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17/04/2009

L’aveu terrible de Washington : les USA, co-responsables du narco-trafic et des tueries au Mexique

Sens et conséquences de cet aveu :


  

 

Obama est attendu au Sommet des Amériques qui s’ouvre aujourd’hui à Trinidad-et-Tobago. Que peut-il en sortir ? Peu de chose, selon les analystes européens, par exemple Libération de ce matin :  http://www.liberation.fr/monde/0101562510-obama-attendu-a...

 

Mais hier, Obama était au Mexique. Le chaos actuel de ce pays pose un problème direct et grave aux Américains. Comme le dit Philippe Grasset (De Defensa, 10 avril), « la crise mexicaine est en train de devenir, par sa proximité et sa pression explosive, dans sa violence et dans son caractère déstructurant, la première crise extérieure affectant directement les USA, leur sécurité nationale, la sécurité et l’hermétisme de leur plus longue (3600 km) frontière terrestre. D’autre part, à cause des implications directes dans certains Etats de l’Union, parfois même jusqu’à des implications violentes très lointaines vers le Nord au cœur des USA (les narco-trafiquants sont intervenus déjà dans une ville comme Chicago), enfin par l’implication de cette crise dans la première communauté non ‘blanche’ des USA (les latinos), la crise mexicaine est en train de devenir la première crise intérieure des USA dans les domaines de la sécurité nationale et de la sécurité publique. »

Face à la gravité de cette crise, Obama n’a d’autre choix que de lancer une opération de stabilisation de l’Etat mexicain. Autrement dit : le sauvetage du président Calderon, dont la survie politique est menacée. Comment le sauver de la colère des citoyens mexicains en proie à la violence ?  En  le  disculpant  de  cette  violence…  Quitte à faire ce qu’un Bush n’aurait jamais fait : reconnaître la part de responsabilité américaine dans le chaos mexicain.

Précisément, c’est ce qu’Hillary Clinton a été chargée de faire lors de sa visite préliminaire du 25 mars à Mexico City, avec cette déclaration sidérante de la part d’un secrétaire d’Etat washingtonien: «Notre insatiable demande de drogues illégales alimente le trafic de la drogue. Notre incapacité à empêcher la contrebande des armes  à  travers  notre  frontière  – armes qui équipent ces criminels –  cause la mort de policiers, de soldats et de civils. Je ressens très fortement notre co-responsabilité. » 

De quoi parlait Mme Clinton ? De ce dont le président Calderon se plaignait le 9 mars dans un entretien au Monde : « Parlons des causes [de la violence qui ravage le Mexique]. La première, c’est le consommateur américain. Si les Etats-Unis n’étaient pas le plus gros marché de drogues au monde, nous n’aurions pas ce problème. Il y a aussi le commerce des armes. En deux ans, nous en avons saisi 33 000, dont 18 000 de gros calibre, des lance-missiles, des milliers de grenades, des engins capables de perforer des blindages. Or l’écrasante majorité avait été achetée aux Etats-Unis, y compris du matériel qui est la propriété exclusive de l’armée américaine. »

La franchise soudaine de Washington aura des conséquences. Le soi-disant «  leadership mondial » des USA  reposait sur l’axiome que « l’Amérique est la vertu ». Dans ce contexte, révéler : a) que le peuple américain est le plus gros consommateur de drogue de la planète, d’où le narco-trafic latino ; b) que les USA sont le plus gros marchand d’armes de la planète grâce à la dérégulation de cette industrie : voilà deux aveux aujourd’hui nécessaires (on a dit pourquoi), mais qui vont ternir un peu plus le blason des Etats-Unis,  et  rendre un peu plus inconfortable la position de leurs vassaux à la tête de divers Etats.

Pardon de le préciser : le sommet du trafic de mort (armes made in USA contre drogue made in Mexico) fut atteint sous les deux mandats du pieux et vaillant [1] G.W. Bush. Le résultat peuple les cimetières, des deux côtés du Rio Grande.

 

________  

[1]  Ne voir aucune ambiguité sous ces deux qualificatifs, évidemment ici par antiphrase.

 

 

Commentaires

KABOUL CITY

> De même que l'implication des USA dans la culture du pavot en Afghanistan devra être mise au grand jour.

Écrit par : vf | 17/04/2009

YO

> Los yanquis dicen Rio Grande, pero yo digo Rio Bravo.

Écrit par : Churubusco | 17/04/2009

BUSH LA HONTE

> Bien visé. Lu dans Le Monde de cet après-midi :
« M. Obama a reconnu la difficulté à répondre aux exigences de Mexico, qui veut faire rétablir aux Etats-Unis l'interdiction de la vente d'armes d'assaut, levée en 2004 sous la présidence de George Bush. Près de 90% des 16 000 armes d'assaut saisies au Mexique depuis 2007 ont été achetées en territoire américain, a rappelé M. Calderon lors d'une conférence de presse commune. "Il faut chercher une solution qui respecte le deuxième amendement de la Constitution [le droit à l'autodéfense pour tout citoyen des Etats-Unis), mais éviter l'abus de ce droit", a tempéré M. Obama. faute de mieux, M. Obama va demander au sénat de ratifier la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illicite d'armes à feu, munitions et explosifs.»
Donc, sous Bush la Honte, le deuxième amendement de la Constitution servait au trafic d'armes lourdes genre roquettes antichars, en direction de pays en danger ! Si Obama essaie de remédier à cette saloperie en encadrant le marché, les culs-de-plomb vont dire : "Cet impie foule aux pieds le principe de subsidiarité, on voit bien qu'il est socialiste". Lisez les culs-de-plomb ! Un abonnement donne droit au salut militaire, deux abonnements donnent droit au salut éternel.
Cela dit, aucune chance qu'Obama essaie. Il est tenu.

Écrit par : Rossel | 17/04/2009

IL AURAIT MIEUX VALU

> Bush... Le peu que cet homme a fait de bien (très peu) est souillé par ce qu'il a fait de mal (énormément). Dans cette mesure, ce qu'il a fait de mal compromet dans l'opinion l'idée même du bien. Il aurait mieux valu qu'un tel être ne se dise pas chrétien.

Écrit par : Girolamo | 17/04/2009

> Bref, la déclaration de Mme Clinton ne dépasse pas l'aveu d'impuissance. Aucune proposition concrète.

Écrit par : Blaise | 18/04/2009

> Et là dessus un président se fait inviter chez un milliardaire soupçonné de trafic de cocaïne.

Écrit par : Annie | 23/04/2009

Les commentaires sont fermés.