"Da Vinci Code", le film ! Tous aux blogs...

Quel est le film qui va ouvrir le Festival de Cannes, le 17 mai ? Da Vinci Code, évidemment…

 

 

Le 17 mai prochain, le film sélectionné pour ouvrir le Festival de Cannes sera celui de Ron Howard : Da Vinci Code,  tiré du roman de Dan Brown (qui est à la littérature ce que Michel Onfray est à la pensée). Ce film sortira le même jour dans les salles de l’Hexagone : les Français auront ainsi le privilège de pouvoir s’y précipiter quarante-huit heures avant le reste du monde. Les sites internet du cinéma annoncent que Da Vinci Code, l’un des tournages les plus coûteux dans l’histoire de Hollywood, va être le blockbuster   (la super-machine commerciale planétaire) de l’année 2006. Les fans d’Audrey Tautou, de Jean Reno et de Tom Hanks s’apprêtent à prendre part à la ruée générale, et l’on peut déjà visionner, sur plusieurs sites, la bande-annonce : impressionnante.

Inutile de dire que la sortie de ce film, et son triomphe annoncé en entrées salles, ne seront pas sans effets collatéraux sur le plan religieux :

 - d’abord, en ce qui concerne l’idée que le grand public se fait de l’Eglise catholique (le « moine-tueur » de l’Opus Dei, par exemple, est l'une des inventions les plus gratinées* du roman de Dan Brown) ;

- mais aussi, et surtout, en ce qui concerne l’idée que l’on se fait des origines du christianisme…

En effet, le scénario du film, moulé sur le roman**, repose sur le postulat suivant : le christianisme originel –  censé avoir été féministe, relativiste et  permissif (cherchez l’anachronisme) – fut dénaturé et confisqué par l’Eglise romaine, qui lui substitua ses propres créations : la misogynie et les "dogmes". Donc "Rome ment à tout le monde depuis deux mille ans"…  Voilà une idée qui plaît au public d’aujourd’hui, enclin à croire que la nature de toutes les institutions est  de tromper les gens.

Ce public a été pénétré en profondeur par le "message" du roman Da Vinci Code. J’ai moi-même été témoin de la scène suivante, en 2003,  dans un haut-lieu catholique français : pendant la visite du cloître, un groupe de touristes (français) se met à harceler la guide parce qu'elle vient de signaler une sculpture représentant Marie Madeleine... « Pourquoi vous ne nous dites pas que c’est la maîtresse de Jésus-Christ ? »  La guide n’a pas lu Dan Brown. Elle reste donc bouche bée. Alors on la houspille : « Lisez Da Vinci, vous verrez ce qu’on nous avait caché. » Ils y croient vraiment !  Croire l’évangile leur paraîtrait risible ; croire Dan Brown leur paraît libérateur.

Nous reviendrons sur ce sujet, d’ici à Cannes. Dans l’immédiat, alerte aux blogueurs : préparons-nous. Ce sera le moment d’intervenir, tous ensemble, pour aider nos lecteurs à ré-informer leurs proches.  L'argent hollywoodien fait ce qu’il veut, et nous sommes un moustique par rapport à ce mammouth ; mais notre devoir est de mettre en ligne les éléments de connaissance (histoire, théologie etc) qui vaccineront le plus grand nombre possible d'internautes contre la grippe brownienne.

P.P.

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(*)  L’Opus Dei ne comporte pas de moines (ni d'ailleurs de tueurs)...  Etre un mouvement séculier, donc en aucun cas un ordre religieux, est la base même de cette œuvre. Ignorer ça, c’est montrer qu’on ne sait pas de quoi on parle ! Alors pourquoi Dan Brown en parle-t-il ? Parce qu’il veille à mettre dans ses romans tous les ingrédients "grand public " disponibles. Or l’image  noire de l’Opus Dei  est formée depuis des années, par toute une série de relais divers, et cette image fait partie des fantasmes d’aujourd’hui. Nous en reparlerons.

(**) Ron Howard affirme qu’il a pris des distances avec certains aspects du roman de Brown ; mais le personnage du tueur « opusien » est au premier plan du générique.