Le sport, opium du peuple (2)

« Demande en mariage » après la débâcle des Bleus – Domenech applique la méthode people :

Médias :

<< …C'est ce que pense Thierry Roland, qui commentait le match d'hier soir sur M6 et qui est proche d'Estelle Denis : "J'ai rigolé, car connaissant Estelle, je sais que c'est typiquement le genre de chose qui l'énerve. Elle était un peu sur la patate après ça. Sur le moment, elle a dû se dire «mais qu'est ce qui lui prend ?». Après toutes ces années ensemble, leurs deux enfants, ils ont dû déjà en discuter en plus. Alors le voir faire ça comme ça devant les téléspectateurs..." "…On vient de se faire éliminer de l'Euro, et tout ce que Raymond Domenech trouve à dire, c'est demander la main d'Estelle. Voir Jean-Philippe Doux finir son interview du sélectionneur par «félicitations», après ce match, c'était surréaliste!" poursuit le commentateur.

En effet, la présentatrice de 100% Euro n'était pas très contente de voir sa vie privée ainsi exposée devant des millions de Français. Thierry Roland raconte sa conversation avec elle après le match : "Je l'ai eu seulement au téléphone en coup de vent. Elle disait "c'est invraisemblable, qu'est ce qui lui est passé par la tête". Estelle n'aime pas du tout exposer sa vie privée."

Toujours sur 20minutes.fr, Pierre Ménès, le complice d'Estelle Denis dans 100% Euro, revient sur sa réaction après la demande de Raymond en direct : "De la manière la plus pro qui soit, en ne faisant pas de commentaire là-dessus, en restant concentrée sur l'Euro. (...)  C'est la preuve éclatante de son immense professionnalisme." >>

 

Commentaire :

Domenech aussi est un "immense professionnel". Il fait son métier. Celui de sélectionneur ? Non : de personnage people. L’échec du sélectionneur est un succès du people (il n’y a pas de mauvaise pub). Battu au rugby, Laporte entra au gouvernement ; battu au foot, où va entrer Domenech ? Tous les espoirs sont permis. La méthode est rodée : réinvestir l’attention du public en lui fournissant une histoire sentimentale. L’attention avait été attirée par un échec lamentable de l’équipe de foot ? Aucune importance, ce qui compte est l’attention, de quelque nature qu’elle soit : elle peut être transmutée en n’importe quoi pour la suite de la carrière du personnage people. "64 millions de cocus", titre France-soir. (*)

La recette règne dans le sport. Elle règne depuis longtemps dans la politique.  Sport  ou  politique,  en postdémocratie,  sont deux volets du spectacle global : autrement dit, l’opium du peuple. Une désintoxication s’imposerait. Elle n’est pas en cours, à en juger par l’excitation des médias autour de la demande en mariage.

 

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(*)  Le peuple français était-il marié avec le foot ? L'outrance de cette idée donne la mesure du problème. Question cocufiage, mieux vaudrait changer de terrain pour du plus sérieux : parler de Mittal, ou de la Cour des comptes bushienne annulant le contrat du siècle avec EADS. A quoi nous sert que l'Elysée file le parfait amour avec les auteurs d'OPA et la Maison Blanche ? On aimerait que France-soir se penche un peu plus sur ce sujet.