08/10/2006
"Show" Lacroix à la chapelle du château de Versailles : la population proteste. Christine Albanel isolée...
Ayant imposé un show de couturier à l'intérieur de la chapelle de Versailles, la présidente est désavouée par la municipalité, par la population, et (in petto) par le ministre de la Culture et le milieu des Monuments historiques :
En tant que directrice de l'établissement public du château de Versailles, Christine Albanel se trouve bien isolée : aujourd'hui 8 octobre, tout le milieu de la culture lui donne tort ! En organisant dans la chapelle du château une exposition de dix-huit robes signées Christian Lacroix (dans le cadre de la "Nuit Blanche" parisienne, les 7 et 8 octobre), elle croyait bénéficier du consensus. Mais les choses ont tourné autrement. Le 4 octobre, l'évêque de Versailles - Mgr Eric Aumônier - a fait savoir qu'il trouvait ce show déplacé dans un lieu de culte. Mme Albanel a écarté la protestation de l'évêque... D'autres protestations ont suivi : celle du maire de la ville, Etienne Pinte. Et celle de l'ancien maire, André Damien. Mme Albanel a tenu bon : show elle avait décidé, show il y aurait. Des élus locaux lui ont alors indiqué que la population de la ville était irritée par cette "marchandisation" du monument historique : il y allait y avoir "des manifestations et peut-être des échauffourées, chose peu souhaitable dans un lieu aussi précieux que le château"... Réponse de Mme Albanel (assez étonnante de la part d'une conservatrice de monument historique) : "Le château est assuré !"
Les choses ont commencé à s'assombrir pour Mme Albanel, lorsqu'elle a appris, coup sur coup : a) que le ministre de la Culture (Renaud Donnedieu de Vabres) ne viendrait pas voir l'exposition de la chapelle ; b) que Nicolas Sarkozy ne viendrait pas non plus, les RG lui ayant annoncé qu'il y aurait des problèmes avec une population locale "très remontée contre Mme Albanel".
Et il y a eu en effet des problèmes. Des gens de la ville sont venus protester au château. La direction a tenté de les faire bousculer par les gardiens. La tension a été si palpable, que Mme Albanel a dû renvoyer les visiteurs de l'exposition, fermer la chapelle, éteindre les lumières...
Ainsi, pas de Nuit Blanche Lacroix ! Les "commerciaux" du grand couturier sont ulcérés : Mme la directrice n'a pas tenu ses engagements.
En revanche, le petit monde des Monuments historiques se tord de rire... Explication : Mme Albanel avait été imposée par l'Elysée comme présidente de Versailles, soufflant ainsi la place à plusieurs éminents historiens (et/ou historiens de l'art) qui avaient, eux, la carrière et les qualifications requises. ("Alors que celles de Christine Albanel sont grandes mais seulement dans le domaine des discours présidentiels", tempêtaient-ils alors). Voir leur heureuse rivale subitement empêtrée, n'est pas pour leur déplaire. D'où leur totale absence de soutien à Mme Albanel lorsque celle-ci leur a envoyé un signal de détresse...
13:20 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : Culture, société
Commentaires
> je ne vois pas où est les scandale...
des robes de mariées sont tout à fait à leur place dans une chapelle, si ça avait été des strings...
au fait celebre-t-on encore des messes dans cette chapelle?
Anne
[De P.P. à Anne - 1. La messe est assurée régulièrement dans la chapelle du château de Versailles, par le curé de la paroisse Notre-Dame. La chapelle est donc bel et bien un "lieu de culte" : et la messe habituelle avait été annulée par Mme Albanel, pour céder la place à l'expo Lacroix... Ce qui explique la mise au point de l'évêque ; un évêque d'ailleurs connu pour sa pondération.
2. Selon les gens de la ville en désaccord avec Mme Albanel, "un sanctuaire n'est pas l'endroit où tenir des manifestations de promotion commerciale : fût-ce de la haute couture, et même si personne ne songe à discuter le talent de Lacroix". ]
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Écrit par : anne | 08/10/2006
UNE TENDANCE LOURDE CHEZ " MONUM' "
> L'obstination de la présidente du château de Versailles ne doit pas être séparée de la tendance lourde des Monuments historiques (pardon : il faut dire officiellement " Monum' " !!!), qui est de dévoyer les sites classés pour y faire la promotion des petits copains artistes contemporains. Je ne mets pas Christian Lacroix sur le même plan que les débiles exposés en 1997-1998-1999-2000 etc au Mont St-Michel pendant les soirées estivales (par exemple) : mais la marchandisation des monuments historiques est tout de même un raz-de-marée. Si Mme Albanel a été abandonnée dans cette affaire par ses collègues de " Monum' ", ce n'est pas qu'ils désapprouvent l'idée d'exposer de la haute-couture dans une église (on a fait pire dans d'autres églises ces derniers temps)... C'est plutôt que la patronne chiraquienne de Versailles n'est pas vraiment populaire dans le milieu de la rue de Valois.
