28/07/2008
Barack Obama est passé par Paris : mais ça n’a pas lancé notre presse dans un abîme de réflexions
La seule vraie question n’a pas été posée :
Au passage d’Obama en Europe – notamment à Paris -, mes confrères se sont livrés à des comparaisons de prestance entre le candidat US et ses hôtes (allemands, français, anglais). Futilité pandémique des médias. En outre, cet exercice de comparaison était privé de sens. La véritable question aurait été celle-ci : à l’heure où le chaos financier occidental appelle à une résurrection des pouvoirs politiques, ces derniers sont-ils en mesure de ressusciter ?
S’ils ne le sont pas, on voit mal ce qui pourrait remédier au chaos.
Cette question n’a pas été posée par les médias, parce qu’ils considèrent comme incorrecte l’idée d’un retour du politique. « Le » politique est ostracisé en Europe. On veut bien de « la » politique, jeu qui ne dérange pas les intérêts privés (par exemple : la milliardaire Carla Bruni déclarant : « je suis viscéralement de gauche »*) ; mais les esprits restés bloqués à l'heure du « global » excluent le retour des Etats, gardiens régionaux du bien commun, partenaires souhaitables d’un rééquilibrage de la planète. Envisager un virage néo-interventionniste est vu comme un quasi-délit. Ce virage servirait les intérêts des peuples ? Ces intérêts-là n’entrent plus en ligne de compte, la philosophie des élites s’y oppose. Demandez à M. Mandelson.
C’est en ces termes que la situation se présente, même si les médias vous disent autre chose. Pour entendre des analyses plus réalistes (ou moins intéressées) en matière politique, économique et sociale, il faut se mettre à l’écoute du Saint-Siège. Mais si.
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(*) Ce qui veut dire : « partisane des nouvelles mœurs libérales-libertaires ». (Et non : « opposée au capitalisme ultralibéral », évidemment !). A ce compte, même Bertrand Delanoë pourrait se dire « de gauche ».
08:46 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
DROP HIM NOW
> D'accord sur le fond. Cela dit, les propos du sympathique Barack n'ont pas eu de quoi inspirer beaucoup les analystes : plus prudent tu meurs. Mais il est en campagne électorale. Quant à McCain, son clip contre la tournée Obama était d'une crétinerie congénitale. Drop him NOW.
Écrit par : Flistrup | 28/07/2008
LE POLITIQUE
> Vous avez 100 fois raison. A quand le retour du Politique?
On dit que l'on a les dirigeants que l'on mérite et, malheureusement, je ne vois pas grande amélioration dans ma jeune génération... Permettez moi d'être pessimiste. Même si vous avez raison, "hors de l'Eglise, point de salut".
Amicalement,
Écrit par : Vincent | 28/07/2008
LA DIFFERENCE
> Je ne suis pas trop les élections us (je m'en moque un peu car leur politique intérieure ne m'intéresse pas et leur politique extérieure change peu quel que soit le président), alors pourriez-vous rapidement m'expliquer les différence Obama/Mac Cain cher Patrice,si cela est possible?
A part ça, les journalistes et le personnel politique actuel me font furieusement penser à leur compères des années 40. Ils se vautrent dans la collaboration avec le matérialisme-mercantile comme leurs prédécesseurs avec l'occupant. lls se contentent de lécher les bottes et de clamer:" oh comme il est beau!". Pas question de réfléchir ou de poser des questions de fond car ce serait un début de résistance, voir de révolte et alors, on perdrait sa position et son bien-être. Que de lâcheté. Peu de gens de ces milieux sont capable de dire non.
vf
[ De PP à VF - Obama et McCain sont en campagne : leurs positions sont tactiques et mouvantes. Les seules supputations qu'on puisse faire concernent leurs tempéraments respectifs. De ce point de vue, McCain est inquiétant : aussi influençable sur le plan des valeurs, que psychorigide dans son goût de la guerre. ]
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Écrit par : vf | 28/07/2008
AMERICAIN TYPE
> Barack Obama, aussi sympathique qu'il soit en comparaison face à McCain, reste un américain "type" : faudra pas compter sur lui pour remettre en cause la civilisation occidentale et son mode de fonctionnement.
Écrit par : Gilles T | 28/07/2008
@ P2P
> Avez vu lu "Continuer l'histoire" de Hubert Védrine. Vous constaterez que personne parmi les analystes ne croit plus au mythe de la disparition de l'Etat. Même Samy cohen, qui enrage. Les Etats demeurent les acteurs principaux
Écrit par : Zoro | 03/08/2008
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