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09/07/2008

Ingrid Betancourt (dans "La Vie") : ce qu'elle veut demander à Benoît XVI

...ce sont les questions que se pose l'époque au sujet du catholicisme :


 

>

Médias : <<  Ingrid Betancourt souhaite rencontrer le pape pour pouvoir lui parler de ce qui lui pose problème dans l'Eglise catholique. Le pape Benoît XVI, qui a envoyé un télégramme à la sénatrice franco-colombienne après sa libération, a fait savoir qu'il recevrait l'ex-otage dès que son emploi du temps le lui permettrait.

"Je voudrais parler théologie avec lui. Il y a beaucoup de choses que je voudrais qu'il m'explique", déclare Ingrid Betancourt dans un entretien à l'hebdomadaire La Vie à paraître jeudi. "Par exemple, pourquoi l'Église catholique s'arroge le droit d'excommunier des gens alors que Jésus n'a jamais excommunié personne? J'y ai beaucoup pensé durant ma captivité. Je me sens catholique, mais il y a des choses qui me gênent dans cette religion", ajoute-t-elle.

Très croyante, Ingrid Betancourt s'était confectionnée pendant ses six ans et demi de détention un rosaire avec lequel elle priait tous les jours. Elle avait aussi découvert la lecture de la Bible. "J'ouvrais souvent les Écritures au hasard, notamment lorsque j'étais inquiète ou angoissée, et je tombais sur une parole qui m'était vraiment destinée, qui me rassurait, me donnait envie de continuer à vivre, à croire, à espérer", dit-elle. >>

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Commentaire -  On verra dans  La Vie ce que dit Ingrid Betancourt. L'interprétation qu’en font les agences est néanmoins une double indication :

a) indication de l’attitude de grands médias : la foi les dérange, surtout quand elle vient d’une de leurs héroïnes ; ils sautent donc sur l’occasion de suggérer que ladite héroïne est, en réalité, en désaccord avec l’Eglise.

b)  indication de l’existence d’un problème véritable entre les gens d’aujourd’hui (même croyants) et l’Eglise.

- C’est un problème d’explication, de la part du Magistère ;

- et un problème de mise à jour, de la part des « catholiques de base ».

> Problème d’explication : les consciences d’aujourd’hui ont tendance à rejeter tout ce qui est lié à l’Eglise en tant qu’institution (et le cas de « l’excommunication » en est un exemple limite). C'est : 1. parce que l’air du temps rejette toutes les institutions (effet de l’ultralibéralisme dans les esprits : tout ne doit être que libre service individuel); 2. parce que le Magistère explique mal la raison d’être de l’organisme Eglise et de ses modes de régulation interne… qui se sont pourtant beaucoup assouplis depuis Vatican II. Pourquoi ce défaut d’explication ? Question de langage inadapté. Question aussi (mais de moins en moins depuis dix ans) de « mauvaise conscience » de certains milieux ecclésiaux, non encore libérés des faux problèmes des années 1980 et même 1970.

> Problème de mise à jour de de notre part, catholiques de base : une partie d’entre nous ont l’impression que l’Eglise devrait cesser d’être une institution,  ce  qui  revient  à  jeter  le  bébé avec l’eau du bain. Une autre partie est dans l’erreur inverse : ils s’enferment dans une nostalgie déformante (comme si l’Eglise des temps anciens avait été parfaite) et voudraient « plus de rigueur » (comme si c’était une voie d’avenir). La plupart se contentent de faire confiance : ce qui est louable, mais inefficace s'il  faut expliquer aux incroyants pourquoi l’Eglise agit de telle ou telle manière. De quelle manière agit-elle en réalité ? Pourquoi les choses se passent-elles parfois mal ? Comment l'Eglise peut-elle parler avec autorité alors qu'elle est composée de pécheurs ? Pourquoi ne peut-on envisager la vie spirituelle catholique comme une activité de consommateurs ayant tous les droits ? En quoi la foi au Christ est-elle autre chose qu'une projection de nos désirs individuels ? Etc.

Ce sont les perplexités de notre temps. Ingrid Betancourt, dont la foi incandescente n’est pas discutable, les porte aussi en elle. Elle veut en parler à Benoît XVI. Elle a raison. Ayant eu le bonheur de rencontrer cet homme, je peux dire qu’elle sera accueillie à bras ouverts  - et qu’elle aura les réponses souhaitées. Je suis sûr qu’elle saura en faire profiter tout le monde.

