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16/01/2008

Michel Onfray s’engage dans les zouaves pontificaux

1f1ddd570731d53cfc93401f70932bc1.jpgJe plaisante à peine :

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<  Zouave pontifical.


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« Si barbare il y a, on ne le trouvera pas chez [Bartabas], mais chez un président de la République flanqué de l’inventeur du ‘lâcher de salopes’ au Vatican… » 

Qui s’indigne ainsi de la façon dont Nicolas Sarkozy a rendu visite à Benoît XVI ?  Quel est ce polémiste qui juge Bigard  indigne du pape ? Quel est ce zouave pontifical ?  (« En avant, marchons / En avant, marchons /  Soldats du pape à l’avant-garde… ») C’est Michel Onfray, dans Libération du 16 janvier.

Onfray, l’imprécateur cathophobe, se met à défendre les égards dûs au Saint-Père.

Ce dérapage stupéfie le bobo lecteur. (D’autant que dans le même numéro de Libération, page 37, Alain Duhamel explique que plus rien ne doit être pris au sérieux dans la postpolitique pipolisée : et il a raison là-dessus).

En fait, Onfray n’est pas sur le chemin de Damas. Ce qu’il écrit dans Libé n’a pas pour but d’honorer le Saint-Père, mais de tacler un simple laïque qui fait de l'ombre à Onfray : c’est-à-dire Alain Finkielkraut.

Quel rapport entre Finky, Sarko, Bigard et le pape ? Aucun en l’occurrence. Mais Onfray ne peut pas souffrir Finkielkraut, personnalité médiatique au moins aussi connue que lui, et qui a sur Onfray cette supériorité d’être (vraiment) un philosophe.

Voici l’affaire. Le 10 janvier à France Inter, Finkielkraut développe un de ses thèmes familiers : la brutalisation des mœurs quotidiennes dans la société actuelle. Il parle de « barbarie » et de « dé-civilisation ». Et il cite l’esclandre de Bartabas démolissant une photocopieuse et lançant des chaises sur le personnel de l’Action culturelle d’Ile-de-France pour exprimer son mécontentement à propos d’une subvention. Onfray saute alors sur l’occasion : puisque Finkielkraut a dit du mal de Bartabas, Onfray va en dire du bien, pour dire du mal de Finkielkraut. Mais un titan (Onfray) ne peut s’en tenir à tacler un philosophe : donc Onfray, pour faire bonne mesure,  s’en  prend  aussi  à l'Elysée. Quoi trouver de barbare chez Sarko ? Bigard ! C’est vrai, avouons-le : Bigard est assez décivilisationnel. Mais enfin son émotion en quittant le pape avait quelque chose de sincère, que Michel Onfray n’a visiblement pas capté. Il faut dire qu’Onfray ne capte pas grand’chose en général  - sinon les ondes émises par le Moi d’Onfray.

 

 

 

Commentaires

ABSENT OU ETRANGE

> Quel que soit l'enjeu d'Onfray, dont vous dénouez les fils, on peut cependant s'interroger sur le sérieux de cette visite au Pape...
Que le Souverain Pontife reçoive un chef d'état peu catholique, rien que de normal... C'est le sérieux de l'entreprise élyséenne en général, et à cette occasion en particulier, dont l'absence ou l'étrangeté selon, n'échappe à personne...

MTG


[ De PP à MTG - D'accord évidemment sur ce point. Je n'ai pas dit le contraire dans ma note du 20 décembre. Et la cover-story de Libération (toujours le 16 janvier) était dérisoire, avec ses cris d'angoisse parce que Sarkozy a serré la main du bon cardinal Foley, "grand maître de l'Ordre des chevaliers du Saint-Sépulcre" : 'Libé' croit-il que c'est l'Ordre du Côté Noir de la Force ? ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Michel Thomas de La Garde | 16/01/2008

BIGARD

> En ce qui concerne Bigard (dont je n'apprécie pas du tous les spectacles, faut-il le préciser), j'ai été très étonnée par les réactions qu'il a suscitées chez certains : comment un personnage aussi "grossier", aussi ...., etc. pouvait-il être reçu par le Pape ! Allez savoir pourquoi m'est alors revenu en mémoire l'accueil par le Christ de tous les pécheurs, débauchés, voleurs, adultères, etc. :-)

Écrit par : Flore | 16/01/2008

SIGNIFICATIF ONFRAY

> Merci de nous parler d' Onfray...Il me sidère et en même temps je crois qu' il est le penseur le plus en phase avec la réalité de notre temps, je le trouve très "significatif"...il paraît qu' il est le plus lu par les enseignants...
Comment peux-t-il croire ce qu' il écrit, cela n'a aucun rapport avec la réalité sociale actuelle, les souffrances tout azimut qu' on observe partout, surtout chez les jeunes en conséquence des Nouvelles Moeurs et de ce qui tourne autour...
Nietzsche se vantait de penser à coups de mateau; de ce point de vue Onfray est un bon disciple...il y a chez lui le mystère d'une totale surdité aux dimensions extra- corporelles des choses; la jouissance, la jouissance, la jouissance, tel est son credo, à peine matiné d'accents d'épicurisme soit-disant subtil....
Parlez-nous de lui, c'est intéressant.

