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24/09/2007

Cathophobie : effarante presse parisienne…

Cette fois, à propos du spectacle de Robert Hossein :


La chute des ventes du Monde depuis dix ans vient (entre autres) de la subjectivité croissante des articles de ce journal dans certains domaines : subjectivité incompatible avec le statut commercial de « journal de référence ». Plenel et Colombani évincés, la subjectivité continue. Dernier exemple en date : l’article du 24 septembre sur le Jean-Paul II de Robert Hossein au Palais des Sports à Paris.

Le chroniqueur n’a pas aimé. Il en a le droit : on n’est pas obligé de trouver convaincantes les grosses machineries de Hossein.

Mais l’article commence par deux affirmations. Selon lui, Hossein se permet d’ « étaler les rites d’une institution aussi décriée que l’Eglise », et « d’exposer un pape aussi peu consensuel ».  

Pas besoin d’être un lecteur catholique du Monde pour trouver ce ton péremptoire.  L’information en souffre. Poser en postulat que l’Eglise est « décriée », c’est dire qu’elle a une mauvaise réputation méritée. (Un article objectif aurait plutôt dit : « un fossé sépare aujourd’hui les leaders d’opinion occidentaux et l’Eglise catholique » ; et se serait demandé pourquoi). D’autre part, suggérer qu’ « étaler les rites » de cette Eglise est choquant pour le public, c’est oublier le respect universel autour de Jean-Paul II et de Jean-Marie Lustiger lors de leurs obsèques  – qui furent deux « rites », relayés par toutes les télévisions.

Quant au jugement sur un Jean-Paul II spécialement non consensuel, il ne tient pas debout. Est-ce une (pesante) allusion aux « positions-conservatrices-du-pape-polonais-sur-les-questions-morales » ? Mais ces posi-tions étaient celles de son prédécesseur Paul VI, le « pape-du-Concile ». Et la presse parisienne de 2007 jugerait conservateur (« plein de dogmes ») le discours de Paul VI sur le Credo, autant que celui (intolérablement missionnaire) de Jean XXIII  inaugurant Vatican II…

Enfin, les metteurs en scène devraient-ils éviter les sujets non « consensuels » ? Ce serait une étrange conception* ! Elle diminuerait encore le nombre des spectateurs au théâtre, comme elle diminue celui des acheteurs de la presse parisienne.

 

____

(*) D’autant plus risible que les journalistes adorent l’épithète « dérangeant » (brevet qu’ils décernent à ce qu’ils apprécient). Faut-il comprendre que pour être honoré du titre de « dérangeant », il faut être « consensuel » ?

 

Commentaires

"IL RECHUTE"

> Je continue ici notre discussion commencée hier à Nancy. Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites sur Ratisbonne. Benoît XVI, quand il a été élu, j'ai dit : "catastrophe". Puis en lisant l'encyclique : "Il se reprend". Mais depuis Ratisbonne et la suite, il rechute. C'est à cause de son rationalisme aristotélicien qui le coupe des sources bibliques.

Écrit par : Damien | 24/09/2007

ECRIT PAR DES AVEUGLES

> Vous répondez à l'article du Monde exactement comme il faut le faire, avec un parfait sang-froid.
En termes polémiques, "le Monde" est devenu "Le Journal des aveugles", c'est l' image que je trouve la plus juste!

Écrit par : Vicenzo | 24/09/2007

PAS DE COUPURE

> A Damien : si rationalisme il y a chez B. XVI, il serait plutôt platonicien qu'aristotélicien. Et on ne sache pas que cela coupe intrinsèquement des "sources bibliques".

Écrit par : JG | 24/09/2007

L'OEUVRE D'UNE VIE

> Henri Tincq a passé 25 ans à baver sur le pontificat de Jean-Paul II, avec quelques éclairs rares et fugaces de lucidité quand les événements lui donnaient tort d'une façon trop spectaculaire. C'est l'oeuvre de sa vie !

BH


[De PP à BH - Versons un pleur.]

Écrit par : B.H. | 24/09/2007

à JG

> Cette idée que la raison grecque serait incompatible avec l'esprit de la Bible, c'est une intox très répandue dans les cours d'initiation vétérotestamentaire et hébraïque à l'usage des chrétiens. Ces cours sont nécessaires, mais il faudrait qu'ils ne soient pas déviés de leur but par des idéologues dont l'intention profonde est de détruire la confiance des catholiques en leur propre foi. La CEF devrait se préoccuper de cela.

Écrit par : carla | 24/09/2007

à carla

> Parfaitement d'accord avec vous. La CEF devrait (re)lire Rémi Brague (La sagesse du monde ou Europe, la voie romaine, par exemple) et Pierre Magnard (son Pascal, que la Table Ronde vient de rééditer) pour constater quel appui la raison grecque a fourni au judéo-christianisme dans son développement.

Écrit par : JG | 24/09/2007

BAROMÈTRE

> Damien a son baromètre et il observe des reprises et des rechutes. Pourquoi de tels diagnostics péremptoires? Quelle est la fiabilité de ses mesures? De quelle autorité tire-t-il ses conclusions? Des sources bibliques, peut-être? Il me semble pourtant que Benoît XVI cite abondamment les Ecritures dans ses discours pour autant bien raisonnés.

