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20/03/2008

Chantal Sébire : offensive générale des médias pour la mort légale

La mort de Chantal Sébire est tragique. Prier pour elle est le premier réflexe du chrétien. On voudrait pouvoir s’en tenir là...


...mais on ne le peut pas. C’est une question de conscience. Devant le déferlement médiatique amorcé depuis huit jours, devenu tsunami ce matin, on doit poser les questions que les médias étouffent.

1. Les radios répètent en boucle que « la justice » n’a pas été humaine envers Mme Sébire en lui refusant ce qu’elle demandait. Comment la justice aurait-elle pu ? La loi française n’admet pas que l’on donne la mort.

2. Mes confrères disent : « On aurait pu faire une exception ». Savent-ils ce qu’est une loi ?  Veulent-ils une société où les lois n’auraient pas force de loi ?

3.  N’allant pas jusqu’à s’avouer cela, ils se réfugient derrière la comparaison avec ceux des pays européens où la mort légale est admise : « les démocraties voisines », disait ce matin une radio*. Cette expression veut-elle dire que les pays n’admettant pas la mort légale ne sont pas des démocraties ?

4. La radio ajoutait que ces démocraties sont « loin des groupes de pression ». Que peut bien signifier cette phrase ? Que les juges sont un groupe de pression ? Que le législateur est un groupe de pression ? Que les médecins (qui prêtent serment de ne pas tuer) sont un groupe de pression ? Que tout ce qui contredit des revendications privées est un groupe de pression ?

5.  Le plus inouï est que les deux seuls groupes de pression en lice sont… favorables à la mort légale. Ce sont :  a) les médias eux-mêmes, groupe de pression formidable ; b) l’ADMD**, lobby omniprésent et bénéficiant de la totale sympathie des médias.

 

Ces questions resteront évidemment sans réponse, la machinerie médiatique ne sachant que crier et non discuter.  Nous en resterons à des hypothèses :

- Est-ce que « démocratie », aujourd’hui, a pris le sens de « système où les désirs individuels ne se heurteraient à aucune norme générale » ?

- Est-ce que « loi » voudra dire : « ensemble au contenu aléatoire, perpétuellement modifiable au gré des désirs privés » ? 

- Est-ce que certaines des revendications faites au nom de droits humains ne convoient pas l’idée qu’aucun repère ne doit être stable ?

Cet idéal de perpétuelle instabilité correspond à l’idéologie de la société matérialiste mercantile : pardonnez-moi de me répéter ainsi, mais il faut le dire parce que c’est vrai. Pulvériser tous les repères est la condition de l’avènement de la société de toutes les pulsions, exigée par le monde marchand. Quand cette destruction atteint les piliers de la vie en société (par exemple dans le cas des règles entourant la mort), la chose devient extraordinairement grave et susceptible de terribles dérapages. On nous dissimule cette gravité derrière des drames humains aussi pathétiques que celui de Mme Sébire. Nous sommes consternés pour elle et pour sa famille, nous sommes gênés de discuter ainsi en public d’une chose aussi triste. Mais comment ne pas parler de l’exploitation déployée autour de ce drame ?  En conscience, on ne peut faire autrement.

 

m

PS - Le vrai problème est celui de la lutte contre la douleur. C'est dans cette direction que les efforts publics devraient être faits. Oui, une pompe à morphine coûte cher : ne pourrait-on économiser sur d'autres postes, éloignés de la santé publique, où s'égare volontiers le budget de l'Etat ?

 

 

________

(*)  Le débat sur France Inter a été plus libre qu’on ne l’aurait cru. Notamment l’intervention d’une psychologue hospitalière spécialisée dans les soins palliatifs, et qui a expliqué la très grande rareté des demandes de mort légale – ainsi que la fréquente gratitude des familles ou des malades lorsque ces rares demandes sont rejetées par les médecins.  Cette psychologue s’est même interrogée sur « la dignité de l’association qui dit vouloir la mort dans la dignité ». Invité au micro de France Inter, l’inévitable Jean-Luc Romero, militant de toutes les causes idéologiques, a répliqué en taxant la psychologue de « dogmatisme ». Mais le Pr Sicard, invité lui aussi, a exprimé un point de vue très réticent envers la mort légale. Ce à quoi Romero a réagi avec  irritation…

(**) "Association pour le droit de mourir dans la dignité". Président : Jean-Luc Romero.

