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26/03/2009

La communication catholique et ses problèmes : l’analyse de ‘La Vie’

http://www.lavie.fr/l-hebdo/une/article/1116-le-pape-le-sida-et-les-medias/retour/11/hash/045cd395e1.html

 

Jean Mercier constate : a) la désinformation médiatique, b) les déficiences de communication de l'Eglise, c) l’apparition  d’initiatives catholiques professionnelles dans ce domaine-clé.


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17:47 Publié dans Médias | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : christianisme

Commentaires

FAIRE CESSER LA CONFUSION

> Il ne reste plus qu'à ces initiatives médiatiques de donner un peu plus d'audience aux travaux et aux réflexions de l'Eglise.
J'espère que le petit c) permettra également de faire cesser la confusion à propos de quelques titres de presse qui, s'ils se revendiquent historiquement d'avoir un lien avec l'Eglsie catholique, n'en sont plus des commentateurs rigoureux, et se serviraient même de leur héritage pour donner de la légitimité aux atteintes à la vérité qu'ils se permettent.

Écrit par : Annie | 26/03/2009

FRANçAFRIQUE : LE SILENCE COMPLICE DE LA PRESSE BOBO

> Je cite l'édito de Jean-Pierre Denis :
"On a parfois envie de crier halte au feu ! Car, chez certains professionnels du commentaire médiatique, « il y a un conformisme de la critique en ce qui concerne Benoît XVI. Dès qu’il parle, on dit qu’il se trompe et, dès qu’il dit quelque chose, on cherche l’erreur », comme le note Andrea Riccardi, le fondateur de la communauté de Sant’Egidio. Un exemple parmi d’autres : que le Quai d’Orsay, critique jusqu’ici timide des dictatures de la Françafrique, y soit allé de sa petite condamnation pour la phrase sur le préservatif fait sourire. Surtout si l’on songe que ce ministère est dirigé par Bernard Kouchner, récemment pris à partie pour un rapport sur le système de santé au Gabon, que remit au tyran Bongo un certain Kouchner Bernard. On peut ne pas être dupe, sans conclure pour autant, comme le font certains, au rassurant complot contre l’Église."
http://www.lavie.fr/l-hebdo/notre-point-de-vue/article/1115-merci/retour/11/hash/f5ea5124ba.html

C'est tout de même curieux que la presse bien-pensante des bobo ait accompagné d'un silence assourdissant ce que Benoît XVI a dit sur la corruption des dirigeants africains, sur les guerres fratricides qui ravagent le continent, sur les violences que subissent les femmes et les enfants, sur l'inégalité des rapports nord-sud, sur les promesses non tenues par les pays riches (conférence de Doha), sur la colonisation économique et le pillage de l'Afrique par les multinationales, etc.
Figurez-vous que Benoît XVI n'a pas parlé que du préservatif en Afrique !

Écrit par : Michel de Guibert | 26/03/2009

Témoignage du Père Pierre Vivarès, curé de Notre Dame de l'Arche d'Alliance à Paris :

" Au contraire !"

" Bien des fois je me suis demandé quelle serait mon attitude face à mon fils ou ma fille de 17 ans sur les questions de sexualité, de préservatifs et autres. Est-ce que subrepticement je glisserais sur son bureau une boîte de capotes pour me laver les mains de cette responsabilité éducative ? Au contraire, j’espèrerais pouvoir susciter une conversation afin de montrer la beauté de l’amour physique, l’essentiel respect dû à toute personne humaine qui doit être considérée comme une personne et non un objet de plaisir. Mais si mon cher rejeton ne voulait pas vivre la beauté de l’Evangile, eh bien je lui dirai de faire attention à lui et aux autres.
Voilà ce « au contraire » qui suscite tant de débats. Le Pape n’a pas été embauché comme commercial chez Durex que je sache. Il est père et il essaye de montrer le chemin le plus vrai et le plus durable pour le bonheur de l’humanité. Et si vous me permettez un partage plus personnel, compte tenu de cette question qui commence à m’échauffer les oreilles et que le monde nous sert comme une tarte à la crème, je vous partagerai que mes deux frères sont morts du sida et qu’aucune campagne en faveur du préservatif, des seringues gratuites ou des modes d’emploi prétendus sans risques de la sexualité n’auraient pu les empêcher de contracter cette maladie. Alors arrêtons l’affectif, le consensuel, le sociologiquement correct pour dire que la débauche apporte la mort, que faire ce qu’on veut quand on veut avec qui on veut n’apporte pas le bonheur, et je maintiens, et je suis plus en droit de le faire que la plupart des censeurs, que bien au contraire, le préservatif n’est pas un remède au SIDA. Il n’est qu’un pis-aller et le Christ n’a pas donné sa vie pour des pis-aller.

Père Pierre Vivarès

http://www.ndarche.org/cadre2.html "

Écrit par : A propos du P. Vivarès, | 26/03/2009

Un scientifique de haut niveau confirme les déclarations du pape

lundi 23 mars 2009


Le directeur du Projet de recherche sur la prévention du sida à la prestigieuse université de Harvard aux Etats-Unis, Edward C. Green, a jeté un véritable pavé dans la mare du trompeur consensus médiatique mondial. Mais il n’y aura pas d’onde de choc : les mêmes médias mondiaux s’intéressent à tout, sauf à la réalité.

Interrogé par la National Review Online, Edward Green a répondu : « Le Pape a raison. Ou pour répondre plus précisément : les meilleures données dont nous disposons confirment les propos du Pape. »

Il fait clairement état d’une corrélation entre la progression de la séropositivité et de l’accès facilité aux préservatifs qui devraient conduire les commentateurs à exercer leur indignation en sens inverse, à l’encontre des promoteurs d’une fausse solution qui est scientifiquement associée à plus de malades, plus de misère, plus de morts, plus d’enfants frappées par la tragédie.


Il existe une relation systématique, mise en évidence par nos meilleures enquêtes, y compris celles menées par l’organisme “Demographic Health Surveys” financé par les Etats-Unis, entre l’accès facilité aux préservatifs et leur usage plus fréquent et des taux d’infection par le virus du sida plus élevés, et non plus faibles. Cela pourrait être dû en partie au phénomène connu sous le nom de “compensation du risque”, ce qui veut dire que lorsque l’on a recours à une “technologie” de réduction du risque comme le préservatif, l’on perd souvent le bénéfice lié à la réduction du risque par une “compensation” qui consiste à prendre davantage de risques qu’on ne le ferait en l’absence de technologie de réduction du risque. »


Autrement dit, le recours au préservatif permet certes de réduire le risque de contamination – mais non de l’annuler – mais encourage à adopter des conduites à risques qui aboutissent à davantage de contaminations.

