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13/06/2008

Un cathophobe grand dessinateur, mais tacticien minuscule

Et assez naïf pour nous vendre la mèche :


Hier soir à France 5, Cabu expliquait sa conception de la vie. Quand il en est venu à la religion, ça donnait à peu près ceci (je cite de mémoire) : « Jean-Paul II était un grand acteur, donc il était dangereux, bien plus que le petit père Benoît XVI… On dit que l’Eglise catholique n’a plus de puissance, mais elle peut réapparaître à tout moment… J’ai la chance de travailler pour deux journaux anticléricaux, le Canard et Charlie, chez eux c’est une tradition… Il y a un risque si vous n’attaquez qu’une seule religion : si c’est le judaïsme, être traité d’antisémite ; ou d’islamophobe si c’est l’islam… »

Cabu n’a pas dit quel risque on court si l’on n’attaque que le christianisme. Tout en parlant, il dessinait sous nos yeux une caricature de Benoît XVI ricanant entre deux jeunes religieuses en mini-jupe, sous une inscription : « Dieu est amour ».

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Cette séquence illustrait quatre caractéristiques de la phobie antireligieuse hexagonale.

 

1. C’est un réflexe mais non une réflexion. Jean-Paul II crevait l’écran, « donc il était dangereux » ; pourquoi dangereux ? On n’en sait rien, peu importe ; l’axiome se passe de démonstration.

2.  Cette phobie ne repose sur aucune information. Dieu est amour est le titre d’une étude qui a suscité l’intérêt des intellectuels et d’une grande partie du public ? Cabu ne le sait pas, et se fiche de l’ignorer. Ce qui compte n’est pas de comprendre mais d’attaquer ! « Dieu est amour » devient ainsi une phrase grotesque, dont le seul sens ne peut être que graveleux.

3. Pourquoi un seul sens, et graveleux ? Parce que l’érotomanie est dans l’air du temps. Elle est le climat du marketing. Cabu fait partie du consumérisme qu’il croit combattre par ailleurs. (C’est le cas de tous les soixante-huitards non repentis).

4. Cabu a l’air d’un vieil ado naïf. Et il est réellement naïf, puisqu’il nous avoue le mobile de la cathophobie des médias européens : c’est de la petite prudence tactique. Attaquer l’islam est physiquement dangereux. Attaquer le judaïsme est moralement disqualifiant. Attaquer le christianisme ne présente aucun risque, d’aucune sorte.  Donc attaquons les trois à la fois, puisque dauber sur la religion catholique est un bon vieux truc franchouillard pour noces et banquets, assez bonasse pour faire passer le reste ; dessinons un curé à mitraillette (pur fantasme, licence d’artiste), ça nous permet d’y joindre un imam à bazooka et un rabbin à matraque sans risquer d’aller devant la 17ème  chambre correctionnelle. Les journaux n’aiment pas le tribunal.

Et voilà en fonction de quels calculs professionnels  on entretient des milliers de bonnes gens dans l’idée que « les religions sont dangereuses ».

A part ça, Cabu et ses confrères n’ont pas la moindre idée de ce qu’il y a dans le judaïsme, dans l’islam et dans le christianisme. Et ce n’est pas demain qu’ils s’en soucieront.

 

Commentaires

CABU PSYCHORIGIDE ?

> Cabu dessine en effet très bien, mais toujours la même chose depuis quarante ans.
C'est le prototype de la génération de 68, resté bloqué sur des fantasmes de cette époque-là. Il est donc totalement déphasé par rapport à aujourd'hui, ce qui est embêtant pour un caricaturiste d'actualité. Son Sarkozy est tout de même très drôle, mais le dessinateur ne comprend rien aux problèmes du monde actuel, et cette vieille manie de faire comme si les curés étaient les alliés du grand capital est datée à un point pas croyable. On croirait qu'il est psychorigide.

Écrit par : Lambert | 13/06/2008

CABU ET JF KAHN ?

