12/07/2008
En écho aux questions d’Ingrid Betancourt
Hymne XLII de saint Ephrem sur l'Eglise :
Traduction de F. Cassingena-Trévedy
1 Les prêtres du Peuple
Passaient le pectoral
Sur eux, avec l’éphod :
Bien supérieur, le tien,
Ô Prince des grands prêtres !
Car Ton corps est pour toi
Un genre d’éphod et,
Au lieu du pectoral,
Du pain se fait habit
Ta Puissance cachée.
Refrain Gloire à Toi, Seigneur !
Tu te revêts de notre corps
Et par lui Tu nous donnes vie.
2 Ah ! qui serait capable
De faire le décompte
De Ton riche trésor ?
Tu préfères la bouche
Et prises sa louange
Plus que toutes les voix
De s créatures ensemble.
La terre et l’océan
T’ont porté en triomphe,
O Toi, le Fils du Roi !
3 Mais, ravi par la harpe,
La harpe enchanteresse,
Le Roi s’assoupissait…
Le bruit de l’océan
Était tel une harpe
Aux vastes harmonies.
Notre Roi sommeillait ;
Le corps, oui, sommeillait
Tandis que l’Oeil caché
Restait de veille en Lui.
4 Et la voix de la mer
Était pour Toi murmure,
Fredonnement léger ;
Mais pour les matelots,
C’était un vrai tonnerre,
Un énorme fracas.
Saisis par la panique,
Les endormis s’en vinrent
Éveiller le Veilleur
Pour qu’Il les éveillât.
5 La mer est une harpe :
Ses flots, ce sont ses cordes
Et le vent est son plectre.
La mer s’est accoisée
Comme fait une harpe,
Et comme fait un plectre
Le vent s’est accalmi.
C’est la même Ordonnance
Qui les a excités
Et les a assagis.
6 Sitôt les flots calmés,
Les bouches volubiles
Sonnèrent la louange ;
Des voix par d’autres voix
Ce fut remplacement :
La Gloire sur les bouches
Au lieu du son marin.
Le navire se mit
À faire le négoce
Des mystères cachés !
7 Puisque des matelots
Toute lège était l’âme,
Des Trésors, des Dépôts,
– Richesses à plein bord –
Ils s’emplirent l’esprit.
La voilà bien, la mine
Qui vient à la dizaine,
Et la voilà, la Foi :
C’est le talent du Roi
Qui en rapporte dix !
8 Pour prêter son secours,
Le Seigneur de la mer
À la mer descendit ;
Il vit les commerçants
Se donner de la peine
Dans le but d’amasser
De s denrées temporelles ;
Par un bien étranger,
Ils perdaient leur bien propre :
À perte allait leur vie !
9 Eux, voulant se gagner,
Ils se perdaient eux-mêmes :
Il se fit leur docteur
Et leur apprit comment
Eux-mêmes se chercher
Et faire le négoce
De leur propre personne :
Conversion des marchands !
Chacun fait du commerce,
Mais de sa propre vie !
10 La mer qui engloutit
Profits et bénéfices
A été profitable,
Elle qui, par son bruit,
Fit acquérir la Foi,
Ce trésor de la Vie,
À tous les trafiquants ;
Par la voix de la mer,
Ils apprirent combien
Grande est la voix du Fils.
11 Aux oreilles et aux yeux
Notre Sauveur, sur mer,
Imposa le silence ;
Puisque les créatures
Muettes ne pouvaient
Offrir une louange,
La bouche, elle, parla ;
La langue remboursa
Ce que devaient les sens,
Faisant monter « Merci ! ».
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