Un livre d’Edward Green présenté sur le site de son unité de recherche, tirant les leçons de l’expérience de la lutte contre le sida dans les pays en voie de développement, explique :

« Les solutions avant tout médicales financées par les plus grands donateurs n’ont eu que peu d’impact en Afrique, le continent le plus durement touché par le sida. Au contraire, des programmes relativement simples, peu onéreux, visant à changer les comportements – en mettant l’accent sur la progression de la monogamie et sur le recul des premières relations sexuelles chez les jeunes – ont permis les plus grandes avancées dans la lutte contre le sida et la prévention de son extension. »

Sur le blog PADREBLOG.FR : "La parole libre de 4 jeunes prêtres impertinents" :
http://www.padreblog.fr/

Source :
http://article.nationalreview.com/?q=MTNlNDc1MmMwNDM0OTEzMjQ4NDc0ZGUyOWYxNmEzN2E=

Écrit par : sur Edward C. Green / | 26/03/2009

RUGBYMAN

> je ne sais si cela à voir avec le sujet du post mais je vous conseille d'aller faire un tour sur le site de la paroisse de Toulouse(http://paroisseetudiantedetoulouse.fr/capote.aspx) lire l'homélie de dimanche dernier ! il y là un père genre rugbyman qui fait un tabac !!!! je l'ai fait lire à mes élèves : ils étaient enthousiamés.

Écrit par : marie | 26/03/2009

ANDREA RICCARDI dans le "Corriere della Sera"

ROME, 24 mars 2009 (AFP) - Préservatif: Sant'Egidio déplore les critiques systématiques contre le pape

Le fondateur de la communauté catholique laïque Sant'Egidio a regretté mardi les critiques systématiques contre Benoît XVI après la controverse suscitée par ses propos sur le préservatif, rappelant qu'il y a toujours eu des papes impopulaires en période de crise.

"Il y a un conformisme de la critique en ce qui concerne Benoît XVI. Dès qu'il parle, on dit qu'il se trompe, et dès qu'il dit quelque chose, on cherche l'erreur", estime Andrea Riccardi, dont la communauté est engagée dans la lutte contre le sida en Afrique, dans une interview au Corriere della Sera.

Pour ces critiques, "le meilleur pape est toujours un pape mort", ajoute-t-il.

"Que Ratzinger est un pape toujours faillible est devenu un dogme. Beaucoup oublient que Jean Paul II , au début de son pontificat, a été l'objet de critiques très fortes, même à l'intérieur de l'Eglise. Il a ainsi été accusé de vouloir +poloniser le catholicisme"+", estime Andrea Riccardi.

Il regrette qu'une "remarque" du pape dans l'avion sur le préservatif soit devenue le "+leitmotiv+ de tout son voyage et qu'aucune importance n'ait été accordée à ce qu'il a dit sur l'Afrique, le sida: la nécessité de traitements gratuits, les accusations contre les multinationales, la crise économique mondiale".

"Je me demande quel leader mondial a passé sept jours en Afrique. Personne à part le président chinois. Merkel? Sarkozy? Personne d'autre", ajoute-t-il.

"Dans toutes les périodes de crise, il y a eu des papes impopulaires. Souvenons-nous de Benoît XV (1914-1922) à l'époque de la Première Guerre mondiale, la même situation s'est produite pour Paul VI après le concile de Vatican II (1962-1965)", rappelle-t-il enfin.

http://www.la-croix.com/afp.static/pages/090324113606.20x9okuz.htm

Écrit par : A propos de l'itw d'Andrea Riccardi / | 26/03/2009

Il y a peut être un problème d'émetteur,mais, j'aimerais qu'on m'explique pourquoi le Corriere de la Sera et un journal anglais très important ,sans parler des africains ont eu une réception correcte des discours de Benoît XVI.Ce doit être l'exception culturelle française dont le récepteur est bloqué sur la 1ère syllabe du culturel dès que sonne le mot pape.
Bien du courage pour votre association si vous arriviez à avoir droit à une tribune libre dans les journaux soi disant chrétiens ce serait déjà une grande réussite.
Mais vous êtes des pros alors de tout coeur avec vous !
jean-michel varcher

[De PP à JMV - Nous ne chercherons pas à avoir des tribunes libres dans le sjournaux chrétiens. Il s'agira d'informer objectivement les journaux... non-chrétiens. Il ne s'agit pas d'exprimer des "points de vue", mais simplement d'établir les faits et les perspectives exacts !]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : jean-michel varcher | 26/03/2009

LE CONSTAT EST JUSTE

> L'analyse de La Vie me semble juste. Elle rejoint en partie celle de PP, exprimée à plusieurs reprises sur ce blog ces dernières semaines. Comme cardinal puis pape, J.Ratzinger a dit à plusieurs reprises que la critique était possbile dans l'Eglise, mais il recommandait que cette critique soit constructive. Je crois que les critiques sur la communication, entendues ici et là, restent dans ce cadre.

@ Annie : de quels titres de presse parlez-vous ? Votre appréciation est rude. Comment pourrions-nous en juger si nous ne savons pas de qui vous parlez ?

Écrit par : Guillaume de Prémare | 26/03/2009

UN ARTICLE AHURISSANT DANS 'COURRIER INTERNATIONAL'

> http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=96023
(suivi de mes observations)

