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19/12/2005

Vatican II : un immense anniversaire... snobé par les médias

                                                                                                                                                                 

Comment et pourquoi les médias parisiens ont-ils pu faire un tel "loupé" ? Qu'est-ce qui peut expliquer leur aversion envers les faits religieux ? 


 

 

 

Trente lignes dans un quotidien, vingt lignes dans un autre, rien ailleurs : le 40ème anniversaire de la clôture de Vatican II a fait un flop. Le bilan de cet immense événement historique n’a pas intéressé les salles de rédaction.  C’est troublant.  On peut admettre que le concile (1965) ne dise rien aux jeunes journalistes, pour qui le monde commence en 2005 : mais alors, pourquoi ont-ils tous clamé  – cette année, en avril – que l’élection de Josef Ratzinger était « un retour en arrière par rapport à Vatican II » ?  Car de deux choses l’une : ou bien Vatican II a eu de l’importance, ou bien non. S’il en a eu (au point de définir un « avant » et un « arrière »), alors pourquoi refuser maintenant, en décembre, de commémorer ce concile que l’on invoquait en avril ?  Est-ce par incohérence ?  On n’ose le croire : les choix éditoriaux des big papers  ne peuvent pas être incohérents, sinon la presse parisienne connaîtrait des problèmes d’audience – et ses directeurs assurent que ce n’est pas le cas.


Il y a donc une autre explication. Elle est fâcheuse. C’est le dédain. Les grands médias semblent n’avoir plus d’estime envers le domaine religieux. N’y voyons de leur part aucun sectarisme, mais la conséquence (machinale) de leur mode de fonctionnement depuis une dizaine d’années : la presse écrite s’est mise à la remorque de l’audiovisuel, et celui-ci ne se soucie pas d’analyse ni de compréhension. Il chevauche l’émotionnel. La bonne  actualité est celle qui booste l’audimat.  On vibre à l’émotion. Or (le marketing est formel), ce qui est émouvant c’est le changement : « ce qui ne change pas n’émeut pas ».  La religion ne change pas, puisqu’elle travaille dans l’éternel ; donc elle ne peut pas émouvoir ; donc elle ne fournit pas d’actu. Ou seulement de loin en loin, si le pape meurt. Ou s’il est élu. Ou s’il réunit un million de jeunes… Pour le reste, les médias attendent depuis quarante ans que l’Eglise fournisse enfin les vrais changements qu’on attend d’elle : mettre les dogmes à la casse, marier les prêtres, ordonner des femmes – pour être enfin digne de l’intérêt des rédactions, et pour aider à remonter les ventes de la presse écrite.


 Tant que Rome ne produira pas ces ingrédients-là, elle sera snobée par les journalistes.  D’où, entre autres, le traitement – pitoyable – accordé au 40e anniversaire de Vatican II.


Mais ce mépris médiatique est un mauvais calcul.


Ce qui n’intéresse pas les médias, intéresse tout de même beaucoup de monde dans le public. Comme avant le référendum du printemps dernier, ou comme en matière de mondialisation (jusqu’au sondage Ifop du 12 décembre), ou comme dans bien d’autres domaines, les élites bobo ne voient pas ce qui se passe au « dessous », dans les profondeurs de la société.  
Donc elles ne sentent pas – non plus –  le mouvement qui se dessine dans le monde catholique depuis l’élection de Benoît XVI : mouvement dont on perçoit des signes, ténus mais multiples, quand on parcourt les diocèses français pour parler avec les gens.


C’est une double prise de conscience : 
1.  la découverte  de ce que Vatican II a vraiment été, et de ce qu’il a vraiment dit ;
2. le sentiment d’être à l’aube d’un nouvel élan du christianisme :   un recentrement sur l’essentiel  – et  une entrée dans la Nouvelle Evangélisation, cette mobilisation des laïcs catholiques, poignée de témoins, dans les foules très inédites que nous prépare le XXIe siècle en Europe.

