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06/02/2006

Mahomet caricaturé : nos médias (en folie) mettent l'islam en furie

L'affaire des "caricatures de Mahomet" déchaîne le monde musulman contre l'Europe...


 

"Oui, on a le droit de caricaturer Dieu" : énorme titre à la une de France-Soir. Avec un dessin (de pauvre facture) où l'on voit sur un nuage Bouddha, Jésus-Christ et Mahomet. 

Apparemment ce journal ignore que ni Bouddha, ni surtout Mahomet ne sont Dieu, aux yeux des bouddhistes et des musulmans ! Bravache, mais peu alphabétisé, le journaliste parisien... 

Ici le fameux "esprit de dérision" touche le fond du néant, si tant est que le néant ait un fond.

Moyennant quoi les foules de l'islam, déchaînées contre le Danemark à cause d'un de ses journaux, se déchaînent aussi contre la France à cause de France-soir. Ce malheureux quotidien  - qui vit la plus longue agonie de l'histoire de la presse - était prêt à tout pour faire parler de lui ; c'est réussi.

Que le microcosme médiatique joue les incendiaires, ce n'est pas nouveau : on l'a encore vérifié en novembre, lors de l'explosion des banlieues. Que l'hostilité au religieux soit un dogme de la profession depuis une dizaine d'années, c'est clair aussi. L'affaire des caricatures de Mahomet bat tout de même un record d'incohérence : s'en prendre, non à Ben Laden et Zarkaoui, mais à l'islam en soi  - alors que par ailleurs on prétend vouloir tout faire en faveur de l'immigration (musulmane) !  Allumer soi-même l'incendie qu'on prétend par ailleurs vouloir éviter !  Et ça, en toute méconnaissance de cause, en ayant même l'air de croire que Mahomet est le Dieu des musulmans !

On m'objectera que la liberté de la presse est en cause. Je serais tenté de répondre que la liberté ne consiste pas à déchaîner des catastrophes dans l'espoir d'enrayer la chute des ventes du journal. Ni à injurier la foi de millions de gens (quoi qu'on pense de cette foi par ailleurs). Ni à jouer au héros quand on est un bobo.  

P.P.

10:20 Publié dans Religions | Lien permanent | Commentaires (8)

Commentaires

> Le problème nous touche tous car la réaction des journalistes n'est pas contre les "extrémistes musulmans" par exemple (pour parler leur langage) mais bien contre tous les "extrémistes" religieux! Toutes les réactions, affiches, blogs tancent les RELIGIEUX de tous poils (forcément "extrémistes"). Sachant qu'un catholique de base qui va à la messe dominicale fait partie de cette catégorie... on voit bien qui est/sera touché au final!


[Réponse de PP - Cf. l'attitude de Charlie Hebdo et des Guignols (les "connards de l'info", dixit Finkielkraut), qui transforment tout ça en procès contre "les monothéismes"...]


Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Laurent | 07/02/2006

> Pour comprendre la polémique autour des caricatures de Mahomet il faut découvrir l’intolérance de l’islam, mais aussi comprendre le choc de deux cultures de l’image.
La mentalité moyen-orientale veut un art abstrait car elle croit trop aux pouvoirs de l’image. Ceux qui créent peuvent donner le souffle de la vie en usurpant le pouvoir de Dieu, et ceux qui regardent peuvent faire ce qu’ils veulent de ce qu’ils voient. Ce sont ces perceptions très anciennes qui se mettent en mouvement à propos de Mahomet. Représenter un objet le soumet donc au risque de l’irrespect, sans pour autant manifester le plus important pour l’art musulman, les structures invisibles, la perfection froide et géométrique d’un monde saisi par la logique d’un Dieu unique et désincarné.

Écrit par : Annales histoire société christianisme | 08/02/2006

> Le plus phénoménal dans cette polémique est que les défenseur de cette caricature mélangent la critique raisonnée, et philosophique, d'une religion et l'humour, souvent bête et méchant, de ce caricaturiste.Faire une plaisanterie choquante pour un croyant est du domaine de l'insulte pure et simple. Ce n'est pas une critique comme celles que l'on peut trouver dans des essais de philosophes (Marx, Freud et cie). Ainsi, poursuivre en justice un humoriste qui injurie une religion n'est pas du tout une restriction de la liberté d'expression.

Merci pour votre blog, il nous apporte beaucoup.

Cordialement

CV

Écrit par : Charles Vaugirard | 08/02/2006

Ecrit par : fdfdfdf


> Je suis catholique et affligé de la coalition des obscurantistes. Pas de confusion : Mahomet a eu un délire mystique. Ca arrive. Le prince de Polignac pendant la Restauration se croyait missionné par Marie.
Il n'y a rien d'irrévérencieux à le caricaturer. Il vaut mieux l'excès de liberté que sa suppression.
Ne mettez donc pas le Christ et cet homme sur le même plan.



[Réponse - Personne ne met le Christ et Mahomet sur le même plan, sauf... les caricaturistes de presse ! ]


Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : fdfdfdf | 08/02/2006

> Dans cette affaire, j'ai l'impression que le diable va se piéger dans ses propres filets et qu'au final le diviseur se trouvera divisé contre lui-même.
Il reste que ces fantaisies d'Occidentaux aux comportements d'enfants gâtés risquent de faire de vraies victimes : les rares chrétiens en "terre d'islam".

