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27/07/2008

Le Royaume n'est pas un "royaume"

et l’Evangile est toujours neuf :


 

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Matthieu 13, 52 : « C’est ainsi que  tout scribe devenu disciple du Royaume des cieux  est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien… »

Une exégète commente : « Nous savons combien les mystères  révélés par Jésus s’enracinent dans la révélation de la première Alliance, nous savons aussi que celle-ci trouve tout son sens et son accomplissement en Jésus Christ. Connaître l’une et l’autre, voilà le grand, l’unique trésor. »

 

D'un moine : 

« Dans notre idée à nous, un royaume est une réalité massive, opulente, suffisante ; une réalité qui doit absolument occuper toute la place et dont les prétentions à l’occuper sont par conséquent légitimes, du moins à ses propres yeux ; autrement dit, une réalité qui ne laisse subsister aucun cas de figure possible, puisque aussi bien, par définition comme par prétention, ce royaume est toujours le plus grand royaume possible.

«  Dans l’idée de Jésus, un royaume – le Royaume – est tout autre chose. Et, tout d’abord, c’est le plus petit royaume possible. Réalité minimale, telle la graine (cf. Mt 13,24) ou la perle qui, laissant toute la place au lieu de la prendre, laisse aussi tous les cas de figure possibles. Une réalité dont l’ « in-stallation » constitutive fonde la possibilité d’une quête, d’une poursuite, d’un perpétuel mouvement. Alors que le royaume mondain, occupant tout à l’avance dans l’inquiétude d’être lui-même occupé, annule et assassine l’espace, le royaume évangélique laisse l’espace intact et va jusqu’à le susciter par sa présence même. En déplacement à l’intérieur de nous, comme la perle au gré de l’océan ou la semence à la merci de la terre qui l’attire en ses avenues obscures, le royaume évangélique nous établit nous-même en déplacement. Alors que le royaume mondain est partout, il est, lui, quelque part : c’est là tout son intérêt, tout son mystère, toute sa précarité aussi, dès là que ce quelque part est en nous. »

(François Cassingena-Trévedy, Etincelles II, pp. 417-418)*.

 

Comme tout ce que nous propose le bénédictin de Ligugé, ce passage  déplace nos repères. Le Royaume (ici et maintenant) et sa perspective eschatologique (« réunir l’univers entier sous un seul chef, le Christ », Ep. 1, 5-10) ne correspondent pas à un royaume ordinaire.

Le Royaume n’est pas un pouvoir, compact et impérialiste, mais une disponibilité, infiniment mobile : l’homme entrant dans la réciprocité du Père et du Fils, par l’Esprit.

Ceci disqualifie les idéologies politico-religieuses, qui confondent Royaume et pouvoirs, mystique et emprises… Croire « défendre » (?)  le Royaume comme un parti est absurde, souvent obscène.

Ce qui ne veut pas dire que la foi ne puisse engendrer par surcroît (temporairement, ici ou là) un certain ordre humain séculier à certains moments de l’histoire : mais ces réalisations sont éphémères et incomplètes. Socialement, à leur niveau, elles tâchent de refléter quelque chose du Royaume : ce n’est jamais très réussi ni pour très longtemps. Quand la même intention ressurgit ensuite, là ou ailleurs, c’est toujours sous d’autres formes, qui ne ressemblent pas à celles du passé. Elles ont même l’air de les contredire. Si elles déconcertent les passéistes, c’est qu’elles viennent de l’Evangile toujours neuf.

 

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(*) http://www.laprocure.com/livres/francois-cassingena-treve...