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29/11/2005

Outreau : la vraie coupable échappera-t-elle à la justice ? (21. 11. + 2. 12. 2005)

C’est notre société matérialiste mercantile…


 

 

(Voir le post-scriptum du 2. 12. 2005, en bas).

 

29 novembre - Le dossier d’accusation d’Outreau s’étant effondré à Paris devant la seconde cour d’assises, les ultimes  « condamnés par erreur » de la première cour d’assises (celle de Saint-Omer, en 2004) devaient logiquement être acquittés.   Ces innocents sont six.  Au total, l’affaire aura gâché l’existence de quatorze personnes innocentes, dont l’une s'est suicidée en prison. Les treize survivants ont été tellement maltraités par la justice que certains d’entre eux, huit jours avant le verdict, craignaient encore que les jurés parisiens ne se laissent eux aussi influencer par des affabulations…


Devant cet épilogue d’une folie judiciaire, trois erreurs à ne pas commettre :


1. La première serait de croire – à cause d’une enquête aveugle, d’une instruction délirante et de psy ineptes (le tout ayant donné la sentence ubuesque de 2004)  – que les affaires de pédophilie soient toujours des mirages.  Il en existe beaucoup. Elles se sont même multipliées depuis vingt ans, et il serait utile de savoir pourquoi...  


2.  La deuxième erreur serait d'éviter de tirer les leçons de la folie judiciaire de Saint-Omer, par révérence envers l’idéologie « psy ». Au nom de cette pseudo-science venue des Etats-Unis,  un « expert » peut persuader les jurés qu’une petite fille, toujours vierge le jour de l’audience, a tout de même été violée ; qu’un petit garçon, pas encore né à l’époque, a tout de même pu assister à un assassinat ; que, certes, cet assassinat n’a pas eu lieu matériellement, mais qu’on doit juger symptomatique que les enfants en aient parlé ; et qu’un gamin qui dessine une musaraigne a forcément été sodomisé par son père ! (Question de la présidente du second procès : « sodomisé parce que le dessin représente une musaraigne ? » - Réponse de la psy : « à grosse queue, madame la présidente, à grosse queue »). Devant de telles impostures, l’interprétation de la « parole des enfants » devrait être retirée aux charlatans et aux "victimologues", pour être confiée à des éducateurs lucides et expérimentés. Mais cette idée ne se fraie pas un chemin facilement à l’heure actuelle : le psy-business est trop bien installé, dans les médias et auprès de la justice... Interrogée par France Inter sur les incroyables déraillements des psy à Outreau et à Saint-Omer, Claire Brisset, « défenseure » des enfants, n’a pas répondu à la question qu’on lui posait.


3.  La troisième erreur est le produit des deux précédentes : elle consiste à ne pas voir la responsabilité de notre société, où l’érotomanie commerciale règne en masse sur l’esprit des enfants et des adultes.
- Que des gamins puissent inventer des scènes de violences sexuelles avec un luxe de détails appris à la télé ou sur l’internet,
- et que ces fantasmes produisent un « effet de réalité » sur les enquêteurs,
- puis sur les psy,
- puis sur les jurés, 
…voilà qui donne la température ambiante. Les enfants sont sous l’influence du porno de masse ; les adultes aussi. Quant au porno, c’est l’un des rayons (les mieux achalandés) de l’hypermarché planétaire, qui fait descendre toujours plus bas le niveau mental et moral des populations - tous milieux confondus.
Un tel climat explique pourquoi la pédophilie, bien réelle, a proliféré depuis les années 1980 : la vraie coupable est notre société matérialiste mercantile. On peut craindre que cette coupable-là n’échappe encore longtemps à la justice.

 

Post-scriptum, 2 décembre 2005 - Le verdict de Paris, précédé de l'inouïe repentance du procureur général, et suivi des excuses du Premier ministre aux acquittés (et des promesses  - d'enquête et de réformes - du Garde des Sceaux et du président de l'Assemblée nationale), est un séisme pour la société française. On sait que 67 magistrats avaient contresigné les aberrations du juge Burgaud !  C'est l'appareil judiciaire qui est compromis. Donc l'affaire d'Outreau se ramène à une immense leçon : on a vu des vies humaines broyées par la grande machine contemporaine, qui s'était assujettie des pans entiers de la justice. Cette machine a un carburant : le culte hystérique des "émotions" - né du marketing publicitaire commercial -  et qui se substitue, de plus en plus, à tout.  Un expert psychiatre l'a dit : depuis dix ans, la justice, dans les affaires de sexe, s'en remettait aux psy, et les psy s'en remettaient à l'air du temps, c'est-à-dire aux médias... Mais on peut en dire autant (dans d'autres domaines) de la politique et de bon nombre d'institutions. Et l'on relit avec intérêt le document du cardinal Ratzinger sur la politique et la vision chrétienne de la société :  un texte encore récent (2002) et qui appelle à être lucides.

 

08:50 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

1er décembre 2005.
La presse annonce : le parquet présente ses excuses aux accusés d'Outreau.
et la presse, unanyme, souligne le manque de discernement de la justice.
Mais qui soulignera le manque de discernement, de retenue de la presse ? A-t-on vu dans cette affaire le moindre frémissement de regret, le moindre mea-culpa d'une radio, d'un journal, d'une télévision ?

Écrit par : Frédéric RIPOLL | 01/12/2005

... Le coeur du problème est bien le statut d'expert donné aux psys. La justice serait plus saine si leur rôle etait restreint davantage. Le psy transforme magiquement des faits non prouvés en faits "crédibles" par son intervention "technique" quasi-magique, alors qu'il pratique un art plus qu'une science exacte. Dangereux. Outreau n'est que la pointe de l'iceberg en la matière ... De nombreux autres procès sont affligés par la même dérive.

Écrit par : o berlage | 04/12/2005

Les commentaires sont fermés.