Écrit par : Frédéric RIPOLL | 09/02/2006

> J'ai été, depuis le début de cette affaire assez blasé de la réaction de l'islam, qui, selon moi, ne cesse de vouloir imposer des restrictions et de crier à l'injure raciale à la moindre occasion.
Je viens de me procurer enfin ces caricatures et je dois admettre que même un agnostique confirmé dans mon genre qui rejette en bloc toute religion a été quelque peu géné par ces caricatures. Mais cela n'a fait qu'engendrer la pensée suivante dans mon esprit:"punaise il n'y est pas allé de main morte, faudrait voir à ne pas pousser Mahomet dans les orties".

Plus clairement, je peux comprendre que le peuple musulman puisse avoir été choqué voire indigné par ces quelques croquis mais il est important de ne pas oublier un point fondamental de la caricature:elle n'est par définition qu'un excès.
Certes elle a dernièrement fait preuve de violence, certes elles s'est malheureusement voulue dénonciatrice et tout aussi malheureusement englobante mais cela reste une illustration graphique destinée à faire rire (malgré que la blague soit, pour ce coup-ci, tombée à l'eau)
Qu'une simple caricature entraine une violence assez intense pour mettre le feu à une ambassade me choque infiniment plus que la violence des caricature elle-même.

Je préconiserais donc, en tant qu'être humain rêvant de la tant souhaitée paix dans le monde, deux choses:
cher peuple musulman, l'humain est faillible, nous sommes tous potentiellement accessible au dérapage, il est inutile de laisser monter autant de violence pour de simples dessins.
Demander les excuses de ce dessinateur, qu'il se rende compte de son erreur et de la peine qu'il a suscité, est amplement uffisant mais ne vous engagez pas dans un combat religieux qui n'a pour seul effet de creuser un peu plus le fossé religieux qui divise le peuple humain.
Caricaturiste: faites gaffe la prochaine fois mais continuez tout de même votre activité....le monde est trop triste mais même si le rire est nécessaire, pensez toujours à injecter dans vos dessin une toute petite pointe de tendresse, cela évitera de créer tant de bordel pour une chose si futile.

Écrit par : carrier jean-philippe | 18/02/2006

Je m'y prend bien tard pour réagir à votre article sur les caricatures. Voici ce que je pensais, vingt quatre heures après, mais avant que le Vatican donne sa position:
Il n’y a pas de liberté sans responsabilité : pour n’être pas licencieuse, la liberté a besoin de vérité, de la vérité sur l’homme, et de la vérité sur Dieu. C’est ainsi qu’elle trouve son sens et peut se mettre au service de la paix sociale.
pour les catholiques, le Concile Vatican II rappelle que la liberté religieuse est l’un des droits fondamentaux de la personne humaine nécessaire à la paix : « pour que des relations pacifiques et la concorde s’instaurent et s’affermisse dans l’humanité, il est donc nécessaire que soient respectés les devoirs et les droits suprêmes qu’ont les hommes de mener librement leur vie religieuse dans la société » (Nostra Aetate 15).
La liberté en pays démocratique consiste-t-elle à dire tout ce que l’on pense sur tout, au point de rendre plus difficile encore un dialogue nécessaire entre les Etats d'une part, et les religions d'autre part - alors que l’on connaît le contexte de tension (la violence n’est pas si loin de nous) ?
Quel sens donne-t-on à sa liberté quand par des paroles ou des coups de crayon on met en jeu la vie d’autres citoyens à l’étranger ? L’ironie ou le cynisme d’une caricature sont-ils les derniers remparts d’une liberté qui se veut parfois sans limite ? Mais surtout à quoi sert une liberté qui n’est pas au service de la paix ? A perdre trop le sens des mots, ce sont les maux que l’on gagne…
Ce que la démocratie post moderne a tendance à oublier, c'est que la liberté peut être cause (directe ou indirecte) de violence. Quand ? Lorsqu'elle a oublié qu'elle ne peut s'exercer qu'en se fondant sur la vérité. Entre nous, c'est peut-être le problème du libéralisme (qui peut virer lui aussi, au totalitarisme).
il reste toutefois un autre aspect de la question: pourquoi, dans le monde musulman, ces caricatures ont-elle engendré une telle violence ? Doit-on se laisser impressionner ? Voir se laisser imposer une culture qui a du mal à reconnaître une "autonomie du temporel" ? Cette disproportion (qui se manifeste dans une rage contre "l'occident chrétien"!?) doit nous rendre prudent : connaissons-nous suffisamment les fondements et les principes de la culture et de l'identité musulmane ?
Il y a encore une autre question à aborder: celle de la manière dont les démocratie occidentale pensent pouvoir "intégrer" la culture du monde musulman. mais une prochaine fois car cette question est importante.
Xavier

Écrit par : Xavier | 21/02/2006

> J'aimerai connaître la définition que P.P. donne du "bobo". Merci !


[Réponse de PP - "Bobo" veut dire "bourgeois-bohême", c'est une de ces classifications neu-neu dont les sociologues du marketing ont fait un usage immodéré dans les années 1990-2000. En fait, ce terme est quasiment synonyme de "libéral-libertaire", qui a les préférences de Jean-François Kahn (et les miennes, en principe), mais qui a l'inconvénient d'être un peu long...
L'avantage de ces expressions, en tout cas, c'est de mettre en lumière le côté "classe sociale" de certains comportements ou attitudes idéologiques.]

Écrit par : Xavier | 21/02/2006

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