> « Cabu et ses confrères n’ont pas la moindre idée de ce qu’il y a dans le judaïsme, dans l’islam et dans le christianisme. »
Cette affirmation présente un risque. Certains « cathophobes » de la presse sont loin d'être les ignares que l'on pense. Je pense par exemple à Jean-François Kahn.
Il y a danger à sous-estimer les adversaires du catholicisme. Certains ont une culture religieuse sérieuse, voire supérieure à celle de catholiques convaincus.
Certes, l'anticléricalisme de Cabu est probablement une position de principe, mais cela ne veut pas dire qu'il n'est raisonné chez personne.

Arnaud


[ De PP à ALR - Pardon, mais je dois vous contredire sur ce point : JF Kahn a écrit des choses magnifiques à la mort de Jean-Paul II. Dans un éditorial intitulé : "Pourquoi nous, nous aimions ce pape", il expliquait que l'Eglise romaine avait raison de tenir un discours opposé au matérialisme mercantile contemporain et aux nouvelles moeurs ! Certes JFK est un esprit paradoxal et qui se contredit souvent, mais sur ce terrain il a souvent écrit dans le bon sens. Je vois en lui un ami intermittent plutôt qu'un adversaire. ]

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Écrit par : ArnaudLR | 13/06/2008

CONFORMISTE

> Psychorigide, je ne sais pas, mais conformiste, terriblement conformiste, comme tous ceux qui se croient libres, qui veulent donner l'illusion de l'être, et qui ne font que céder à la mode, à la facilité, au confort intellectuel.

Écrit par : Michel de Guibert | 13/06/2008

PETIT-BOURGEOIS

> Cabu n'est qu'un petit-bourgeois gauchiste à prétention libertaire qui se prend pour le Daumier du 21ème siècle. C'est faire trop d'honneur à ces tartuffes nains que de seulement faire mention de leurs jacasseries incultes.

Guit'z


[ De Pp à G. - A partir du moment où quelques millions de téléspectateurs ont bénéficié de sa prestation, celle-ci devient un sujet de débat nécessaire. On ne doit pas snober ce genre de choses, et laisser le public croire à de fausses évidences. ]

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Écrit par : Guit'z | 13/06/2008

AU NOM DE L'IRREVERENCE

> Cabu fait du tort à l'irrévérence, au nom même de l'irrévérence, et c'est bien ce que je lui reprocherai le plus.
Je suis un adepte de l'irrévérence lorsque celle-ci se dresse contre le puissant et le sacré.
Contre le puissant lorsque il veut m'imposer ses envies de toute-puissance.
Contre le sacré lorsqu'on veut me l'imposer au nom d'un ensemble de "formes" sans fond.
Faisons preuve de cette irrévérence qui autorise la pulsation entre le doute et la certitude.
Mais combien cet art est difficile ! Et combien il oblige que l'on revoie constamment son logiciel de pensée, ce que ne fait plus, de toute évidence, Cabu.
L'irrévérence est un combat d'une grande rigueur intellectuelle en même temps qu'il est "multidirectionnel", un combat non partisan, un combat qui nous ramène tous à une certaine humilité, en nous bousculant, et si possible sans nous scandaliser.
Si cette irrévérence s'endort et laisse place à des poncifs, alors elle ne vaut pas mieux que l'expression figée d'un sacré qui remplace les vraies raisons du sacré.
Exemple : Je ferai montre d'irrévérence envers le Pape tant qu'on me dira que je lui dois le respect PARCE QUE !
Je respecterai le Pape tant que ce respect sera attaché à ses paroles, à ses actes, à la difficulté de sa mission, à sa dimension d'être humain et de médiateur.
Jésus ne fit-il pas montre lui-même d'une certaine irrévérence ?

Écrit par : sombre héros | 15/06/2008

C'EST CA

> Ho oui, c'est vraiment ça, caduc, périmé, psychorigide (et satisfait)...merci PP, merci Mr Lambert et les autres...

Écrit par : vicenzo | 16/06/2008

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