Sarkozy chez Benoit XVI

Et ensuite ?

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Nicolas Sarkozy  était donc ce matin chez le pape. Communiqué laconique : "Une attention particulière a été portée à la situation internationale, concernant l'avenir de l'Europe, les conflits du Moyen-Orient, les problèmes sociaux et politiques de certains pays africains et le drame des otages".  A-t-il été question de la défense de l’environnement, sujet sur lequel Benoît XVI (après Jean-Paul II) a multiplié les déclarations fermes ? Ce n’est pas précisé.  La conversation a d’ailleurs été brève : une petite demi-heure.

J’étais à LCI, ce jeudi matin, en compagnie de l’ecclésiologue et musicologue journaliste Jacques Collet et du philosophe Thibaut Collin, pour commenter la visite de Sarkozy à Benoît XVI.  Le président français avait-il des sujets de convergence avec le chef de l’Eglise catholique ? Quelques-uns : l’environnement, par exemple...  Il a aussi plus de considération que Jacques Chirac envers les sensibilités catholiques : contrairement à son prédécesseur, le nouveau chef de l’Etat ne rejette pas les racines chrétiennes de l’Europe, et ne nie pas le rôle du christianisme dans la genèse de la civilisation française. 

Cela dit, les  mots n’engagent à rien et la politique de l’Elysée se verra à ses résultats pratiques, non à ses ornements verbaux.

Car il y a aussi des points d'interrogation entre l’Elysée et l’Eglise catholique : par exemple, on peut se demander comment vont évoluer les lois françaises de bioéthique dans les prochains mois. La République française va-t-elle continuer à subventionner la fabrication-destruction d’embryons humains « pour la recherche » ? L’Eglise  conseille  de réorienter  ces subventions. À l'appui, elle souligne le caractère prometteur des récentes découvertes en génétique : notamment celle du Japonais Yamanaka... Mais pour que cette réorientation ait lieu, encore faudrait-il que soit rompue l’emprise du lobby biotech sur la classe politique en France et dans le reste de l’Europe. Et ceci est une autre paire de manches, qui ne se résoudra pas avec une visite de courtoisie au Saint-Père.

A propos des visites de courtoisie aux papes, rappelons celles de Jacques Chirac flanqué de sa fille  (et de sa femme arborant la mini-médaille d'un ordre pontifical)… Ces salutations et ces mantilles édifiaient les bonnes âmes et indignaient le Canard.  Ce n’est pas pour ça que la politique française s’est infléchie dans un sens favorable à la vision chrétienne, si l’on se souvient des décisions prises entre 1995 et 2007 !  L'alliance du trône et de l'autel ne nous menace guère. Laissons donc Le Monde publier  – une fois de plus – un dessin violemment antireligieux montrant Sarkozy en gamin cafard sur les genoux d’un Benoît XVI inquiétant : si la gauche libérale n’a que ça contre la droite libérale, c’est que décidément elle n’a plus rien à dire.