Pour ce qui est du sujet de cette note, je constate que l'article du 24 Heures que j'avais envoyé au sujet d'une polémique sur les derniers instants de JP2 n'a pas été retenu comme exemple flagrant de bêtise médiatique. Mais cet article sur le spectacle de Robert Hossein fait tout autant l'affaire...

Écrit par : Philippe M | 24/09/2007

PREVISIBLE TINCQ

> Henri Tincq égal à lui-même, quoi ! Ce qui est agréable avec lui, c'est qu'il suffit de savoir de quoi il va parler pour deviner facilement de comment il va en parler... Inutile d'en lire plus de 2 ou 3 lignes.

Écrit par : Flore | 24/09/2007

GRATUIT

> Ils décrient la religion catholique mais au train où vont leurs ventes, ils finiront par distribuer gratuitement le Monde à la sortie de la messe.

Écrit par : Qwyzyx | 24/09/2007

DU TEMPS

> Vous avez beaucoup de patience de lire le Monde, moi je ne lis plus depuis trente cinq ans.
Je dois manquer quelques nouvelles, mais ça m'évite des coups de sang mauvais pour la santé, mais et surtout ça me laisse du temps pour des lectures plus éclairantes.
En tous cas, bravo pour votre post. C'est bien envoyé.

Écrit par : Denis Merlin | 27/09/2007

BERTRAM

> «Faut-il comprendre que pour être honoré du titre de "dérangeant", il faut être "consensuel" ?»
Magnifique aphorisme qui résume aussi le sophisme ultime de l'«art contemporain», dont une définition pourrait être: sera dite «contemporaine» toute œuvre consensuellement considérée comme «dérangeante».

Bertram


[De PP à B. - Je vous rejoins à cent pour cent sur ce sujet.]

Écrit par : bertram | 29/09/2007

> Très bien pour ton blog et à bientôt peut être.

Max

Écrit par : champoiseau max | 03/10/2007

HOSSEIN

> Je trouve juste ce que dit Henri Tincq sur le spectacle triste et pesant de Robert Hossein ; j'attire votre attention sur le fait qu'au lendemain de la mort de Jean-Paul II, un des meilleurs hors série a été celui du Monde conduit précisément par Henri Tincq. Je ne partage pas ses vues bien souvent, c'est évident, mais là j'approuve.


Jean-Paul II
Le pape ringard selon Hossein

Petite réticence avant de prendre le billet : l’interview de Robert Hossein entendue sur les ondes me chiffonne. Quelle est la vedette du spectacle ? Mais laissons cette hésitation malvenue, ne soyons pas « négative », comme l’on dit aujourd’hui, ne soyons pas non plus élitiste. Il faut essayer de comprendre. Et puis, n’y a-t-il pas que de la bonne volonté, que de bonnes intentions dans ce projet de mise en spectacle de la vie de Jean-Paul II ? N’y a-t-il pas un vrai professionnalisme ? Les partenaires du projet ne sont-ils au-dessus de tout soupçon ? Alors, allons-y. Et essayons de comprendre. Qui pourrait, en outre, supporter qu’on ne soit absolument fidèle à la mémoire de celui qu’on a connu et aimé, de celui qu’on a suivi « de près » ? C’est sûr, pas un iota de sa vie ne saurait être modifié ; non ce n’est simplement pas possible, pas la vie de Jean-Paul II.

C’est donc dans cet état esprit que je me rends, assez confiante, au « Palais des Sports » pour voir le « N’ayez pas peur » de Robert Hossein !

Nous tombons de haut.

Et aujourd’hui, je ne sais pas comment tourner ce papier pour dire ma profonde déception, ma grande tristesse de voir qu’il ne reste que cela, que soit « trafiqué » à ce point son souvenir, deux ans à peine après sa mort. Tant de platitudes. Tant de tristesse et de pesanteur, lui l’homme de prière et de joie : serait-ce dû à l’esthétique des soutanes ? Pourquoi n’avoir pas retenu Karol Wojtiła dans ses tenues parfois originales, loin des images d’enfant de chœur, même si elles existent également ?

Bien sûr, l’on peut me rétorquer que la vulgarisation, la simplification pour les masses a toujours ses travers. Un spectacle son et lumière annonce toujours un genre à traits gras, des tableaux visuels schématiques, plus que des dialogues fins. Tout cela, qui l’ignore ? Mais enfin, l’homme de la rue, ce vulgaire au sens étymologique qu’on prétend toucher, n’aurait-il donc pas le droit à la vérité ? à la vérité historique ? à la vérité spirituelle ? à la vérité qui n’a nulle besoin de rectifications ? Bref, à la vérité tout court, au respect d’une pensée qui a toujours été pleine, lumineuse et forte, et d’une certaine façon, accessible également ? Le vulgum pecus qui aime, me dit-on, les grandes manifestations de ce genre, n’a-t-il pas le droit de voir l’épopée bonne, juste et vraie de la vie de Karol Wojtiła ? Certes, la caution d’Alain Decaux avait de quoi rassurer mais l’on ne peut s’empêcher de s’étonner d’erreurs sur la période polonaise, notamment autour du cardinal Wyszinski étrangement confondu au début avec Mgr Sapieha , autour également de la vocation de Karol Wojtyła, née lors de l’occupation nazie, non au moment de la prise de pouvoir par les communistes ainsi que Jean-Paul II le dit lui-même dans ses propres souvenirs dans Don et mystère.

