Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/03/2008

A Alain-Gérard Slama – en espérant avoir mal entendu

…et au sujet de Mai 68 :


m

Cher ami – Tout le monde connaît votre clarté d’esprit, votre jugement nuancé et la subtilité de vos analyses. D’où mon étonnement de vous entendre dire (à la radio ce matin) que Nicolas Sarkozy, dans son discours de Bercy, avait eu tort de relier à « l’esprit de 1968 » les délires de la dissociété actuelle : nihilisme libéral-libertaire, économie-casino. On peut reprocher à Sarkozy ce que l’on voudra – sauf cette phrase, qui est un diagnostic exact. Vous la lui reprochez pourtant.

Que voulez-vous dire ? Que l’esprit de 68 est votre tasse de thé ? Non : mais que vous jugez sévèrement ceux qui se permettent de critiquer la dissociété actuelle.

Car (avez-vous ajouté)  critiquer l’air du temps d’aujourd’hui, c’est revenir au « tristement célèbre discours du maréchal Pétain contre l’esprit de jouissance ».

Cet amalgame est tellement inacceptable que j’espère avoir mal compris, ou mal entendu.

Si vous aviez réellement dit cela, vous auriez traité d’imbéciles et de salauds  – méthode Sartre –  tous ceux qui font l’inventaire de notre époque et tentent de comprendre ses travers (énormes).

Que vous soyez libéral, c’est votre droit ; cela dénote même un goût du paradoxe, étant donné l'effet de la dérégulation mondiale sur l’ensemble de la planète et notamment l’économie européenne.

Mais disqualifier comme « pétainistes » ceux qui ne partagent pas votre sentiment, relèverait de la facilité – pour ne pas dire plus.

D’autant qu’il y aurait là une invraisemblance historique, sachant que les anciens notables de Vichy se sont jetés, après la Libération, dans l’atlantisme à outrance et la vision économique de Washington. Avant que leurs enfants n’adoptent celle des Chicago boys…*

Vous êtes  historien, sociologue, philosophe. Vous ne pouvez avoir dit ce que j’ai cru entendre. Mon récepteur devait grésiller.

 

 

_____

(*)  Rejoignant en cela les conseillers de gestion du général Pinochet ; mais ne faisons pas  – quant à nous –  d’amalgame entre le bourreau du Chili et le libéralisme économique.

 

08:46 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : idées, libéralisme, pétain

Commentaires

RTL

> Je ne savais pas que G.A. Slama était un esprit "subtil, philosophe, etc"..je l'entends régulièrement sur RTL, à " On refait le monde" avec ses collègues, en revenant fatigué du boulot, c'est d' un convenu, d' un intellectuellement correct, ça ronronne dans le tout petit résidu de ce qu'il est encore permis de penser sans rien risquer, le résidu de pensée hyper sociologisée médiatico-politicien...à chaque fois je me dis, mais c'est pas vrai, ils vont inviter des gens qu' on lit ailleurs, qui ont une vraie pensée, alternative (et je pense d'ailleurs à vous, Monsieur de Plunkett: mais bon sang, pourquoi ne font-ils pas appel à des gens comme vous, au moins un, pour avoir un vrai débat...), non, non...ça continue comme si de rien était, comme si tout le monde pensait naturellement comme eux! Et Mr Slama est très à son aise, il ne dérange rien.

Écrit par : vicenzo | 27/03/2008

@ mon ami Vicenzo

> Au volant d'une voiture, un bon chapelet médité (pas trop quand même, il faut garder les yeux ouverts !) est autrement plus fructueux que les élucubrations des "polémistes" de Monsieur Poincaré...
Lesdits polémistes sont en effet d'un convenu... on invite même Claude Cabanes, un résidu de "l'Humanité", c'est dire... ils sont la plupart du temps d'accord avec lui, sauf peut être sur le "social", ce qui montre l'état de déliquescence de la pensée politique !
Non, vraiment, il y a mieux à écouter !

