La révélation d’Emmaüs : cet inconnu est le Christ

…surtout s'il ne cadre pas avec nos a priori :

  

Marc 16, 12 : « Après cela, il se manifesta sous d’autres traits à deux d’entre eux qui étaient en chemin… Ceux-là revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. » C’est notre tentation de catholiques membres de l’institution : ne voir le Christ que sous les apparences que nous voulons  – de préférence sous la forme de produits de nos cerveaux : a priori,  préjugés, « combats ». Quand nous Le rencontrons sous forme humaine : dans le pauvre, l’errant, l’enfant humilié, nous ne le reconnaissons pas et nous ne faisons pas ce qu’Il attend de nous.

Pourtant Il nous a prévenus (Matthieu 25, 45) : « Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».

Ceci devrait nous inquiéter.

Luc 24 (13-34) donne de quoi se rassurer mais faire le point. Les deux disciples d’Emmaüs sont des « cœurs sans intelligence » : c’est le Christ lui-même qui leur fait ce reproche, sans égards envers leur bonne conscience de pieux laïcs militants. Ils ne Le reconnaissent pas, car il n’a pas l’apparence traditionnelle : il est « sous d’autres traits », dit l’évangile. Quand ils Le reconnaissent enfin, plus tard, c’est « à la fraction du pain ». Alors « leurs yeux s’ouvrirent » : non parce que soudain  cet inconnu leur paraîtrait cadrer avec leurs idées, mais parce que la grâce s’empare d’eux à travers le mystère du sacrement.

Alors ils comprennent que le ressuscité peut avoir l’air d’un inconnu.

Et aussitôt Il « disparaît de devant eux », comme les anges le diront après l’Ascension (Actes 1,17) : « Galiléens, pourquoi regardez-vous vers le ciel ? ».

La mission est auprès des millions de pauvres, d’errants, d’enfants humiliés qui seront le chemin de l’Eglise jusqu’à la Fin des temps. Non pour les morigéner, mais pour leur dire la seule bonne nouvelle qu’on puisse annoncer aux hommes.