31/03/2008
Gandrange : fermeture en vue. Où sont les promesses du président de la République française ?
On va vite le savoir :
< Un salarié de Gandrange.
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ArcelorMittal est sur le point d’annoncer la fermeture de l'aciérie électrique et du train à billettes de Gandrange (Moselle), avec suppression de 595 des 1.108 emplois. Nicolas Sarkozy s'était rendu en personne à Gandrange le 4 février dernier, pour proclamer : « Avec ou sans Mittal, l'Etat investira à Gandrange … S'il y a un plan alternatif, si ce plan montre une solution crédible, avec M. Mittal ou un autre, l'Etat préfère payer pour le site que pour le chômage. Nous sommes prêts à faire des investissements sur les machines, on mettra de l'argent dans l'outil de production, mais aussi pour la formation. »
Jean-Pierre Masseret, président PS de la région Lorraine, déclare aujourd’hui : « Sarkozy est venu, il a causé, il a fait acte de volontarisme industriel. Il ne peut pas, dans la situation actuelle, ne rien dire ou alors véritablement c'est qu'il s'est moqué des gens et je n'imagine pas un président de la République ne pas tenir les engagements. »
La France est le dindon de la farce. D’un côté Mittal et ses décisions anglo-indiennes. De l'autre, le président et le vice-président allemands de la filière "long carbone Europe", dont dépend Gandrange. Explication d’Edouard Martin (CFDT) aux médias : « Les décisions de réorganisation ont été prises par ces deux dirigeants. La production de Gandrange sera dirigée vers Duisbourg en Allemagne et Schifflange au Luxembourg… C'est un crime social organisé. C'est la première fois qu'on ferme une usine alors que la demande d'acier est soutenue dans le monde. Gandrange produit un million de tonnes par an. C'est vrai que les pertes en 2006 et 2007 ont été de 290 millions d'euros, mais il est possible d'investir ! »
ArcelorMittal investit. Mais pour construire deux sites… en Egypte : 1,8 milliard de dollars.
Rappelons la position de Mgr Raffin, évêque de Metz : « La décision d’ArcelorMittal de supprimer 595 emplois dans son aciérie de Gandrange constitue un nouvel épisode du lourd tribut payé par la Lorraine aux effets pervers de la mondialisation… Il faut souhaiter que dans le futur, des décisions d’une telle envergure soient prises en concertation avec les salariés et les responsables politiques. »
00:18 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : gandrange, mittal
Commentaires
HERETIQUE ?
> Sarkozy ne peut pas ne pas réagir. Le fera-t-il seulement verbalement, au risque de se ré-effondrer dans les sondages ? Ou passera-t-il à l'acte pour garder la face ? Dans ce cas il ira contre le libéralisme ("pas d'intervention de l'Etat "), et il se fera féliciter par M. Mandelson et le reste de la Commission européenne, fervente supporteure des économies chinoise et indienne rivales de celle de l'Europe. A la veille de la fameuse "présidence française de l'UE" (ironie) on voit mal Sarkozy se comporter en hérétique. S'il le fait tout de même, bravo.
Écrit par : Isabelle | 31/03/2008
@ ISABELLE
> "Sarkozy ne peut pas ne pas réagir" : je me demande plutôt comment Sarkozy ou l'Etat français pourraient réagir autrement qu'avec des paroles verbales
/ Il s'agit d'un dossier qui ressort purement du droit privé , l'Etat a abandonné ( sous gouvernement Balladur me semble -t-il )la procédure d'autorisation préalable de licenciement ( le CNPF garantissait que l'abandon de cette procédure serait créateur d'emplois ) . Mittal peut fermer partiellement cette filiale et délocaliser l'activité sans aucune contrainte juridique du type mise en RJ ( lacunes du droit commercial )
/ il n'y a non plus aucune contrainte permettant à la Region de récupérer les diverses aides ou subventions qu'elle a pu apporter en cas de fermeture non motivée ou de délocalisation ==> conclusion : que fait on ? Réponse : on déplore , on manifeste son incompréhension ( cf M.Woerth )
Écrit par : horus | 31/03/2008
ACIER
> L'acier n'est plus français, belge ou allemand depuis 1951, date de la création de la CECA. Il n'y a ni nationalité des producteurs, ni frontières. Tous les gens du métier vous le diront.