"Les fidèles ont toujours été tiraillés entre la doctrine et leurs valeurs personnelles. Mais, depuis l’élection de Benoît XVI, ces tensions sont devenues insupportables.
Le plus étonnant, c’est la consternation que suscite le pape. Comme si l’on était préparé à tout sauf à cela. Comme s’il nous paraissait impensable que le pape réhabilite un évêque négationniste, qu’il traite les juifs, les protestants et les orthodoxes comme des citoyens de seconde classe et les non-croyants comme des sous-hommes. Comme si nous l’avions cru incapable de reprendre les mots d’un ennemi de l’islam ayant vécu au XVe siècle pour dire ce qu’il pensait des musulmans [en 2006, lors de son discours de Ratisbonne], et ce à peine un an après le scandale des caricatures de Mahomet. Surtout venant de lui, un pape allemand.
Les explications ensuite : Benoît XVI est mal conseillé. Il s’est fourvoyé, mais cela partait d’un bon sentiment. Ou bien c’est une question de stratégie. Le pape doit aujourd’hui savoir tenir la bride à ses ouailles africaines qui pourraient se détourner de l’Eglise pour renouer avec d’effroyables coutumes vaudoues. Donc il ne peut plus s’occuper aussi longuement de ses ouailles éclairées en Europe. Et, naturellement, il est affecté de tant d’incompréhension.
Le pape a récemment reconnu, dans une lettre revenant sur le cas des évêques lefebvristes, à quel point il se sentait blessé. Dans cette lettre, il se disait “peiné du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir ce qu’il en était, aient pensé devoir [l’]offenser avec une hostilité prête à se manifester” et qu’il avait donc décidé d’y répondre. On est loin des paroles de réconciliation que les catholiques progressistes attendaient. Les fidèles ont toujours été divisés, tiraillés entre l’institution religieuse et leurs valeurs personnelles. Mais, depuis l’élection de Benoît XVI, ces contradictions sont tout bonnement devenues insupportables.
Pour mesurer l’ampleur de cette grotesque incompréhension, il faut se souvenir de l’entrée en fonctions de ce pape, quand les médias allemands étaient littéralement ivres d’allégresse. A l’époque, on aurait dit que ce n’était pas seulement un cardinal allemand qui entrait au Vatican, mais la République fédérale elle-même, avec ses valeurs de tolérance, de dialogue et de pluralisme. Comme si le Saint-Siège allait devenir une seconde république allemande, en plus solennel, plus somptueux, plus romain en quelque sorte. Reconnaissons au moins une chose à ce pape : il ne nous a jamais rien promis de tel et il n’a donc aucune raison de le mettre en pratique aujourd’hui.
L’idéologie de Joseph Ratzinger n’a jamais été celle d’un conservateur arrangeant. ll ferait plutôt partie des réactionnaires inflexibles. Aujourd’hui comme hier, les gens lui importent moins que l’unité de l’Eglise, le dogme prévaut sur la vie et les conséquences en sont dévastatrices, comme toujours lorsque les idées sont jugées plus importantes que les gens.
Ce n’est pas la première fois que le pape condamne l’usage du préservatif, mais cette remarque a pris toute son importance dans le contexte du voyage du souverain pontife en Afrique : l’Eglise exige de ses fidèles qu’ils meurent plutôt que de se protéger du sida. C’est ce que dicte l’intransigeance dogmatique du pape, digne en cela d’un Robespierre, et cela montre bien que le message de l’Eglise catholique est dangereux pour les hommes, qui plus est sur un continent comptant plus de 22 millions de personnes contaminées par le VIH. Dans le même temps, au Brésil, des médecins ont été excommuniés pour avoir pratiqué un avortement sur une fillette de neuf ans violée par son beau-père et enceinte de jumeaux. Or les évêques brésiliens ne sont pas des extrémistes, ils sont juste parfaitement en phase avec le Vatican.
L’Europe lutte depuis près d’un siècle pour l’égalité des femmes et la défense des minorités, comme les homosexuels. Le pape, lui, préfère se réconcilier avec la Fraternité Saint Pie X, qui voudrait transformer la République fédérale en un Etat religieux et qui voit la peine de mort d’un bon œil.
Rien n’est plus inquiétant qu’un homme ne connaissant pas le doute. De par son rang, le pape n’a pas le droit de douter. Pourquoi s’entourer de conseillers quand on est infaillible ? Comment reconnaître une erreur et comment demander pardon ? Pour le philosophe et mathématicien britannique Bertrand Russell [1872-1970], l’un des plus grands héritiers des philosophes des Lumières, l’éloge réitéré de la “foi inébranlable” ne signifiait rien de plus qu’une paralysie de l’esprit et qu’une représentation de Dieu héritée d’“antiques despotes orientaux”, “indigne des hommes libres”. Il plaidait donc pour la compassion, le doute et la raison."
Sonja Zokri
Süddeutsche Zeitung

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Quelques observations à la lecture de cet article :

L'article est très polémique et bourré d'inexactitudes malveillantes, et c'est un euphémisme.
Cela commence par une série de contre-vérités ou de procès d'intention insupportables :
- le pape n'a jamais "réhabilité un évêque négationniste" comme affirmé dans l'article ; il a levé l'excommunication (ce qui n'est en rien une réhabilitation, heureusement !) d'un évêque lefebvriste dont il ignorait les propos négationnistes.
- le pape n'a jamais "traité les juifs, les protestants et les orthodoxes comme des citoyens de seconde classe" (où l'auteur de l'article a-t-il été chercher de pareilles inepties ! Propos aberrant quand on sait que Benoît XVI a fait de l'oecuménisme une priorité de son pontificat), ni traité "les non-croyants de sous-hommes" (sic : débile et diffamatoire !)
- Ratisbonne : le propos concernait les rapports de la foi et de la raison et non sa pensée sur les musulmans (l'exemple pris était peut-être maladroit, mais il n'était pas juste de lui prêter d'autres intentions)
(...)
- "les gens lui importent moins que l'unité de l'Eglise" (ah, maintenant il s'intéresserait aux citoyens de seconde catégorie" ! Et l'unité de l'Eglise, ce sont aussi des gens bien évidemment !)
- "le dogme prévaut sur la vie" (quel dogme ?)
- "l'Eglise exige de ses fidèles qu'ils meurent plutôt que de se protéger du SIDA" (je rêve : l'Eglise n'a jamais pensé une chose pareille et l'Eglise est la première organisation sur le terrain des soins aux malades du SIDA en Afrique ; le Pape a seulement dit que la distribution de préservatifs ne pouvait vaincre la pandémie sans une "humanisation de la sexualité", ce qui est vrai et reconnu par les gens sur le terrain car le "tout préservatif" encourage le vagabondage sexuel et donc les risques dans la mesure où le préservatif n'est pas fiable à 100%)
- "digne de Robespierre" (sic : c'est n'importe quoi !)
- "des médecins ont été excommuniés pour avoir pratiqué un avortement sur une fillette de 9 ans violée par son beau-père et enceinte de jumeaux" (oui, mais par l'évêque de Recife, qui a ensuite été désavoué par la Conférence des Evêques du Brésil et par le Vatican en la personne de Mgr Fisichella, président de l'Académie pontificale pour la Vie, dans un article de l'Osservatore Romano)
- la référence aux Lumières et le mépris néo-paganiste des "antiques despotes orientaux" illustre d'où vient la perfidie de l'auteur contre l'Eglise.

Écrit par : Michel de Guibert | 27/03/2009

DU P. VIVARÈS, curé de ND de l'Arche d'Alliance (Paris)

> Je me permets de détailler l'éditorial que j'avais publié dans ma feuille paroissiale de dimanche dernier par cette analyse, plus précise et moins ... énervée !