Précisément, j'ai assisté en novembre à une conférence de Jean Larcher, journaliste au Pélerin, qui a affirmé devant la salle que Michel Onfray venait de dire qu' il avait été victime d'abus sexuel de la part d' un religieux, il me semble dans un collége catholique de Caen, dans sa jeunesse...je n'ai jamais retrouvé l' info, elle serait très éclairante, le sauriez-vous? Merci.

Écrit par : vicenzo | 16/01/2008

Onfray mieux d'être sourd

> Votre information permet de situer Onfray. Il a un comportement petit bourgeois. Il n'y a pas de classe de bourgeois, il y a des bourgeois dans chaque classe. Un grand marché, d'où son succès.

Écrit par : Krapstschouk | 16/01/2008

LA HAINE

> Ah ah! Merci de nous raconter l'envers du décor. A choisir, je préfère mille fois écouter finkie qu'Onfray, qui ne prêche rien d'autre que la haine.

Écrit par : le chafouin | 16/01/2008

@ vicenzo
(à propos de Michel Onfray)

> Oui, je me rappelle que Gérard Leclerc y faisait allusion dans son Journal :
http://leclerc.gerard.free.fr/
publié dans "France Catholique" :
http://www.france-catholique.fr/


Je retrouve cet extrait de son Journal :
27 septembre 2005
Parfois, je me dérobe à l'effort d'avaler un livre qui risque de me faire passer un sale moment ou surtout de me faire perdre mon temps. Je n'aurais jamais lu le Da Vinci code si on ne m'avait pas demandé une conférence sur le sujet. Je n'ai aucune envie de lire le Traité d'athéologie de Michel Onfray dont je pressens la charge de contre-sens, de ressentiment et d'absurdité. Pourtant le succès de pareils pamphlets devrait commander de la part de gens de mon accabit une réponse immédiate. Je constate qu'heureusement les amis veillent au grain et analysent de la meilleure façon le phénomène. Ainsi Irène Fernandez publie une réponse très pertinente, intitulée Dieu avec esprit aux éditions Philippe Roy. Je sens toutefois monter en moi une colère -une sainte colère ?- à l'encontre du montage d'Onfray dont la monstruosité est révoltante. J'ai toujours été persuadé que le secret de tout cela était d'ordre biographique. D'ailleurs Onfray lui-même appuie cette thèse ouvertement. D'où cette logorrhée qui se répand par tous les moyens : livres, France Culture, université populaire de Caen...

http://leclerc.gerard.free.fr/journal/journal_septembre.php
http://www.france-catholique.fr/2994-France-2-se-met-au-porno.html?var_recherche=Onfray

Écrit par : Michel de Guibert | 17/01/2008

PARTOUT

> Merci à Monsieur de Guilbert pour ses premières indications...la référence de G. Leclerc est très allusive...si quelqu' un a mieux je suis toujours preneur...entre parenthèses, j'ai le même rapport à Onfray que G. Leclerc...et je vois comme lui qu' il est partout.
exemple à "Noël", les deux grands vendeurs de bouquins de ma ville, la FNAC et VIRGIN, rivalisaient en piles d' Onfray proposés en idée de cadeau de bouquin...soyons lucides: il est le penseur le plus significatif de ce qu' est devenue la culture des classes plus cultivées ( enseignants, éducateurs, travailleurs sociaux, fonctionnaires, militants politiques autour de la gauche, étudiants, etc) culture brutale qui s'appuie sur des décennies de culture de plus en plus réductrice et partiale...c'est la génération d'après, c'est logique après tout.
C'est en fait le penseur de la nouvelle et dernière grande utopie que nous aurons à affronter ( elle sera plus terrible ou insidieuse que les autres car l' instinct sexuel est ce qu' il y a de plus impératif en l' homme, mais elle se heurtera à nouveau à la femme): celle de la société de consommation ( le matérialisme mercantile) au service du plaisir sexuel déconnecté du sens de l'activité sexuelle, elle-même déjà déconnectée de l' union conjugale....

Écrit par : vicenzo | 17/01/2008

ONFRAY & BIGARD

> Ma théorie: Michel Onfray est jaloux de JM Bigard.
Pourquoi?
Il a peur de perdre sa première place comme amuseur public!!
Effectivement Onfray plait non parce qu'il est un bon philosophe mais parce qu'il amuse la société avec ses démonstrations à l'emporte pièce. Ma concierge qui est une dame très respectable d'ailleurs a souvent un raisonnement plus profond et plus argumenté que lui!!!

