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14/04/2009

Suicides au travail : la colère d’une psychiatre

Voir sur http://www.dailymotion.com/Remi_f38/video/14427089

Le Dr  Brigitte  Font  Le  Bret  a démissionné de ses fonctions auprès de la DASS à cause de la révision générale des politiques publiques. Lire son appel :


 

 

 

 

Communiqué :

"Le Dr Brigitte Font Le Bret, psychiatre agréé auprès de la DASS de l'Isère, membre titulaire du Comité médical de l'Isère et secrétaire régionale de l'Association régionale de médecine agréée Rhône-Alpes Auvergne, a démissionné de toutes ses fonctions, compte tenu de la RGPP (révision générale des politiques publiques) et du conflit éthique qui en découle avec sa volonté de défendre la qualité et la spécificité de la fonction publique de notre pays. Elle continuera d'assurer la protection de la santé physique et morale des agents des trois fonctions publiques dans l'exercice de son métier de psychiatre. Son devoir de réserve et le respect du code de déontologie ne lui permettent pas de donner d'autres éléments d'explication. "

 

Son appel :



Une psychiatre en colère dit :  STOP, CA SUFFIT

<<  Depuis 2008, le chiffre des suicides sur le lieu du travail ou en lien avec le travail ne cesse d’augmenter : 400 suicides estimés, autant que le nombre de décès accidentels en lien avec le travail.

Depuis janvier  2009, pas un jour sans une météo des suicides survenus sur le lieu du travail. Un accident impliquant autant de personnes en une seule fois aurait déjà eu une  couverture médiatique, la visite des officiels et peut-être la fameuse minute de silence. Et bien moi, je  demande cette minute et bien plus d’ailleurs,  pour le respect de toutes ces familles, collègues et amis endeuillés par ces drames qui ne peuvent devenir « une banalisation du mal du à la crise ».

Pourtant en 2007, Annie Thébaud-Mony, sociologue,  écrivait déjà  dans Le Monde diplomatique : « Le travail, monde de violence et de mort ».

Alors, arrêtons d’observer, de faire passer des questionnaires, d’évaluer. Le résultat est connu : nous vivons  une situation historique dramatique, en lien avec un néolibéralisme ne sachant plus comment s’y prendre pour apporter plus de dividendes aux actionnaires. Plus aucun secteur n’est épargné, secteur privé, secteur public, salariés de production, cadres, dirigeants de PME, agents du tertiaire,  agents pénitentiaires, gendarmes, médecins… Le passage à l’acte suicidaire, témoin de  l’amputation du pouvoir d’agir  et d’une impasse existentielle, fait partie de notre quotidien.

 Je refuse de m’y habituer. Il faut agir et résister chacun selon nos compétences mais surtout dire NON et tendre la main à celui qui est en train de fléchir car, comme l’écrivait la philosophe Simone Weil : « Le travail est l’expérience humaine formatrice de notre rapport au réel, la matière ne renvoie pas à une donnée inerte, mais est d’abord le résultat de l’élaboration humaine. C’est le travail qui introduit de l’unité et de la continuité dans l’univers ».  Je terminerai en vous demandant de diffuser ce texte pour l’enrichir et  créer de nouvelles formes  de solidarités et d’actions  pour remettre de l’humain là où il est en train de disparaître.

 Dr Brigitte Font Le Bret,

psychiatre

dr.font-le-bret@wanadoo.fr. >>

Commentaires

MORTIFERE

> Où l'on découvre que le matérialisme-mercantile (ou libéralisme si l'on préfère) est lui aussi mortifère. Aux suicides dus aux conditions de travail engendrées par ce système, il faut ajouter les suicides dus aux destructions des familles, de l'éducation (et non ce n'est pas le snes qui a détruit l'éducation - à la rigueur, il a participé au torpillage de l'instruction - dans ce pays, mais l'idéologie libérale qui règne depuis des lustres. Voir aussi l'enfance et la jeunesse que ce système engendre aussi au nom du sacro saint profit. L'homme est écrasé pour faire du fric et ils en sont fiers. Etudiez le système scolaire soviétique, par exemple, et vous verrez qu'il était aux antipodes des théories pédagogique que l'on nous assène depuis 50 ou 60 ans. (Ceci dit, je ne suis pas un adorateur de l'URSS, loin de là, pour répondre d'avance à ceux qui me taxeront de bolchéviques).

Écrit par : vf | 14/04/2009

L'APPEL DES APPELS

> Je voudrais transmettre ce lien vers la charte de "L'appel des appels", collectif dont les principes vont dans le sens de ce que dénonce ici le Dr Font Le Bret : "résister à la destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social."
http://www.appeldesappels.org/spip.php?article62

Nota 2/3 pour les intervenants de ce blog : Omicron = Sombre héros ;-)

Écrit par : Omicron | 14/04/2009

"Argent, machinisme, algèbre. Les trois monstres de la civilisation actuelle. Analogie complète.", dit aussi Simone Weil dans "La pesanteur et la grâce".
Et encore, toujours de Simone Weil : "Parmi les caractéristiques du monde moderne (...), l’impossibilité de penser concrètement le rapport entre l’effort et le résultat de l’effort. Trop d’intermédiaires. Comme dans les autres cas, ce rapport qui ne gît dans aucune pensée gît dans une chose : l’argent."

