Le logiciel à Ségolène

Un mot trop symptomatique :

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Hier soir, au Zénith, Ségolène Royal a proclamé qu’elle voulait « refonder le logiciel » de la gauche. La formule est symptomatique. Passons sur son incohérence (on ne « refonde » pas un logiciel)... C’est le mot « logiciel » en lui-même qui est révélateur. DSK l’utilise aussi, et tout le PS, sauf Charasse* qui ironise sur ce terme – dans lequel il voit le signe d’un certain vide mental.

 

Parler de « logiciel »  en politique montre, en effet, que l’on ne parle plus de rien. Les idées politiques ne sont pas produites par des logiciels, qui sont des machines et ne remplacent pas le cerveau. Le PS peut changer ses circuits et ses connexions, ce n’est pas ça qui lui fera dire quelque chose… Or voilà le problème : le parti n’a plus rien à dire !  Tout le monde s’en rend compte, sauf ses dirigeants.** (Et sans doute aussi ses militants invétérés : ceux qui sont au PS pour devenir conseillers généraux, députés ou ministres).

 

Pour avoir des idées politiques, il faudrait :

a) redécouvrir l’usage du cerveau, qui n’est pas un ordinateur mais l’outil de la liberté humaine ;

b) donc, croire à la liberté humaine, et cesser d’imaginer que l’homme est le résultat d’une série de déterminismes ;

c)  et donc savoir ce qu’est l’homme. Mais à notre époque où il est continuellement question de ses droits, tout se passe comme si l’on ne savait plus qui il est.  Or sans homme, pas de droits de l’homme ! (Ainsi s’explique la dérive d’aujourd’hui : vers l’eugénisme, le flicage biologique, l’expérimentation sur les embryons, la démolition de la famille, etc).

 

Le PS n’a pas le monopole de cette dérive. Tous les partis « sérieux » dérivent de la même manière. C’est devenu la règle du jeu : quand un homme (ou une femme) politique s’approche du pouvoir, il part progressivement dans la dérive, comme si cette attitude faisait partie désormais de la panoplie du « décideur crédible ».

Par conséquent :  

>  pour un chrétien croyant, perdre son temps dans les machineries politiques est une faute de plus en plus injustifiable ;

>  hors de ces machineries, dans un espace mental libre, on pourra ériger l’humanisme en pleine lumière  – et montrer que c’est de lui que l’époque a besoin. Non d’un logiciel !

 

 

 

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(*) La semaine dernière à l’émission de Jean-Pierre Elkabbach, avec Alain Finkielkraut et Monique Canto-Sperber. Ils étaient tous les trois du même avis.

(**)  Que l'on ne dise pas que Mme Royal s'en rend compte : c'est son discours qui est (de loin) le plus creux de tous.