 

 

Commentaires

DOUBLE PIÈGE

> Donc ne tombons pas dans le double piège de la gauche et de la droite : la gauche qui va monter en épingle ce qu'elle va présenter comme un recul d'Ingrid envers l'Eglise catholique ; la droite qui va croire la gauche (comme d'hab') et dire que décidément Ingrid n'est qu'une infréquentable Verte. Ils ajouteront : "vive Uribe", "vive Bush", "vive McCain" (les trois piliers de l'Eglise neocon), ce qui est leur réflexe de base. Donc deux façons, de gauche et de droite, de sortir du sujet, qui est vraiment ecclésial et interne au monde catholique.

Écrit par : Amicie T. | 09/07/2008

OPTIMISTE

> Je suis très optimiste sur la rencontre entre Ingrid Bétancourt et Benoit XVI! Je n'ai pas eu le bonheur de rencontrer notre Pape, moi, (ah si au JMJ de Cologne, sur les épaules de mon fiancé) mais j'ai confiance dans sa bonté et son intelligence, de même qu'en la sincère recherche d'Ingrid Bétancourt.
ps : vous l'avez raconté quelque part votre rencontre?

Marie C


[ De PP à MC - Il n'était pas encore pape à l'époque. J''évoque cet entretien dans le livre "Benoît XVI et le plan de Dieu", paru en 2005 ! Et j'en avais fait un éditorial dans Le Figaro Magazine. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Marie C | 09/07/2008

CE QU'ELLE A DIT

> Si on lit correctement les paroles d'Ingrid Betancourt, elle n'a pas dit qu'elle comptait rencontrer le Pape pour disserter sur les problèmes de l'Eglise. Ce sont les médias qui lui font dire qu'elle va « lui parler de ce qui lui pose problème dans l'Eglise catholique. » « Lui parler » a quelque chose de péremptoire et d'affirmatif, qui ferme la discussion avant même qu'elle commence.
Non. Elle a simplement avoué : « Il y a beaucoup de choses que je voudrais qu'il m'explique » car « il y a des choses qui me gênent dans cette religion » C'est justement parce qu'elle a des difficultés à comprendre qu'elle demande des explication. Mais dans les médias, ce genre de subtilité n'existe pas : on n'y connaît que le registre de l'affrontement.

Écrit par : Blaise | 09/07/2008

EXCOMMUNICATION ?

> Le pape expliquera à Ingrid Bétancourt que l'Eglise peut annuler une excommunication. Ce fut le cas lorsque Paul VI rencontra le patriarche Athénagoras en 1965. Ce jour-là, les sentences d'excommunication réciproque de 1054 ont été abrogées.
En outre, être excommunié ne veut pas dire aller en enfer. L'Eglise prononce l'excommunication mais seul Dieu est juge de l'âme du croyant. Etre excommunié, au sens littéral, c'est être privé de sacrements. On reste toujours un baptisé, un confirmé ou un ordonné. Baptême, confirmation, ordre sont des sacrements indélébiles sur lesquels l'Eglise ne peut revenir. L'excommunié n'est pas exclu de l'Eglise mais de la communion in sacris. Si le croyant fait amende honorable, il est pleinement réintégré et peut recevoir à nouveau des sacrements (comme l'eucharistie ou la réconciliation).

Écrit par : Sébastien | 09/07/2008

ÊTRE ACCESSIBLE

> Expliquer, certes.
Mais pour expliquer - l'idéal serait à la manière de Saint Thomas d’Aquin dans sa somme théologique (question – objection – réponse – solution) – il va falloir être clair. Il ne suffit pas de dire sur tous les tons que DIEU est amour, car on s’en doute ; mais il faudrait faire preuve d’un minimum de démonstration accessible au raisonnement de l’homme ordinaire et non réservé aux initiés des mystères du Christ.

Exemple :

Satan est le prince de ce monde au travers de l’influence néfaste que la providence, c’est-à-dire DIEU, soit la Trinité, lui permet d’exercer. En précisant que DIEU n’a jamais créé Satan, mais Lucifer, qui à l’origine était un être parfait qui s’est ensuite dénaturé lui-même par un exercice désordonné de sa propre liberté.
Et alors d’expliquer le pourquoi de cette situation, sa signification profonde, soit la phase de MURISSMENT actuelle au travers de laquelle on doit passer pour exercer notre jugement en TOTALE LIBERTE. Phase de mûrissement à laquelle succédera la période adulte après la résurrection des morts quand arrivera le terme arrêté par DIEU.