Commentaires

MANIPULATIONS

> J`ai suivi depuis la Suisse, une de ces démocraties voisines, l`histoire de madame Sébire en écrivant des commentaires sur le Figaro. J`ai été frappée par certaines réactions totalement émotionnelles qui passaient à côté de la réalité de ce qu`est l`euthanasie, de cette émotion l`ADMD en fait une arme, un instrument redoutable qu`elle manie à la perfection.
J`ai eu le privilège d`avoir participé au dernier congrès de l`Académie Pontificale pour la Vie à Rome, sur l`accompagnement aux mourants, je peux vous assurer que si l`émotion n`était pas absente, elle était éclairée par la raison, et les informations que nous recevions par des spécialistes de tout bord, pas forcément catholiques étaient bouleversantes.
Suite aux déclarations de mr. Kouchner je me permets de reporter ici mon commentaire sur le Figaro .

Si j`étais française,je serais très inquiète face à un gouvernement qui risque de modifier une loi sous la pression d`une partie de l`opinion publique, en proie à l`émotion, manipulée par les associations en faveur de l`euthanasie.
A un gouvernement on demande de gouverner avec la raison, en fonction du bien supérieur et public, non en fonction d`intérêts particuliers et encore moins en fonction de désirs ou situations particulières, quant aux éventuelles exceptions il est plus qu`évident que c`est la porte ouverte à toutes les dérives.
Le mot mourir dans la "dignité" contient en lui-même toutes les manipulations et abus possibles.
Qu`est-ce la dignité? Un corps souffrant, défiguré, handicapé, a-t-il perdu sa dignité ? La dignité d`un corps humain est-elle liée à la souffrance, à la dégradation d`un corps, à une perception personnelle du seuil de la souffrance? Je ne le crois pas.
La vie d`un enfant qu`on euthanasie,qu`on tue, aux Pays-Bas car né atteint de malformation était indigne? et qui le décide ?
La vie d`une vieille personne malade est-elle indigne? Qui décidera pour elle que sa vie est devenue indigne et qu`il vaut mieux l`euthanasier, la tuer ?
J`espère de tout coeur qu`une fois l`émotion provoquée par la mort de madame Sébire passée, le débat si débat il doit y avoir, reprendra mais éclairé par la raison.

Écrit par : Luisa | 20/03/2008

UTILITARISME

> Oui, on peut s'interroger sérieusement sur cette fameuse "dignité" ... Que veulent-ils dire par dignité ? L'ADMD cultive le paradoxe ! A la fois ils prétendent vouloir défendre le droit mourir dans la dignité (c'est aussi bien le cas des soins palliatifs), mais dans le même mouvement ils affirment que certaines personnes ont perdu cette dignité, qu'ils ne méritent plus de vivre. Où est la cohérence de leur discours?

On croirait ces derniers jours vivre dans un film d'anticipation qui nous peindrait un monde déshumanisé, genre "Le Meilleurs des mondes" ou "1984". Et pourtant c'est la réalité vraie !!!

L'ADMD, c'est la logique utilitariste poussée à ses conséquences extrêmes : quelqu'un ne "fonctionne" plus ? on le jette! pour expliquer ensuite que c'était par charité.

Écrit par : Blaise | 20/03/2008

DESINFORMATION

> ... Et quant à la désinformation généralisée de la part des médias, je peux témoigner indirectement, ma mère étant assistante sociale à la maison de soins palliatifs Jeanne Garnier.

1°. De temps en temps, c'est vrai les médias interviewent les soignants. Mais une fois l'interview réalisée, il faut encore que le journal, la radio, la télé acceptent de le diffuser. Combien de déclarations gênantes qui sont enterrées, parce qu'elles ne correspondent pas à la ligne idéologique des médias ?

2°. Mais si l'interview ou le débat est diffusé, il faut encore compter sur les coupures arbitraires qui interviendront inévitablement pour amputer l'argumentation de l'audacieux.

D'ailleurs il suffit d'écouter un débat et de remarquer l'étrange répartition du temps de parole entre contradicteurs. Soi c'est l'animateur qui a cherché à favoriser l'élu de son cœur, soi c'est les coupures. De toute façon il y a des coupures.

Finalement, beaucoup de journalistes aiment jouer au rôle de justiciers. Ils savent qui sont les méchants et qui sont les gentils. Et logiquement, ils considèrent que les méchants ne devraient pas "monopoliser" les médias.Ils les punissent en leur retirant le droit de s'exprimer.