Écrit par : Charles Ingorgia | 17/01/2008

LUI, VRAIMENT

> Juste un petit regret sur votre article: vous dites que Finkielkraut "a sur Onfray cette supériorité d’être (vraiment) un philosophe".
Il me semble qu'il est plus juste de dire: Finkielkraut "a sur Onfray cette supériorité d’être (lui) un philosophe...

Écrit par : edroblot | 17/01/2008

@ vicenzo
(à propos de Michel Onfray)

J'ai recherché et retrouvé cet autre extrait du Journal de Gérard Leclerc sur le site de France Catholique.

6 OCTOBRE 2006

Ce que je soupçonnais depuis longtemps à propos de Michel Onfray, lui-même le révèle dans un livre que j’ai découvert en regardant Guillaume Durand sur France 2. C’est la révolte et le ressentiment à l’égard d’une expérience d’enfance qui expliquent et nourrissent sa posture intellectuelle. Bernanos parlerait d’un enfant humilié. Comment réagir lorsqu’on est soi-même tributaire d’une expérience inverse ? Est-il seulement possible de dire que ces Pères salésiens, auxquels Onfray en veut terriblement, ne sont pas réductibles à ses accusations et à ses terribles souvenirs, que des milliers de jeunes leur ont dû leur apprentissage de la vie et leur chance ? Tout ce que l’imprécateur désigne en fait de mépris du corps et de la culture, de la part de ces “éducateurs”, je le récuse avec indignation en ce qui me concerne. Et je ne me crois pas du tout une exception… Impression assez sinistre de cette émission, en dépit de quelques échanges pertinents sur la culture, l’argent et la puissance publique. La conclusion avec Virginie Despentes n’a rien arrangé. Onfray peut dire tout ce qu’il veut. On lui sert la soupe. Aucune contradiction. Plafond bas, très bas. On me dira que c’est le propre des sociétés libres de laisser paraître le spectacle de nos tristesses et parfois de nos vices jusqu’à la complaisance dans la dislocation. C’est Pascal Bruckner qui me suggère cela dans son dernier essai (La tyranie de la pénitence, Grasset). “Aujourd’hui, être civilisé veut dire se savoir potentiellement barbare. Nous autres Européens sommes évidemment pusillanimes et décadents, pathétiques dans nos aspirations et pitoyables dans nos plaisirs. Au moins en sommes-nous assez avertis pour tenter de nous corriger. Malheur aux brutes qui se croient policées et s’enferment dans le tourniquet infernal de leurs certitudes”. Je suis au fond assez d’accord, même si je pense que les choses ne sont pas égales entre courants d’opinion et que Virginie Despentes n’est pas le miroir parfait de notre réalité. Sans doute oblige-t-elle à réfléchir sur les situations-limite, les déséquilibres qui affectent profondément un univers non avoué et non avouable. La charmante Emmanuelle Béart, “grand témoin” de l’émission, est-elle la meilleure arbitre pour juger de ces choses ? C’est vrai qu’elle aussi, peut être le témoin révélateur… Tout cela pour dire que je n’ai aucune envie de censurer Guillaume Durand, même s’il m’insupporte, à mes frais, sur le service public. Allons plus loin : Charlie-hebdo peut publier tout ce qu’il veut, je n’agresserai pas son directeur que je rencontre régulièrement dans mon voisinage. Je tolère presque tout, c’est une des conditions de ma propre liberté. Et contrairement à ce que les anticléricaux disent à longueur de journée, c’est aussi les conséquences de ma liberté chrétienne.

http://www.france-catholique.fr/Morceaux-choisis-2006.html
http://leclerc.gerard.free.fr/journal_print/Journal-GL-morceaux_choisis.pdf

Écrit par : Michel de Guibert | 18/01/2008

RESSENTIMENT

Merci, cette fois, je sais, c'est un aveu écrit dans un de ses livres; je vais chercher dans les bouquins d' Onfray...d'ailleurs ma FNAC les a apparemment tous, bien exposés... Le ressentiment, la blessure non guérie, renferment et faussent le travail de l' intelligence ( j'en sais d'ailleurs quelque chose par expérience!...)

Écrit par : vicenzo | 18/01/2008

COCA ET MACDO

> A Vicenzo: je sais pas en lycée, mais en collège, notamment en zep, Onfray est peu lu. Quant à l'inculture des profs (c'est paradoxal quand même!), elle frappe surtout les jeunes, les moins de 35 ans qui préparent leurs concours en faisant du bachotage avec des photocopies d'ouvrages résumant les principaux sujets. Après l'examen, ils ne lisent plus. Il est rare que j'ai une discussion sur un ouvrage venant de sortir ou sur un sujet historique faisant débat avec mes jeunes collègues. Je ne leur en veux pas, ils sont le fruit d'un système tuant la culture et la réflexion au profit d'une vision utilitariste de l'éducation privilégiant, notamment, l'insertion rapide et complète sur le marché du travail. Bref, on bosse pour Coca et mac-do!

Écrit par : vf | 19/01/2008

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