Le scandale de la Croix.

Mais le sang du Christ, c’est l’homme, qui dans un état de confusion vis-à-vis de la réalité des choses (confusion lui accordant par ailleurs d’une certaine manière le bénéfice du doute et atténue ainsi sa responsabilité) l’a versé en poussant sa LIBERTE jusqu’au meurtre de son propre Créateur. DIEU, en la personne du Verbe s’est volontairement incarné pour se livrer au bon vouloir des hommes qui ont agi à leur guise, jusqu’à l’issue que l’on sait. DIEU fait ainsi la PREUVE qu’il assume jusqu’au bout les conséquences des actes de sa créature raisonnable de chair qu’est l’être humain.
Il a volontairement pris le risque de se faire assassiner par sa créature et de pardonner à ceux qui regretteront leur geste après avoir pris conscience concrètement de la réalité de celui-ci. Ceci démontre un cran et un AMOUR incroyable de la part de ce DIEU de LIBERTE.
Sinon, on risque de n’y rien comprendre, comme si DIEU avait besoin de sang à la manière notamment des sacrifices antiques dont notamment les sacrifices humains pour « apaiser la colère des dieux ». C’est d’ailleurs à se demander si l’existence de ces sacrifices n’a pas pour objet de brouiller la signification réelle de la Croix.

Et ainsi de suite pour tous les autres sujets.

Il faut donc parler clairement notamment du diable et du péché et ne pas tourner autour du pot avec une phraséologie plus ou moins évanescente pour le commun des mortels.

Écrit par : roxane | 09/07/2008

L'EXCOMMUNICATION

> est excommuniée ipso-facto,
toute personne qui s'arc-boute sur une expression de la foi, fausse en vérité, mais qui quoi qu'il lui en coute, continue d'affirmer que tous on tort, sauf lui!
par exemple un cas célèbre : luther;
luther affirmait, que : "on est justifié par la foi seule"
luther affirmait que : "seule l'écriture fait autorité"
selon sa conviction à lui seul, il n'y avait donc plus besoin de l'institution visible qu'est l'Eglise, et que, seulement en croyant, on était déjà sauvé!
or si luther a raison, que l'écriture seule fait autorité, alors celle-ci doit, en son sein, affirmer que "seule l'écriture fait autorité"!
or le seul endroit dans la bible où il est écrit que "ce qui est la colonne et le support de la vérité....", et nous révèle la bonne réponse, c'est dans la deuxième lettre de st paul à timothée au chapitre 3 et au verset 15, l'écriture continue en nous révélant que :
"c'est l'Eglise du Dieu vivant qui est la colonne et le support de la Vérité"
il n'est pas écrit que c'est l'écriture qui est la colonne et le support de la vérité; donc luther affirme quelque chose de faux
de plus, dans l'épitre de st jacques au chapitre 2 et au verset 24 il est écrit :
"c'est par les oeuvres que l'homme est justifié et non par la foi seule"
là encore luther a faux
ainsi donc les deux affirmations de luther, qui soit dit en passant affirme que c'est Dieu qui lui a révélé ceci, est complètement dans l'erreur, et donc n'écoutant pas la correction de l'Eglise Catholique Romaine, s'en trouve de fait exclu, et donc ne peut-être qu'excommunié !

Écrit par : jean christian | 10/07/2008

MAGISTERE

> Votre analyse sur les "catholiques de base" est la conclusion de mes observations : l'Ecclésiologie est totalement inconnue des cathos de base mais aussi d'un trop grand nombre de clercs.
Savoir ce qu'est l'Eglise est une nécessité. Comment vivre sans savoir ce que nous sommes et donc comment nous fonctionnons ?
Si lorsque j'ai faim je bois ou lorsque j'ai soif je mange (de préférence alors une viande bien sèche), comment vais-je vivre ?
Le Magistère ne cesse de donner des explications, il faut prendre le temps de les lire.
Sauf que tous n'ont pas toujours ce temps. Il faut alors que les prêtres le fassent et redistribuent cette nourriture spirituelle au caté et dans les sermons.
Mais ceux-ci n'ont pas été formés à être catholiques dans les années 70. Or ce sont ceux-là qui tiennent les rênes maintenant.

Écrit par : Boris | 19/07/2008

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