P/S. Le pire c'est que j'ai entendu de vive voix une convaincue de l'euthanasie se plaindre des groupes de pression hostiles à celle-ci. Encore avait-elle l'excuse de ne pas être des médias (et plutôt leur victime), non plus qu'une adhérente de l'ADMD (du moins je crois): elle reflétait simplement ce que pense une majorité de nos contemporains, en France.

Écrit par : Blaise | 20/03/2008

REPERES

> Je partage votre opinion lorsque vous écrivez que la société de consommation cherche à priver l'homme de ses repères: la volonté de faire travailler les personnes le dimanche va dans le même sens. L'objectif recherché est que les individus ne soient plus soumis a leur raison mais a leurs seules pulsions.

Je suis souvent surpris que pour beaucoup de gens, une loi peut évoluer en fonction des desideratas de chacun. Pour moi, si la loi interdit le vol, c'est parce que le vol est mauvais en soi et qu'il rend la société injuste. De même, donner la mort est mauvais, de nombreuses injustices peuvent etre commises (certains enfants ayant besoin d'argent ne seraient-ils pas tentés de tuer leurs parents pour hériter plus rapidement? Rien qu'un nom du sacro saint principe de précaution, l'euthanasie doit rester prohibée)

Écrit par : Alexandre Calendreau | 20/03/2008

INSTRUMENTALISATION

> Très bonne annalyse ! Il faut signaler aussi l'article publié par Tugdual Derville et paru dans "France Catholique" du 16 mars, avant la mort de cette pauvre femme : http://commonitorium.over-blog.com/. L'instrumentalisation de sa souffrance et de son image par le lobby euthanasiste est évidente. De plus la volonté par le lobby euthanasiste de faire cette opération médiatique durant la Semaine Sainte est troublante. Une pierre deux coups : promotion de l'euthanasie et cathophobie !

Écrit par : Leo | 20/03/2008

NIHILISTE

> J' imprime votre note pour en proposer ce soir la lecture à mes enfants et à ma femme, comme souvent...
Non, ne craignez pas de "répéter"...vous avez le ton juste...nous vivons dans une société nihiliste et il faut le lui dire...et le lui répéter, nos contemporains croient le contraire, parce qu' ils sont conditionnés par le pouvoir éducativo-médiatique d' une triste étroitesse (exemple: la gauche est morale, la droite est plus pragmatique et plus dure parce qu'elle est plus réaliste en économie, et mille sornettes de ce niveau [caniveau]), mais ils cédent vite quand ils rencontrent un langage de vérité qui met les faits et la synthèse en contact ( si possible avec le sourire)....ils montent plus vite que leurs aînés vers votre synthèse. Bien des faux semblants n' ont plus de crédibilité dès qu' ils sont nommés.

Dans ma vie sociale je parle comme vous ( dans le milieu professionnel aussi mais à doses très calculées, rares, mais la force reste dans le fond).

Hé bien, je vérifie tous les jours que ce niveau de vérité dans la parole porte beaucoup de fruits....redonne confiance, libére d'autres paroles, permet au voisin d'expliciter un niveau de vérité qui était en lui et qui n'accouchait pas, j'ai l'intuition forte que pour quelques ennemis, vous vous attirez une secrète reconnaissance de la part de beaucoup....

Ne baissez pas votre niveau de vérité! ne craignez pas de répéter!

Entre parenthèse, on remarque que quelques intellectuels en vue commencent à se risquer à ce niveau là...je pense à l' interview qu'a donné P.A. TAGUIEFF à "Famille Chrétienne" l'an dernier après son bouquin sur les " Contre-réactionnaires" où il conclut son propos en disant expréssement " nous vivons dans une société nihiliste"; je pense à l' interview de COMTE SPONVILLE dans le "Figaro" du 5 février 2008 disant aussi explicitement que "nous vivons dans une société nihiliste" ( mais il vrai que la suite du propos rentrait en contradiction partielle avec cette affirmation); on pourrait en citer d'autres...

Nous avons eu le développement de la PENSEE nihiliste (relire " L' Homme révolté " de CAMUS ou "le drame de l' humanisme athée" de DE LUBAC, ou DOSTOIEVSKI, ou "Antimoderne" de MARITAIN, par exemple....la pensée nihiliste s'est installée et vulgarisée(lire SARTRE, DERRIDA, DELEUZE, FOUCAULT par exemple, etc), bon...elle a conquis les cadres de la société et la classe intellectuelle, les enseignants, les journalistes, les jeunes étudiants de mai 68, les maisons des jeunes et de la culture, la gauche la répand par générosité, etc..nous avons donc maintenant la SOCIETE nihiliste, la POLITIQUE nihiliste...Qu'y a-t-il là d'étonnant?

