de nos manques d'amour, il nous faut méditer sur le malheureux choix de judas l'iscariote, celui qui a vendu Jésus....pensant, (pensent comprendre certains) qu'il attendait que Jésus manifeste sa gloire sur terre lors de sa capture.
en tous les cas, son aveuglement, au sens même de la mission du chrétien, peut nous aider à réfléchir sur ce qu'il ne faut pas faire, ni croire pour tenter de défendre le christ.
enfin, savoir que :
1°)"bar khokba" ( fils de l'étoile) fut à la tête de la dernière révolte juive en palestine en l'an 135;
2°)"barthélemy" est le nom de l'apôtre nathanël, et qui veut dire "fils de thélémy;
3°)"barthymé", cet aveugle dont l'histoire nous est seulement rapporté par St Marc et où il précise judicieusement que cela veut dire "fils de thymé";
ces différentes recenssions, nous permettent de comprendre définitivement le choix résolument définitif et radical de Dieu notre Père : celui du "fils du père" selon le choix des hommes contre celui du "fils du Père" selon le plan de Dieu le Père!
oui car les Juifs de l'époque ont eu à choisir au prétoir, entre "barabbas", qu veut justement dire "fils du père", (bar=fils et abba=père), et entre Jésus Christ qui disait être le "fils du Père";
le premier, un assassin nous dit l'évangéliste, fut choisi par le peuple présent au prétoire, parce qu'il représentait le seul moyen de sauver les juifs du joug de l'envahisseur romain, tandis que Jésus était bien la seule vraie porte qui amènenait la paix sur terre et dans le ciel;
ainsi donc torturer en son divin nom, comme pinochet où franco, c'est justement choisir barabbas plutôt que choisir le christ;
nous aussi, devant des choix cornélliens comme ceux des juifs au prétoire, nous devons bien réfléchir et se laisser imprégner de l'Esprit Saint; devrait-on combattre pour se libérer de nos opprésseurs, où devrait-on "forcer" notre pardon selon le modèle du christ, à ceux qui nous torturent où qui torturent nos frères de foi...?
faisons attention de croire défendre le christ, tandis que l'inverse s'opère lorsque le mauvais choix est pris, tel que celui de barabbas par les juifs de cette époque (et présent en cet instant, pas les autres...)
en clair, c'est faire sa propre volonté (au soi disant nom du christ) plutôt que de faire la volonté de Dieu le Père, qui se trouve être ...en même temps celle du christ, puisque sa volonté à toujours correspondu à celle du Père!
seigneur ! dans la tourmente de la passion, (la notre cette fois-ci), donne nous la force de faire la seule volonté du Père,... et non la notre, afin que ce soit toujours le plan du Père et du Fils qui s'opère à travers nous, et pour que vienne le royaume de Dieu: amen

Écrit par : jean christian | 26/04/2009

DANS LES EVANGILES

> Il y a aussi malheureusement une autre façon, peut-être moins inattendue, de devenir "hérétique et apostat" : c'est tout simplement de nier des vérités élémentaires du christianisme.
Thomas


[ De PP à T. :
- Bien sûr. D'où le mot "inattendues". Mais remarquez que, dans l'Evangile, Jésus ne mentionne jamais la façon numéro 2 (nier les vérités élémentaires de la foi). Il mentionne au contraire souvent la façon numéro 1 : se faire de la foi un prétexte à légalisme. N'oublions pas ses tirades aux pharisiens : il ne les a pas prononcées pour rien, et les évangélistes ne les ont pas consignées pour rien dans leur témoignage pour les générations futures.
- Jésus ne dit pas un mot contre les négateurs, et il critique violemment les purs, les "séparés" ("perouschîm"), les Gardiens de la Loi. Comment comprendre cela ? Peut-être ainsi : les négateurs se sont mis en dehors, il faut les ré-évangéliser. C'est simple. Mais les légalistes installés dans l'autosuffisance, comment les évangéliser ? Si quelqu'un leur adresse une critique, il ripostent : "Quoi ? C'est INCROYABLE." Amusez-vous à pointer dans les évangiles ces situations-là.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Thomas | 27/04/2009

ASSERTIONS

> "Les négateurs se sont mis en dehors, il faut les ré-évangéliser".
Votre phrase m'a fait beaucoup réfléchir. Dites-moi sincèrement, les assertions suivantes sont-elle conformes à la foi catholique reçue des Apôtres :
"Jésus-Christ n'est pas mort à cause du péché des hommes comme si Dieu avait eu besoin d'une offrande sacrificielle ou d'une sorte de bouc émissaire."
"La Crucifixion de Jésus est seulement un soutien psychologique pour ceux qui souffrent, le Christ manifestant ainsi sa solidarité avec la souffrance des hommes."
Je vous remercie.
Thomas


[ De PP à T. - Ces deux assertions ne sont pas à mettre sur le même plan.
- Que Dieu ait eu "besoin" d'une "offrande sacrificielle" est une hérésie pure et simple ; le sacrifice du Calvaire est d'une tout autre nature que cela.
- En revanche, la théorie "psychologique" exprime une absence de foi surnaturelle. ]

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Écrit par : Thomas | 29/04/2009

A Thomas :

> "Tu n'as agréé ni sacrifice ni holocauste. Ce que tu aimes, c'est un esprit brisé".

Écrit par : JG | 29/04/2009

> Une question qui me revient souvent: comment des nazis nés dans des familles catholiques de Bavière ont-ils pu commettre l'irréparable ? Même Ante Pavelic en Croatie assassinait Serbes et Juifs au nom de la Vierge Marie...
Le baptême reçu dans leur jeunesse par ces criminels, à cet instant, les assure-t-ils du salut ? Non, évidemment, mais selon la théologie évangélique (si j'ai bien compris), ce seul sacrement, reçu à l'âge adulte, sauve définitivement ! Dans ce cas, et toujours selon les Évangéliques, un criminel qui reconnaît "Jésus Christ comme sauveur" ira au Paradis quoi qu'il en soit ?
Jovanovic

[ De PP à J. :
- Si le criminel se repent radicalement et "accepte Jésus comme Sauveur", son salut est fait dans toutes les formes du christianisme ! C'est ça, la conversion. Ca ne veut pas dire que le criminel repenti ne doit pas aller en prison : les peines sociales et le salut éternel sont deux choses différentes.
- Sur le monstre Pavelic, ou sur Philippe Henriot (la voix de la haine milicienne: ancien de la Fédération nationale catholique du général de Castelnau !), ou sur les fusilleurs franquistes déguisés en croisés et continuant à fusiller en 1940, 1941, 1942, 1943, etc, etc : lire Bernanos. Ce qu'il a dit de ces sataniques déguisés en chrétiens est indépassable. Mystère d'iniquité. Bien entendu le camp adverse massacrait aussi, mais lui ne se prétendait pas chrétien ! ]

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Écrit par : Jovanovic | 03/05/2009

De J à PP:

> Loin de moi l'idée qu'un criminel qui accepte Jésus comme sauveur ne gagne pas le salut, mais j'avais l'impression (peut-être fausse ou maladroite) que chez les évangéliques en particulier, le baptême reçu en tant qu'adulte conscient enlève automatiquement tous les péchés (ex: le maniaque dans Little Miss Sunshine), alors que chez les catholiques, les actes complètent le baptême.
Je m'excuse si ce que j'ai posté précédemment n'était pas explicite ou portait à confusion ; je suis en quête de ce qui est vrai en Dieu.

Écrit par : Jovanovic | 04/05/2009

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