Benoît XVI au Brésil : la désinformation se déploie...

...dans les médias occidentaux :

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La désinformation se déploie.  Extraits d’un « reportage » d’agence  sur le Brésil lors de l’arrivée du pape :   

 

<<  Au sein même de l'Eglise catholique, sur fond de pauvreté et de violence, la "théologie de la libération", souvent accusée d'être trop sensible aux thèses marxistes, a rencontré dans le pays un large écho, comme dans toute l'Amérique latine.  Récemment encore, en mars dernier, le Vatican a sanctionné le père Jon Sobrino*, un jésuite espagnol qui vit au Salvador, lui reprochant "de notables divergences avec la doctrine de l'Eglise". Dans ce contexte particulier, de nombreux fidèles brésiliens se demandent quelles sont les priorités du pape allemand, théologien conser-vateur chevronné qui n'a pas ménagé les mises en gardes contre les "dérives" et certaines interprétations jugées trop audacieuses des textes… >>

 

Cette série d’affirmations reflète le point de vue des salles de rédaction, et de plusieurs septuagénaires dans les milieux catho de l’Hexagone.  Mais il s’agit d’inexactitudes :

 

>  Sur le vieux christo-marxisme  des années 1970-80, faussement appelé « théologie de la libération »...  En réalité :  a) aujourd'hui le christo-marxisme est considéré  en Amérique latine comme un fossile ; b) il ne faisait pas d'« interprétations jugées trop audacieuses des textes** » : il liquidait la pensée chrétienne pour lui substituer autre chose, tout en se servant de mots chrétiens.

 

>  Aucun « fidèle » ne « se demande quelles sont les priorités » du pape. Ceux qui « se le demandent » ne sont pas des fidèles, mais des journalistes désinvoltes. Ou des badauds qui regardent trop la télé...  Benoît XVI a affiché ses priorités dès le début de son pontificat ; ces priorités n’ étant pas d’accepter l'IVG,  « le mariage homosexuel » et « le sacerdoce des femmes », elles paraissent incompréhensibles aux médias européens. Donc c’est comme si elles n’existaient pas. Et les médias se demanderont indéfiniment « quelles sont les priorités de ce pape ».

 

>  Le pape est « allemand », dit la dépêche : manière de dire qu’il n’est pas sud-américain, donc qu’il ne peut rien comprendre au Brésil, etc.  (L’agence accuse-t-elle aussi le secrétaire général de l’ONU de ne rien comprendre au reste du monde, sous prétexte qu’il est Coréen ?).

 

>  Le pape serait « conservateur » !  Voilà l’épithète qui tue***. Mais que signifie « conservateur », s’agissant d’un pape ? L’agence ne le dit pas. Disons-le à sa place. D'après l’air du temps, est « conservateur » quiconque ne raisonne pas (en matière de mœurs) selon le matérialisme mercantile, idéologie dominante de notre société, idéologie des riches et des puissants. Le pape s’oppose à cette idéologie. Il demande que l’on change le système financier planétaire. Est-ce cela, être « conservateur » ?  Le terme exact serait plutôt : « révolutionnaire »… 

 

 

L'INTERVIEW RITUELLE

 

Pour étayer ses lieux communs inexacts, la dépêche d’agence nous sert le « reportage  de terrain » habituel, qui consiste à faire dire à un prêtre européen (fidei donum ?) que l’Eglise sud-américaine est à côté de la plaque.  Ici le prêtre est un Irlandais ; mais c’est le même genre de personnage et le même discours que dans TOUS les « reportages » prétendant résumer la situation en Amérique latine.  L'interviewé prononce les formules médiatiques rituelles, qui consistent à décrire une situation de misère en laissant entendre que la misère réfute la religion. Il dit : «  De nombreuses familles monoparentales vivent dans les cabanes de ce bidonville. Les mères sont souvent très jeunes, des adolescentes. La drogue et l'alcool sont choses communes, la violence est endémique…  Comment concilier tout cela avec l'Evangile et faire que les gens ne se sentent pas exclus ? ». Dirigée contre l'Eglise locale et le pape, cette question est un non-sens. Elle plaît au journaliste, mais elle ne veut strictement rien dire. En quoi la misère des favelas, et l’immense injustice faite aux pauvres du sous-continent, et le comportement odieux des oligarchies, donne-t-il tort à l'Eglise au nom de l’Evangile ? C’est au nom de l’Evangile, justement, que Benoît XVI appelle à changer le système global !  Et le synode universel de 2005 a appelé à lutter contre « les injustices sociales qui crient vers le ciel » ! Mais ça, on ne vous le dira pas dans les dépêches.

 

Dernier point. Ces journalistes libéraux-libertaires feignent (juste pour embêter le pape) d’avoir une tendresse envers l'ancien christo-marxisme en Amérique latine. Mais en janvier, ils se déchaînaient contre l’archevêque de Cracovie accusé d’avoir collaboré avec un ancien régime marxiste en Europe. Faut-il en déduire que les références idéologiques des journalistes varient selon la circonstance ? C'est la chauve-souris de La Fontaine : Je suis oiseau, voyez mes ailes ; je suis souris, vivent les rats.

 

 

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(*)  Sur le cas de Sobrino, vedette des années 80 ayant fourni récemment une ultime  actu, voir dans ce blog la note du 16.03 (catégorie Planète chrétienne).

(**) Pourquoi "interprétation trop audacieuse des textes" ?  Parce que les médias voient le pape comme un "fondamentaliste" (crispé sur la lettre des Ecritures). Ils croient que la religion chrétienne est une "religion du livre", parce qu'ils veulent croire que le christianisme pose le même problème que l'islam. Leur idée fixe est que toutes les religions sont de même nature.  Divers marchands de papier les encouragent dans cette erreur.

(***) Le Vatican indispose les neocons US. Veut-on m’expliquer en quoi ces purs « conservateurs » pourraient être irrités par un pape « conservateur » ? Les mots n’ont plus de sens.