Turquie- Europe : le malaise augmente

Un million de manifestants encadrés par l'extrême droite déferlent dans Istanbul :

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Le 29 avril, un million de manifestants encadrés par l’extrême droite « laïque » ont envahi Istanbul. Cette action de masse était dirigée contre la probable élection du ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül comme président de la République turque, le 9 mai prochain. La manifestation était appuyée par l’armée, qui élève la voix (elle aussi) contre cette élection, au nom de la fidélité à l’esprit de Mustafa Kemal…  Gül est en effet le n° 2 du parti islamiste AKP  – aux côtés du Premier ministre Erdogan dont l’épouse est voilée.

 

Ainsi s’accentue la bipolarisation de la vie politique turque : d’un côté les islamistes, désireux de prendre leur revanche sur le kémalisme. De l’autre, l’armée et les néo-kémalistes, certes « laïques », mais surtout nationalistes pantouraniens… avec  les menaces que contient ce programme, notamment en direction :   a) de l’Irak kurde,  b)  de plusieurs républiques ex-soviétiques.

 

Or ce sont ces nationalistes qui sont présentés, par Bruxelles et la majorité de la classe politique française, comme les garants « de la laïcité, donc de l’européanité » en Turquie !  Affirmation incohérente de la part d’une Europe qui dit, par ailleurs, avoir excommunié « tous les nationalismes »...  

 

Si le fait de coopter la Turquie dans l’UE mérite une si effarante entorse aux « valeurs européennes », quel est donc le motif supérieur (inavoué) de cette cooptation ?

 

La question turque apparaît ainsi comme un révélateur de nos contradictions. Ce constat devrait mener à  repenser – ou penser enfin –l’Europe, sur des bases moins factices.

 

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1er mai -   La confusion continue à propos des manifestations « laïques » turques. Dans Le Monde, le dessinateur Plantu imagine la manifestante-type  comme une fraîche jeune fille souriante, entourée d’un peuple joyeux. Si l’on veut savoir à quoi ressemblent plutôt les manifestants nationalistes laïques turcs, jeter  un coup d’œil aux photos de presse : vous y verrez les manifestants faire en masse le salut de la milice des Loups gris (extrême droite), et sans sourire. Ali Agça, l’homme qui tira sur Jean-Paul II, était membre des Loups gris et souriait peu... (Aux cathotradis qui trouvent les manifestants turcs sympathiques parce que l'armée est avec eux et parce qu'ils sont "contre les islamistes", je me permets d'indiquer que cette armée est celle qui occupe Chypre ;  et que les armées ne sont pas nécessairement des garanties morales).