« Tu ne tueras pas. »

Comme beaucoup de prêtres et de catholiques français j’ai suivi depuis une semaine les réactions qui ont fait suite aux propos du Pape dans l’avion qui le menait au Cameroun. Une semaine plus tard, j’essaye de comprendre ce qui n’a pas fonctionné dans les déclarations de l’Eglise depuis trois mois et comment nous avons pu en arriver à un tel rejet du Pape – et dans une certaine mesure de l’Eglise tant la personnalité du Pape est prototypique de l’institution catholique. Comme l’écrit Stéphanie Le Bars dans l’édition du Monde du 24 mars, l’on assiste à deux courants contradictoires : un pope’s bashing virulent d’un côté et une crispation identitaire de l’autre. Ces deux réactions sont essentiellement affectives, comme si ce rejet et cette défense émanaient toutes deux des entrailles : nous ne sommes même plus dans un débat d’idées ou d’opinions, nous sommes dans le rejet ou la conservation instinctive. Comment avons-nous pu en arriver là ?
Si nous reprenons les trois « affaires » qui ont secoué l’Eglise depuis trois mois, elles ont toutes pour ancrage affectif le commandement fondateur de nos sociétés : « Tu ne tueras pas ». La levée de l’excommunication des quatre évêques intégristes dont le négationniste Williamson a été le premier problème. Il est instructif de constater que seul ce nom a été retenu par l’opinion, et beaucoup seraient en peine de citer les noms des trois autres. Cela indique que seule cette levée de l’excommunication de Williamson a eu une conséquence désastreuse dans l’opinion, le reste apparaissant comme de la cuisine interne. Car le négationnisme n’est pas qu’un problème de vérité historique : remettre en cause l’holocauste, déclarer que c’est un détail de l’histoire, minimiser l’horreur et la folie de l’extermination organisée d’un peuple entier revient à devenir complice de ce crime contre l’humanité. En levant l’excommunication de Williamson, l’Eglise – et le Pape - semblaient devenir complice de cette négation et de ce meurtre qui a marqué pour toujours la conscience de notre humanité. L’amalgame était d’autant plus facile à opérer que le Pape est allemand et que la campagne de désinformation sur le silence de Pie XII pendant la deuxième guerre mondiale n’a jamais été réellement corrigée. La lettre que Benoit XVI a écrite par la suite ne pouvait plus ensuite empêcher les ravages de cet écho affectif : l’Eglise semblait complice de meurtre.
La deuxième affaire fut celle de la fillette brésilienne. Cette affaire comportait tous les ingrédients de l’horreur : un beau-père qui viole une enfant de neuf ans laquelle devient enceinte de jumeaux. La mère de cette enfant demande l’avortement pour sa fille et l’évêque excommunie la mère et les médecins sans un mot sur le violeur. Une enfant, un viol, et la victime et son entourage qui sont rejetés. L’Eglise semblait se ranger du côté du crime et non de la victime, du côté des bourreaux et non des innocents. Certains diront que les innocents étaient les jumeaux, mais la morale catholique prévoit la défense de la vie de la mère et ce n’est pas cette thèse qui a été retenue. Une fois de plus l’Eglise apparaissait du côté du crime et les condamnations de cette décision par de nombreux évêques du Brésil, de France et d’ailleurs n’ont pas suffit à lever le malaise. En terme d’affectivité et de mémoire, l’on touchait aussi aux scandales des prêtres pédophiles dont les crimes ont pu être parfois couverts par la hiérarchie. Un autre amalgame était alors facile à faire : l’Eglise semblait être du côté des bourreaux pour défendre sa doctrine et ses ministres, et non du côté des victimes.
Enfin, et troisième affaire, les propos du Pape sur le préservatif et ce fameux « au contraire » qui a scandalisé l’opinion mondiale. Le pape en disant cela est accusé par l’opinion publique d’être complice de meurtre en ne défendant pas ce qui est présenté comme le seul moyen d’arrêter la prophylaxie d’une maladie mortelle. L’Eglise et le pape défendraient une doctrine au mépris de la vie et deviendrait complice de meurtre. La proximité de ces trois affaires ont donc fortement réduit la crédibilité morale du Vatican et du chef de l’Eglise catholique. Car ce « Tu ne tueras pas » est partagé par l’humanité comme un des derniers impératifs et il est partagé pas les chrétiens et les non chrétiens. Lorsque des sociétés entières doutent des valeurs sur lesquelles elles reposent comme c’est le cas pour les pays occidentaux, l’on cherche un plus petit commun dénominateur moral et ces affaires touchent au socle.
Il faudra du temps pour apaiser l’opinion. Mais j’aimerais aussi livrer quelques réflexions sur ces trois affaires et la manière dont elles ont été ressenties.

Tout d’abord il n’y a pas un vide occupé simplement par les médias entre la hiérarchie catholique et les croyants. Les prêtres, les curés de paroisse comme je le suis, éclairent et expliquent, confortent les chrétiens et partagent avec eux pour utiliser « leur conscience individuelle éclairée » comme l’écrit Stéphanie Le Bars. Il ne faut pas croire que les chrétiens pratiquants sont sans discernement et laissés à leur affectivité. Mais en France et dans les pays occidentaux beaucoup se déclarent catholiques, mais ne mettent jamais les pieds dans une Eglise et ne vivent pas la réalité quotidienne d’une foi active au jour le jour. Il ne reste que l’affectif de leur réaction face à ce qu’ils entendent dire sans chercher plus loin et les sondages le montrent. Mes frères prêtres et laïcs engagés dans la formation et l’accompagnement des communautés chrétiennes ont pour colonne vertébrale cette défense de la vie. L’on ne peut accuser les croyants de manquer à ce devoir fondamental. L’affaire Williamson a eu pour conséquence d’exprimer clairement que les propos de quelques négationnistes n’avaient pas leur place dans l’Eglise. Les crises servent parfois à clarifier les situations et s’il était besoin de le faire, celle-ci a je l’espère mis les points sur les i.

Sur l’affaire de l’enfant du Brésil, la position de l’Eglise sur la défense de la vie est connue : respect de la vie de sa conception à sa fin, en excluant l’avortement et l’euthanasie. Mais cette affaire a permis de montrer aussi que les avortements indirects peuvent aussi être légitimes, ce que rappelle le porte-parole du Pape : « Dans la morale de l'Église, depuis toujours, on parle des avortements indirects lorsque la vie de la mère est en question. Ce que l'on cherche dans ce cas, c'est préserver la vie de la mère ». Tout cet émoi permettra à l’avenir, nous l’espérons, d’envisager avec plus de justesse les cas moraux qui se présentent. Comme prêtres, nous sommes fréquemment confrontés à des questions morales complexes que viennent nous présenter des fidèles. Nous accompagnons ces familles sans présenter un discours formaté qui condamne et exclut mais en éclairant leur conscience et en demeurant à leur côté quoiqu’il arrive. L’attitude «étonnante » de cet évêque ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.