Le recentrage sur l’essentiel – et la Nouvelle Evangélisation ?  C’est le double appel de Benoît XVI, et c’est le noyau du message de Vatican II : message que l’on n’a pas compris en son temps, mais qui préparait le nouveau siècle.  Etudier aujourd’hui les textes du concile, c’est découvrir comment présenter la foi aux gens d’aujourd’hui. Par exemple aux journalistes !  Ils y ont droit comme tout le monde...

                                                                                             P.P.


 

Commentaires sur cette note :

 

Ecrit par CLaude D. :

" Lorsqu'un événement dérange les opinions personnelles d'un journaliste ou sa vision du monde, qui n'est souvent qu'un compendium des idées à la mode dans son milieu, sa première réaction est de l'ignorer, et, s'il est malhonnête, d'essayer de le dissimuler à son public, le moyen le plus simple étant un certain consensus parmi son petit cercle pour s'interdire d'en parler... Le deuxième mouvement est de minimiser la portée de l'événement, comme certains l'ont fait pour les JMJ. Enfin quand les faits sont têtus, et le, ou les, journaliste(s) forcés - à leur corps défendant - de reconnaitre l'importance de l'événement ou sa portée, il leur reste à travestir ledit événement, ou à essayer de calomnier la personne...  En ce qui concerne Vatican II, comme vous l'exposez, cet anniversaire aurait forcé une certaine presse, si elle avait dû le commenter, à remettre en cause ses analyses passées de l'événement : analyses marquées, parfois simultanément, par l'ignorance, le détounement, la malhonnêteté, ou tout simplement la "mauvaise foi" et la volonté toujours présente de nuire à l'Eglise. 

Heureusement, de temps à autre, un journaliste, puis parfois plusieurs de ses confrères, laissent leur honnêteté intellectuelle prendre le pas sur leurs préjugés et la vulgate de leur milieu. Certes ils risquent la mise à l'index par leurs "confrères", et doivent se réfugier dans des médias de faible diffusion , voire confidentiels. Cela dit, et vous êtes mieux placés que moi pour l'observer, il me semble que de plus en plus de journalistes font preuve d'honnêteté intellectuelle, et que les publications confidentielles se multiplient, au point d'être de moins en moins confidentielles; peut-être devriez vous tenir un tel palmarès!

Enfin au royaume de Dieu le diable porte pierre, et le traitement tellement déformé, ou l'ignorance flagrante de l'information par certains médias, entraînent une réaction paradoxale de curiosité et de sympathie de la part d'un public sans cesse croissant ; et parallèlement, un désintérêt pour lesdits médias et leur discrédit... D'où probablement la baisse des ventes de certains."

 

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Ecrit par Ph. F. :

" Fidèle lecteur des lettres de Décryptage politique, que j’apprécie beaucoup le plus souvent, je souhaite exprimer mon désaccord profond avec celle de Patrice de Plunkett. Vatican II a été un coup de poignard dans le dos de l’Eglise et des catholiques, la plongée des catholiques dans l’inexistence civile, la perte de la foi chez beaucoup, l’effondrement du catéchisme et du nombre des enfants catéchisés, une poursuite accélérée du nombre des vocations, la jetée des soutanes aux orties pour que les prêtres se déguisent en « prolos »… Bref, Vatican II a été une insondable catastrophe. Heureusement, ce concile ne s’est pas déclaré infaillible, et on peut donc le remettre en cause. C’est ce à quoi on commence à s’atteler au Vatican, malgré les louanges apparentes au Concile. Attendons…. Les portes de l’Enfer ne prévaudront pas."

 

> Réponse de P.P. - La description que vous faites correspond à des bouleversements perpétrés au nom du concile ; mais vous n'en trouvez aucune cause dans les textes du concile ! Lisez-les et vous verrez. Les évêques "conservateurs" (et Mgr Lefebvre lui-même) les avaient lus, et les avaient votés : vous pouvez facilement vérifier ce détail significatif.

