Dix paras français tués en Afghanistan – L’heure des questions va sonner

…et ce sont des questions vitales :

 

 

 

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Avec toute la France, rendons hommage aux dix tués du 8^e RPIMa. Comme l’a dit hier Pierre Moscovici, ce n’est pas l’heure de demander au gouvernement ce que des soldats français font en Afghanistan sous commandement bushien.

« Mais il va falloir ensuite poser les vraies questions », a ajouté Moscovici, à juste titre.

Ces questions ne visent pas la nécessité de combattre l’islamisme dans sa dimension internationale [1].  Elles  concernent  l’enlisement du conflit en Afghanistan :

- guerre orwellienne, sans autre but que de se prolonger elle-même  (tout en protégeant des narco-féodaux, l’Afghanistan occupé étant devenu le numéro 1 des pays producteur de drogue),

- guerre qui multiplie les « dégâts collatéraux », « erreurs de cible » et « tirs amis »,

- guerre qui n’arrive à rien, les talibans ne cessant de progresser en dépit des moyens (toujours plus massifs) déployés par l’OTAN,

- guerre menée de  façon  ubuesque,  par  un  Pentagone  qui ne sait plus ce qu’il dit… Hier, le commandant en chef américain déclarait que les talibans avaient « des atouts », au nombre desquels : « la chaîne de commandement, le renseignement, et la capacité de tuer. »  Faut-il en conclure que l’alliance atlantique [2] n’a ni commandement, ni renseignement, ni combativité ? Ce serait une raison militaire pour que la France quitte l’OTAN. (Sans compter les raisons politiques, philosophiques, morales et spirituelles).

Mais pour quitter l’OTAN, il faudrait que la France se souvienne d’elle-même. On se demande si c’est faisable. Une dépêche AFP de ce matin nous informe que le député gouvernemental de Castres, partisan de la guerre américaine,  porte le « ruban jaune » en signe de solidarité avec la présence militaire française en Afghanistan. Or ce ruban est un symbole exclusivement américain, sans aucun enracinement en France...  Le  porter  signifie  que  les  élus  français  ne peuvent mobiliser en faveur de cette guerre aucun ressort psychologique national. En revanche, les élus savent que des millions de familles téléspectatrices françaises ont vu le ruban jaune aux fenêtres des maisons américaines à propos de la guerre d’Irak ; escomptent-ils que notre acculturation US dissoudra nos objections envers l’enlisement afghan ?

Mais pour envoyer des Français se faire tuer en  nombre de l’autre côté de la planète, il faudrait des motivations moins virtuelles.

Il faudrait surtout faire quelque chose « face à l’appétit de conflits apparemment insatiable de l’humanité », comme le disait cette année Mgr Silvano Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à Genève.

 

 

 

PS/ Quand la chose militaire française était gaullienne, les belliqueux Bataves de l’OTAN ne l’aimaient pas. Ils l’aiment depuis qu’elle s’américanise. Se battre contre des Afghans est de leur goût. Ils voudraient que l’on se batte aussi contre les Russes. Mais hier, en réponse aux menaces de l’OTAN, les Russes ont fait observer qu’ils pouvaient fermer leur espace aérien aux communications occidentales vers l’Afghanistan, supprimer leur appui aux opérations alliées dans ce pays, et laisser les Occidentaux seuls face au terrorisme...  Les pays de l'OTAN devraient se réveiller de leur rêve américain. Erreur cauchemardesque : rester liés au Pentagone alors que le XXIe siècle ne sera PAS le « siècle des Etats-Unis ».

 

 

  

 

 

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[1]  Encore faudrait-il évaluer la véritable nature de ce déstabilisateur politique, ambigu à un point ignoré de nos journaux.

[2]  On ne savait pas que l’Atlantique baignait l’Afghanistan.

 

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