Écrit par : soterel | 08/10/2006
" JE NE RIS PAS AVEC LE PETIT MONDE DES MONUMENTS HISTORIQUES "
> "Nicolas Sarkozy ne viendrait pas non plus, les RG lui ayant annoncé qu'il y aurait des problèmes avec une population locale "très remontée contre Mme Albanel"." C'est donc la seule raison pour laquelle Monsieur s'est abstenu. Qui voulait faire croire que ledit ministre respectait les religions ? Je crois en fait que son respect, ou plutôt son calcul, s'arrête aux musulmans. Il croit sans doute que "le vote catholique" (à supposer qu'il existe) lui est assuré. Je pense qu'il se plante.
Personnellement, je ne ris pas avec le petit monde des monuments historiques. Je trouve cette petite affaire misérable. Chirac aura vraisemblablement été l'un des pires présidents de la cinquième république. Son népotisme ne pourra que creuser sa tombe historique.
Écrit par : phiconvers | 08/10/2006
LE "LÂCHAGE" DE Mme ALBANEL
> Or donc cela devient en revanche consensuel chez nos élus et responsables de "lâcher" ceux qui sont en détresse. Est ce un nouveau conseiller en marketing politique qui sévit chez ces gens ?
S'agirait il d'organiser dorénavant des lynchages par procuration ?
Mensonges par medias/propagande et non assistance à personnes sans danger aucun, sinon celui d'être bientôt relégués au rôle de....comment dit on? Bouffons, je crois. Je me demande ce que vont penser les urnes de toutes ces lâchetés!
Ceci étant, des robes dans une église, quel scandale ! pourquoi pas des soutanes, ou des aubes ? Honni soit qui mal y pense !
Je me demande si le scandale ne serait pas parfois de forcer les "citoyens" à regarder leurs monums en fête, quand ils demandent la paix. Le bonheur n'est pas la fête obligatoire. N'en déplaisent aux sondeurs des conseillers de ces princes.
Écrit par : Evagre | 08/10/2006
TD d'histoire politique contemporaine
Voici un article du nouvel Obs. Après une lecture attentive vous tenterez de répondre aux questions en développant au moins une idée.
http://permanent.nouvelobs.com/societe/20061008.OBS4958.html
Durée : trois heures.
A partir de quel moment un catholique devient-il traditionnaliste ? A quoi reconnaît-on un traditionnaliste ?
L'employée a-t-elle été blessée ou s'est-elle blessée toute seule "en tombant" ? La grille peut elle avoir servi d'arme par destination ? Motivez votre réponse.
L'exposition a été fermée au grand désarroi de qui ? Des "traditionnalistes" protestataires ? En quelles circonstances un protestataire devient-il traditionnaliste ? Une émeute de banlieue est-elle traditionnaliste ? Pourquoi ?
Christophe Girard proteste contre une minorité ("ces fanatiques, ennemis de la démocratie et de la République") laquelle ? Quel fanatique l'article permet-il d'identifier ? Citez un nom de l'article.
Nb : Cela fait quelques années qu'il existe une "notte bianca" à Rome. Monsieur Girard n'est-il qu'un pompeur ? Ceci n'est en aucun cas uni ndice pour répondre à une des questions.
Écrit par : Qwyzyx | 08/10/2006
" AUCUN SCANDALE "
> ainsi donc, on celebre des messes dans cette chapelle;
donc on peut y celebrer des mariages.. et par consequent il serait
possible que dans un "grand mariage" des robes de Lacroix se retrouvent dans la chapelle.
Je persiste à trouver les protestations bien mal inspirées, et qu'il n'y avait là aucun scandale.
Écrit par : Anne | 09/10/2006
" ULTRALIBERALE ? "
> C'est curieux, Anne, que vous ne voyiez pas où est le problème ; moi qui suis de cette ville je le vois. Le problème n'est pas qu'il y ait des robes de mariage dans une église, mais qu'un monument historique (service public) serve à la promotion d'une firme commerciale de haute couture. Que ce monument soit aussi une église est une circonstance aggravante uniquement aux yeux des catholiques, mais n'importe quel altermondialiste vous dira qu'il s'oppose à la "marchandisation de tout", églises et châteaux compris ! Ou bien êtes-vous membre du Medef, tendance ultra-ultra-libérale ?
