Chrétiens du Québec : résistances à la campagne politico-médiatique

Lu par exemple dans Le Devoir de Montréal (3.12.07), ce message de Marjorie Hall, graphiste, et Stéphane Bürgi, étudiant en sciences politiques :

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<<   Nous sommes tous les deux âgés de 22 ans, et nous formons un couple catholique pratiquant, marié et heureux. Depuis le passage de Mgr Marc Ouellet à la commission Bouchard-Taylor, et surtout depuis la parution de la lettre de pardon qu'il a adressée à tous les Québécois, nous sommes bouleversés par l'hostilité et l'anticléricalisme qui se révèlent dans les médias.

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Aujourd'hui, plusieurs journalistes et intellectuels semblent faire front commun pour imposer une vision laïciste de la société québécoise. Nous soutenons au contraire que la religion a sa place dans l'espace public puisque la foi en Dieu est la source des principes moraux et éthiques que les croyants défendent, en tant que membres à part entière de la société civile. Nous affirmons également notre attachement à la foi et à la morale chrétiennes, telles qu'elles sont enseignées et transmises par l'Église catholique.

 

Les réactions aux déclarations de Mgr Ouellet constituent un exemple frappant de la haine que certains journalistes et intellectuels nourrissent à l'égard de la religion. Les médias ont accusé celui-ci d'avoir une attitude «réactionnaire», «rigide», «arrogante», «simpliste», «vindi-cative»  et  «hypocrite».

 

Certains ont affirmé que les propositions du cardinal correspondaient à une tentative de défendre « des pratiques et des valeurs qui appartiennent au passé». D'autres encore sont allés plus loin en proposant un modèle de société athée où l'expression religieuse ne serait plus tolérée. Ainsi, dans Le Devoir, une professeure de philosophie, Marie-Michelle Poisson, a déclaré qu'on «ne devrait plus tolérer dans les débats publics les sophismes et les contre-vérités dont les religieux de toutes confessions font désespérément usage en tentant de préserver une autorité morale anachronique».

 

Un appui au cardinal

 

Mais de quelle menace parle-t-on? Devant les erreurs passées commises par certaines autorités de l'Église, le cardinal Ouellet n'a-t-il pas répondu: «Pardon pour tout ce mal ! » ? Dès lors, il est consternant de voir qu'un «acte de repentance et de réconciliation» suscite de telles réactions. Devant cette main tendue, plusieurs ont choisi de tourner le dos et de refuser le dialogue. Ils ont méprisé ce geste d'ouverture et en ont profité pour faire une surenchère d'insultes, en allant jusqu'à traiter l'Église de «cadavre grouillant».

Devant cette haine, nous voulons exprimer notre appui sincère à Mgr Ouellet. Tout comme lui, nous considérons que «les croyants et les incroyants [...] sont appelés à vivre ensemble, à s'accepter et se respecter mutuellement, à ne pas imposer leur croyance ou leur incroyance, ni en privé ni en public». Notre foi chrétienne fait partie de notre identité et oriente notre vie au quotidien. Pour quiconque comprend ce que veux dire «avoir la foi», il est évident que de confiner la religion au seul espace privé est une atteinte directe à la liberté de conscience. [...]

 

En tant que jeunes croyants, nous avons fait l'expérience d'une transformation radicale lorsque, librement, nous avons dit «oui» à Jésus-Christ. C'est cette conversion, et non l'adhésion à une quelconque philosophie abstraite, qui nous permet, malgré nos faiblesses, de vivre l'Évangile au quotidien. Nous avons fait l'expérience que l'amour véritable ne peut pas se vivre par nos simples forces humaines, mais que nous avons besoin de l'aide Dieu pour y parvenir. Tel est l'essentiel du message chrétien que l'Église enseigne depuis 2000 ans.

 

Les maux du Québec

 

Nous affirmons que chacun a la liberté absolue de choisir l'orientation qu'il veut donner à son existence. Malgré tout, nous croyons que les défenseurs de la «laïcité totale» doivent répondre des maux qui caractérisent le Québec laïc d'aujourd'hui: «Le désarroi de la jeunesse, la chute vertigineuse des mariages, le taux infime de natalité et le nombre effarant d'avortements et de suicides». Tout comme Mgr Ouellet, nous considérons que «notre société a besoin d'un mouvement de conversion à ses valeurs spirituelles profondes et d'une nouvelle alliance entre sa foi devenue dormante ou passive et la culture commune en émergence qui cherche ses racines».

 

En résumé, nous déclarons aujourd'hui qu'il est faux de prétendre que l'Église catholique est arriérée et ne correspond plus aux aspirations de la jeunesse. Nous sommes nombreux à avoir trouvé dans l'enseignement de l'Église catholique la libération de l'esclavage dans lequel le matérialisme et le relativisme nous avaient enfermés…

Marjorie Hall,  Stéphane Bürgi  >>

 

 

 

Commentaire -   S’il y a un antichristianisme en 2007, ne nous contentons pas de le reprocher à des pays musulmans et à des fanatiques, qu'ils soient néobouddhistes (Sri Lankâ) ou néohindouistes (Inde).  Dans nos propres sociétés, une hostilité quasi-officielle se répand envers le christianisme. Elle est portée par les médias commerciaux qui ne sont ni hindouistes, ni islamistes, mais… matérialistes mercantiles. C’est-à-dire porteurs de l’idéologie occidentale : celle que Boltanski et Chiapello ont appelée « le nouvel esprit du capitalisme ».