La « Glorious Revolution » (1688) effacée ? Gordon Brown veut abolir l’interdiction du catholicisme sur le trône anglais

Est-ce pour empêcher un nouveau cas Charles II, catho refoulé donc roi lamentable ? 

<  Charles II. Avec Gordon Brown, disons : « plus jamais ça. »

 

 

 

Je propose un toast à Gordon Brown. Pourquoi mon enthousiasme envers cet Ecossais peu pittoresque ? Parce qu’il veut abolir une règle datant de la « Glorious Revolution » (il y a 300 ans), qui excluait les catholiques de la succession au trône d'Angleterre.

 

Personne n’étant catholique en ce moment dans la famille royale, on se demande ce qui peut pousser Brown, fils d’un pasteur presbytérien de Glasgow, à une réforme pareille.

 

Cette nouvelle loi supprimerait celle de 1688, dont le vrai but était d’interdire aux Stuarts, plus ou moins catholiques, de revenir sur le trône  d’Angleterre. Aujourd’hui les Stuarts sont éteints, ce qui faisait le désespoir de feu Anthony Burgess : car l’auteur du roman L’Orange mécanique était un nostalgique de Charles Ier, Charles II et Jacques II (il l’avoua un jour dans Paris Match). Nostalgie mal placée, d’ailleurs. Au moins en ce qui concerne le lamentable Charles II...  Ce demi-catholique tremblait de peur devant ses sujets antipapistes. On croit que Charles rêvait un peu de rétablir le catholicisme dans son royaume (et l’avait un peu promis à Louis XIV, au pape et aux jésuites) ; mais il se laissa manœuvrer par son conseil privé, lui-même manoeuvré par les anglicans, eux-mêmes tremblants de peur devant les roundheads féroces prêts à re-coiffer le casque et à re-prendre le mousquet en chantant les psaumes de Cromwell[1]. Du coup, en 1681, dupé par la rumeur bidon d’une conspiration franco-papiste (rumeur fabriquée par les anglicans), Charles II permet qu’on arrête l’archevêque primat d’Irlande, Oliver Plunkett, qu’on le condamne sans preuve pour conspiration, et qu’on lui inflige le tatillon supplice d’être pendu, dépecé et brûlé.

 

En 2008 il n’y a plus de Stuarts et Oliver Plunkett est un saint dont on peut vénérer la tête en la cathédrale de Drogheda.

 

Gordon Brown projette d'aller plus loin. Car Dieu seul sait si un dynaste descendant d’Elizabeth II ne sera pas tenté d’être catholique… Il devrait alors refouler son catholicisme si la loi interdisait toujours cette religion sur le trône ; et le refoulement mène aux actes manqués, comme de dépecer les archevêques.

 

Je ne vois pas d’autre explication : c’est pour immuniser le palais de Buckingham contre un retour aux errements de Charles II, assassin par trouille, que le Premier ministre veut changer la loi fondamentale.

 

C’est pourquoi je vous propose le toast :

 

-  à Gordon Brown !

 

 

 

 

Tout ceci a (bien entendu) été écrit la langue dans la joue, comme on dit en anglais.

 

 

  

---

[1] Philarète Chasles, Revue des Deux Mondes, 1846 :  « On entend souvent les capitaines crier : En joue! feu! au nom du Seigneur!... Il y a des sergents qui ne font jamais l'appel de leurs hommes qu'en récitant le premier chapitre de saint Luc ou le premier livre de la Genèse : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre... Au, c'est le premier homme; commencement, c'est le second; et ainsi de suite. Chaque roulement de tambour portait aussi un nom biblique. –  Faites battre, disait un capitaine, le rappel de saint Matthieu ou la générale de l'Apocalypse. »  […]  Rien n'est plus singulier dans ce genre que le petit livre composé par un nommé Lazare Howard, capitaine, et dont le but est de faire servir chacun des mouvemens du soldat à son amélioration spirituelle; il est intitulé : Exercices militaires et spirituels pour les fantassins, « avec les instructions à donner pour arriver au paradis en douze temps, l'arme au bras. » Ce livre, qu'on prendrait volontiers pour une plaisanterie, est sérieux. - Il faudrait, dit-il, faire profiter à l'âme chaque mouvement du corps, et, par un double mouvement simultané, faire de nous à la fois des soldats terrestres et des soldats célestes. - Or, voici ce qu'il propose : chaque commandement prononcé, « demi-tour à gauche! en avant, marche! etc., » se décompose en acrostiches, et un verset, soit de la Bible, soit des psaumes, se trouve attaché à chacune des lettres qui composent ce commandement. Ainsi, après le commandement : demi-tour à gauche, tous les soldats répètent en exécutant le mouvement :

D-onnez-nous notre pain quotidien...

E-t pardonnez-nous nos offenses...

M-oïse, inspiré du Seigneur...

I-rrité, le Seigneur frappa Sodome...

T-on frère Abel, qu'en as-tu fait ?...

O-h ! vous m'avez précipité dans l'abîme !...

U-n enfant d'Abraham dans le désert...

R-achel pleurait et ne voulait pas se consoler, etc  »