La lutte des ouvrières de Vietnam Ching Luh Shoes contre les bas salaires de Nike

…ajoutée au renchérissement structurel du carburant : les signes annonciateurs d’un renversement de tendance se multiplient. Vers une re-localisation de la production  ?

Vietnam - Cette semaine, dans la province méridionale de Long An, 20 000 travailleurs de l’usine Viêt Nam Ching Luh Shoes (l’un des dix sites sous-traitants de Nike au Vietnam) sont en grève pour 12 dollars d’augmentation par mois. L’usine fabrique des articles de sport vendus dans le monde entier. L’augmentation réclamée par les grévistes (femmes en majorité)  leur permettrait de faire face à l’inflation ; mais Nike refuse. C’est un cas exemplaire des conflits salariaux qui se multiplient au Vietnam, pays connu jusqu’ici pour ses bas salaires dont profitent les multinationales.

Un conflit comparable se déroule en Roumanie depuis huit jours : à Pitesti (sud), les employés de Dacia-Renault sont en grève pour 550 lei (148 euros) d’augmentation.

Quelque chose est en marche dans les pays pauvres. Avec la naissance d’un mouvement ouvrier dans les usines des multinationales, et avec le renchérissement structurel du prix du baril de pétrole, les délocalisations risquent de devenir de moins en moins rentables. Or elles étaient depuis vingt ans l’arme fatale des grandes entreprises, avec la complicité (assez vautrée, disons-le) de la classe politique occidentale. Va-t-on voir se fissurer, puis tomber en morceaux l’insupportable discours de la résignation ?  Les jeunes gandins ultralibéraux  cesseront-ils d’ironiser (et les brontosaures atlantistes de crier au « stalinisme ») quand on leur parle des problèmes du monde actuel ?

Re-localiser l’économie au Sud et au Nord, produire pour les besoins locaux au Sud et au Nord,  réinventer une activité à dimension humaine au Sud et au Nord, n’est plus un rêve. Sous la pression des réalités nouvelles, cet objectif devient plus « moderne » que le système instauré au tournant des années 1980-1990.

Comment lutter ? Un auditeur de France Info disait ce matin : « En opposant le pouvoir de l’information au pouvoir des actionnaires ». C’est ce à quoi on s’emploie ici, et partout dans le monde.