Dans la grande tradition gaullienne du sauvetage industriel, M. Sarkozy s'est cru autorisé à apporter le contreseing de la République à une opération courante d'optimisation de la production européenne, parce qu'il avait réussi le coup précédemment avec Alsthom et le président Kron.
A la réserve près qu'aujourd'hui les caisses du Trésor sonnent creux, et que la saine gouvernance est un des exemples que doivent donner les pays européens qui président chacun à leur tour, l'UE.
Dans ses impatiences médiatiques, il est allé à Gandrange faire du chiffre dans les sondages. Hélas, c'était la trappe à renard. Il va falloir qu'il se coupe la queue.
caqtoneo
[ De PP à C. - Il est difficile de persuader les peuples européens que la "saine gouvernance" consiste à laisser l'Inde et le Chine vider l'Europe de sa substance industrielle. La situation est peut-être favorable à l'hyperclasse financière mondiale, mais elle ne l'est pas aux peuples. C'est embêtant, les peuples, ça se plaint dès que les choses vont mal... L'acier n'est peut-être "plus français ni allemand", mais les sites le sont et les salariés aussi. ]
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Écrit par : catoneo | 31/03/2008
STAL
> ... voilà maintenant P.de P. nostalgique de l'économie stalinienne : c'est le "guide" suprême qui décide où on fabriquera l'acier du plan quinquennal.
L. Cheron
[ De PP à LC - Allez expliquer vos crispations mentales aux futurs chômeurs de Gandrange. S'il vous arrive toutefois de sortir de Neuilly ? ]
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Écrit par : L. Chéron | 31/03/2008
RAGONDINS II, LE RETOUR
> Voilà PP stalinien après avoir été appelé trotskiste. Juste Ciel, fi ! diantre et ragondins ! est-il donc le résumé de la IIIe et de la IVe Internationales à la fois ?
Écrit par : Roger Jolly | 31/03/2008
KOMINTERN
> Mais non, notre cher Patrice a finalement compris l'impasse de la voie révisionniste dans laquelle se fourvoie le traître Léon et les yeux ouverts par la raison, il rejoint le véritable communisme dont l'orthodoxie et la réussite sont défendues par le génial camarade Staline. Seuls les bourgeois de Neuilly ont perçu cela avant tous le monde. P.S: Quid du ragondin?
[ De PP à Roger Jolly : oui, pourquoi tant de ragondins ? ]
Écrit par : vf | 01/04/2008
@ PP
> La "saine gouvernance" en situation de globalisation est de disposer de capital. Quand la Mittal Steel indo-européenne s'est portée acquéreur d'Arcelor, à part un Russe qui rêvait de dépecer l'entreprise pour agréger les aciers spéciaux à sa production, il n'y eut aucun "capitaliste" capable de monter contre Mister Mittal !
Si vous voulez une politique industrielle, il faut des capitalistes. Problème, la France n'en a pas.
Elle ne dispose que de pseudo-milliardaires qui passent leurs journées à faire des tours de table chez les banques (c'est toute l'histoire du Crédit Lyonnais d'ailleurs).
Quand les grands pays de l'OCDE reconstruisaient leur industrie et leur capital, nous versions dans le colbertisme étriqué de la période gaullienne, dont - sauf la dissuassion nucléaire - il ne reste rien.
Les ouvriers en souffrent depuis les années 80. Mais il est interdit en France d'attaquer l'analyse sous cet angle. On doit gémir pour qu'accoure l'Etat.
Manque de pot, il est raide !
Écrit par : Catoneo | 01/04/2008
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