Que dire pourtant de telles réductions d’une vie géante, des manipulations qui rabaissent la hauteur prophétique ?

Un pape principalement joué par un acteur petit, sans stature, vieux. Sans voix rauque. Sans chaleur. Terne.

Un bonimenteur indécent, faisant office de narrateur, pensant sans doute qu’il suffisait d’adopter un ton de marchand de tapis pour faire croire à une jovialité ordinaire, là où tragique et sacrifice d’exception se sont donnés la main chaque jour d’une vie souffrante, ainsi que l’a écrit Mgr Dziwisz ; si la première scène du spectacle a tenté vaguement de le montrer - grâce au flash back du 13 mai 1981, truc narratologique emprunté d’ailleurs à l’un des meilleurs films sur la vie de Karol Wojtyła - c’est manqué, et l’humour de la religieuse au chevet du pape casse tout, tout de suite. Ainsi est gommé volontairement le sacré, pour que ne reste que l’humain. Il se trouve, seulement, que les deux étaient inséparables chez Jean-Paul II ; le résultat ne pouvait être que désastreux.

Le nom de Jean-Paul II, Wojtyła, toujours mal prononcé, comme une indélicatesse supplémentaire.
Des dialogues simplificateurs, revêtant un relief mensonger quand vient la question de la sexualité et du sida. Il fallait montrer à quel point Jean-Paul II n’avait pas été clairvoyant. Brutales à ce propos et peu amènes, les questions des jeunes en balade dans les montagnes polonaises ; d’un orgueil sans nom, la réplique de l’Abbé Pierre qui interroge et demande au pape de s’expliquer. Pourquoi n’avait-il donc pas écouté les spécialistes du terrain et les missionnaires ? Et le public d’applaudir l’Abbé intelligent, non pas le pape aveugle, joué de manière crispée sur ses positions. Je reste surtout atterrée de tant de mépris pour les Africains, objet de la discussion, incapables, et « bavards ». Ce mépris latent, on peut le retrouver lors de la présentation du dialogue inter religieux : avec la question de l’Islam, voilà qu’est donnée une séance de danse du ventre de femmes musulmanes. Il y a là une absence de rigueur pour le moins incongrue.

Des longueurs : un comble pour une vie si trépidante d’actions multiples et grandes. La scène de la réunion d’Assise tire vraiment en longueur dans l’énumération répétitive des religions. Cela dit, beaucoup s’accordent, malgré tout, pour dire, qu’avec la séquence du Mur de Jérusalem, l’épisode d’Assise fait partie des bons moments du spectacle. Admettons. On regrettera cependant qu’il n’y ait pas dans les deux cas référence au contexte : guerre froide (et Tchernobyl) en 1986, et Jubilé de l’an 2000.

Femmes féministes hystériques aux Etats-Unis,

Lech Walesa bête et orgueilleux,

Mikhaïl Gorbatchev caricaturé.

Jean-Paul II buvant trivialement de la Vodka polonaise ou prononçant des gros mots alors que jeune, il joue une pièce de théâtre : il fallait, à n’en pas douter, retenir ces scènes tout à fait essentielles.

Pas grand chose des JMJ.

De rares images d’archives, voulant mimer les « Actualités » d’antan, la couleur volontairement convertie en noir et blanc pour ressembler aux antiques séances de cinéma de nos parents, achèvent le tout : Jean-Paul II c’est du passé, c’est du vieux, c’est fini. Jean-Paul II, c’était du temps de la télévision en noir et blanc, pourrait-on presque retenir.

L’apogée de l’omission qui vaut erreur fatale : l’absence de référence au Jubilé de l’an 2000, la grande affaire du pontificat.


Les marchands du temple, à l’entracte, font enfin leur office devant une scène du conclave de 1978, où étaient encore réunis cardinaux en soutane, devant autel et croix ; les ouvreuses surgissent alors et vendent, sans aucune gêne, glaces et chocolats, pendant que les écrans géants diffusent publicités déplacées.


Puis, tout reprend comme au premier acte.
Applaudissements et ovations fusent.

C’est Jean-Paul II qu’on ringardise !
C’est Robert Hossein qu’on impatronise !

Hélène Bodenez


[De PP à HB - Le propos de la note n'est pas la qualité du spectacle de RH, mais le jugement de valeur (sur l'Eglise) qui ouvre le papier d'Henri Tincq. Suir les grosses machines hosseiniennes et ce qui leur sert de scénario en général, j'ai toujours été réservé - à titre personnel.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : BODENEZ H. | 10/10/2007

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