Et pourquoi n'aurait-on pas le droit de le dire? N'a t-on pas le droit de déduire, ou d'accorder à autrui son succès!

Écrit par : vicenzo | 20/03/2008

NAUSEE

> L'exploitation médiatique autour de cette affaire donne la nausée. Entendu sur une chaîne radio : un médecin suisse, qui a fait de la mort assistée son fonds de commerce, après les habituels arguments sirupeux dégoulinants d'humanisme et de bonnes intentions, avouait timidement que "l'intervention" avait un coût : 7000 € en moyenne hors voyage et hors hébergement !

Écrit par : Frédéric RIPOLL | 20/03/2008

vide de sens

> L'argument du "les-démocraties-voisines-le-font" ou encore "on-va-aller-dans-le-pays-d'à-côté-pour-obtenir-ce-que-l'on-veut-alors-autant-le-faire-ici" me semble vraiment l'argument le plus creux qu'on puisse fournir... La question n'étant pas de savoir si ça se fait ailleurs, mais si c'est bien -ou non- de le faire.

Or je trouve qu'on a une facheuse tendance à l'utiliser en ce moment cet argument vide de sens. Il a été utilisé pour l'avortement, mais ça date un peu; plus récemment, on le voit invoqué pour faire passer telle ou telle réforme comme les autres pays européen. A défaut d'argumentation valable, il semble que "ça en jette".

Écrit par : Gégé | 20/03/2008

CHIFFRES

> De même que pour l'autorisation de l'adoption d'enfants par des couples homosexuels, les lobbies invoquent des chiffres fantaisistes.
"Il y a 10 à 15000 cas d'euthanasie active en France" déclare M. Romero. Mais comment ce chiffre à t'il été mesuré?

Écrit par : Marie C | 20/03/2008

LAICITE ?

Entendu à France -Inter un médecin dire que l`euthanasie était une victoire de la laïcité et une libération de la société du traNscendant.
Il faut libérer la société de la morale religieuse, a-t-il dit.
Il est surprenant que l`argument de la dignité soit devenu l`argument définitif de tous ceux qui se battent contre les valeurs chrétiennes, alors que nous devrions savoir que c`est au christianisme que l`on doit la notion du respect de la dignité de l`homme, de sa liberté.
En réalité la bataille en faveur de l`euthanasie n`est qu`un pas supplémentaire de tous ceux qui veulent débarrasser définitivement la société de toute référence à Dieu et donc aussi au caractère sacré de la vie .
Ces tenants de l`euthanasie, se servent de la souffrance des malades et de leurs familles, des émotions facilement soulevées, pour porter en avant leur bataille.
Il est aussi étonnant que les mêmes qui se battent contre la peine de mort , se battent pour introduire l`euthanasie,le droit de donner la mort, licence de tuer, très cohérent, vraiment.

Écrit par : Luisa | 20/03/2008

GALILEE

> Je suis complètement hors sujet, mais comme vous avez abordé la question naguère, monsieur, je me permets de vous signaler ce passionnant entretien sur Galilée :
http://www.canalacademie.com/L-affaire-Galilee-ou-l-hypothese.html

Écrit par : Villars | 20/03/2008

L'EMOTION

> L'un des problèmes dans ce genre de débat est que l'émotion prime sur le reste. Comment en serait-il autrement face à la souffrance bien réelle d'une personne? Oui, mais quand la machine médiatique s'emballe, elle est d'autant plus efficace que c'est justement sur le registre de l'émotion quelle joue et uniquement sur celui-ci, la réflexion ne venant qu'en second lieu (quand elle ne tombe pas dans la posture idéologique...)

A signaler la réflexion de Mgr Minnerath, évêque de Dijon, tout est dit! http://www.bienpublic.com/actu/region/20080319.BPA0036.html

Écrit par : Lennob | 20/03/2008

LA CONDITION HUMAINE

> Ce débat récurrent sur l'euthanasie repose la question de notre rapport à la souffrance: la souffrance est-elle quelque chose d'obscène, qu'il faudrait cacher ou fait-elle aussi partie de la condition humaine (sans pour autant l'accepter, of course)?
Il me revient un parallèle médiatique à l'esprit: la mort du pape Jean-Paul II, beaucoup de médias n'ont pas compris le sens de cette souffrance (qui allait bien au-delà des considérations purement matérielles et sociales dans son cas!)