Écrit par : bulo | 09/10/2006
UNE QUESTION D'OBJET CULTUREL
> L'expo se serait limitée à des robes de mariées, on aurait été simplement face à des marchands du Temple dont on connait le traitement par Jésus dans les évangiles.
A l'origine, l'expo était franchement blasphématoire, avec des commentaires sur les robes, présents lors de la mise en place de l'expo, et qui ont été évacués à la dernière minute, y compris des sites internet présentant l'événement, sous l'action conjugué de l'évêque et du maire de la ville ; qu'ils en soient remerciés.
Mais cet aspect des choses occultés par les médias, c'était trop pour une population attachée non seulement à l'esthétique du château mais aussi à la culture profane et religieuse dont il est le témoin et un vecteur de transmission puissant.
S'opposer à cette entreprise de destruction du patrimoine culturel était une oeuvre nécessaire, pour le rayonnement de la culture classique et du château lui-même.
[...] L'objet du château de Versailles et en particulier de sa chapelle n'est pas la promotion des oeuvres de M. Lacroix, qu'il dépasse non seulement en degré, mais également en nature : tolérer, promouvoir même cette entreprise commerciale, c'est dénigrer l'héritage culturel et religieux que représente le château.
Mais pouvait-on attendre autre chose d'un responsable nommé, non pour sa compétence et sa volonté de transmettre le patrimoine, mais par copinage ?
Écrit par : parant | 09/10/2006
FRANCE-INTER : UN PROBLEME CROISSANT
> ... et pour couronner le tout, dans la lignée du commentaire de Luc sur "Médias c/Vatican : le harcèlement continue", ce matin, sur France Inter, le journaliste commente : "...en France l'intégrisme se porte bien. Après la fatwa prononcée contre Robert Redeker, un show de Christian Lacroix empêché par des intégristes à Versailles."
Écrit par : Frédéric RIPOLL | 09/10/2006
A Anne.
> Un peu de bon sens, c'est à dire de sens commun. Les "robes de mariée" de Lacroix n'ont rien à voir, comme le plus souvent les robes dites de mariées des grands couturiers, avec cette cérémonie ou ce sacrement : elles sont extravagantes, dénudées jusqu'à l'indécence soit vers le haut, soit vers le bas, et constituent plus des exercices de virtuosité obligée dans toute collection que des vêtements utilisables, que ce soit dans une église ou une mairie.
Pourquoi le Panthéon ne sert-il jamais à ce type d'expositions ? A cause de la présence des cendres sacrées de Victor Schoelcher, de Zola ou de Victor Hugo ? Lesquelles sont par conséquent "sacrées" ou sacralisées par le respect. Je suppose que vous n'apprécieriez pas que l'on danse ou déclame des textes "subversifs" sur la tombe de vos défunts. Tout n'est donc pas permis en tout lieu.
Écrit par : Pascal G. | 09/10/2006
" INTEGRISTE ", AU SENS MEDIATIQUE...
> Pour nos médias, le terme intégriste désigne indistinctement :
(i) un dangereux fanatique religieux, généralement du Moyen-Orient, prêt à lapider des femmes soupçonnées d'adultère et à mettre le monde à feu et à sang au nom de sa foi
(ii) et un catholique respectueux des lois qui préfère vivre ses convictions comme tout le monde le faisait il y a 40 ans d'ici.
Cherchez l'erreur.
Écrit par : furgole | 10/10/2006
MARKETING ET MAGIE NOIRE
> Sans faire le jeu des intégristes qui ont dans la pratique mené la protestation, il y a eu effectivement un problème réel derrière : non pas concernant l'annulation d'une messe comme cela arrive de plus en plus souvent avec un clergé vieillissant, mais lié à la communication du couturier sur la tendance de son défilé où l'on trouvait des notions surement très marketing de magie noire et autres ingrédients à faire réagir tout bon chrétien trouvant déplacé ces vocables dans un lieu consacré.
E.
[De P.P. à E. - Deux points : a) ni l'évêque ni le maire de Versailles ne sont des "intégristes", et ce sont eux qui ont protesté les premiers contre l'exposition dans la chapelle ; b) les références à la magie noire n'étaient pas l'oeuvre du marketing de Lacroix, mais d'un fonctionnaire du château de Versailles !]
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Écrit par : Emmanuel | 16/10/2006
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