Enfin sur la question du préservatif, je livrerai une expérience plus personnelle. Mes deux frères ainés sont morts à cause du sida. Ils avaient été contaminés dans les années 83/84, aux âges de 23 et 20 ans. J’avais 15 ans. L’un s’est suicidé en 1992 lorsqu’il s’est vu malade et l’autre est décédé en 2002. Autant dire que cette question m’habite comme homme et prêtre. Je suis membre de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le SIDA), j’ai participé aux essais vaccinaux dans le cadre de la recherche pour trouver un vaccin. Je suis en lien avec des associations qui œuvrent au service des malades. Il semble que mes frères aient été contaminés par des seringues car ils se droguaient à l’héroïne. De nombreuses actions ont été menées depuis les années 85 pour la distribution gratuite de seringues. Cela a permis une diminution considérable de nombre de contamination par ce mode de transmission mais il est noté parallèlement que les pays ayant une attitude libérale sur la consommation de drogue ont des taux d’infection bien supérieurs à ceux qui pratiquent une politique restrictive. Ainsi la distribution de seringues ne suffit pas à éradiquer la contamination : seule l’interdiction des drogues dures et le sevrage le permettent.
Dans le cas de contamination par voie sexuelle, je relève que les personnes qui m’ont annoncé leur séropositivité au cours des dernières années étaient toutes des personnes parfaitement conscientes voire militantes sur la nécessité du port du préservatif. Relâchement ? Pratiques à risque ? Ou tout simplement multiplication des partenaires avec lesquels le risque zéro n’existe pas. Il serait illusoire de faire croire à des générations entières que grâce au préservatif les jeunes et moins jeunes ne risquent absolument rien. Le « au contraire » du pape doit être compris en ce sens : coucher avec quelqu’un comporte un risque si on ne connaît pas l’autre et faire croire que le préservatif résout tout est mensonger, voire criminel. Bien sûr qu’il faut mettre un préservatif si on ne connaît pas l’autre. Mais cela a-t-il du sens de coucher sans connaître l’autre ? Chacun peut répondre en conscience et doit agir en conséquence de ses choix et l’Eglise doit le rappeler. Mais le rôle de l’Eglise n’est-il pas de chercher et annoncer à la lumière de l’Evangile le sens des actes humains et par-dessus tout de défendre la vie ?

Père Pierre Vivarès
Curé de Notre Dame de l’Arche d’Alliance Paris 15e

Écrit par : P. Pierre Vivarès | 27/03/2009

DIFFICILE COMMUNICATION

> Tout d'abord un grand merci pour ce blog que je lis très régulièrement avec beaucoup d'intérêt.
Vous êtes le professionnel, donc vous avez sans doute de bonnes raisons de penser que la communication de l'Eglise n'est pas au niveau où elle devrait être.
Mais tout de même, je me sens toujours gêné lorsqu'à chaque fois que les journalistes (certains journalistes) écrivent à tort et à travers sur l'Eglise, j'entends que c'est celle-ci qui a mal communiqué, comme si les journalistes n'étaient responsables de rien. Je trouve qu'on les exonère facilement de leur devoir d'intelligence, ou même tout simplment d'honnété intellectuelle. Car enfin, dans affaire qui nous occupe, la phrase du pape était on ne peut plus claire et simple, elle commençait bien par un "si...., ". On a bien tronqué la première proposition qui donnait du sens à la suite pour en faire un slogan. Ce n'est tout de même pas de la haute théologie, que des non-initiés n'auraient pu comprendre; c'est tout simplement une phrase commençant par un conditionnel! Est ce à dire que nos journalistes ne comprennent pas (ne veulent pas comprendre ?)au delà d'un sujet, un verbe, un complément ? Ou plutôt que leur sens du raisonnement disparait devant la tentation de faire un titre, même si celui ci est contraire à l'objectivité ?
Oui, il y a eu désinformation (et même un peu lynchage !), et sous réserve d'une appréciation erronnée de ma part, je n'ai pas l'impression que la communication de l'Eglise ait été particulièrement confuse en cette occasion.
Maintenant il faut bien reconnaitre la parfaite incompréhension du monde journalistique vis à vis et des religions. Pourtant l'Eglise n'est pas sans moyens, mais ses journaux et revues n'ont ils pas peur d'apparaitre trop "catholiques " et d'être mis au nombre des "sources non fiables" par les autres media?
En tout état de cause, l'initiative à laquelle vous vous joignez est indispensable car effectivement il y a un fossé entre le message de l'Eglise et ce que veulent bien en relater les journalistes de la grande presse.
Merci à nouveau pour votre blog.

YMLP


[ De PP à YMLP :
Dans les réactions des médias il y a :
- une part de haines individuelles ;
- la machinerie médiatique, structurellement étrangère à l'univers mental de l'Eglise ;
- l'idéologie du matérialisme mercantile occidental, qui imprègne la communication ;
- beaucoup d'ignorance envers toute religion (et l'ignorance est la mère de l'hostilité), de la part de journalistes formés dans un climat totalement sécularisé.
Les catholiques n'ont aucun moyen d'agir sur les trois premiers facteurs : ils doivent en tenir compte, mais en sachant que les modifier est hors de leur portée.
En revanche, ils peuvent agir sur le quatrième. C'est même leur devoir... Tout en ayant conscience que le travail d'explication est plus facile envers certains événements et presque impossible envers d'autres - en particulier la sexualité, domaine où règne l'hystérie pour une série de raisons (dont la principale est le rôle hypnotique dévolu au sexe par le marketing depuis quinze ans). ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : YMLP | 27/03/2009

LE RESTE DE LA CORPORATION

> Il y a encore des journalistes qui savent faire correctement leur travail. Problème de communication d'accord mais vous n'allez pas me dire que les journalistes n'ont pas volontairement occulter l'essentiel du message papal en afrique...Il n'y a pas que la communication. Il y a ce qu'on veut voir et faire voir à une opinion formatée et ce qu'on veut habilement laissé sous le manteau.
http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/03/28/01006-20090328ARTFIG00078--ce-que-le-pape-a-vraiment-dit-aux-africains-.php
Beau commentaire également signé Philippe Bilger http://www.marianne2.fr/Quand-les-medias-se-payent-le-pape_a177491.html?com#comments
Bernard


[ De PP à B. - Certes. Mais devrions-nous ne pas faire circuler nos informations parmi le reste de la corporation, nous qui en faisons partie ? Même si une partie de ce reste nous abreuve de soupçons infamants ? ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : bernard | 27/03/2009