Ce qui me gène le plus, c'est de se demander s'il ne faut pas être croyant pour comprendre le sens de la souffrance.

Bon, je sais que poser la question en pleine semaine sainte, c'est y répondre ;-)Mais j'avoue que je suis un peu attristé devant cette aveuglement de la société devant ce qui nous rend le plus vulnérable, le plus objet de pitié. Le raisonnement disparaît quand on ne veut plus s'embarrasser de ce qui nous fait peur.

Écrit par : Lennob | 20/03/2008

SINISTRE

> L'ADMD avait été fondée par le sénateur Henri Caillavet, qui l'a longtemps présidée.
Pour lui, je me rappelle en substance ses propos réitérés, ce qu'il appelait la dignité d'un être humain correspondait à sa "qualité" !
Il manifestait un profond mépris pour celui qui était diminué, handicapé, dont la qualité de vie ne méritait pas selon lui, de donner le droit de vivre.
C'est cela la réalité sinistre du combat de l'ADMD : un orgueil démesuré qui fait préférer la mort à une vie diminuée, pour soi d'abord, pour les autres ensuite...

Écrit par : Michel de Guibert | 21/03/2008

LE Pr ISRAEL

> Sur la même radio, il faut signaler l'excellente interview du professeur Lucien Israël, dénonçant les menées euthanasistes. C'est tout à la fois et d'un seul bloc l'homme et le praticien, qui a dû si souvent être au chevet des malades, qui s'exprime ici.
Voici le lien :
http://www.canalacademie.com/Regard-sur-l-euthanasie.html

Il a écrit un livre :

Lucien Israël, "Les dangers de l’euthanasie", éditions des Syrtes ,2002

Écrit par : Blaise | 21/03/2008

ACCOMPAGNER

> Dans un article d'Alexandre Fache, publié le 14 mars dans le journal l'Humanité, j'ai trouvé des propos tenus par Sébire qui sont tout à fait révélateurs.
« Aujourd’hui, je suis allée au bout de ce que je peux supporter et mon fils et mes filles n’en peuvent plus de me voir souffrir. »
Elle dit également refuser de supporter «l’irréversible dégradation ».
La pauvre, si elle a recherché la mort, c'est aussi, comme elle le dit si bien, que ses enfants ne pouvaient plus supporter sa souffrance. Elle n'a pas eu le soutien moral qui lui aurait donné la force de vivre. Au contraire, « l’irréversible dégradation » physique qu'elle a vécu, elle l'a pris comme une dévalorisation. Ce qu'il faut au malade c'est quelqu'un à ses côtés qui lui fasse comprendre que même impotent et défiguré il n'a pas perdu sa dignité.
Evidemment, je n'accuse pas ses enfants. Je comprends la situation douloureuse qu'ils ont vécu. Mais la question -terrible- reste ouverte : a-t-elle été suffisamment accompagnée ? Pour ma part j'en doute. Les soins palliatifs sont quasi inexistants en France. Les soins palliatifs, ce n'est pas que des médicaments, mais un accompagnement moral et spirituel.

Écrit par : Blaise | 21/03/2008

UN GÂCHIS ENORME

> Dans une Tribune du Figaro du 20 mars, le docteur Xavier Mirabel, cancérologue, président de l'Alliance pour les Droits de la Vie, Tugdual Derville son délégué général, et le professeur Olivier Jonquet, porte-parole de l'association Convergence soignants-soignés, laissent planer le doute sur la soi-disant "décision libre" de Chantal Sébire :

« Chantal Sébire disait agir en pleine possession de ses moyens. Mais l'idée qu'elle se faisait des soins palliatifs nous atterre. Quelle image lui en avait-on donnée ? »

Pour agir en conséquence, la moindre des choses n'est-elle pas de disposer d'une information succincte sur l'éventail des possibilités qui s'offre à vous ?