 

 

Ecrit par Marcel A. :

"C'est à désespérer de la sagacité humaine. Comment Patrice de Plunkett n'a-t-il pas encore compris que Vat II a amené exactement le contraire de ce qu'il défend ici ? Heureusement la Providence a exaucé les prières du petit nombre et envoyé un bon Pape."

 

>  Réponse de P.P. - Le "bon pape" (mais son prédécesseur n'était pas mal non plus) était expert à Vatican II.  Comme son prédécesseur, il incarne la juste compréhension de ce concile : compréhension qui passe par l'étude des textes...  Pour tout vous dire, j'ai cru autrefois  - moi aussi -  que Vatican II avait "amené" ces choses que vous déplorez ; puis j'ai ouvert la constitution dogmatique Lumen Gentium, ou la constitution de sacra liturgia. Et j'ai compris que les faux supporters du concile avaient fait, au nom du concile, exactement le contraire de ce que le concile voulait ! Il suffisait de lire les textes conciliaires pour s'en rendre compte !  Moralité : mieux vaut connaître qu'ignorer, et il est toujours temps d'apprendre.

 

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Ecrit par Nicolas J. :

" Cher Monsieur, je m'étonne que vous n'ayez pas remarqué ou que personne ne vous ait dit que vous étiez un dinosaure. En effet, vous n'écrivez pas d'âneries sur l'Eglise catholique, ce qui est assez rare dans le paysage des médias. Vous écrivez même des choses sensées, et ça, c'est carrément rarissime !  Quand on voit (...) les perpétuelles réflexions de médias dits chrétiens sur le mariage des prêtres, etc...  Il y a heureusement quelques initiatives individuelles et confidentielles qui sortent du lot... Continuez votre combat et merci."

15:50 Publié dans Médias | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

> Je suis contre votre pape. Il a l'air d'être le démon sorti de la cuisse d'une nonne. Ca craint la religion. devriez même pas en parler. :p

Écrit par : Emma Mcnab | 18/12/2005

> A Emma McNab :
"D'où viens-tu donc, ma soeur ?"
(1ère sorcière, "Macbeth", acte I, scène III).

Écrit par : Flora McDonald | 18/12/2005

> Félicitations pour cet article une fois de plus très vivant ! Merci beaucoup pour votre ouvrage "Benoit XVI et le plan de Dieu". Pour toute personne à qui le pape fait peur ou pour qui il ressemble à un démon : prenez 2 h pour lire ce livre, vous allez en devenir amoureux !
Le rejet d'une personne aussi douce et humble me gêne profondément : notre société aurait elle totalement perdu son innocence et sa simplicité ?
Faut-il donc tout ramener au sexe à l'argent ou à l'orgueil ???
Et vive la génération JP II alliée à celle de Benoît XVI par l’oraison !

Écrit par : Bayart | 19/12/2005

Merci pour cet article. Il est toujours utile de remettre les pendules à l'heure.

Écrit par : Bartalin | 21/12/2005

> Bonjour Monsieur Patrice de Plunkett,
Je ne puis m’empêcher de vous adresser ici toutes mes félicitations pour votre dossier « 40e anniversaire de Vatican II : ce qui reste à accomplir », publié dans le numéro du 3 décembre de "Famille chrétienne", que j’ai lu avec un grand appétit. Je suis Charles Ayetan, journaliste rédacteur permanent de "Présence chrétienne", le mensuel catholique national du Togo, dont le siège est dans la capitale Lomé.
Je profite de cette gracieuse opportunité pour souhaiter à vous-même et à votre famille, une bonne fête de Sainte Famille (célébrée aujourd’hui dans l’Eglise locale de Lomé), un joyeux Noël et une heureuse année 2006.
Votre confrère en Christ, Charles AYETAN


Ecrit par : Charles AYETAN | 23.12.2005



[Réponse de PP - Merci de votre message, cher confrère ! Joyeux Noël à vous, à tous les vôtres, à tous les chrétiens du Togo, et à tous les Togolais !]


Cette réponse s'adresse au message

Écrit par : Charles AYETAN | 23/12/2005

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