Mama Galledou et les incendiaires du bus : une situation symptomatique

Dignité de la victime, inconscience des jeunes :

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<<  Le procès de six adolescents accusés d'avoir incendié un autobus en octobre 2006 à Marseille s'est ouvert à huis clos lundi devant la cour d'assises des mineurs d'Aix-en-Provence.  Les prévenus, qui étaient âgés de 16 à 18 ans au moment des faits, sont jugés pour incendie volontaire ayant entraîné une infirmité. Ils encourent une peine de quinze ans de réclusion criminelle, qui peut être doublée si l'excuse de minorité n'est pas retenue. Le verdict est attendu vendredi soir.

La principale victime de l'incendie, Mama Galledou, 27 ans aujourd’hui, a été brûlée sur 62% de la surface du corps. La jeune femme a témoigné lundi pendant près d'une demi-heure grâce à un système de visioconférence. Elle avait un visage souriant et portait une minerve transparente autour du cou. "C'était un moment extrêmement poignant avec une rare qualité de silence", a rapporté son avocat, Me Alain Molla."C'était bouleversant. Elle a parlé sans haine, ni colère. Elle nous a donné une leçon de courage", a ajouté Me Akim Ikhlef, défenseur d'un des prévenus.

Pendant son long dialogue avec le président du tribunal, Mama Galledou a dit son "besoin de savoir" ce qui s'est exactement passé lors de l'incendie du bus 32, le 28 octobre 2006.  "On a tellement mal qu'on finit pas ne plus avoir mal", a-t-elle dit. "Je n'ai pas le droit de lâcher, il faut que je vive".

La plupart des accusés ont écouté son témoignage la tête baissée. Les avocats de la défense ne sont pas intervenus.

Ce dispositif de visioconférence avait déjà été employé lors du procès des deux autres prévenus de moins de 16 ans qui ont été condamnés, le 28 septembre, à huit ans de réclusion criminelle par le tribunal pour enfants de Marseille.

Leur procès en appel se tiendra du 6 au 8 février 2008. Les deux adolescents doivent témoigner mardi devant la cour d'assises.

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"Des enfants normaux"

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L'instruction n'a pas permis de définir avec certitude le rôle de chacun des accusés, notamment de savoir qui a mis le feu au bus. "Les jeunes ont du mal à cerner leur participation à cette action de groupe qui a dérapé. Pour autant, il est faux de croire qu'ils ont peur de parler", a déclaré Me Dominique Mattéi, défenseur de l'un des principaux protagonistes de l'affaire.

Certains avocats de la défense craignent que le climat de violences urbaines - avec les incidents il y a une semaine en grande banlieue parisienne à Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise - ne pèse sur le procès d'adolescents qui ne sont pas, à leurs yeux, "des marginaux mais des enfants normaux".

Selon Me Molla, Mama Galledou n'attache aucune importance à la sévérité de la peine : "Que ces agresseurs prennent quelques mois de prison ou beaucoup d'années a peu d'intérêt. Cela ne lui rendra pas sa santé", a-t-il dit. >>

 

 

 

Commentaire

 

-  La dignité de la victime et de sa famille avait déjà frappé tout le monde l’an dernier (voir ce blog, note du 5.11.06, catégorie Religions). Cette attitude de paix et de fermeté s’appuie sur une foi religieuse non dissimulée.

 

-  Les incendiaires du bus « ne sont pas des marginaux  mais  des  enfants  normaux  »  ? C’est justement  le drame. Ils ont incendié un bus pour attirer la télévision dans leur quartier : c’est une attitude « d’enfant normal » à l’époque de la médiacratie. Ils ne se rendent pas compte qu’ils ont commis un acte inhumain : c’est aussi une attitude « d’enfant normal » à l’époque du relativisme généralisé. Mais on cherche en vain cette réflexion dans les articles de presse. Notre société est incapable de faire son examen de conscience, parce que la notion de conscience lui échappe : et c’est l’attitude d’une « société normale » en 2007.