Écrit par : Ce que disait Simone Weil / | 14/04/2009

SUR FR 3

> Un reportage sur FR3 lui est consacré /
http://www.dailymotion.com/Remi_f38/video/14427089

Écrit par : Qwyzyx | 14/04/2009

L' ENFER EST-IL FRANCAIS ?

> Nous pouvons effectivement et justement mettre en cause notre société matérialiste et mercantile comme cause de ces dramatiques suicides.
Cependant, je tiens à vous faire part de mon expérience personnelle. Depuis maintenant presque un an, je travaille en Suisse. Or, la différence entre l'atmosphère du monde du travail en Suisse et en France est radicale. D'un côté, méfiance, peur du chômage, relation sociale tendue par un climat de lutte des classes et des politiques salariales opaques, stress dû aux 35 heures, faux rythme de travail ; de l'autre côté (Suisse) exigence et rigueur, certes, mais surtout respect du travail, respect entre collègues, directives claire, feuille de paie lisible (4 lignes oui vous lisez bien 4 lignes!!!!!)
La Suisse est peut-être un paradis fiscal mais c'est aussi un paradis social ; la France, si fière de ses systèmes sociaux au bord de la faillite, est à la fois un enfer fiscal et social. Je renvoie au petit livre :
La société de défiance : Comment le modèle social français s'autodétruit ?de Yann Algan et Pierre Cahuc
Ce livre montre que la société française est une des sociétés occidentales les plus malades du manque de confiance interpersonnelle, économique et sociale
Cette société de défiance génère peurs et angoisses et explique que la France soit un des pays en Europe où l’on se suicide le plus.

Écrit par : Leroy | 14/04/2009

SPECIFICITE

> Pourquoi cette spécificité française, si c'en est une ? Question de nature ou de culture ? Comment en est-on arrivé là, et pourquoi en particulier chez nous ? Quelle est la situation dans d'autres pays ?
Des questions bien complexes...

Écrit par : PMalo | 14/04/2009

MA PETITE ENTREPRISE

> Je me permettrai d'ajouter un tempérament, pour éviter toute généralité : je travaille en France dans une PME où l'ambiance est excellente, le patron au courant des problèmes de ses employés et les fait passer avant tout souci de productivité (je peux en témoigner personnellement), où personne ne pointe et où on se rend le matin sans traîner les pieds parce qu'on aime notre boulot et l'atmosphère dans laquelle on le fait. On n'a pas de problème de respect et de sociabilité chez nous.
Bien sûr, je sais très bien qu'il y a, en France, des employés malheureux. Mais ailleurs aussi, j'en ai peur, et en Suisse probablement. Le mépris dont nous rebattait les oreilles il n'y a pas si longtemps les expatriés français à Londres, où tout était si supérieur à la décadence rétrograde de leur pays d'origine, on voit aujourd'hui où ça les a menés !
Lutter pour améliorer une situation trop souvent désastreuse dans le monde du travail, et comment ! Mais se baser pour ça sur d'illusoires paradis étrangers ne me paraît pas la meilleure voie à suivre.
Tiens, juste un petit détail chiffré tout récent (puisque nous venons de clôturer les comptes de l'année fiscale passée dans notre petite boîte) : le différentiel de salaire à l'année, primes comprises, entre le salaire le plus bas de la société et celui du patron est de 1 à 1,2 ! Et si notre feuille de paie fait plus de quatre ligne, vu que le patron prend sur les émoluements qu'il a légalement le droit de se verser pour augmenter les nôtres, on ne les échangerait contre aucune autre !

Écrit par : Erwan | 15/04/2009

@ Erwan

> On se réjouit de voir des entreprises à taille humaine.
Cela n'évacue pas le problème d'une tendance lourde à considérer la gestion des ressources humaines comme des coûts fixes et réduire le facteur humain à une charge.
C'est d'autant plus sensible que la structure est grande et qu'il existe un amoncellement de niveaux hiérarchiques.
Une autre dérive vient des sociétés de services, qui agissent avec la caution ou la connivence de leurs clients, lesquels sont témoins de l'exploitation abusive des cadres qu'il ont en sous traitance, sans que cela les gênent. Pas ma faute !
http://forum.doctissimo.fr/psychologie/chomage-inactivite/quoi-ssii-sujet_141666_1.htm
Cela serait à la limite compréhensible dans un secteur intégralement marchand et soumis à la compétition libérale mais devient ridicule et dramatique quand cela se produit dans des administrations qui communiquent ensuite sur la lutte contre la discrimination, l'égalité au travail, etc.
Bidon... ?
http://www.youtube.com/watch?v=YStB1zSwBec
Erwan confirme Schumacher : "small is beautiful".
http://www.schumacher.org.uk/about_efschumacher.htm
ou Joseph Pearce "small is still beautiful"
https://www.ignatius.com/ViewProduct.aspx?SID=1&Product_ID=3151&SKU=SSB-P&Category_ID=203

Écrit par : Qwyzyx | 15/04/2009

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