Les auteurs de l'article n'ont pas tort dans ce cas de s'interroger :

« Chantal Sébire ne fut-elle pas l'instrument d'un enjeu qui la dépassait ? Avait-elle les moyens de se libérer de ceux qui en ont fait leur porte-parole ? »

Et leur conclusion est plutôt amère :

« Nous l'avons lu ici ou là dans les titres : «Chantal Sébire ne pourra pas mourir en France » ; « La justice refuse la mort douce à Chantal Sébire. » Comme si elle était condamnée à l'exil. Comme si l'euthanasie était douce. Des années d'explication sur le sens des soins palliatifs ont été pulvérisées par ces slogans mensongers . Déjà nous constatons la terreur que provoquent chez nos patients l'idée de la défiguration et celle des douleurs irrépressibles qui lui sont attachées. L'éventail des moyens analgésiques et d'accompagnement est méconnu. Déjà nous mesurons les effets néfastes d'un prétendu « droit au suicide » avancé ici ou là. Tous les efforts de la société pour sauver et consoler les désespérés et garantir leur place aux personnes dépendantes, sans les juger sur l'apparence, ont été contredits. »

Le droit au "suicide assisté" soi disant décidé librement et sereinement est une affreuse imposture. Et l'ADMD a fait un gâchis énorme. Elle a nui objectivement au développement des soins palliatifs en France.

D'ailleurs peut-on ignorer qu'il y a en France des gens incapables de faire la différence entre les soins palliatifs et l'"euthanasie active" ? Est-ce normal ?

Écrit par : Blaise | 21/03/2008

@ Blaise

> L'ADMD avait été fondée par le sénateur Henri Caillavet, qui l'a longtemps présidée.
Pour lui, je me rappelle en substance ses propos réitérés, ce qu'il appelait la dignité d'un être humain correspondait à sa "qualité" !
Il manifestait un profond mépris pour celui qui était diminué, handicapé, dont la qualité de vie ne méritait pas selon lui, de donner le droit de vivre.
C'est cela la réalité sinistre du combat de l'ADMD : le nihilisme, l'obsession de la "qualité" d'un être humain, un orgueil démesuré qui fait préférer la mort à une vie diminuée, pour soi d'abord, pour les autres ensuite...

Écrit par : Michel de Guibert | 22/03/2008

TERRIBLE COUSINAGE

> Depuis le début, je pense - et nous devons tous penser sans doute - à l'idéologie eugéniste, très prégnante dans les années 30, et qui a eu son heure de gloire avec l'Allemagne nazie (mais sans exclusive). A l'époque aussi on "mesurait" la dignité humaine, et on décidait ainsi qui "méritait" de vivre. Le contexte n'est plus le même bien sûr, par contre il semble bien y avoir une filiation. -Ce qu'avait remarqué le pape Jean-Paul II (et que tous les médias ne lui avaient pas pardonné).

Après la défaite allemande on a cru pouvoir tourner la page, et c'est vrai que le procès de Nuremberg et les autres procès de nazis qui ont suivi ont porté leurs fruits. C'est indéniable. Le problème c'est que l'idéologie utilitariste qui sous-tendait l'idéologie du national-socialisme n'est pas morte. Elle s'est faite plus discrète pendant quelques temps, et maintenant elle reparaît avec vigueur et sous un vocabulaire rénové.

Mais peut-être qu'une telle dérive est la rançon d'une société qui se prend comme unique référence transcendante? Les sociétés païennes, si elles ne prônaient pas toujours des comportements très évangéliques, proposaient au moins une certaine stabilité morale avec ses "tabous".

Je crains que Gaudium et Spes n'ait pleinement raison : "le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe Incarné".

Lorsque l'homme perd cette lumière du Verbe, il se défigure lui-même, il ne comprend plus l'éminente dignité qui le fonde, -et les atrocités les plus démentes deviennent possibles. Le Père de Lubac l'avait bien compris.

Écrit par : Blaise | 22/03/2008

CONSTERNANT

> Entendu dans C dans l'air,
"au nom de l'euthanasie" de cette semaine.

http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_article=2611

1 point délirant :

Le débat en France est difficile sur l'euthanasie car il a une tradition catholique (heureusement moins que l'Italie, cela leur donne sûrement de l'espoir).
Mais, les catholiques qui, puisqu'ils sont catholiques, refusent - pour des motifs religieux que nous devons respecter - l'euthanasie,doivent savoir que la loi est faite pour tous, non pas juste pour eux. C'est pour cela qu'ils doivent laisser autoriser une loi sur l'euthanasie qui répondra à tous les problèmes.

Consternant.

Écrit par : Michael | 22/03/2008

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