Écrit par : Edouard | 28/03/2008

AILLEURS

> Aux deux internautes qui m'ont envoyé des messages hâbleurs, confus, et visiblement courroucés parce que je traite Pinochet de bourreau du Chili :
allez vous faire voir ailleurs.

ps/ Aux deux mêmes : sur cette question historique précise, je vous suggère de voir ce que je disais en 2006 dans 'L'Opus Dei, enquête sur le monstre'.

Écrit par : PP | 29/03/2008

RAGONDINS

> Il y a des ragondins qui vous lisent ?

(C'est une plaisanterie versaillaise).

Écrit par : Roger Jolly | 29/03/2008

RAGONDIN ?

> C'est quoi un ragondin ?
(j'habite dans la "ceinture rouge")

Écrit par : Feld | 29/03/2008

RAGONDIN 2

> Chez moi, le ragondin est une bestiole poilue qui fait de gros trou dans les berges de ma rivière, ce qui m'énerve au plus haut point et fait tomber mes arbres. Ils font ça aussi à Versailles? Parlez-nous du ragondinus versaillus.

Écrit par : vf | 29/03/2008

PINOCHET

> Pinochet = bourreau du Chili ??
(Cette question n'est ni ironique ni polémique).

Dyèvre

[ De PP à D. - Oui. Exactions de la police secrète du régime, enlèvements et "disparitions", etc : cf. (pardon) mon livre sur l'Opus Dei. (C'est en raison de ce comportement de la junte chilienne que Josémaria Escriva, en tournée en Amérique latine, refusa tout contact avec Pinochet et les siens... Voilà des faits). ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Dyèvre | 31/03/2008

CHAPELET

> juste un mot à mon pote Edouard: tu as bien raison! Un bout de chapelet vaut mille fois mieux, mais c'est étonnant de constater comme on est tous dépendants des médias. Le soir quand je suis fatigué je suis plus vulnérable à ces laissez-aller...confiteor...je me corrige doucement, avec des hauts et des bas; le chapelet, je le fais de temps en temps, tu sais, et de plus en plus. La prière, c'est une façon de leur répondre en demandant à DIEU de toucher leur coeur.

Écrit par : vicenzo | 01/04/2008

CE QUE DISAIT SLAMA

> Voilà ce qu'écrivait Alain-Gérard Slama dans son livre : "L'angélisme exterminateur" (Grasset 1993):
« Aucune époque n'a été aussi prospère ni, en principe, aussi libre que la nôtre; aucune n'a été aussi conformiste (...) Jamais les citoyens des nations démocratiques n'ont autant prôné l'individu, la vie privée, la “société civile”. Jamais les droits de l'homme n'ont été aussi largement reconnus. Jamais pourtant, même au temps de l'Ordre moral, l'esprit et les moeurs n'ont été soumis à une pression aussi constante.
Jamais les opinions et les comportements n'ont été à ce point bornés par les préjugés. Jamais l'appareil technique de propagande et de surveillance n'a été, sinon plus contraignant, en tout cas plus sournois. Jamais, en terre
démocratique, l'extension du contrôle social n'a été reçue avec une aussi morne résignation. Jamais non plus le pouvoir n'a trouvé en face de lui une opinion plus insaisissable, plus molle. La vertu de s'indigner semble s'être évaporée avec la capacité de choisir. Le troupeau pourrait être plus asservi. Il ne saurait davantage être troupeau ».
Et plus loin : « Chacun reste, en principe, maître de sa tonalité, de son tempo et de sa voix. Mais pour peu qu'on s'écarte du registre toléré par le filtre, on sera sûr de ne pas être entendu. Malheur au cadre, au politicien, au
professeur, au simple citoyen, qui osent rompre l'harmonie : pour eux, pas d'emploi, pas d'élection, pas d'étudiants. Une phrase, un mot suffisent à renvoyer chacun à sa case (...) Les composantes les plus intimes de notre personnalité sont touchées par cet esprit d'épuration permanente, qui informe le droit, le discours politique et les médias ».
Sebasto

[ De PP à S. - Mon ami Slama a le plus grand talent, cependant n'oublions pas son adhésion au néolibéralisme : de ce fait, je ne sais pas s'il donne le même sens que moi au passage que vous citez (et qui suscite a priori ma propre adhésion). ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Sebasto | 16/04/2009

Les commentaires sont fermés.