La Chine pollue… pour satisfaire les consommateurs occidentaux

Energy Policy appelle à un examen de conscience économique :

 

 

Oui, les émissions chinoises de gaz à effet de serre ont doublé depuis 2003.

Oui, ce fut longtemps l’argument de la Maison Blanche et des droites européennes pour se défausser du problème climatique.

Mais sommes-nous innocents de cette pollution ?

Non : le tiers du volume des émissions chinoises vient des entreprises exportatrices – à destination des hypermarchés d’Occident.

La confirmation chiffrée est publiée ce mois-ci par la revue britannique Energy Policy. Dans son dossier, l’économiste Klaus Hubacek (université de Leeds) explique : « Notre niveau important de consommation contribue directement à l’échauffement climatique, en particulier si les biens de consommation sont fabriqués dans d'autres pays comme la Chine, pays où les technologies dépendent de l'énergie tirée du charbon. »

En Chine, les émissions de CO₂ issues d'entreprises exportatrices ont massivement augmenté en cinq ans : de 12% du total des émissions en 1987, à  33% en 2005. D’où le diagnostic du Pr Hubacek : « Il ne s'agit pas d'un problème uniquement chinois. C'est notre responsabilité. De nombreux pays occidentaux, déjà en retard par rapport à leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre, délocalisent et font sous-traiter leur production de pollution. »

Au rythme actuel, estime Hubacek, les émissions de gaz chinoises tripleront d’ici à 2023.

Qu’y faire ?  « Les Chinois aspirent de plus en plus à un mode de vie à l'américaine, grand dévoreur d'énergie. Il est à craindre que même les progrès techniques permettant de limiter les émissions ne suffiront pas à l'avenir… Ne se reposer que sur le progrès technologique ne réussira même pas à stabiliser la pollution de la Chine à l'avenir […] Même les estimations les plus optimistes, se basant sur des installations massives de système de captage et de stockage de CO₂  ne feront que ralentir la hausse des émissions. »

Conclusion, il faut changer le mode de vie occidental. Non pour abaisser le niveau de vie des Chinois : mais pour rompre avec le consumérisme illimité, système économiquement et socialement malsain comme Jean Arthuis le montrait dans son livre Mondialisation : la France à contre-emploi (Calmann-Lévy 2007). Système également contraire à la vision chrétienne de la vie, comme William Cavanaugh le montrait dans son livre Etre consommé (L’Homme nouveau 2007). Et comme Benoît XVI l’a proclamé une fois de plus à Sydney.