Lettre ouverte d’étudiants catholiques

À la suite des polémiques de ces dernières semaines, nous étudiants catholiques présents au cœur de la société, souhaitons faire entendre notre voix.
Membres de l’Eglise et acteurs du monde, nous affirmons notre grand attachement à un dialogue sincère et serein entre l’Eglise et la société. _ Ce dialogue respectueux est le fondement indispensable d’une coopération au service de tous.
Nous sommes ainsi profondément attristés par les récents événements qui ont exposé l’Eglise au feu de critiques acerbes. Dans une société où l’accès à l’information est aisé et les moyens de communication de plus en plus développés, comment se fait-il qu’on en vienne à un tel déferlement d’hostilité sans que plus personne ne fasse l’effort de se renseigner davantage pour écouter et comprendre le cœur du message énoncé ? Nous nous interrogeons encore aujourd’hui sur l’origine de la violence irraisonnée qui s’est manifestée envers le pape depuis près de deux mois. Sans discuter le fond, nous déplorons que le débat ait d’emblée manqué de raisonnement et d’honnêteté.
Cette société, nous y sommes nés, nous y avons grandi, nous y vivons, et nous en sommes partie prenante. Refusant de nous réfugier dans un repli identitaire, nous continuons de croire qu’elle a les ressources pour renouer un dialogue confiant avec l’Eglise. Ainsi, notre société saura appliquer les principes qu’elle prône elle-même : ceux du respect et de l’écoute.
Par-delà les polémiques, nous lui réitérons notre pleine confiance.
Le discours de l’Eglise fait appel à notre intelligence et à notre responsabilité. En aucun cas elle ne juge ou condamne la société, mais elle porte sur elle un regard bienveillant, soucieuse de l’épanouissement de chaque être humain.
Par cette lettre, nous voulons redire la confiance que nous avons pour notre pasteur Benoît XVI, dont les paroles doivent éveiller nos consciences hors de toute polémique excessive afin de nous amener à devenir des adultes responsables et actifs dans le monde.
C’est pourquoi nous appelons chacun en conscience à mesurer l’inutile agressivité dont Benoît XVI a été victime, à souhaiter l’arrêt de cette violence verbale et à instaurer un dialogue responsable riche d’une confiance mutuelle.

Charlotte Lefebvre, Stanislas Brozina, Alexandre Rousseau
Délégués des aumôneries universitaires et communautés
chrétiennes des Grandes Ecoles d’Ile de France

Secrétariat de la MECI
3, place St Germain des Prés
75006 – Paris
Tél : 01 55 42 81 28
Fax : 01 55 42 81 22

http://evry.catholique.fr/Lettre-ouverte-d-etudiants

http://evry.catholique.fr/IMG/pdf/lettre_delegues_MECI_mars_2009.pdf

Écrit par : Etudiants catholiques / | 27/03/2009

OBJECTIONS

> Trois commentaires à l'article, intéressant, du Père Vivarès :
1. Vous parlez de « trois affaires » ; en réalité il y en a quatre. Vous omettez (à mes yeux la plus grave) la tentative d'imposition d'un évêque en Autriche, dont la personnalité conservatrice, pour ne pas dire plus, a suscité une telle opposition des curés doyens, et de la conférence épiscopale autrichienne elle-même, que le Vatican, pour ne pas dire le Pape, a dû reculer. Cette affaire a été peu médiatisée, car interne, mais elle est grave si elle laisse supposer une volonté de renforcer le poids de la part conservatrice de la hiérarchie. On ne peut que faire le lien avec l'autre affaire, celle de Récife. Cette ville avait été rendue célèbre par l'action de don Helder Camara. Le tristement célèbre archevêque actuel avait été nommé à la succession de don Helder avec pour conséquence ( pour mission ?) de liquider son héritage. Beau résultat.
2. Dans l'affaire de Recife, vous omettez la caution fournie au plus haut niveau à l'archevêque par le Cardinal Ré, préfet de la congrégation des évêques, et donc sa référence hiérarchique directe. À ma connaissance cette caution n'a pas été démentie et elle est plus « étonnante » que la position de l'évêque. C'est une autre instance du Vatican qui a dû faire entendre une musique, Dieu merci, plus évangélique. Le résultat est cependant cacophonique, à la fois sur le terrain et au Vatican.
3. Si le Pape avait dit ce que vous dites : « faire croire que le préservatif résout tout est mensonger », il n'y aurait pas eu de problème. Mais, faire croire que le préservatif ne résout rien l'est tout autant. Ajouter « qu'ils augmentent le problème » est pour le moins aventuré, sinon provocateur. J'attends qu'on m'explique pourquoi Benoît XVI a pris le risque d'introduire de façon lapidaire, et avec le succès que l'on sait, ce commentaire dans une question qui ne l'appelait pas nécessairement ; s'il tenait absolument à aborder ce point précis, pourquoi ne pas l'avoir fait en des termes soigneusement pesés, et assez nuancés, pour anticiper et contrecarrer les interprétations malveillantes dont il n'était pas difficile de prévoir qu'elles surgiraient sur un sujet aussi polémique.
Avec tout le respect que l'on doit au Pape et à notre Eglise on ne peut qu'être consterné par une telle série d'erreurs. Ce serait bien qu'on ait un peu le temps de souffler... et souhaitons que d'autres évêques de Tours ne se croient pas obligés d'entretenir la flamme !

Écrit par : Jacques Vidal | 28/03/2009

Un texte étonnant dans "Témoignage chrétien" n°3341 du 26 mars 2009 !

Le bloc-notes
de Sébastien Lapaque
"La crise est dans l'homme"

Extraits :
"De même que le discours prononcé à l'Université de Ratisbonne le 12 septembre 2006 apparaît moins scandaleux qu'on l'a dit lorsqu'on le lit en intégralité, cette causerie spirituelle en haute atmosphère doit être lue in extenso pour être comprise.
Que dit le pape ? Que la crise est dans l'homme. Qu'il s'agisse des problèmes politiques, de l'effondrement des bourses partout dans le monde, de la famine qui ravage des continent sentiers, du Sida qui tue des hommes, des femmes te des enfants par millions, ce n'est pas à l'extérieur, mais à l'intérieur de l'homme qu'il faut chercher des solutions.
(...)
Au passage, le Saint-Père évoque l'encyclique écologique et sociale annoncée depuis des mois et qu'il nous tarde de voir paraître : dans un monde où, comme le notait Günther Anders, l'homme est perdu "dans son angoisse face à l'angoisse", le cap d'une insurrection de l'esprit contre les fatalités déchaînées doit être fixé de toute urgence. Ou alors il n'y aura plus de biosphère et plus de planète dans un siècle. Cela vaut pour le Sida comme pour toutes les catastrophes sociales et écologiques. Dans l'avion qui le conduisait en Afrique, le pape a prononcé le mot "sobriété". Cela plaira aux adeptes de la décroissance. A propos des moyens de lutter contre le Sida, Benoît XVI ne fait qu'étendre les possibilités de cette idée de sobriété à la vie sexuelle.
(...)
C'est étonnant le nombre de gens qui font semblant de ne rien comprendre - ou alors qui ne veulent absolument rien comprendre. L'homme moderne est tellement extérieur à lui-même qu'il ne supporte pas qu'on le renvoie aux responsabilités de sa liberté. Qu'un pape explique que la distribution de préservatifs peut empirer le fléau du Sida en laissant croire que la solution au problème est extérieure à l'homme, partant strictement technique, et c'est la curée.
Ceux qui connaissent la formation philosophique de Benoît XVI ne sont pourtant pas étonnés de le voir refuser de céder au "tout techniciste" jadis dénoncé par Martin Heidegger - et à cette idée qu'hors de la voie prophylactique, il n'y a point de salut.
Aux hommes et aux femmes de son temps, le pape rappelle simplement qu'ils sont confrontés à ce que Georges Bernanos appelait naguère une "immense conspiration contre toute espèce de vie intérieure". Ils doivent aujourd'hui la déjouer pour renouer avec les forces qui sont en eux-mêmes. C'est une exhortation spirituelle."

