06/04/2007
Vendredi Saint : l'heure de la croix
‘‘Et peut-être
qu’à la fin…’’
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Et peut-être qu’à la fin, Il avait besoin de cette souffrance pour la parfaite manifestation de Son Amour.
Pour que l’homme connût ce que saint Paul appelle si étrangement la largeur, la longueur, la hauteur et le fond de la Charité de Dieu, il fallait sans doute que fussent jointes et croisées ces deux lignes de bois, mètres surcélestes, plus exacts que les palmes qui servirent, la première fois, quand Il calculait les bornes des mers et la distance des Pléiades.
On ne lui reprochera plus l’indifférence du Titan qui pétrit, façonne et cuit, à sa guise, son argile… Cette limitation forcée de l’œuvre, cette résistance au potier d’une glaise étroite, avare et jalouse, Il la connaît maintenant, du dedans, comme mêlé à la masse.
Voici alors le sens ultime de la Croix, supérieur à l’aventure du Péché.
Elle est l’archétype de toute création, l’axe vertébral de toute nature.
Cette rencontre et section d’une verticale et de l’horizon, c’est la somme cardinale de l’espace, la mesure et le gond du temps, le dessin de toute division, de toute limite et de toute composition.
Ce Thau sacré ne se configure pas seulement à la stature humaine, mais il abrège et désigne tout l’ordre fini de puissance et d’acte.
C’est à cette géométrie que le Logos s’est soumis. Il s’est pris volontairement au piège de ces pôles. Le parfait tapissier s’est étendu sur la lice : il s’est fait chaîne et trame. Pour nous faire aimer la limite, l’Etre Infini S’est fait limite.
Trop peu à Sa Charité de se faire homme, Il s’est fait homme-en-croix.
La Liturgie de la Semaine Sainte emploie des jours entiers pour distinguer les degrés de cet abîmement, pour faire entendre le pas pesant de Jéhovah descendant l’escalier qui mène aux ténèbres de la matière première.
Christus factus est
pro nobis obediens
usque ad mortem
mortem autem crucis.
C’est là que le Christ touche le lieu précis d’où Il pourra soulever l’univers : « Moi, quand je serai élevé en croix, Je tirerai toutes choses à Moi. »
À l’intersection douloureuse de ces deux lignes, Il est devenu le centre de tous les temps et de tous les lieux, le point où converge toute lumière…
Raymond Dulac
La fleur de la Passion
07:15 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Tags : Vendredi Saint, Jésus-Christ, Passion, croix, Golgotha, religion, catholicisme