20/12/2005
Les juifs, les chrétiens et les Ecritures
« Vous les chrétiens,
vous n’étudiez pas »,
nous disent les juifs pieux.
Ils ont raison…
Photo : icône de saint Pierre et saint Paul.
La conversation se passe dans une réception de mariage à Paris, il y a quelques jours. Une invitée me dit :
- Je suis juive et je ne comprends pas que le prêtre, tout à l’heure, ait pu parler de ‘‘Jésus et son Eglise’’. Jésus était un juif antique : il n’a pas pu connaître l’Eglise ! Les chrétiens ne s’en rendent pas compte ?
Je réponds que l’Eglise est issue de la première communauté de disciples : en hébreu qahal, en grec ekklésia, c'est-à-dire un groupe de juifs antiques qui entouraient leur rabbi ( Jésus le nazôréen). J’ajoute qu’on ne comprend l’Evangile qu’en tenant compte de son contexte historique et culturel, et en étudiant la Bible hébraïque.
Mon interlocutrice me dit :
- Vous m’étonnez. J’ai rencontré des chrétiens qui ne connaissaient pas les Ecritures et s’en passaient très bien.
Je lui réponds que la théologie chrétienne est biblique par nature, et qu’un catholique n’a pas le droit d’ignorer l’Ancien Testament. Cette information la déconcerte. Elle s’étonne aussi en apprenant l’existence de cercles d’études bibliques dans les paroisses, et de livres d’étude des textes de la messe qui poussent loin l’analyse des psaumes et des prophètes.
Ce qui la surprend le plus, à vrai dire, c’est de découvrir que les catholiques prennent au sérieux les origines judaïques de leur religion.
Pourquoi pensait-elle le contraire jusqu’ici ?
Parce que des catholiques lui avaient paru indifférents à la question.
Et de fait : combien de catholiques croient que les psaumes ne sont que de la poésie, et la Bible hébraïque un fatras impénétrable ? Avant de déplorer que les non-chrétiens ignorent le contenu du christianisme, reconnaissons que trop de chrétiens l’ignorent aussi. (Comme par hasard, ce sont les mêmes qui trouvent que l’Eglise devrait laisser tomber « ses dogmes »).
Il y a pourtant des livres - lisibles - plein les librairies ! Par exemple, sur les correspondances entre l’Ancien et le Nouveau Testament : la remarquable série L’intelligence des Ecritures, de Marie-Noëlle Thabut (éditions Socéval). Ou sur Jésus dans son époque : Jésus, 15 questions à l'Eglise, de Mgr Jacques Perrier (Mame), Le Christ hébreu, de Claude Tresmontant (OEIL), Le monde où vivait Jésus, de Hugues Cousin, Jean-Pierre Lémonon et Jean Massonnet (Cerf), Enquête sur la mort de Jésus, d’Alain Noël et Victor Loupan (Presses de la Renaissance), Un homme nommé Salut, de Jacqueline Genot-Bismuth (F.X. de Guibert). Et combien d’autres !
A la communauté juive de Cologne, le 19 août 2005, Benoît XVI a dit :
- Il reste beaucoup à faire. Nous devons nous connaître mutuellement beaucoup plus et beaucoup mieux. J'encourage donc un dialogue sincère et confiant entre juifs et chrétiens ; c'est seulement ainsi qu'il sera possible de parvenir à une interprétation commune des questions historiques encore disputées, et surtout de faire des pas en avant dans l'évaluation, du point de vue théologique, du rapport entre judaïsme et christianisme. Ce dialogue, s'il veut être sincère, ne doit pas passer sous silence les différences existantes ou les minimiser : précisément dans ce qui nous distingue les uns des autres à cause de notre intime conviction de foi, et en raison même de cela, nous devons nous respecter mutuellement...
19:50 Publié dans Religions | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
La tentation fréquente est en effet de rejeter l'AT en bloc alors que depuis les Pères de l'Eglise, ils sont la source inépuisable de compréhension de notre foi. Dans "Les principes de la Théologie Catholique", de J. Ratzinger, dont je commente actuellement quelques extraits sur mon blog*, le pape rappelle d'ailleurs l'importance de cet ancrage de notre foi sur la Tradition, il reprend une image que je trouve très parlante : c'est comme si dans l'Eglise actuelle on était dans une navette spatiale et que l'on voulait couper nos liens avec la Terre... C'est dans la méditation des 3 millénaires passés que notre foi doit se construire.
*http://chemin.blogspot.com/
Écrit par : Claude H. | 21/12/2005
C'est d'ailleurs une des premières hérésies dont l'auteur et donc le nom m'échappent qui consiste à séparer les deux testaments et donc a rejetter l'ancien.
Écrit par : JQ | 23/12/2005
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