Écrit par : Michel de Guibert | 28/03/2009

"Je souffre et j'espère pour l'Eglise"
Par Mgr Claude Dagens*

L'Eglise catholique est sur la place publique. Les paroles de ses responsables, principalement le pape et les évêques, suscitent des débats. Tant mieux. Tous les échos que je reçois manifestent de la souffrance et en même temps un profond attachement à l'Eglise. La lettre du pape, la semaine dernière, montre que Benoît XVI a pris en compte ce trouble. Il y a une grande attente vis-à-vis de l'Eglise: qu'elle donne le meilleur, pas la dureté, mais l'amour.

Aujourd'hui, nous sommes dans un tintamarre. Nous assistons à un enchaînement de dérapages qui provoque un lynchage médiatique. Tout est mélangé dans la logique implacable et perverse de la culpabilité. S'il y a du mal, il faut chercher des coupables et instruire leur procès. Le mal, ce n'est pas le pape, mais le sida qui fait souffrir et mourir. Je demande d'abord qu'on rende justice au travail de l'Eglise, une des institutions qui fait le plus au monde contre le sida. Je l'ai mesuré dans un diocèse du Burkina Faso jumelé avec le mien. Ce qui prime, c'est l'attention à ceux qui souffrent et qui meurent, pas les règles générales. Il faut avant tout de la compassion et de la compréhension, et pas un jugement. Et quels que soient les moyens techniques de prophylaxie, comme le préservatif, utile en cas de nécessité pour ne pas donner la mort, il faut en appeler à la responsabilité et à l'éducation.

C'est ce qu'a voulu dire le pape. Il faut maintenant passer du choc à la réflexion sur les enjeux profonds, humains et spirituels de la mission de l'Eglise dans le monde. Certains voudraient un rapport d'opposition, de confrontation dure entre l'Eglise et le monde moderne. Ma conviction est que nous devons avant tout pratiquer l'écoute, la compréhension, le dialogue. Cela vaut pour la morale sexuelle comme pour l'engagement social et politique en ces temps de crise. Le concile Vatican II a rappelé avec fermeté que le Christ n'est pas venu pour condamner, mais pour sauver.

Aujourd'hui, je souffre intensément que l'Eglise puisse être réduite - de l'intérieur - ou considérée - de l'extérieur - comme un lieu de condamnation et d'exclusion, une institution durcie sur elle-même, laissant au second plan la manifestation du coeur de Dieu, que nous appelons sa miséricorde. Si nous imposons d'abord des principes moraux, nous créons un déséquilibre grave.Il faut aller à la source de l'Evangile: Dieu sème sa Parole, Il donne et Il se donne aux hommes. Les réponses morales viennent en leur temps. Certains esprits considèrent qu'il faut abandonner le dialogue voulu par le concile. Ces perspectives peuvent entraîner un durcissement de la tradition catholique à laquelle je ne me résigne pas. Nous vivons dans des sociétés qui souffrent, à cause des maladies, du sida, et aussi des violences sociales et économiques. Plus les souffrances sont fortes, plus l'Eglise doit offrir au monde la miséricorde de Dieu. La logique chrétienne n'est pas de chercher des coupables, mais d'arrêter l'engrenage du mal. Je viens d'accompagner un grand malade vers la mort. Cet ami était très critique vis-à-vis de l'Eglise.

Voilà la dernière phrase reçue de lui: "J'ai confiance. Dieu me dira d'abord: Viens dans mes bras." Cette découverte passe par un combat spirituel: oui à ce combat spirituel, non au rapport de force avec le monde!"

(*): Evêque d'Angoulême, de l'Académie française. Vient de publier Méditation sur l'Eglise catholique en France (Le Cerf).

http://www.lejdd.fr/cmc/chroniques/200912/je-souffre-et-j-espere-pour-l-eglise_196484.html

Écrit par : De Mgr Dagens / | 30/03/2009

Mgr Brunin : « Soyez toujours prêts à justifier votre espérance »

Dimanche 22 mars, la déclaration de Mgr Jean-Luc Brunin, évêque d'Ajaccio, a été lue dans toutes les églises de Corse.

« Soyez toujours prêts à justifier votre espérance » (1 Pierre 3, 15)

Une nouvelle fois, la polémique s'est engagée autour du pape Benoît XVI. Il me paraît utile d'apporter à la communauté catholique de Corse et, au-delà, aux personnes de bonne volonté troublées ou scandalisées par les propos rapportés dans les médias, les éléments d'information permettant de comprendre la portée réelle des paroles du Saint-Père lors de sa visite pastorale à l'Eglise en Afrique.

Pour éviter le « dé-lire », il est toujours prudent de « lire ». En l'occurrence, de prendre en considération l'ensemble des propos de Benoît XVI concernant ce fléau du sida qui frappe particulièrement les populations du continent africain.

Le pape n'a pas parlé du préservatif en termes d'interdit, comme certains raccourcis le laissent entendre. Il est évident qu'une personne contaminée par le virus IHV ne doit pas prendre le risque, dans une relation sexuelle, de transmettre le sida. C'est une question de bon sens et de respect de ce commandement fondamental : tu ne tueras pas ! Mais le pape a déplacé la question sur un terrain anthropologique beaucoup plus fondamental. Nous ne sommes pas, comme des commentateurs le prétendent pour disqualifier l'approche, face à une simple conception théologique ou une opinion morale, ou encore une position confessionnelle. Il s'agit bien d'une vision de l'homme et de sa dignité qui nous vient de l'Evangile et qui a une portée universelle.

