15/01/2008
TV publique : un problème de contenu
...et non un problème de privatisation :
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Nicolas Sarkozy envisage de supprimer la pub dans la télévision de service public. Aussitôt des ultralibéraux de l’UMP demandent la privatisation de chaînes publiques. Henri Guaino répond : « Il n’y aura pas de privatisation ». Amen to that.
Cependant Mariani objecte : « Je ne comprends pas à quoi sert France 2 qui est le clone de TF1 ». Il pose ainsi la question des contenus, et il a raison. Mais il a tort de la considérer (semble-t-il) comme insoluble et débouchant nécessairement sur la nécessité de privatiser… En effet, la chute de la qualité des productions des grandes chaînes* s’explique par la marchandisation de l’audience, cf la célèbre phrase de Patrick Le Lay sur les cerveaux à fournir aux tranches de pub. Ce phénomène est né du privé. Une télévision publique de bon niveau est-elle concevable si on la libère de l’emprise des pubards ? Sans aucun doute : à condition d’y mettre les moyens et les gens qu’il faut. Le voudra-t-on, et le pourra-t-on ?
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(*) Le privé de qualité est néanmoins possible malgré la pub : voir entre autres LCI. Le choix des journalistes compte donc beaucoup. Objection : LCI fait de l'info, alors que la chute de qualité des productions des grandes chaînes affecte plutôt les séries, téléfilms, jeux, plateaux, etc... Contre-objection : ce qui mine les productions de TF1 et FR2 mine aussi leurs journaux.
09:50 Publié dans Médias | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : Guaino, Mariani, France 2, service public
Commentaires
CE QUE DISAIT ANNIE LE BRUN
> La crise de la TV n'est pas une crise de la demande mais une crise de l'offre. Les dramatiques et la plupart des débats sont vides. Pourquoi ? A cause du rôle que le spectacle joue dans la société consumériste. Les mots sont l'objet du même détournement. Comme le disait Annie Le Brun dans une intervention à un colloque en 2003 (sur les OGM, en plus !) : "On réquisitionne les mots pour nommer ce qui n'est pas... Je pense à ces 'espaces liberté', 'espace loisir', etc, plaqués sur des lieux qui n'en sont pas, affublés des qualificatifs de ce qui y fait défaut et qui établissent la nouveauté d'un langage destiné à se substituer aux choses comme aux êtres. C'est un langage de synthèse dont on a continuellement l'exemple dans les médias et dont la qualité majeure est de nous désapprendre à discerner en nous désapprenant à ressentir."
Écrit par : Girolamo | 15/01/2008
CE SOIR (OU JAMAIS)
> Que pensez-vous de l'émission "Ce soir (ou jamais)" ? Personnellement, je pense qu'il y a là un certain contenu, ou du moins une réelle liberté de ton. Les bons chiffres de l'audience semblent du moins indiquer qu'il y a un public demandeur!
Écrit par : Jean | 15/01/2008
> "ce soir ou jamais" est une bonne émission , mais ce n'est pas de la télé ; c'est de la radio filmée.
Écrit par : alain21 | 16/01/2008
ILLOGIQUE
> Supprimer la publicité sur les chaînes publiques, dans l'absolu, ça peut sembler une bonne idée. Mais pas facile à mettre en place. Et coûteuse. On va encore taxer le contribuable, déjà bien mis à mal. Ce qui semble tout à fait illogique quand on parle d'augmenter son pouvoir d'achat.
Est-ce que dans ce pays il n'y aurait pas, par le plus grand des hasards, des problèmes graves et sérieux qui mériteraient que nos gouvernants y consacrent toute leur attention, sans se disperser sur des broutilles ?
Écrit par : Barbara | 17/01/2008
@ Barbara
> Certes, ce qui a du prix a un coût... mais je ne vois pas pourquoi la redevance, éventuellement augmentée, ne permettrait pas de payer un service public de qualité.
Le comble, c'est de faire payer actuellement pour un service nul.
Écrit par : Michel de Guibert | 17/01/2008
VRAIMENT ENVIE ?
> Et si on ne gardait qu'une seule chaîne publique à laquelle, du coup, la redevance suffirait amplement? Bien sur, cela ne résoud pas le problème de la qualité. Là, il faut un chef d'Etat qui ait vraiment envie d'élever le niveau culturel des citoyens. Mais attendre cela d'un Sarko, c'est du rêve!
Écrit par : Vf | 19/01/2008
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