Est-il scandaleux ou assassin de dire qu'on « ne peut résoudre ce fléau du sida par la distribution de préservatifs » ? Surtout lorsque le pape, dans la même déclaration, en appelle à une « humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre ».

Le pape mentionne les œuvres caritatives de l'Eglise, des organisations internationales comme Sant'Egidio ou des congrégations religieuses comme les Camilliens. L'Eglise en Afrique, comme d'autres O.NG, est quotidiennement présente auprès des malades du sida pour apporter des soins et du réconfort moral. Les chrétiens vivent une vraie proximité évangélique auprès des victimes de cette pandémie et de leur famille.

Le prochain Synode sur l'Afrique se tiendra en octobre prochain. Appelée à porter une parole de réconciliation, de paix et d'espérance, l'Eglise a autre chose à proposer aux africains qu'une vaste distribution de préservatifs pour faire face au fléau dévastateur du temps. Ce serait cautionner et promouvoir le zapping affectif et sexuel. Nous croyons qu'il est destructeur de l'homme, qu'il compromet l'équilibre et la stabilité de la famille, cellule de base de toute société.

Le message du Christ révèle une autre dimension de l'homme appelé à s'épanouir dans une vie relationnelle basée sur la confiance mutuelle, le respect de l'autre et la fidélité. C'est bien à cet idéal que le Saint-Père veut appeler dans son intervention. Cela participe clairement de l'annonce de l'Evangile de la vie qui détermine les prises de parole de l'Eglise catholique. Elle se reconnaît le droit et la mission d'intervenir sur tous les sujets concernant l'humanité. Elle le fait dans le domaine de la bioéthique, de la sexualité et de la famille, mais aussi sur la question du respect de l'environnement naturel, de la justice sociale, de la démocratie et du développement solidaire et durable. Elle le fait aussi sur les difficiles questions migratoires. Nous aimerions qu'en tous ces domaines aussi, la parole de l'Eglise soit entendue et répercutée largement. Ceux qui s'émeuvent légitimement du malheur des victimes du sida en Afrique, seront-ils aussi prompts à répercuter la parole de l'Eglise lorsqu'elle dénonce la misère qui continue de s'abattre sur le continent africain, ou la situation des centaines de migrants africains, - hommes, femmes et enfants -, qui viennent s'échouer et mourir sur les côtes de l'Europe ?

Prochainement, une initiative sera prise dans le diocèse, pour un temps de débat très large avec ceux et celles qui souhaiteront comprendre les raisons profondes et réelles qui poussent l'Eglise, dans l'esprit du Concile Vatican II, à prendre la parole sur tout ce qui touche l'homme et son avenir. Elle transmet, au nom du Christ, un idéal pour l'humanité. Même s'il demeure lointain et exigeant, cet idéal n'est ni ringard, ni disqualifié par un modernisme souvent réducteur et déshumanisant. La parole de l'Eglise que le pape porte courageusement, garde toute sa pertinence car elle dit des choses essentielles sur l'homme et pour l'homme.

Ajaccio, le 20 mars 2009

+ Jean-Luc BRUNIN
évêque d'Ajaccio

http://www.eglise.catholique.fr/page.php?Id=3411

Écrit par : De l'évêque d'Ajaccio / | 30/03/2009

@ Michel de Guibert

Malheureusement, ce n’est pas ce texte qui apparaît sur le site de TC, où l’on peut lire cet éditorial de Luc Chatel :

“L'Église, le préservatif et l'idéal par Luc Chatel"

http://www.temoignagechretien.fr/journal/article.php?num=3341&categ=Edito

"Au cœur de la tempête qu’il traverse, Benoît XVI a un atout : il peut compter sur de fidèles grognards. Ils sont prêts à tout. Au ridicule comme à la dialectique la plus sophistiquée. Les deux mènent parfois au même résultat, l’échec. En s’exprimant sur le port du préservatif, le pape a dérapé. Pour lui assurer une défense efficace, il était inutile d’en rajouter. C’est pourtant ce qu’ont fait avec maestria quelques ecclésiastiques et éditorialistes. On ne peut, d’un côté, critiquer les médias de masse, et, de l’autre, se précipiter vers les caméras pour alimenter de nouvelles dépêches. La palme du ridicule sera sans conteste attribuée à Christine Boutin. Elle a déjà rôdé sa technique sur d’autres sujets. Voulant effacer son image de mère la pudeur, elle joue la provocation et se met à parler crûment de sexualité, telle une Christine Angot de sacristie : « Je pense que ce n’est pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l’amour », a-t-elle déclaré. Ce qui nous a effectivement éclairé sur les intimes convictions du pape… Dans le même registre, on a pu entendre des évêques nous certifier que des Africains utilisaient le préservatif plusieurs fois, contrairement à l’usage conforme, dont ils devenaient ainsi les garants. On hésite entre les larmes d’hilarité et de tristesse. Une chose est sûre : c’est avec de telles sottises que l’on vide les églises.
D’autres se sont essayés à une argumentation de fond, sérieuse, austère, façon Ratzinger. Le principal argument avancé a été celui-ci : le pape, et à travers lui, l’Église, a pour mission d’indiquer un idéal. En l’occurrence la chasteté et la fidélité. Mais de quel idéal nous parle-t-on vraiment ? Celui de Jésus-Christ ou celui de Benoît XVI ? Car l’idéal qui rassemble la communauté des catholiques, nous le connaissons depuis plus de deux mille ans. L’Évangile est là pour nous le rappeler. Si les prêtres, les évêques, le pape ont une mission, c’est d’apporter la Bonne Nouvelle à leurs contemporains, à leurs frères croyants et non-croyants. Le ministère de la Parole est au cœur de leur fonction. Pour certains religieux, c’est même là l’essentiel, si l’on songe aux frères prêcheurs, par exemple. Et l’homme d’Église, pour se faire entendre, pour se faire comprendre, doit impérativement commencer par écouter. C’est l’un des plus vibrants messages de l’Évangile. On ne s’élève et on ne s’émancipe que par l’attention portée à l’autre. L’humilité, l’Amour, voilà de vrais idéaux. Ils appellent de vrais pasteurs.”

Sébastien Lapaque serait-il un "fidèle grognard" ?

Lire aussi la chronique de Mgr Jacques Noyer, évêque émérite d’Amiens:

http://www.temoignagechretien.fr/journal/article.php?num=3341&categ=Monde

Écrit par : MG2 | 30/03/2009

@ MG2

> Oui, bien sûr, le reste du numéro de TC n'est pas du même acabit que l'excellent bloc-notes de Sébastien Lapaque, mais il n'en demeurait tout de même pas moins surprenant -et une heureuse surprise- que cet article ait été publié dans leurs colonnes (à défaut de l'être sur leur site).

Écrit par : Michel de Guibert | 30/03/2009

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